De l’’art de l’’entretien

La semaine dernière, je suis allée passer un entretien d’embauche à trou du cul du monde land. Selon ratp.fr, je mettais une heure à y aller. Ok, ils me disent de prendre le train de 14h33 donc je m’exécute sagement. Cette fois-ci, je n’oublie pas mon press book (on ne commet pas deux fois la même erreur), je ne rate pas mon train (on ne commet pas deux fois la même erreur). Après, j’enchaîne les transports : RER puis bus dans la campagne yvelinoises. Le dépaysement à une heure de chez vous, yeah !


Mais c’était quoi cet entretien ? Non parce que je commence même pas par le début, je suis trop une rebelle, moi. La semaine dernière, en plein trip « cherchons du boulot », je tombe sur un site qui cherche des lecteurs. C’est-à-dire qu’en gros, je suis payée pour faire des revues de presse. Quelques postes sont dispo : deux de 15h30 à minuit et deux de nuit. Bon alors, comme je ne peux pas faire la fine bouche sur les horaires, j’envoie CV et lettre de motivation. Deux jours plus tard, coup de fil : « Bonjour, je vous appelle de la part de la société Pouet Pouet, vous nous avez envoyé un CV et nous souhaiterions vous voir en entretien, vous êtes disponibles quand ? » « Quand vous voulez ! » « Bon, demain, 16h, vous devez vous rendre au siège social mais le Poste est à tel endroit, juste à côté de chez vous ». Bon, nickel chrome !

Me revoici dans mon bus. Le trajet en RER était facile, je posais mon cul et j’attendais le terminus. Mais dans le bus, c’est pas si simple : il n’y a pas de plan de ligne et je ne sais pas du tout où je vais, je connais juste l’arrêt où je dois descendre. Je me lance donc dans une surveillance attentive du petit texte défilant annonçant l’arrêt suivant. Sauf que, des fois, ça bugge. Non mais on vient de le passer l’arrêt Bidule, annonce le suivant ! Zut, on s’arrête à nouveau et il donne pas le nom de l’arrêt ! Ah, il se remet à jour… Bon, finalement, après 30 mn d’angoisse, je descends au bon arrêt, je regarde ma montre : 15h35. Le rendez-vous est donc à 16h. Et quand je dis que je suis à trou du cul land, j’exagère pas : l’entreprise est en pleine zone résidentielle (mais je crois que toute la ville est une zone résidentielle), pas un café où poser mon fessier, un marchand de journaux pour feuilleter les magazines en attendant, rien de rien ! Enfin, si, y a un bureau de poste… Donc, du coup, j’appelle Gauthier, je lui explique qu’il y a une maison avec un chat en plâtre incrusté dans le mur. Je vous jure, c’est vrai ! Bon, finalement, je me pointe à moins 10, en espérant que la dame avec qui j’ai rendez-vous soit en avance. Bon, j’arrive à l’accueil, je tombe sur deux bonnes femmes, la quarantaine bien tassée, elles m’indiquent un siège pour attendre. Il y a une revue de presse faite par la société sur la table, parfait, je vais lire ça. Quelques temps plus tard, une jeune fille, certainement plus jeune que moi, me reçoit pour l’entretien.

Bon elle attaque direct par un « bon, parlez moi de vous ! ». Je lui demande avant pour quel poste ils m’ont appelée, vu que j’ai postulé à plusieurs, histoire de cibler mon entretien, elle me répond lectrice dans elle ne sait quel domaine, le boulot étant le matin… de 5h30 à 13h. « Ouais, super ! Moi, je préfère comme ça, ça me laisse tout le reste de la journée pour faire des choses, c’est parfait ! ». Bon, je raconte ma vie : mes études, mes expériences pro, le pourquoi je vis à Paris et comment je les ai trouvés. Après, elle me demande qu’elles sont les qualités essentielles à avoir pour le boulot. « Ah ben la curiosité, déjà, faut tout lire… Ca tombe bien, moi, si j’ai voulu faire journaliste, c’est justement car je suis curieuse et ça me permet de toujours apprendre de nouvelles choses. Ensuite, faut être réactive, faut donner les infos de suite. Non parce que les entreprises qui vous commandent une revue de presse, elles veulent l’info immédiatement et pas trois semaines après. Et il faut être concentrée, aussi, car si on loupe une info, ça le fait pas ». Bon, je n’ai pas dit ça comme ça mais vous saisissez l’idée. La nana a l’air ravie par mes réponses, c’est limite si elle applaudit pas. Je glisse au passage que j’ai lu la revue de presse en bas, histoire de dire que je sais de quoi je parle. « Mais vous n’avez pas peur d’être frustrée de ne pas écrire ? » « Mais non puisque j’écris dans des webzines à côté ! » « Vous avez une voiture ? Parce qu’à 5h30… » « Non mais j’habite juste à côté ! Je crois qu’il y a des trains à cette heure là mais sinon, je me trouverai un vélo ». Elle me demande de commenter un fait d’actu, aussi, je lui parle de Ségo, expliquant que j’étais allée la voir en meeting « bien que je ne sois pas militante ».

