Pas de vertu, pas de viol

A présent que cette histoire DSK ne fait plus la une des journaux, j’aimerais revenir sur un point qui m’a rendue dingue : le lien entre la vertu supposée d’une victime de viol et la probabilité qu’elle soit réellement victime.

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Parce que Nafissatou Diallo a des relations troubles, elle passe du statut de victime à celui de pute, littéralement. Oui, la présomption d’innocence est une donnée aléatoire, ça s’applique plus facilement à un ex futur Président de la République qu’à une femme de ménage noire et musulmane. Oui Nafissatou a un passé trouble, elle n’est pas irréprochable. Est-ce pour autant qu’elle est protégée de toute tentative de viol ? De la même façon, un de mes contacts Facebook a diffusé une photo de Tristane Banon avec des amis dont un qui lui touche les seins. Et donc ? C’est une chaudasse ? Ça disculpe automatiquement son présumé agresseur ?

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En 2011, on n’avance pas. Une victime de viol ne peut etre crédible que si elle a un comportement chaste avant et après l’agression. Avant, on le sait tous, une mini-jupe est forcément un appel au viol. Qu’une femme ait envie d’être jolie est un droit, de même que celui de dire non quelles que soient les circonstances et les personnes en présence. Le corps d’une femme (mais aussi d’un homme, ne les oublions pas) n’appartient qu’à elle et elle en dispose comme bon lui souhaite. Si elle souhaite en exhiber une partie, est-ce une raison pour nier l’horreur dont elle a été victime ? Une femme violée, quelles que soient les circonstances, ressent toujours une culpabilité : pourquoi me suis-je habillée ainsi ? Pourquoi n’ai-je pas plus résisté ? Elle n’a pas besoin des regards réprobateurs à la limite du « tu l’as bien cherché ».

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Et après ? Et après Dieu Merci la vie continue. Il y a un traumatisme à surmonter, avec ou sans aide. Seulement une victime de viol a aussi le droit d’avoir une vie sexuelle. Même si son corps a été pris de force, il lui appartient toujours et le fait qu’elle reprenne une vie sexuelle, qu’elle parle de sexe de façon badine ne signifie pas qu’il n’y a pas eu agression par le passé.

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J’ai dans mon entourage des femmes qui on été victimes et qui porteront toujours une blessure dans leur chair, une cicatrice. J’en ai connu aussi (enfin une) qui m’ont inventé une histoire de viol pour gagner mon affection (raté, j’ai un détecteur à mythos et je ne me trompe jamais). De prime abord, les victimes sont des filles comme moi avec leurs histoires de cul et de cœur. La page n’est jamais totalement tournée mais elles vont de l’avant.

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Alors dans la mesure où rien n’est prouvé ni dans un sens ni dans un autre, un peu de décence serait la bienvenue. Il y a des douleurs suffisamment fortes pour ne pas y rajouter un manque de tact renforcé par un machisme primaire vomitif.

10 réflexions sur “Pas de vertu, pas de viol

  1. Tu as tout à fait raison. La victime devient « méritante de son malheur » dès qu’elle est sexy ou que son passé en fait une « chaudasse ».
    Le nombre de fois où j’ai lu ou entendu le fameux « en même temps, si elle avait pas mis une mini-jupe » me rend dingue!
    Les femmes sont toujours contraintes, en 2011, à s’habiller en nonnes pour être respecté (et encore). C’est triste. (Et le coup des fringues, ce n’est qu’un exemple)

  2. Totalement d’accord. J’ajouterai – bien que ça ai sûrement aussi beaucoup été dit puisque comme tu le précises, la présomption d’innocence de DSK a été appliquée avec soin- qu’un homme (ou une femme) qui courre les jupons (ou les caleçons), drague lourdement voire même harcèle ou abuse de son pouvoir, n’est pas non plus forcément un violeur.

  3. Dans le cas DSK, de ce que j’ai vaguement suivi, j’ai plutôt l’impression que le principal problème est qu’on se retrouve dans une situation de blocage où c’est parole contre parole. Et comme, en cas de procès pénal, les jurés doivent décider de la culpabilité, ceux-ci se basent sur les éléments vérifiables. En l’occurrence, la femme de chambre avait apparemment inventé un viol au moment de son arrivée aux USA.

    Ce qui ne prouve rien, ni dans un sens ni dans l’autre, et je ne nie pas qu’un état d’esprit bien pourri et malheureusement trop répandu qui fait penser à certains « elle l’a cherché, elle l’a eu » existe bien…

  4. OUI, la mini jupe, les talons haut, et le maquillage à outrance sont des appels au viol, un femmes peut être coquette sans être vulgaire ou se vétir comme une prostituée…

    Effectivement on trouve ce l’on cherche…

  5. C’est difficile d’expliquer pourquoi j’ai plongé dans un autre article, mais bon, laisser une autre petite trace ne gênera personne.

    Avant de parler du mini-jupe qu’est physique, il faut parler de ce qui provoque réellement cette « invitation au viol » qu’il représente.

    Prenons par exemple une dame bien connue: Hillary Clinton, elle est presque en mini-jupe, est ce que vous pensez que si elle était à la même place que n’importe quelle victime, elle aurait vécu la même expérience. A mon avis, la réponse est Non, parce que elle est respecté.
    Si l’agresseur respectait vraiment sa victime, il n’aura jamais fait ce qu’il a fait.

    Le problème est quand on voit les femmes comme de simple bout de chair, c’est là où le problème commence. Pourquoi on est là aujourd’hui? Plusieurs raisons! La solution: faire comprendre aux jeunes qu’ils peuvent avoir n’importe quelle femme, il suffit de procéder correctement (je m’excuse, l’effet « femme libérée » règne encore sur mon esprit).

    1. J’ai vomi. Les mecs comme vous mériteraient de se retrouver dans la peau d’une victime de viol juste une journée, on verrait si vous tiendriez toujours le même discours sur le viol et le fait que ce sont la faute des femmes. Je dirais plutôt que c’est la faute de connards comme vous (oui, oui, connards). Allez VRAIMENT vous faire soigner

      1. Qui a dit que c’est de la faute des victimes? Je dis que c’est de la faute de la société, de la formation, qui causent cette vision envers les femmes, les voir comme des boue de chair n’est en aucun cas de leur faute, mais plusieurs acteurs entrent dans le jeux en commençant par les gens de la publicité et de la cinéma et même les psychologues qui confirment que le viol est un fantasme féminin.

        Bref, avant de dire que le mini-jupe est une invitation au viol, il faut comprendre pourquoi on le voit ainsi? Le POURQUOI est la vrai question, ni le quoi, ni le qui.

        1. Ce n’est de la faute que de ceux qui considèrent la femme comme un être inférieur, ce qui semble bien être votre cas puisque la femme n’est là que pour porter la société en tant que fille, femme, mère et épouse mais le reste… Déjà, apparemment, le fait qu’elle travaille semble ne même pas exister dans votre vision des choses. Un homme qui viole une femme ne doit en aucun cas être excusé par « l’image de la femme », c’est un malade qui doit être puni le plus fermement possible. Quant au fantasme féminin, vous laisserez à chacune le soin d’en décider avant de les violer… C’est l’argument le pire que vous ayez sorti. J’espère que vous n’êtes qu’un troll sinon, j’ai vraiment peur.

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