Loyauté vs opportunisme

Fin de la série « hé, j’ai démissionné ! » Mais pour une fois que j’ai quelque chose à dire hein… Aujourd’hui, j’aborde donc le chapitre loyauté contre opportunisme car moi qui me croyais loyale, je me suis découverte plus opportuniste, finalement. Mais je crois que c’est normal.

Revenons à ce matin du mois d’août où j’ai reçu le mail de Simon me proposant un entretien chez TGGP. Sur le coup, je reste estomaquée et indécise. Dois-je accepter ou refuser ? Rappelons un peu les faits tels que je les ai vus au moment M :

– ma boîte actuelle m’a littéralement sauvée du chômage, pour moi, elle m’a donné ma chance et depuis, ma vie est quand même drôlement plus belle.

– c’est quand même TGGP

– oui mais c’est justement grâce à ma boite que j’ai été contacté, ça fait que 6 mois que je suis là, ce n’est pas très honnête de partir si vite

– c’est TGGP. Souviens-toi, Ninouscka, le journalisme tout ça. TGGP situé en face de l’entreprise de DRH choupinou, ces 3 semaines idylliques de 2006. Puis, allez, zou, un entretien, ça n’engage à rien, tu dis oui ! »

 Donc j’allais au premier entretiens « pour voir » mais forcément, quand Simon me parle du poste, de TMF, des possibles avantages sociaux… Là, je ne peux plus arrêter le processus, je veux le job. Je me pare pour l’entretien suivant, je pense l’avoir raté et j’ai le cafard. Tout le monde me dit que c’est pas grave, que j’ai déjà un taf donc quoi qu’il arrive, si j’ai pas celui là, c’est pas grave. Moi, je suis tiraillée : d’un côté, ne pas avoir ce taf, c’est la solution de facilité : pas de démission, de paperasse, quitter ma boîte et mes collègues que j’aime bien. De l’autre, j’ai devant moi une sublime porte et j’ai envie qu’elle s’ouvre. Parce qu’une fois chez TGGP, je me rapproche du journalisme encore plus. Et surtout, je n’aurai plus à subir des bloggeurs crétins. D’ailleurs, heureusement que j’ai démissionné car ces abrutis atteignent des sommets en ce moment, j’en suis impressionnée. Mais je raconterai ça une autre fois… ou pas.

Mais c’est vrai que sur le coup, je me suis pas sentie honnête, honnête. Il y a 6 mois, on m’a dit que je me casserais si vite, jamais je ne l’aurais cru, surtout que j’ai refusé un CDI à peine un mois après avoir commencé (certes en région toulousaine et je ne veux plus redescendre). D’un autre côté, j’imaginais pas d’être débauchée, surtout pas TGGP. Dans mon plan de
vie prévisionnel, je comptais y rester 2 ans là où j’étais. Pas plus mais pas moins quand même. C’est vrai que je dois beaucoup à cette entreprise rapport à mon trajet de vie, mon premier CDI, la fin du chômage. Puis j’ai un peu peur de pas retrouver la même ambiance. Je sais que je ne serai pas la seule fille (j’en ai vu plein, au moins 3 !), je serai plus la petite princesse merdeuse, bouh ! J’avoue que ça me fait un tout petit peu peur mais d’un autre côté, faut savoir saisir les chances qu’on nous donne. Si j’avais dit non aujourd’hui, qui me dit que j’aurais
eu une si belle occasion dans un an et demi quand j’aurais décidé de changer de boîte ? J’ai certes tendance à m’emballer mais là, c’est du concret, sur le papier, je ne pouvais rêver mieux. Je ne pouvais pas dire non, impossible. Alors oui, je me suis engagée quelque part et c’est mal mais en fait non. Dans le professionnel, je crois qu’il n’y a pas de place pour le sentimentalisme.
L’esprit d’entreprise, je l’ai, j’ai préféré faire un aller-retour express dans le sud un week-end pour une fête de famille sans prendre un jour de congé pour pas mettre mes collègues dans la panade. J’ai toujours fait mon travail très consciencieusement, sympathisé avec mes collègues. Ouais, ça, je l’ai fait. Mais mon affection pour cet entourage professionnel ne devait pas devenir un frein pour ma carrière. Je suis jeune, j’ai pas de responsabilités genre un prêt à rembourser ou un gosse à élever, c’est maintenant que je dois grimper les échelons, avant de m’encroûter. Dieu seul sait où je serai dans un an et demi, dans quel état sera ma vie. Peut-être que si j’avais dit non par loyauté, plus tard, je n’aurais pas bougé par encroûtement. La stabilité offre une confort et une sécurité rassurante. Sauf que je suis quelqu’un d’ambitieux et je veux pas me réveiller dans 5 ans rongée par le remord pour n’avoir pas su prendre une porte qui s’ouvrait.

Bref, je me suis découverte plus opportuniste que loyale mais finalement, dans ma boîte, tout le monde a compris mon choix, y compris ma boss qui était contente pour moi. Finalement, cette histoire de démission, elle finit plutôt bien !

