C’est toi la rentrée littéraire

Par Lucas

Chaque année, c’est la même chose.
Chaque année, les libraires n’ont pas de vacances.
Chaque année, il faut qu’ils choisissent parmi 300 nouveautés à mettre en place en rayon (au delà des 20 titres phares qui seront bien markétés par les maisons d’éditions et que tout le monde voudra lire).
C’est dingue ce pseudo événement de merde.
Je suis blaszzzzzzé
Par plein de choses.

Le fait tout d’abord qu’il faut créer  un événement pour qu’on daigne s’intéresser à l’actualité éditoriale. On est soi disant dans un pays qui lit. Quand je vois que le chiffre d’affaire du jeu video est de 40 milliards dans le monde (Courrier international du 20 août) je me demande comment faire pour rendre aux bouquins une présence plus grande. D’ailleurs, dans un article du NYTimes, (toujours dans CI), un auteur explique comment il a écrit son roman de SF en pensant à son adaptation en jeu vidéo. On ne pourra avancer dans le jeu qu’en connaissant  des choses racontées dans le roman…

C’est marrant cet imbroglio des deux mondes.
Ça me rassure aussi.

Pour moi les seules passerelles qu’il y avait entre le texte et l’image (mais un jeu n’est pas qu’une image…) c’était l’adaptation de roman en film.
Je suis défait les rares fois où je vais voir un film tiré d’un bouquin. Le pouvoir des mots est tellement plus évocateur que les images ternes qu’on nous sert…
Bon d’accord,  vous allez dire que les temps changent, que « les gens » ne veulent plus lire, gnagnagna.
Je soupire dans mon coin.
Et je ne parle même pas des mères de famille qui lisent Elle et Madame Figaro puis qui vont acheter des bouquins une fois que la critique est tombée dans ces bouses magazines…
Premier point

Vient ensuite, le fait que certains auteurs nous sortent un bouquin chaque année à cette même période. Quand je dis ça, je pense évidemment à Amélie Nothomb.
Son Voyage d’hiver sorti il y a une semaine ne m’a pas emballé.
Le Fait du Prince
s’est révélé niais et sans relief, là où elle aurait pu développer plein de trucs intéressants (oui avec des conditionnels, la vie est simple)
Ni d’Eve ni d’Adam
était un énième Amélie au Japon,
Journal d’hirondelle
avec son tueur né était chiant à mourir et.. oh !

Bah voila : il faut remonter à Acide Sufurique pour avoir un bouquin qui tienne la route où elle évoque et développe une réflexion implicite au texte sur la téléréalité (ici je fais un p’tit salut à mon ami Stan. Si vous ne savez pas pourquoi, lui il le sait).
Un bouquin qui m’avait fait croire que l’auteur d’Attentat et de Mercure avaient retrouvé de l’allant après Antechrista et Robert des Noms Propres. Bah non, faut pas rêver…

Bon, OK,  je fais une pause pour recevoir dans la face les centaines de réponses des lectrices et lecteurs offusqué(e)s devant mes partis pris (Mais arrêêêêêêteeu, moi j’ai adoréééééééé).
Voila, je vous remercie d’avoir râlé, n’hésitez pas à en rajouter, pendant ce temps là je continue.

Quand je reprends la liste des bouquins, je suis perplexe.
Cette année, les éditeurs de Marc Lévaille et Guillaume Mussal ont cru que ça allait le faire de sortir les derniers étrons de leurs poulains avant les vacances. Vous me direz, c’est toujours ça de moins à évincer sur les rayonnages. Bien sûr, j’ai feuilleté un peu les pages et j’ai pris la 4eme de couv de Musso. Là, j’ai baaaadé : San Francisco, une histoire d’amour, un truc inexpliqué, bref, la recette habituelle. D’ailleurs le premier témoignage d’une lectrice sur le site de la Fnac (oui je fais des bafouillles documentées) ledit témoignage est donc éloquent :

 » J’aime lire ses livres car il me transporte loin du train-train quotidien, il me fait rêver, voyager et quand arrive la fin je me dis déjà et attend le prochain avec impatience… »

Alors je pose la question,suis-je un pseudo intello de façade qui se la raconte en stigmatisant ce genre de bouquins ?
Bon vous me direz que les derniers bouquins que j’ai achetés ou empruntés n’étaient pas non plus des essais : le dernier Paul Auster,  » Man In the dark« , un Zweig que j’avais jamais lu « La confusion des sentiments« , « Le Japon n’existe pas » que je vous conseille, et « Eloge de Rien » un mini bouquin publié aux Editions Allia, une maison qui a une ligne éditoriale terrible avec des formats minuscules.