Bref, je suis tout sourire quand le couperet fatidique tombe. « Vous avez du temps là ? » « Mais bien sûr ! » « Parfait, on va vous faire passer un test culture G ». Panique à bord ! Je ne savais pas qu’il y en avait un, je suis pas préparée ! Je sais, ça peut paraître stupide mais ce genre de surprise, j’aime pas du tout, un peu comme les interros surprise au lycée. C’est psychologique, je suis pas prête, je vais me planter. « C’est un QCM ou des questions ouvertes ? ». « Non, non, des questions ouvertes ». Elle me laisse seule dans une salle avec ordre de « rendre mon questionnaire à l’accueil en partant ». Bon, 44 questions. Je sais pas répondre à la moitié, mais vraiment pas. Pourtant, y a des trucs que je sais mais ça revient pas. Et d’autre que je sais pas. Y a beaucoup de questions de santé, un domaine où je ne connais rien. « Quel laboratoire a sorti le viagra ? » « Quels sont les concurrents du viagra ? » (c’est une boîte d’impuissants ou quoi ?) « Citez 5 laboratoires pharmaceutiques », « citez des maladies oncologiques » « que signifient les initiales j’ai même pas retenu », « que veulent dire les initiales de l’entreprise » (ça, c’est la lose de pas savoir). Bref, une hécatombe totale. Je repars toute penaude : si le questionnaire compte, je suis morte. Heureusement, au retour, j’ai été draguée par un jeune homme charmant mais en parlant, j’ai eu un doute : il doit avoir 20 ans à tout casser ! Bon, j’ai pris son numéro, on verra si je le rappelle ou pas.

Et depuis ? Rien. La nana m’a expliqué qu’elle transmettait les dossiers lundi au chef de service et que je serais contactée dans la semaine. Vendredi, toujours pas de news, je pense que c’est mort, je devrais recevoir une lettre pour m’avertir de mon échec (youpi !). En plus, mercredi, j’ai pas arrêté de recevoir des coups de fil : le proprio, l’entreprise qui gère ma chaudière, le scénariste de Modo (bon, c’était pour parler taff mais ça l’a aussi amusé de faire sonner mon tel, le méchant !). Donc un échec. Bon, je relativise : c’était pas le boulot de ma vie et de la veille média, je peux en faire ailleurs avec des horaires plus humaines. Enfin, avec tout ce que je balance comme CV en ce moment, je vais bien finir par trouver un boulot, un vrai, avec un salaire (qu’on me verse pour de vrai) et un bureau. Et, soyons folles, un ou deux collègues choupinous !

34 réflexions sur “De l’’art de l’’entretien

  1. Ma pauvre!! se taper le trou du cul du monde land (j’adore l’expression!) pour se un questionnaire à la con moi je dis c’est pas cool du tout! surtout si comme tu dis la nénette est plus jeune que toi… Mais bon on croise les doigts tu trouveras un Vrai boulot avec un Vrai salaire et 2 collègues choupinous et un boss hyper craquant (ah non ca c’était pas dans la liste merde je me suis vendue…bridget sors de ma tete!!) Courage!!!

  2. Bon courage pour ta recherche d’emploi 🙂
    Ma question est comment un jeunot arrive a draguer notre Nina internationale?… Comment te seduire? PS:je suis tres loin de toi, t’inquiete je ne vais pas essayer de te draguer 😉 Mais pour avoir eu la chance de voir ta photo tu es tres mignonne 😀

  3. Il faut rester optimiste, si tu n’as pas eu celui là, c’est parce que tu t’apprètes à trouver quelque chose de beaucoup mieux (mais tu ne le sais pas encore). Comme disait le grand-père d’une de mes amies: « Fais confiance à la vie »…

  4. Mais qu’est ce que cette boîte fait pour se perdre à trou du cul land ? Et ce questionnaire débile sur les viagras, les maladies oncologiques… Tu es tombée sur un spécimen rare ! Je suis sûr que tu trouveras mieux ailleurs.

