C’est quand qu’il faut aller chez le psy

2011 sera donc l’année du nombrilisme, ai-je décidé en accord avec moi-même. Ca commence bien, je suis d’accord avec moi, n’est-ce pas merveilleux ? Mais du coup, puisque j’ai décidé de me chouchouter, je me pose une question essentielle : puis-je le faire seule ?

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Comme déjà dit X fois, le mois de décembre m’a filé quelques claques dans la gueule. Première victime de mon abattement : mon appart qui ne ressemble sincèrement plus à rien. Je contemple le bordel ambiant en me disant que a) faut vraiment que je m’achète une armoire ou quelque chose et b) ce bordel est quand même significatif de mon état d’esprit. Et quand, le jour de mon départ, j’ai failli pleurer quand la contrôleuse m’a dit que mon chat dérangeait alors que j’étais assise comme une misérable par terre, je me suis demandée si j’étais pas un peu trop sensible en ce moment. Et la réponse est : « bien sûr que si »

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Oh, j’ai de bonnes raisons de l’être, je me suis pris de grosses claques dans la gueule dernièrement et à force de taper sur la cuirasse, elle se fend. Je crois que tout a commencé à cause de mon ancien boulot, celui où je me suis lexomilisée. Traumatisme de devoir prendre des médicaments, très franchement. Traumatisme d’avoir l’impression d’être une merde, de mal faire mon taf vu que certains managers préfèrent appuyer sur ce qui ne va pas plutôt que mettre en avant ce qui va bien. Je suis partie mais j’ai traîné ce traumatisme avec moi. J’en parlais l’autre jour à ma chef actuelle qui m’a répondu « ça se sent clairement qu’il s’est passé quelque chose dans ton ancienne boîte. Ton manque d’assurance au travail, ta peur de déranger, ça correspond pas à ta personnalité ». Maintenant, j’ai la sensation de rebondir mais est-ce vraiment le cas ? Le ver n’est-il pas toujours dans le fruit ?

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Ce manque de confiance gangrène un peu tout le reste, du coup. J’ai longtemps mis l’essentiel de mes oeufs dans le même panier, celui du boulot. Tant que je ne bossais pas, que je n’avais pas un intitulé de poste, j’avais la sensation de ne pas exister. Puis je suis devenue community manager, métier qui excite dans le milieu digitalo-marketing mais qui laisse totalement de glace le reste de l’humanité. 3 ans et demi plus tard, je souris toujours quand on me regarde avec de grands yeux : « community quoi ? ». Mais peu importe l’intitulé, je gagne honnêtement ma vie et le métier me plaît, en plus. Du coup, en me définissant quasi exclusivement par mon métier, quand ça se passe mal, c’est dur à avaler. Surtout que j’y passe 8 à 10h par jour au bureau, voire 12 chez Pubilon. Les derniers mois, je n’étais plus que l’ombre de moi-même, excédée de tout, prise à la gorge. C’est fini, oui, mais reste la blessure, la peur de ne plus être à la hauteur, la peur de me faire engueuler…

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Vous allez me dire qu’à priori, le psy, ça ne peut pas faire de mal. Ca reste à débattre. J’ai toujours peur que ça remue une merde qui ne demandait rien ou que je ne puisse plus me passer de cette béquille. Mais surtout, ce que je crains dans l’histoire, c’est de ne pas être dans la bonne démarche. Je m’explique. Je me sens un peu perdue en ce moment et j’ai la sensation que j’attendrais d’un psy qu’il m’apporte les réponses. Que j’aille le voir en lui disant « Hé, Paul (mais s’il s’appelle pas Paul, on ne lui en voudra pas), je suis un peu perdue en ce moment, t’en penses quoi ? » Et Paul me répondrait « Fais ça et tout ira bien » ce qui me ferait dire « Ah mais oui, t’es trop fort, salut! ». Paul n’est pas là pour vivre ma vie à ma place, je sais que c’est pas comme ça que ça marche mais mon impatience naturelle risque de vouloir des réponses tout de suite. Et puis je sais déjà très bien ce qui ne va pas, je mets les mots dessus, je ne me cache pas. Reste une colère et une rancoeur que j’ai un peu de mal à avaler. D’autant que je n’ai en général pas ce défaut là, je digère très bien les choses et je passe à autre chose. Je sais aussi quels mécanismes développer pour me sortir de mes doutes, je sais que je dois me
souvenir des mes réussites professionnelles (et il y en a), des fois où je suis partie du travail le coeur gonflé d’auto satisfaction car j’avais bien travaillé. Me souvenir qu’une semaine avant le marasme aboutissant à la lettre d’avertissement, l’agence avec qui je travaillais voulait m’ériger une statue. Me souvenir d’une autre agence dont le contact me disait « votre agence a vraiment fait de la merde sur ce dossier… sauf toi ». Me rappeler que sur un autre dossier merdique, la commerciale m’a expliqué que mes contacts m’adoraient et étaient ravis de bosser avec moi. Une copine qui a reçu un jour un avertissement et était effondré a été consolée comme suit : « tu fais du très bon boulot, y a juste eu un pépin sur un dossier. En gros, tu en es à 19/20, c’est bien ! ». C’est vrai.