Restent quand même des poids lourds de l’édition. Bons ou mauvais.  Encore un Beigbeder, par exemple. Après99F, Nouvelles sous Extasy et l’Amour dure 3 ans (celui-là je l’ai adoré), j’ai essayé les autres mais j’ai décroché. La critique dit que c’est un roman très personnel. Mais ils le sont tous. Faut-il donc que je m’intéresse au dernier ?
Et puis quand on voit la flopée d’auteurs méconnus, on est perdu.
Comment choisir ? Sur quels critères juger ? La couleur flashy de la couverture qui attire l’oeil ? La 4eme de couv ? Le titre prometteur ?

Ma libraire nous fait des soirées tous les 6 mois pour nous présenter des coups de cœur qu’elle, son associé ou ses deux employés-etudiants ont pu avoir. En outre, elle met des petits cartons pastels sur les romans qu’elle a kiffé pour expliquer en quoi c’est un bouquin terrible.
Mais il y a en tellement…
J’ai adoré « Le Japon n’existe pas » et « Sur la Plage« . J’ai boucou aimé La formule préférée du professeur et « Fuck América« .
Entre autres.
Des centaines d’autres.
Pour les personnes qui n’ont pas une relation telle avec leur libraire et qui achètent leurs bouquins à la Fnac en s’arrêtant sur la tête de gondoles « nos meilleures ventes », quid juris?

Bon OK.  Ma libraire, est parfois complice.
Les auteurs connus à fort tirage sont mis en avant. Il faut bien qu’elle gagne sa vie. Quand je rentre chez ma libraire, juste devant l’entrée il y a un présentoir spécial, rempli des derniers Musso et Levy, ainsi que du dernier Kennedy, lequel a publié lui aussi un nouveau roman en mai : je n’ai lu aucunes critiques mais après la douche froide de « La femme du Vème », j’étais peu enclin à
me jeter sur le nouveau.
Vous allez me dire que Douglas a fait exactement comme Marc et Guillaume vu qu’il finit en queue de poisson en jouant la facilité avec un épilogue surnaturel…
Pour moi, c’est vraiment un coup de poignard dans le dos.

Ce qui était intéressant chez lui, c’est le fait qu’il prenne des faits de sociétés comme thème de roman : l’impératif de la réussite sociale dansl’Homme qui voulait vivre sa vie (j’ai adoré ce bouquin), le poids de l’image sociale dans Rien ne va plus, etc.
Là, c’est plus « un américain à Paris » mais sans le coté cinglant de l’humour anglais de « A Year in The Merde » ou romanesque de Hemingway et consorts.
Affligeant.

Je suis donc bien con de critiquer Mussal et Lévaille.
Pour autant, Mister Doug, peut-on esperer que l’opus sorti en mai est plus sympa ?
J’ai des doutes…

Je repense à Simenon et San Antonio, qui nous sortaient un roman tous les 6 mois (une fois, Simenon à mis 2 jours pour écrire un Maigret…).
Je pense à Mary Higgins Clark qui nous lâche des polars à la chaine.
Je pense à Higgins qui nous sort des épisodes de Sean Dillon tous les ans,
à Grisham qui nous pond un thriller juridique dans la même période.
S’il n’avait pas mourru si vite, est-ce que Stieg Larsson nous aurait sorti une nouvelle saga aussi efficace que celle qui peuple les tunnels de ma RATP ?

Vous allez surement me répondre que personne dans la vie ne choisit sa couleur, l’important c’est d’écouter son cœur. Les apparences et les préférences ont trop d’importance, acceptons les différences, c’est vrai, faut de tout tu sais, faut de tout c’est vrai, faut de tout pour faire un monde.
Oui.
Mais…
Ca m’agace quand même qu’on soit submergé à un moment « T « de bouquins en tout genre là où un livre génial sorti en mars aura plus de mal à se faire connaitre.
Bon c’est vrai que l’Elégance du Hérisson, avec tous ces passages reulou au-delà du sujet principal très prenant, ce bouquin donc était sorti en dehors des circuits et que ca n’a pas empêché un succès de masse. Comment l’expliquer ds ces cas là ? Le bouche à oreilles ? Le fait que l’auteur joue sur l’image des classes sociales ? Le fait que…
Peu importe…
J’aimerais bien avoir votre avis, tout de même !

