La droite ou l’apprentissage de la rébellion

Je suis fascinée. En bien ou en mal, je ne suis pas sûre. Mais avez-vous seulement conscience de l’incroyable révolution que nous sommes en train de vivre. De mémoire de Nina, on n’avait jamais vu ça (mais ok, j’ai que 33 ans et je me souviens que peu de l’opposition au PACS, c’était peut-être aussi violent mais je crois pas). La droite découvre la révolution. Et ils y vont pas avec le dos de la cuillère.

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Je n’ai pas aimé le débat sur le mariage gay, pas du tout. Ca m’a rendu allergique à l’expression des idées quelles qu’elles soient, voyez vous car quand je lis des vomis de haine sur des pauvres individus qui n’ont pour seul “tort” (j’insiste sur les guillemets) que d’aimer une personne du même sexe qu’eux, ça me donne plutôt envie de pleurer. En tant que Bisounours en chef, je croyais qu’on avait dépassé le stade de l’homophobie en général (je ne pouvais nier la survivance de quelques abrutis arriérés), que l’on ne considérait plus les gays et lesbiennes en fonction de leur orientation sexuelle mais qu’on les considérait comme des individus. J’ai du mal à comprendre qu’on puisse hiérarchiser les amours, qu’on trouve une union légitime et une autre non simplement en fonction du sexe des personnes concernées. Qu’on affirme qu’à priori, une personne sera forcément meilleur(e) père/mère de par ses préférences sexuelles. J’ai dû rater la découverte scientifique liant hétérosexualité et instinct paternel/maternel, sans doute. Bref, comprenez bien que les propos de cette droite estampillée “Manif pour tous”, “printemps français”(assez drôle quand on pense qu’il y a deux ans, ce terme était revendiqué par des indignés plutôt de gauche) et qui scande “on ne lâche rien”, me donnent la nausée. Mais à côté de ça, je ne peux m’empêcher de regarder les yeux grands ouverts leur apprentissage de la révolte et de la manifestation. Et comme tous les “convertis”, ils en font toujours trop.

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Traditionnellement, on associe la droite à l’ordre. Enfin, moi, en tout cas : les gens de droite que je connais ne manifestent pas. Les gens de gauche pas vraiment non plus remarque, je ne connais que peu de batteurs de pavés, maintenant que j’y pense… Ma tante m’avoua même un jour qu’elle avait manifesté comme une petite fille entraînée par les autres. Même si elle est de droite, elle est allée manifester pour protester contre les paroles indignes d’une élue UMP assimilant le mariage homo au mariage entre animaux. Oui, quand je vous dis que ce débat a généré beaucoup de propos classes et subtils… Bref, les gens de droite, c’est pas super leur truc de manifester. Lors du dernier gouvernement Jospin, les manifs étaient plus remplies de syndicalistes et de “gauchistes” que de fiers membres du RPR. Mais là, nos petits Charles-Henri et Marie-Bertille découvrent, héberlués, la révolte et ils y vont franco : provocation des forces de l’ordre, interpellations, dégradations des biens publics, appel à la violence. De vrais sauvageons, finalement.

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Evidemment, tout cela est très triste quant aux propos tenus, au déni de démocratie, aux parallèles historiques et géopolitiques plus que douteux (entre ceux qui hurlent à la dictature socialiste et qualifient un gosse de prisonnier politique et ceux qui se réjouissent que les militants d’Act up aient déjà le triangle rose pour les reconnaître plus vite), aux attaques physiques des plus minables fleurant bon le racisme et l’homophobie. Oui, faire défendre une loi élargissant le droit du mariage par une femme Noire, y en a qui ont eu beaucoup de mal. Les gens de droite qui se revendiquent de la manif pour tous, du printemps français, des veilleurs… apprennent dans la violence et la douleur ce que signifie être dans l’opposition, être la minorité parlementaire. Mais finalement, est-ce que ça ne démontre pas que l’opposition finit toujours par se réfugier dans l’agressivité et la bêtise la plus totale ? Pendant 15 ans, j’ai soufflé par le nez en lisant certains propos de mes amis de gauche sur la droite. Non que je ne tolère pas la critique, bien au contraire, mais la taille de Sarkozy ou l’identité de l’époux de Boutin ne sont et ne seront jamais un argument. Critiquer des projets de loi, des chiffres erronés, des distorsions des faits, oui. Balancer des Sarko facho (même si ça nous fait une jolie allitération) ou taguer des murs pour dire qu’on l’aime pas, non.  Quelque part, ça me rassure de voir que dans l’opposition quelle qu’elle soit, les réflexes sont souvent mauvais, qu’on se roule avec délectation dans la mauvaise foi, les non arguments, les propos délirants. La société change, la droite se rebelle. Bientôt, le gilet noué autour des épaules aura plus de sens que le béret étoilé de Che Guevarra. Ou pas !