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Alors du coup, puisque j’ai les mots pour dire les choses et les clés, je ne sais pas bien quelle légitimité j’aurais à y aller. Peut-être qu’en déversant toute ma colère à  l’écrit via, mettons, un roman ou un article gardé sur mon pc (ça n’aurait pas d’intérêt de le publier), ça suffirait. Je ne sais pas. Je suis face à un mur à escalader et je ne sais pas si je peux le faire seule ou si j’ai besoin d’une courte échelle. Du coup si vous avez un avis, un conseil une expérience sur le sujet, je suis preneuse. Parce que je m’aime mieux en battante, il faut le savoir.

15 réflexions sur “C’est quand qu’il faut aller chez le psy

  1. en tres bref, mon experience d’un an avec un psy : vous allez prendre ceci et pis si dans 1 mois ou deux ça ne va pas mieux, on essayera ça…Pour les réponses aux questions que tu te poses, n’espere donc pas forcément de réponses…Mais quand t’es au fond du trou, t’es prêt(e) à t’accrocher a la premiere parole reconfortante venue, fusse t-elle celle d’un charlatan ou un charlot fini.Bon, je sais que certains tombe sur de bons psy (psychiatre je m’entends, pas psychanalyste….) mais je pense sincerement qu’une bonne majorité serait bonne a enfermer quelque part. Sinon je trouve que ton expression écrite est toujours agréable a lire, et que sur ce plan, 2010 reste quand meme réussi…bonne fin d’année a toi, P

  2. Un ami psy(chotherapeuthe … pas psychiatre, le psychiatre etant plutot medecin il file des medicamentsm le psychotherapeuthe t’ecoute et t’aiguille) me dit qu’a chaque premiere seance il demande au patient/client la cause de ses problemes : comme ca au moins il est sur que ce n’est pas ca !
    Effectivement, bien souvent on reste en surface, on ne descend pas au fond de la faille mais on s’attarde sur des evenements recents, sur le professionnel ou notre conjoint, alors que la cause de nos blessures vient de la source : la naissance et bien sur les parents.
    Je ne dis pas que les parents ne sont pas « bons » mais ils transmettent leurs blessures des le plus jeune age, et surtout leurs croyances, sources de conflits internes et de problemes qui remonttent plus tard.

    Il n’y a pas vraiment de risques a remuer « la merde » car c’est ainsi qu’on l’evacue, ce n’est pas facile mais c’est necessaire. Si on la laisse pourrir en detournant le regard, au bout d’un moment ca pue et ce sont les autres qui la voyent pour nous.

    De quoi as-tu si peur ? De perdre ton temps ? Ton argent ? D’apprendre qui tu es vraiment ?

  3. Je suis plutôt d’accord avec l’avis de Bruno : Qu’est ce que tu risques ?

    Et je ne suis pas sur que « Paul » te dises : Fais ci et tout ira bien », mais plutôt : Et pourquoi tu te sens perdues, qu’est qui t’as mis dans cette situation, et comment crois tu que tu aurais du réagir (même si ce n’est pas très français…) »

    Un psy ne t’apportera pas les solutions, il t’aidera a les trouver…

    Ta démarche est déjà intéressante, car tu n’es pas réticente à aller en voir un… ce n’est pas le cas de tout le monde. Pourquoi n’en profiterais tu pas pour te lancer….

    As tu vraiment besoin de légitimité pour aller voir un psy ? Est ce que c’est pour déverser ta colère ou pour essayer de comprendre pourquoi tu es en colère ?