Allez je vous laisse sur un test rigolo.
Lisez 10 pages d’un levaille ou d’un mussal puis allez lire un extrait des œuvres de JLB dans le roman La Petite Marchande de Prose de Daniel Pennac. Vous allez voir, ça va vous rappeler quelque chose…

Au fait, je ne regarde jamais la télé, mais est ce qu’il y a des pubs pour les bouquins ?

11 réflexions sur “C’est toi la rentrée littéraire

  1. Tiens je vais chercher « L’Homme qui voulait vivre sa vie », tu m’as donné envie de le lire..

    Et le prochain bouquin de Lucas, il sort quand ? Et sur quel fait de société ? 🙂

  2. Il existe une rentrée littéraire? Vraiment?

    En prenant les livres à la bibliothèque on évite les têtes de gondoles et autres roman insipides, et on retrouve l’année suivante ceux qui méritent d’être lu.

    Bien sur il m’arrive aussi d’aller chez le libraire ou sur Amazon et de commander tout ce qui me tente au premier coup d’oeil…mais mon taux de satisfaction est en général bien moindre qu’en bibliothéque.

  3. Bien souvent, mes ballades en librairie me laissent la même impression : le fouillis, le trop plein de choix, l’indécision.
    Au final, j’achète rarement des nouveautés. Il m’arrive de me fier aux critiques du Canard ou du Monde, même si je sais que c’est une erreur. Souvent, je le regrette (en ce qui concerne le Monde, le Canard me déçoit plus rarement).
    Je lis « les livres qu’il faut avoir lu », en général histoire de cracher sur la mode en connaissance de cause ou – ça arrive – de découvrir des perles que tout le monde a découvert avant moi.
    Mais mon mode principal de sélection reste le « lecteur de confiance » : rester à l’écoute des lectures des amis, puis, après plusieurs essais, filtrer dans le groupe ceux qui ont les mêmes affinités. Par la suite, se concentrer sur ces personnes et leur faire aussi découvrir mes propres goûts.
    C’est relativement peu efficace sur les nouveautés, mais ça permet de perdre le moins de temps possible et de lire 80% de livres sympas.

  4. Moi je lis ceux que mes amis (ou mes parents parfois aussi) me conseillent 🙂 et je peux te dire qu’il y en a suffisamment!

    Il y a quelques blogs de lecteur / lectrice assidus qui peuvent me faire découvrir de belles surprises…

    Parfois, je me laisse tenter par un livre, comme ça, un de ceux perdus dans les rayons… parce que je connais l’auteur souvent.

    Et, non y’a pas de pub pour les livres à la télé (enfin je crois pas, faut dire que je regarde rarement les pubs, c’est pas fait pour ça!)
    En tout cas, au ciné, c’est sûr qu’il n’y en a pas!

  5. Bonjour,

    Perso, je lis par période. Je peux ne pas lire pendant quelques mois puis une soudaine envie me prends et dans ces cas là, je peux enchaîner bouquins sur bouquins pendant une autre période. C’est un peu cyclique ( devrait peut être ne parler à un psy!)

    Quand au choix des livres, c’est simple. Je ne fonctionne qu’aux conseils d’amis qui a aimé tel ou tel livre parce que…

    J’ai essayé Musso et Levy. Une fois ça passe mais après, comme tu le dis si bien la mécanique est redondante.

    Les librairies ou Fnac et consort m’ennuient. Il y a trop de choix, c’est le bazar, je ne m’y retrouve pas et finalement je ressort toujours les mains vides. Quand aux critiques, je ne les lis pas. Je préfère l’avis d’un ami qui va m’expliquer la trame du livre et le pourquoi du comment il l’a aimé.

    Voili voilou mon mode de fonctionnement en terme de lecture.

  6. Mais arrêêêêêête, il était mauvais Acide sulfurique, c’était une resucée de la majorité de ses romans au pays de la téléréalité. L’idée était bonne, le développement ultra chiant avec la belle très belle vertueuse, gentille, intelligente et la moche très moche stupide, brute et méchante. La richesse de vocabulaire a du mal à cacher le manichéisme totalement disneyien de ses romans. Autant j’aimais jeune, autant j’ai plus envie de lire, c’est toujours la même histoire.

