Drague au bar

Par Audrey

Ou comment j’ai réalisé que j’étais pas sortie des orties

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Souria tentant de m’embarquer dans le camp des célibataires joyeuses, elle m’amena un samedi soir dans un bar à forte teneur en testostérone. Le plan était simple : on s’assoit, on se commande un verre, les suivants devraient nous être offerts. Prenant sous le bras notre contingent de célibataires, nous voici donc 5 nanas gloussantes dans un bar surpeuplé un samedi soir comme un autre. Enfin, gloussantes : elles oui. Moi, j’avais surtout envie de mourir.

« Moi en jeans, elles en robe sexy : la soirée s’annonçait longue »

J’admire ses nanas sans complexe qui savent jouer la séduction sans se poser des tas de questions. Moi, je doute. De un : suis-je encore une “belle prise”? Après 3 ans de couple, on a perdu l’habitude de séduire, de plaire, on ne sait pas si on suscite l’envie ou la pitié. De deux : de quel type d’hommes ai-je envie ? Parce que la rupture n’ayant pas été tout à fait à mon initiative, mon ex restait finalement ce qui se rapprochait le plus de mon idéal. En fait, ce n’était pas d’un homme au hasard dont j’avais envie mais d’un Benoît 2. Le même sans sa nouvelle moitié.

Mais je n’avais pas envie d’évoquer ce point avec mes amies qui semblaient surexcitées à l’idée de me voir enfiler mes oripeaux d’amazone de la drague. Et je n’allais pas tarder à les décevoir. Le dit samedi, me voici devant le bar, sobrement habillée d’un jean et d’un pull : la tenue casual pour une virée en ville entre copines. Mais quand j’ai vu Souria et Isa débarquer dans leurs robes laissant entrevoir des promesses de nuits torrides, le cheveux libre et lissé et les yeux fardés de noir, j’ai senti que j’étais pas dans le ton. Et que la soirée s’annonçait longue, longue.

Car ce soir, hors de question de papoter entre copines, non, ce soir, on chope. Une fois dans le bar, je propose naïvement de prendre une table mais on s’écrie : non, on squatte le bar, on reste visible. Et c’est parti pour un moment fou de bousculades et effleurages entre ceux qui s’accrochent au zinc, ceux qui vont et viennent commander quelques cocktails et ceux qui se contentent de circuler dans cet espace de plus en plus étroit. Le bruit va crescendo, la chaleur aussi. Les chopeuses dégainent leur rire de gorge, jettent leurs cheveux tout autour d’elles, quitte à en balancer quelques uns dans les yeux d’un dommage collatéral. Je tente de suivre mais l’ennui est total : je n’entends rien, je suis lassée par la chaleur et tous ces corps qui se frottent au mien, j’ai envie de partir.

« Accepter un verre, c’est accepter autre chose ? »

Alors que je jetais un 37e coup d’oeil à mon smartphone pour vérifier si je pouvais plier le camp sans passer pour une mauvaise coucheuse, un verre vient fleurir sous mon nez, tendu par un barman bien souriant “de la part du gars, là-bas”. Owww… Un garçon me fait effectivement un signe, je vire au rouge, je manque d’air et, pour une fois, ce n’est pas dû à la chaleur infernale du lieu. Je fais quoi ? Si j’accepte le verre, est-ce que cela suppose que j’accepte autre chose ? Est-ce une sorte de préliminaire ? Je suis perdue… Je saisis le verre, souris à l’inconnu, bois une gorgée et ne bouge pas. Il est loin, il va m’oublier dans quelques secondes. Ciel, il est têtu le bougre, le voici qui approche.

“Salut !

– Salut”.

Dialogue saisissant. Polie, je réponds un peu à ses questions, on s’échange prénoms, métier, banalités sur le temps qu’il fait, ohlala y a du monde ce soir. Je bois mon verre un peu vite pour filer au premier blanc. “Bon, je dois y aller, j’habite un peu loin” “Oh, ok, tu me laisses ton numéro ?”. Hein, de quoi ? Je n’étais tellement pas prête à la séduction que je n’ai pas envisagé cette question : est-ce que je lui laisse mon numéro ? Est-ce que j’ai envie de lui laisser mon numéro ? Il n’est pas mal, sans doute… “Heu, oui, ok…”

Cendrillon gribouilla son 06 sur un papier et fila hors de ce bar, troublée… mais satisfaite. Soudain, je réalisais : j’avais à nouveau le droit de sortir avec des mecs qui n’étaient pas Benoît, j’étais libre. Soudain, le champ des possibles amoureux s’ouvrant à moi me frappa. Oui, j’étais célibataire. Et il était plus que temps d’en profiter.

PS : Je tente un nouveau style d’illu. C’est pas encore ça…

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