    Concernant le travail, un patron qui, un jour dis qu’il est satisfait de ton travail et qu’une semaine plus tard sort un avertissement, a un problème de management… (et oui, c’est un peu facile de rejeter la faute sur les autres, mais quelques fois, c’est peu évident de ne pas le faire…)

    La décision d’aller voir un psy n’est pas une fatalité, mais peu être un moyen de t’aider à avancer… Et comme tu dis que tu te préfères en battante, c’est une option tout à fait crédible 🙂

    Courage et bonnes fêtes de fin d’année

  4. Allez, il fallait bien qu’il y ait un psy qui te réponde. C’est donc moi qui suis heureux de le faire.
    Tout d’abord, comme le disait Bruno, il y a plusieurs sortes de psys : psychiatre (médecin), psychologue (a fait la fac de psycho), psychanalyste, psychothérapeutes… Cherche les différences sur le net ou demande-moi et je prendrai le temps de te répondre en MP.
    Perso, je pense qu’un bon psy est quelqu’un qui est passé chez le psy, ce qui n’est pas obligatoire chez les psychiatres et psychologues ni psychothérapeutes mais ça ne signifie pas qu’ils ne l’ont pas fait.
    Là je parle de ma pratique : jamais je n’ai dit à une personne « vous devez faire ça » mais toujours je l’amène à décider d’elle-même où aller. Ce qu’apporte un psy c’est son écoute et une forme de renvoi de ce qu’il a entendu. Certes tu peux écrire un livre, un blog etc… (et j’adore te lire) mais tu n’auras pas l’écoute partageante (enfin, pas en direct). De plus, à la différence d’amant chouchou ou ta meilleure amie, qui t’écoutent aussi, le psy a été formé pour ça et l’expérience aidant, le fait de mieux en mieux. Ce qui fait qu’il est conscient des mécanismes de transfert (c’est quand tu projettes sur lui ton inconscient) et contre-transfert (quand l’autre le fait vers toi) et qu’il sait détecter à quel moment tu es en résistance (la résistance c’est lorsque quelque chose commence à sortir de ton inconscient mais que ce même inconscient fait tout pour l’y garder, par peur de voir détruire un mécanisme qu’il a mis en place à un moment donné – et qui avait toute sa justification à ce moment-là. Le problème c’est que ce mécanisme de défense n’est peut-être plus justifié aujourd’hui, il n’a alors plus lieu d’être).
    Un bon psy rencontre régulièrement des psys plus anciens et expérimentés, dans ce qu’on appelle une supervision, pour faire le point sur lui, ses clients, et avoir, lui aussi, un autre éclairage.

    Le monde est ainsi fait que tu n’es pas née seule sur cette planète et qu’autour de toi il y a d’autres êtres humains. Alors pourquoi vouloir escalader seule le mur (c’est la question que tu te poses) alors qu’autour de toi tu peux être aidée. Au fait, c’est quoi réellement ce mur ?

    Expérience perso : il y a une énorme différence entre moi avant le psy et moi après, à peu près autant qu’entre le jour et la nuit. Je sais aujourd’hui ce qui m’a construit, comment ça s’est fait, pourquoi j’ai fait tels choix à tel moment dans ma vie. Et, en essayant d’être qui je suis, aujourd’hui je suis réellement conscient de mes décisions qui, avant, étaient dictées par mon inconscient. Mais ça je ne pouvais pas le savoir.
    Bonne chance à toi et à ta disposition si tu as d’autres questions.

  5. Je trouve les commentaires précédents plein de bon sens, je ne reviendrais pas sur l’intérêt du psy. Seulement quelques éléments  »pratiques » :
    – il faut en effet que ça colle entre vous, ce n’est pas forcément le cas avec le premier rencontré. Il faut aussi être prêt à l’effort financier que cela peut demander, qui va peut-être te demander de choisir entre ton message mensuel et ta séance 🙂
    – Et il ne faut pas hésiter à vérifier la formation de ton interlocuteur, en sachant qu’il n’y a pas forcément besoin de diplôme pour se déclarer  »psychothérapeute ».

  6. Psy ou pas psy, dans tous les cas, avec ce genre d’expérience professionnelle traumatisante, il faut du temps pour s’en remettre (et je sais de quoi je parle malheureusement).
    Ce qu’il faut te demander c’est est ce que tu penses avoir la patience d’y arriver toute seule ou as-tu besoin d’un coup de pouce?

  7. En fait, ce n’est pas d’un psychiatre, ni d’un psychothérapeute dont tu as besoin… mais d’un psychologue. Ce que tu cherches c’est qu’on te guide en tenant compte de ton vécu personnel et de ta personnalité. Qu’on t’aide à trouver les réponses aux questions que tu te poses sans rien t’imposer. Le travail du psychologue se fonde davantage sur le dialogue que sur l’écoute (c’est d’ailleurs pour ça qu’on envoie les enfants chez un psychologue plus que chez un psychiatre).