    Pour Lévy et Musso, super bien joué, c’est de la littérature de plage. Perso, j’adhère pas. J’ai beau lire de la chick litt à l’occase, point trop n’en faut.

    Le problème de ses auteurs est qu’ils pondent leurs romans avec une telle régularité qu’ils finissent par s’auto plagier, ressasser. J’en fais de même sur mon blog mais moi, c’est gratuit, je ne volerai aucun prix littéraire derrière. En plus, quand on voit aujourd’hui le parcours de combattant que représente l’édition d’un premier roman pour un auteur (s’il a de la chance, quelqu’un lira au moins son manuscrit mais c’est très rare), franchement, ça file un peu la nausée, ce squattage des rayons par le même gang qui s’auto publie et s’auto encense.

    Pour ma part, ma dealeuse de bouquins, c’est ma maman, essentiellement. Mes parents sont abonnés au club littéraire de l’Express et reçoivent pas mal de nouveautés. J’ai ainsi lu les Millenium, l’élégance du hérisson, les yeux jaunes du crocodile et la valse lente des tortues… Et j’en ai des dizaines en attente à la maison. On s’échange des bouquins avec Vicky aussi. Puis y a les hasards de la vie. J’ai lu mon premier Moravia lorsque le film L’ennui était sorti, personne ne voulait aller au ciné le voir avec moi. Coup de foudre total, il ne m’a jamais déçue. Pour Nabokov, c’est mon envie d’apprendre le russe. Pour Van cauwelaert et Barjavel, c’est vraiment du pur hasard : balade dans la librairie Relais avant de prendre le train et j’achète un bouquin un peu au pif, pour voir.

    Mais en général, les bouquins en grand format, j’aime pas de toute façon donc les nouveautés, j’attends un peu pour les lire.

  7. Non, la pub télé pour les livres n’est plus interdite en France depuis 2005, en même temps que les pubs pour les magazines. Mais les éditeurs ne se sont pas lancés dessus, tout comme le cinéma d’ailleurs. Ils préfèrent faire parler d’eux dans les émissions consacrées et communiquer dans la presse plus traditionnelle

  8. Ha mais on sait que tu l’aimes d’amour ta libraire Louka 🙂 !!

    C’est pas tout ça mais j’ai des fragments de discours amoureux à finir et une encyclopédie capricieuse du tout et du rien qui me fait de l’oeil … Et l’homme qui voulait vivre sa vie qui me dit bien maintenant… haaaaa…. un jour je mourrais sous une pile de livres. Obligé.

  9. « Je suis défait les rares fois où je vais voir un film tiré d’un bouquin. Le pouvoir des mots est tellement plus évocateur que les images ternes qu’on nous sert… »

    Les films sont des adaptations de bouquins dans une immense majorité des cas. Certes la plupart ne revendiquent pas leur statut d’adaptation, mais ça n’en reste pas moins des œuvres vont chercher leur source première dans la littérature. Donc les films que tu adores (j’espère qu’il y en a, à moins que tu ne défendes une supériorité pure et simple de la littérature sur le cinéma) ont un « pouvoir évocateur » aussi fort que des mots dont ils se sont plus ou moins inspirés.

    Parfois, une image vaut mille mots. C’est pas moi qui le dis, c’est un super proverbe chinois ^^

  10. Eh bien moi, cet été, je me suis fait L (avec un L majuscule, j’insiste) LA grande épopée française du monde qu’elle est sublime. Oui oui, j’ai lu Les Misérables. Et franchement, je sais que pas grand monde s’y attaque, principalement parce que ça fait plus de 2000 pages écrit tout ptit, mais ce livre est une des plus belles choses qui aient jamais été écrites: on a le côté intrigue prenante (mon dieu,que va t-il arriver à Cosette?)qui nous prend en haleine auquel on ajoute tout un tas de petites réflexions humaines, sociologiques, historiques, philosophiques, poétiques…. bref, Hugo a fait rentrer l’humanité toute entière dans son bouquin, et en plus il manipule l »émotion et les mots avec une virtuosité tellement aisée et virevoltante qu’on ne peut que tourner la page jusqu’à qui en ai plus.

    …..ah, et puis j’ai bien aimé le dernier stephen king, aussi.

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