Introduction : je ne supporte plus cette notion de clash.
Dimanche, dans le train (oui, encore, 6h de route, ça te laisse du temps pour plein de choses), je feuillette Néon, magazine que j’apprécie fort quand soudain, un passage me fait un peu bondir sur mon siège :
Les rouquemoutes ? Sérieusement, les rouquemoutes ? On refait la même phrase avec nègre ou black, rebeu ou ratasse, jaune ou gniaqué (comment on est censé l’écrire ??), ça ne vous choque pas plus ?
Je vomis le racisme anti roux, purement et simplement. Je trouve ça non seulement crétin mais surtout, c’est une récupération pure et simple de vieilles vannes racistes dont on aimerait pouvoir se passer. « Ahah, les Roux ont une odeur ». Oh mais rassure-toi, tu en as une aussi, hein et continue à parler comme ça et je vais finir par la trouver nauséabonde. Donc les Roux « ah bon, ils ont des amis, lol » (vanne sur la page Orangina France qui avait fait un tollé), « un trisomique a porté plainte car on l’avait traité de roux… pas cool » (M Poulpe dans un Dézapping du Before) ou encore l’effroyable « ils sont Roux mais beaux » d’un magazine féminin quelconque. Mais putain vous vous écoutez sérieux ? Remplacez une nouvelle fois par Noir, Arabe ou Chinois et de suite, ça glace le sang…
Alors oui, ce sont des vannes faciles, ça vaaaaaaa, on a bien eu des milliers de blagues sur la bêtise supposée des Blondes. Certes et je ne trouve pas ça forcément intelligent ni drôle mais là, ce que j’y vois de plus violent c’est bien le recyclage de vannes racistes. Comme si remplacer Noir par Roux rendait le tout politiquement correct parce que tu comprends, ça peut pas être raciste, on se moque d’un Blanc*. Une fois de plus, on tombe dans l’humour oppressif mais là, tu comprends, la victime est plus politiquement correcte. Mouais…
Cette histoire de Roux me démontre surtout un point : l’Humour qui ne se fait pas au détriment d’autrui semble denrée rare. Je ne parle pas d’un humour qui dénonce en soulignant les travers de nos hommes ou femmes politiques par exemple (ex : les Guignols, Charlie Hebdo ou le Canard sur ses caricatures, Nawak que j’aime bien… qui, sous couvert d’humour, cherchent à nous présenter des faits qui doivent nous faire réagir). Je ne parle pas non plus de certaines caricatures de comportements un peu généraux qui nous font rire (ou non) (cf Muriel Robin ou Florence Foresti). Mais qu’il semble difficile de faire rire sans rabaisser quelqu’un au passage, un groupe donné, les « boloss » de l’histoire. Quand on rit d’un sketch caricaturant une situation donnée, on rit du fait que « ahlala, oui, c’est tout à fait ça ». Toute personne s’étant offert une semaine au ski aura reconnu quelques situations cocasses dans les Bronzés font du ski et en aura ri. De même que le Père Noël est une ordure n’avait pas pour but de rire avec condescendance des SOS amitié et de leurs « clients » mais de créer des situations burlesques via une galerie de personnages aussi drôles qu’improbables. Quand on rit des Roux (et avant des Noirs, Arabes et co…), on revient à la cour d’école où l’on rit bêtement en montrant du doigt ceux qui sont moins populaires, ceux qui sont différents de nous.
L’humour doit-il servir à cliver ? Chacun rit à ce qu’il veut mais je trouve ça dommage. Dites non à l’humour anti roux !
Et un petit sketch de la Rousse, elle en parle mieux que moi.
* Attention, cet article n’a aucunement vocation à lancer un débat sur l’existence ou non du racisme anti-Blanc sur lequel je donnerais bien mon avis mais vu que je veux pas lancer de débat là, c’est non.
2 réflexions sur “Soyons trashs, clashons les roux”