13 réflexions sur “Loyauté vs opportunisme

  1. Personne ne peut de toute façon remettre en cause ta décision, elle n’engage que toi et c’est déjà beaucoup: c’est ce qui fait plaisir quelque part ton choix a des conséquences, ça donne de l’importance.Seul l’avenir dira si c’est un bon choix, mais en tout cas tu as bien réfléchi l’affaire il me semble.

  2. Je pense que tu n’as pas à te justifier…
    Il ne faut pas hésiter à saisir des opportunités qui nous tendent les bras même au risque de se planter…
    Félicitations pour le nouveau boulot m’dame l’opportuniste loyale !

  3. « Fidélité vs opportunisme » plutôt que « Loyauté vs opportunisme ». C’est bien que tu reconnaisses que tu es opportuniste. Suffit de te lire pour deviner que tu es toujours dans la séduction. La séduction est art du mensonge qui s’accorde plus avec l’opportunisme qu’avec la fidélité, non ? Pour ce qui est de loyauté, tu n’es pas déloyal, tu respectes les règles du jeu, tu as posé ta démission comme il faut.

  4. C’est beau mais au final c’est pas la peine d’avoir des états d’ame… ce boulot était principalement alimentaire… j’ai connu des gens qui ont démissioné aprés 2 mois…car ils avaient trouvé mieux.
    le seul truc c’est effectivement pas de partir en laissant tout en bordel

  5. Ouep, t’as eu raison…
    Parce que les remords, c’est pas super agréable quand même… Je venais d’accepter mon CDI actuel (CDI certes, mais bon, c’est pas le truc dont je rêve) quand une agence de presse m’a contactée… J’avais signé, j’ai voulu être correcte, je leur ai dit que j’avais déjà un boulot. Bordel, une agence de presse qui me contacte sans même que je lui aie envoyé mon CV ! Qu’un tiers que je ne connais pas lui a fait passer, et qui l’a intéressée !
    J’y pense tout le temps, et je regrette. Alors je les ai recontactés. Trop tard.

    Félicitations, en tous cas. Tu commences quand ?

  6. Ouhai et puis dans dix ans quand tu seras redactionneuse chez « Elle » beurk) ou au Monde (ah !) tu jetteras un oeil humide sur la boite qui t’aura mis le pied à l’etrier.
    C’etait la minute sensualo-niaise de Lucas.

  7. dans le monde du travail y a pas de loyauté à avoir. l’entreprise ne sera jamais loyale envers toi donc t’as pas à te sentir redevable envers elle.

  8. Tatiana, décevante vision de l’entreprise. Ce n’est pas parce que l’époque oblige certains comportements opportunistes qu’on doit complètement verser là-dedans. Je trouve que le comportement opportuniste de Nina se justifie et que sa petite culpabilité est une prise de conscience sereine et positive. C’est comme pour la séduction…

  9. Lu sur Wikipédia : « L’opportunisme est une conduite qui consiste à tirer le meilleur parti des circonstances, parfois en le faisant à l’encontre des principes moraux. » A ce qu’il parait de ton témoignage, tu n’as pas l’air d’avoir agi à l’encontre de principes moraux, non ? Me semble que l’on éprouve toujours un doute ou une sourde inquiétude, à se mouvoir vers d’autres horizons, à dérouter son parcours professionnel, à le bousculer un peu. A ne pas s’installer dans la routine. Peut être est ce autant de la mélancolie à quitter un univers où l’on a ses répères pour plonger dans une certaine forme d’inconnue, d’incertitude ? Assez sain et rassurant de réagir ainsi, à mes yeux. Et pis c’est grisant de changer, aller à la rencontre de nouveaux visages, de nouvelles perspectives. Suis pas loin d’être un peu sentimental (un peu comme Lucas, mais à ma manière, différemment) quand il s’agit de quitter. Quitter un job, quitter un univers, quitter des amis… L’essentiel est de savoir se souvenir, des bons moments, de l’expérience que l’on en a retiré et de « savoir rendre à César »… Être reconnaissant de ce que la vie (professionnelle ou pas) avec les gens apporte à l’existence. Sachant que ça marche dans les deux sens… et que ce serait dommage d’en retirer une forme de culpabilité (la preuve, c’est que ta boss était contente pour toi).

    A bientôt de te lire à nouveau, et découvrir le prochain épisode de « Nina, L’aventurière dans l’univers de TGGP »

  10. D’abord, bravos pour ton nouvel emploi et content qu’il se rapproche de ce que tu préfères. Ton histoire pour le boulot me rappelle que je me demande si je suis intrinsèquement fidèle ou fidèle par manque d’opportunité…

  11. A son entreprise, on doit un travail de qualité. Mais de « fidélite », non. Votre changement d’emploi signifie juste une meilleure allocation des ressources existantes. Viendra vous remplacer quelqu’un de (temporairement) économiquement mieux adapté à la tâche que vous quittez. Le marché du travail fonctionne ici de façon tout à fait normale et vertueuse.

    Et si vous avez un embryon de scrupules, avortez.

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