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Peut-être qu’il ne peut y avoir d’intelligence dans un débat de société, au fond. Pas la plupart du temps, du moins.  Par contre, je rêve encore et toujours de balancer tous les petits cons qui gueulent au fascisme et à la dictature dans les pays reconnus pour leur manque total de liberté d’expression, histoire qu’ils prennent conscience des conneries qu’ils profèrent.

3 réflexions sur “La droite ou l’apprentissage de la rébellion

  1. est ce que les arguments des manifestants sont « pauvres, nuls, etc » parce qu’ils ne peuvent pas faire mieux ou simplement parce que ce sont ceux qui font plus le buzz, ceux qui plaisent le plus aux journalistes (la polémtique,les petites phrases ca fait plus d’audience que les débats profonds) ? Il me semble que la responsabilité est très partagée.

    1. Oui, je suis assez d’accord. On tendra + facilement le micro aux Hommens (ou Femens de l’autre côté) qui sont dans le spectaculaire et qui va faire de l’image forte qu’au théoricien moins dans le show mais plus dans la réflexion. Mon opinion sur le sujet était ferme et immuable mais j’aurais vraiment aimé entendre un discours intelligent de la part des anti mariages pour comprendre ce qui les dérangeait dans cette loi (oui, l’adoption, j’avais compris mais au-delà de ça ?).

      1. Ce que j’ai compris de leur argument principal relève surtout de la sémantique et de l’affectif (en dehors de l’adoption).
        De ce que j’ai compris, en résumant :
        1) Que les couples homo puissent avoir les mêmes droits (sauf adoption), ok pas de problème
        2) Que les couples homo puissent s’aimer autant et avoir droit au « même bonheur » ok pas de problème
        3) mais pas avec le même mot. Comme si le mot et son utilisation étaient sacrés.
        Au-delà des droits liés au mariage il y a l’imaginaire, les « valeurs » associées, la symbolique, etc et ca il semble qu’ils ne voulaient pas que ce soit modifié. Tout le monde ne met pas les mêmes choses derrière les mêmes mots. Si tu mets derrière le mot mariage un truc très fort et très important pour toi et une définition qui dit « un homme et une femme » (comme il faut le reconnaître, c’était le cas depuis des centaines et des centaines d’années), et si tu ne regardes pas ca seulement d’un point de vu de juriste si on te change du jour au lendemain la définition tu le prends mal. Alors on peut dire, mais pour toi ca ne te change rien (alors ferme ta g….., comme on a pu entendre dans le débat). Oui, en impact concret sur ta situation cela ne change rien mais ca change quand même « ta définition » et ce que le mot signifie pour toi.
        Un peu comme la différence entre « baiser » et « faire l’amour ». Beaucoup acceptent mal de dire qu’elles se sont « faites baiser » alors qu’elles n’ont pas de problèmes pour dire « qu’on leur a fait l’amour ». Il n’y a pas vraiment de différences concrètes (techniquement, physiquement, « juridiquement » etc) entre les deux, mais c’est tout ce que l’on met derrière les mots qui fait la différence et qui explique que l’on peut refuser l’un et accepter l’autre. Je ne sais pas si l’exemple est bon, on pourrait peut être trouver mieux. Je tente un autre exemple, je suppose que certains pizzaiolo sont scandalisés qu’on appelle pizza, une pizza ou la tomate est remplacée par la crème. Simplement parce que cela ne correspond pas à leur définition et si ils aiment et vivent de la pizza, ils peuvent le prendre mal. La non plus le fait d’appeler pizza celle à la crème n’enlève rien à la pizza à la tomate et dire que la pizza à la crème n’est pas une pizza ne préjuge pas que la pizza à la crème soit bonne ou pas ! On peut dire qu’il est con ce pizzaiolo ou essayer de le comprendre (comprendre ne veut pas dire lui donner raison, mais ca change la discussion que l’on peut avoir avec lui).
        Je suis persuadé qu’avec un autre mot, cela serait passé comme une lettre à la poste (la non plus pas sûr l’exemple soit bon…). C’est peut être juste cette solution qui se cachait derrière le terme « d’union civile » qui a été évoqué à plusieurs reprises. Comme dans beaucoup de « confrontations » il doit s’agir plus de problème de communication et d’affecte que d’autre chose. Du coup, cela ne se résout pas en traitant les gens d’homophobes et en balançant de la peinture rouge sur leurs murs. Les uns disent, « si tu ne veux pas que j’utilise le mot mariage, tu me méprise donc t’es méchant », les autres disent « si tu utilises le mot mariage tu casses mes repères et ca me blesse donc t’es méchant ». Avec un « peu de provoc » des deux côtés ca donne un dialogue de sourds, de l’énervement et du n’importe quoi comme arguments.
        désolé, c’est un peu long

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