Ca coule pas bien

Face à mon clavier, je martèle les touches pour monter des mots. Sauf qu’autant il y a des jours où ça coule tout seul, mes doigts volent pour tisser des phrases percutantes, virevoltantes (en toute immodestie), autant il y a des jours où ça tombe comme du plomb. Plof.

En général, ça arrive quand je suis pas au top de ma forme. Comme je l’ai déjà dit, ma vie depuis deux ans ressemble un peu au Space Mountain des aléas : coups de massues vs câlins de la vie, je suis un peu comme une femme battue par les hasards, je sais plus bien à quoi m’attendre. Enfin, j’ai entamé un processus pour tenter de régler tout ça, c’est pas le sujet de l’article de toute façon. Le truc, c’est qu’en période de crise (avec un minuscule ou un majestueux C), je réfléchis beaucoup. Trop sans doute. Et ça se manifeste par un verbiage incessant qui se déverse dans ma tête. Mon cerveau est littéralement noyé sous les mots.

Je sais plus bien depuis quand j’ai ce réflexe de construire des phrases dans ma réflexion. Depuis le collège, je crois. Avoir un blog me permet de capter quelques unes de ces phrases pour leur donner une petite existence. Dès que je vis quelque chose, en positif ou en négatif, je construis des phrases, des phrases à coller dans mes écrits, des phrases qui disparaîtront d’elles-mêmes, je ne connais jamais leur destin au moment où elle viennent se nicher dans mon cerveau. C’est mon filtre face à la réalité, une façon d’apaiser mes angoisses, de rationaliser. Quand j’étais assise sur le lit de ma grand mère mourante, à écouter sa respiration sifflante sur fond de Mozart, je construisais des phrases pour essayer de décrire la scène. En sortir l’émotionnel pour n’en faire plus qu’un énoncé. Froid.

Le problème, c’est que je ne maîtrise pas forcément le flux. C’est comme un robinet qu’on ouvre trop brutalement et qui nous éclabousse, pareil. J’essaie de discipliner, de faire mes petits articles en y mettant une dose maximale de dérision, cynisme et humour genre « je m’en suis encore pris plein la gueule mais ahah, tout va bien, je ris de la vie ». Mouais, c’est ça… Parce que quand je fais semblant, les mots jaillissent de façon anarchique, les phrases sont lourdes, ampoulées, les éventuels effets comiques tombent à plat et les métaphores poussives.

Pourtant, ça demeure un réflexe. Tout mettre en mots encore et toujours, le bien, le mal, le moyen… M’éloigner des moments durs, capturer la magie des bonheurs. C’est en soi un réflexe appréciable, ça me donne de la matière pour mes romans (enfin, les 10 pages des what millions de romans que j’ai commencés). Mais bon, va maintenant falloir apprendre à les maîtriser parfaitement. Ou éventuellement les laisser de côté et ne plus écrire le temps que le flux se calme. Sauf qu’écrire, c’est limite un besoin vital…

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