L’univers infini des possibles professionnels

Ma chère moi d’avant,

Mon article d’hier ayant des relents d’adolescence, j’ai eu envie de t’écrire . Pas de sexe, du coup, je ferais dans le redondant mais parlons plutôt avenir professionnel. Que je suis sérieuse tout à coup, je sais mais t’inquiète, je vais pas te faire la morale. Je ne devrais pas te dire ça mais ta manie de ne pas faire tes devoirs ne t’a pas nui. Mais peut-être qu’un peu plus de sérieux t’aurait permis de…  je sais pas.

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Bref, parlons de ton avenir, fillette. Depuis tes 15 ans, tu as décidé, tu seras journaliste. Et bien sache que tu as relativement manqué ton objectif mais t’inquiète, hein, tu vas devenir community manager, un métier qui n’existe pas encore à l’âge des rêves de carrière mais pas de panique, ça ne fait pas mal. Mais ce qui est un peu triste à mon âge, c’est que mon univers des possibles s’est considérablement rétréci. Ben oui, au collège-lycée, les possibilités sont nombreuses. Avant de vouloir être journaliste, tu as pensé à être prof, archéologue, architecte, opticienne, coiffeuse, assistante sociale, photographe, écrivain… Bref, ça changeait un peu tous les jours mais tu avais le temps. Après, tu t’es rendue compte en grandissant que : tu étais atrocement nulle en géométrie et incapable de faire un rectangle parfait… TU te souviens, en CM2, toutes ces récréations que tu as passé à refaire ton rectangle car il faisait 9.8 cm de côté et pas 10 tout rond ? Ouais, j’avais une instit super pointilleuse. Même en seconde, en cours de dessin, quand tu as dû faire une nature morte, tu étais la seule à avoir un cadre totalement foiré (mais j’ai eu 12 malgré tout, j’étais pas si nulle). Donc l’architecture, c’était mort. Tu t’es aussi rendue compte que les sciences et toi, au-delà du niveau C’est pas sorcier, tu étais nulle (excepté pour les cours concernant la génétique et la reproduction, tiens). Et c’est après un terrible babysitting de 15 jours en Pays Basque que tu as
compris que tu n’aimais pas vraiment les enfants, sauf exceptions et que ta patience était somme toute très relative. Mais malgré ce manque de talents dans certaines filières, tu pouvais rêver.

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Aujourd’hui, j’ai 30 ans et l’univers des possibles est plus que limité. D’abord parce que j’ai fait des études : je suis partie en littéraire, j’ai eu une maîtrise d’histoire, de science politique puis un master professionnel de journalisme. A partir de là, ça paraît compliqué de devenir architecte (outre le fait que je ne sais pas faire des rectangles parfaits au millimètre). Pourtant, il m’arrive encore d’avoir des lubies professionnelles. Quand je vais dans une expo bien foutue, je me rêve scénographe. Quand je regarde les photos des magazines (pas celles de mode, celles qui illustrent des articles généraux), je rêve de faire de la photo kitsch. Ouais, je sais, ça peut paraître bizarre mais j’adorerais mettre en scène des photos illustrant un premier rendez-vous amoureux ou le stress au boulot, c’est limite de la BD. Sauf que je sais pas dessiner, malgré mon épique 12 en nature morte. Et puis des fois, je me dis que tiens, je pourrais devenir fleuriste (malgré mon allergie au pollen) ou scénariste. Sur ce dernier point, après tout, rien n’est perdu, ma carrière (enfin, au bout de 3 ans à temps plein, ça fait un peu prétentieux de parler de carrière) restant toujours connectée à l’écriture mais bon, je me connais. Ecrire des conneries, ça va m’éclater 5 mn, mettre en scène la perversion de personnages naturellement vicieux et mauvais mais au bout d’un moment, stop.

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Alors tu dois trouver ce que je te raconte bien triste mais ma fille, c’est la vie. Puis t’inquiète pas, tu vois, à 30 ans, j’ai encore des lubies professionnelles, comme toi. Juste qu’après, les lubies ne payant pas le loyer, j’ai un vrai métier qui me rapporte de vrais sous à la fin du mois. Et je vais te dire, je crois que pour certains jobs, vaut mieux que ça reste du domaine de l’imagination, la réalité est toujours beaucoup moins drôle.

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Bon, allez, c’est pas tout ça, file faire tes devoirs. On ne sait jamais, ça peut servir.

5 réflexions sur “L’univers infini des possibles professionnels

  1. ahh ces ptis moments de la vie où on regarde en arrière, c’est rarement bon pour le moral…
    On devrait faire un sondage où on calculerait le pourcentage de personnes qui font le métier qu’ils voulaient faire étant petits. Je pense que le résultat serait déprimant…

  2. Moi en maternelle je voulais faire violoniste la moitié de la semaine et astronaute l’autre moitié, je reconnais, j’ai lamentablement échoué… :/

  3. Il faut dire que dans un parcours d’études supérieures, les profs et l’institution ont une telle image d’eux-mêmes (excellente) qu’ils croient former les futurs dirigeants et Nobels de la société.

    Jamais vu un prof de fac dire : « au fait, pour les 90% d’entre vous qui ne bénéficient pas du network de Papa, ce sera un job obscur dans une entreprise quelconque pour moins de 2000E / mois »…

    Dommage, au moins les choses aureint été claires

  4. Pff, m’en parle pas… sur le point d’obtenir ma licence, je m’interroge encore… Tant de choses me font envie, même si beaucoup sont inaccessibles. Mais c’est si beau de rêver, hein?!

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