La fête, le corps des femmes et les frotteurs

Un dimanche soir de match de foot, programme : pizza poivron chorizo maison (très bonne si vous voulez savoir) et glande à la maison. Parce que je n’aime pas la foule : j’ai déjà stressé un max à Budapest lors de leur qualification à l’Euro avec les bouteilles de bière qui volent mais malheureusement, ce n’est pas le seul danger… Les frotteurs rôdent.

les frotteurs dans le métro
Mais pourquoi ils ont pris un homme Noir pour cette photo ??

La foule est effectivement toujours un grand moment de doute : ce frôlement sur mes fesses, là, c’est un accident ou un fait exprès ? Eviter les contacts est devenu un réflexe surtout que je ne suis pas vraiment aidée par mes attributs féminins proéminents : un peu de monde, des tas de coudes direct dans les seins. Bref, on est toujours potentiellement la proie de gestes déplacés, de tripotages “mais non, je tripote pas, c’est qu’il y a du monde mais c’est pas ma faute”. En cherchant dans les bas fonds du web, vous pouvez même trouver une communauté de “frotteurs”, des mecs qui s’excitent en se frottant aux femmes dans les transports. Charmant n’est-ce pas ? Alors quand une fête se profile, les frotteurs se préparent.

métro foule

J’exagère ? Et bien…

frotteurs-twitter

Voilà. Et on en revient toujours au même problème : la rue est toujours une menace pour la femme. En 2016. Et non, je suis désolée mais l’alcool et la fête n’est une excuse pour rien. Hier, toujours, en traînassant sur Facebook, j’ai vu la discussion lancée par une de mes amies sur les soirées dans les bars de l’Euro et c’est la fête du slip : les mecs se jettent au cou des femmes pour les peloter et embrasser… Femmes qu’ils ne connaissent pas. Mais allez, vas-y, c’est la fête, on est contents, ce n’est qu’un bisou. Heu… non. Mes lèvres, tout comme le reste de mon corps, a tout à fait le droit d’assister à un événement public sans qu’un homme décide d’y toucher pour exprimer sa joie. T’es content ? Ben va faire le tour du quartier en courant, tu vas voir, c’est fun !

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Parce que oui, la fête est toujours quelque chose de menaçant pour les femmes. D’abord parce que l’alcool. Je lisais l’autre jour un très bon article de Scaachi Koul, une Canadienne expliquant qu’elle ne pouvait pas aller au bar sans être guetté par les hommes qui surveillait son taux d’alcoolémie pour l’attaquer quand elle est le plus vulnérable. Et bordel, je ne connais pas une femme qui ne regrette pas légèrement un roulage de pelles ou une coucherie en se disant qu’elle aurait peut-être pas dû autant picoler et céder au monsieur. Ah et si vous n’allez pas lire l’article de Scaachi (ce qui serait dommage), elle donne un petit tip : si l’homme vous propose un verre, demandez-lui de vous payer quelque chose à manger plutôt, pour voir. En gros : veux-tu me payer quelque chose pour m’être agréable ou veux-tu me saouler encore plus ? Bref, filles un peu vulnérabilisées par l’alcool, mecs qui ne se rendent pas compte qu’ils outrepassent les limites (ou prétendent ne pas se rendre compte à cause de l’alcool), déjà, ça ne finit pas toujours bien. Le pire avec l’alcool ? Un mec bourré qui tripote, on va lui accorder des circonstances atténuantes : il est saoul, il se rend pas compte… alors qu’une femme saoule qui se fait emmerder, on lui dira que c’est quand même un peu sa faute, elle n’avait qu’à pas boire aussi

fillesaoule

Et puis y a la foule, la masse. On croit qu’il ne peut rien se passer avec tous ces gens autour mais c’est précisément l’inverse: service de sécurité débordé, difficile de voir qui fait quoi, de façon consciente ou non.

Revellers celebrate the start of the San Fermin festival in Pamplona July 6, 2013. The beginning of the festival, known as the Chupinazo, was postponed for 20 minutes while authorities removed a Basque flag hanging in front of the town hall. The annual San Fermin festival, famous for the running of the bulls event, started on Saturday and runs until July 14.    REUTERS/Eloy Alonso (SPAIN - Tags: SOCIETY)

La foule est hélas un danger pour les femmes. En France, en Allemagne, partout, parce que certains pensent que la fête est une excellente occasion de serrer les meufs… dans tous les sens du terme. Alors que non : l’euphorie ne nous donne pas forcément envie de coucher avec vous, l’euphorie ne vous donne certainement pas le droit de nous toucher pour “fêter ça”. Au pire, tapons nous dans les mains, c’est bien, ça, se taper dans les mains. J’aimerais tellement que mes amies puissent aller dans les bars et les fanzones sans être en danger en aucune façon, sans risquer de tomber sur un frotteur ou un manipulateur qui va espérer que la fête va accroître leurs chances de coucher. Laissez-nous kiffer la vibe…  à distance raisonnable. Et ne croyez pas que les frotteurs ne sont que des personnes issues de minorités, des migrants sans éducation, des terroristes qui en veulent à la liberté de la femme. De mon expérience perso, les frotteurs sont de toutes origines, géographiques ou sociales. Tristement universel.

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