  5. Tu trouveras mieux ailleurs et là tu te diras « comment ai-je pu me déplacer dans ce trou du cul du monde land » :pp
    Mais surtout, dis-toi que tu es faite pour quelque chose de meilleur… (mode je-crois-au-destin) 😉
    Excellent blog en tout cas, c’est la 1ère fois que je le découvre, et c’est agréable de te lire 😉

  6. Tsss, je connais ça se taper une tuile dans un domaine que tu maitrises. Pour mon dernier entretien, dans une boite genre Acadomia, le type me fait parler de mon parcours et tout, de mes études de droit, de mes specialisations anglaises de partout, de ma vie en long en large en travers. franchement, vu le parcours scolaire atypique, j’aurais du les interesser.. Sauf que oui mais non. Je ne dirais pas que j’étais confiante, mais qu’on me refuse de pouvoir dispenser des cours d’anglais, alors que sans déconner, je parle aussi bien qu’une personne ayant fait une maitrise d’anglais, vocabulaire juridique en plus, les boules quoi…
    Par contre je m’insurge ! La campagne Yvelinoises est tres tres belle, non mais ! 😀

  7. Relance les, quitte à les faire chier tu n as rien a perdre…au mieux tu passes en force, au pire tu cherches ailleur, ce que tu fais déjà.

    p.S: un jour on cherchera tous des jeunots et jeunettes quand on se rendra compte qu on ne les interresse plus.

  8. Initiales de l’entreprise, franchement, tu devais savoir. Il existe des sites entreprises, qui te donnent 1 max d’infos, CA,structures,sa santé éco,ses résultats,ses investissements,projets commerciaux, axes de développement,notation Banque de France etc…Tu dois faire front, t’attendre aux imprévus prévisibles, et ne pas te démonter. Now, tel chez eux, plus rien à perdre. Certaines choses dans la vie, doivent se faire, et d’autres pas. Ce type d’entretien doit te servir pour la suite, sans devenir 1 spécialiste es entretiens. Ca va tomber, l’assiduité paye toujours……

  9. mouais javou ke les yvelines ne sont pas facilement accessible…et j’avou ke le probleme de 5,6 ans de moins c cho…(j’ai le meme en ce moment, ca me titille pas ds le bon sens non plus…)
    la perseverance a toujours payé!

    tchuss

  10. Quelle belle image que Dulaurens donne du monde du travail. J’espère que c’était de l’humour, au mons.

    Moi aussi, j’en ai chié avant d’être rémunéré pour mon travail mais c’est un mal nécessaire.

    L’important est encore une fois de bien flairer les opportunités intéressantes. Ne pas être rémunéré, OK mais si c’est pour avoir un boulot qui t’offre des débouchés.

    Alors que mon préstage d’avocat s’est déroulé sur Paris, je suis quand même devenu avocat en région parisienne parce que, en terme de développement professionnel, même si certains considère que la banlieue, ça craint, cela n’a rien à voir avec la capitale. Sur Paris, j’aurais bossé dans un cabinet pendant 15 ans sans véritable évolution de carrière en y perdant mon indépendance alors qu’en acceptant de commencer plus bas en région parisienne, je me retrouve après seulement quatre ans de barreau à être totalement indépendant tant financièrement que professionnellement. Et cela, ça n’a pas de prix même s’il a fallu faire des sacrifices au départ.

  11. Nina, cela t’appartient ? ces lèvres avenantes, ce charmant sourire, ces dents qui ne demandent quà mordre la vie, cette armure dentesque, rafraichissante pour l’autre langue……

  12. ouf ! Tu me rassures, cela ne cadrait nullement avec le personnage de Nina. Tant mieux…..
    Dans un article précedent, je te disais avoir moi-même effectué des recrutements, quelques annèes en arrière. Depuis certains codes ont changés, d’autres modifiés , voir supprimés. Ce qui reste valable et toujours d’actualité dans la majorité des entretiens : PREPARER son entretien, être clair dans ses propos, poser les bonnes questions, regard franc, sourire rassurant,attitude digne,propre sur soi, position en avant,écoute active, réponses structurées…. En vrac, et puis affirmer sa personnalité. Se vendre, et ce n’est pas péjoratif !

  13. Nina, sois certaine que :

    – je n’ai jamais vu de candidat lourd et insistant ne pas obtenir le poste qu’il se battait d’avoir, aussi inutile et incompétent puisse être le bonhomme ;

    – j’ai vu des candidats compétents ne pas obtenir de poste parce qu’ils n’insistaient pas auprès des employeurs potentiels.

    Moralité : il faut _toujours_ rappeler suite à un entretien au moment où la décision de te prendre ou non doit être faite, et de préférence un peu avant. Cela montre la motivation du candidat pour le poste, surtout quand il s’agit de départager plusieurs candidats correspondant aux attentes du poste entre eux !

    Bon, maintenant, ne me dis pas ce que je n’ai pas dit : je n’ai pas dit que tu n’étais pas super partante pour ce poste en particulier (ce que je comprendrais tout à fait, vus les horaires de travail) ou encore pour trouver un emploi (je crois que tu es motivée, ce blog le montre bien). Néanmoins, je suis étonné que tes entretiens se passent aussi mal (je me souviens d’une fois précédente où tu avais raté ton train et compagnie…)

    As-tu envisagé de demander une formation à l’entretien d’embauche auprès de l’ANPE ? Si ce n’est pas le cas, je t’encourage de le faire ! Et si possible, je t’encourage à le faire auprès de l’ANPE cadres. En effet, les ANPE généralistes se contentent souvent d’une demi-journée ou d’une journée à remplir un questionnaire écrit, alors que les ANPE pour cadres encadrent réellement les candidats avec une formation digne de ce nom.

    Eventuellement, si ton diplôme t’ouvre cette porte, fais le forcing pour te faire accompagner par l’APEC. Ils sont très sérieux, dans cette association !

  14. Chuuut je suis ici incognito… Décidément il t’en arrive ninouchette des aventures… T’imagine, il t’arriverait jamais rien dans ta vie, tu aurais beau avoir toute la volonté du monde de créer un super blog et d’y écrire quotidiennement, t’aurais rien à raconter… A moins que les gens que ce ne soit en rien une question de chance, mais seulement une volonté de prendre les rennes de ta vie, de rendre ton existence palpitante, auquel cas ensuite écrire devient facile… J’aime les gens qui font de leur vie une véritable histoire 🙂

  15. oui ça va Nina, même si je me retrouve à repréparer mon concours…réduction budgétaire entrainant moins de prof remplaçants…et du même coup mon concours ne sera pas valider cette année.

  16. rooooo la vache !! Même moi qui suis médecin, je sais pas quelle firme a commercialisé le viagra… Par contre, les concurrents (en Belgique mais en France ce sont peut-être d’autres noms) ce sont le cialis et le lévitra (véridique!!). Comme ça, si on te le demande à un prochain entretien, tu le sauras! 😉 Et pis, citer 5 maladies oncologiques, c’est vraiment stupide comme question: tu peux citer tous les cancers, du poumon, du sein, de la prostate, pancréas, foie, os, cerveau et tous les organes… j’vois pas pq ils posent des questions pareilles!!! pfff, tu mérites un meilleur job, je t’assure!!!

  17. Alors comme ça Nina veut être lectrice pour TNS Media Intelligence, cool ça ferait enfin quelqu’un d’intelligent dans cette boîte et ramenera un peu de C à la Défense… Pour info, c’est Pfizer, un des clients de la boîte qui commercialise le Viagra, mais tu pourra découvrir aussi le Gardasil, le vaccin contre le cancer du col de l’uterus!
    Au fond, je suis sur que tu as kiffé Chambourcy

  18. Non malheuresement, nous ne nous connaissons pas, je suis juste une lectrice de ton blog qui connait très (trop?) bien la boîte pour laquelle tu as postulé. En tout cas, moi j’aimerai beaucoup que tu sois prise car ça egaierait beaucoup mes journées.

  19. Encore une fois, Nina, permets-moi d’insister (oui, car j’insiste) : si la boîte a décidé de ne pas te prendre, et par conséquent de ne pas te contacter. Si tu la contactes à ton initiative, même si l’on t’a demandé de ne pas le faire, tu ne perds rien. Au pire, ils t’enverront bouler. Au mieux ? Ils se rappelleront de ton enthousiasme pour le poste. Et réexamineront ton dossier, ou bien te contacteront pour un prochain poste.

    Encore une fois, donc, je n’ai jamais vu, au cours de ma vie professionnelle, un candidat pénalisé parce qu’il insistait pour obtenir un poste.

  20. Une standardiste n’a pas pouvoir de décision. Alors oui, une standardiste va passer le message. Maintenant, la DRH ou le responsable du département, ou un quelconque responsable va peut-être ignorer le message, mais le message lui sera arrivé.

    Je ne te prends pas pour une niaise. J’ai l’impression que ta méthode pour trouver un emploi ne donne pas beaucoup de résultats et j’essaye de te suggérer quelques techniques pour améliorer certains points.

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