    C’est ça le travail d’un psychologue… et en plus tu peux pleurer dans son bureau il ne dira rien. 😉

  8. Excuse moi Loxy More, mais tu decris la les fonctions du psychotherapeute, pas du psychologue (sachant qu’un psychologue peut aussi etre psychothérapeute). Un psychologue est un universitaire, sa formation est assez theorique et on le retrouve souvent en entreprise ou cabinet de recrutement (meme s’il peut avoir un cabinet en ville, il est moins formé au dialogue). Par contre, pour revenir sur un precedent commentaire, aujourd’hui il n’est plus possible d’etre psychotherapeute sans avoir fait des etudes pour (dorenavant, cette voie est seulement accessible à ceux aui sont deja psychologue ou psychiatre).

  9. Hey Nina ça fait un bail que j’ai pas été sur ton blog faut que je réactualise !
    Quant à aller voir un psy c’est jamais facile et je pense que beaucoup de gens réagissent comme toi avant de prendre la décision d’y aller ou pas, par exemple moi (que je connais le mieux) je me dis exactement la même chose pas envie de rentrer dans un cercle vicieux etc etc. Par contre en général après les premières séances la plupart des gens avec qui j’ai pu en parler en disent du bien. C’est à toi de voir mais je pense pas qu’aller chez le psy ça soit si terrible et déstabilisant. Sinon tu peux tenter la solution thérapie brèves, ça a été super efficace pour un ami. C’est plus axé « solution » et c’est ce que tu semble chercher. En tout cas bonnes fêtes et bon courage tout ça n’est pas bien grave !

    Pur avoir une idée de ce que c’est que les thérapies brèves :
    http://www.therapiesbreves.be/page2/page2.html

  10. D’expérience pro je n’ai point, mais psy oui!
    Je pense que si l’idée d’aller consulter te taquine, tu ne dois pas hésiter. Souvent les psychothérapeutes sont plus « doux » que les psychiatres qui restent des médecins. Le truc à savoir quand on cherche un psy, c’est qu’il ne faut pas se braquer face à une mauvaise expérience. J’en ai rencontrer 4 avant de trouver la bonne, et les précédents étaient salés (je te raconterais si tu veux)!
    Oui, le psy remue un peu la merde, mais c’est souvent une merde qu’on se cache et qui nous bouffe. Réaliser qu’elle est là permet d’y réfléchir, et rien que ça, ça fait un bien fou. Ça soulage!
    Après, Il ne faut pas se forcer à aller chez un psy. Ça doit venir spontanément.

    Au moins, ta boss semble te considérer à ta juste valeur et ça, c’est trop la classe! 😉

  11. Au risque de réveiller la meute, je me permet de détonner dans ce concert de louange de la psychanalyse pour rappeler que cette pseudo science n’est l’idéologie majoritaire en terme de traitement psychologique que dans deux pays dans le monde : la France et l’Argentine, les autres ayant marginalisé cette pratique non concluante en terme thérapeutique.

    Pour le reste, cf le livre noir de la psychanalyse.

    Reste que la psychanalyse peut avoir un intérêt pour certains, il faut juste y aller en connaissance de cause.

  12. Aller voir un psy n’est jamais un luxe quand on en ressent le besoin. Tu peux très bien avoir identifié le problème par toi-même, mais un bon psy va t’amener à comprendre pourquoi tel problème a tel impact, tu découvriras peut-être des racines plus profondes pour enfin dépasser ces souvenirs traumatisants.
    De mon côté, j’ai vu deux fois des psy(chiatres) en courte durée, pour régler des situations urgentes et graves ; puis une thérapie de 18 mois, pour mettre à plat des sentiments qui me rongeaient de l’intérieur. J’aurais fini depuis bientôt 1 an, j’y ai claqué 70 euros/ séance à raison d’une séance par semaine (dans les premiers temps), et cette thérapie est certainement l’une des meilleures décisions que j’ai prise dans ma vies.

  13. Alors moi je réagis sur ton expérience professionnelle difficile car j’ai vécu la même.
    J’ai travaille avec des personnes qui ont pris plaisir a détruire mon travail, jusqu’à ce que je perde ma confiance en moi et que je quitte cette mission vraiment amenuisee, physiquement et psychologiquement aneantie.

    Six mois après, je vais beaucoup mieux. Mais il m’a fallu du temps pour me reconstruire. Dans ton article, tu fais mention de patience, et bien je pense que c’est de cela que tu as besoin.
    Il faut te laisser le temps de reprendre le dessus. Tu sais que tu es compétente, tu l’as prouve tout au long de ta carrière. Maintenant il faut petit a petit retrouver cette confiance en toi, et ton travail devrait t’y aider.

    Je n’ai pas consulte de psychologue, je suis quelqu’un d’assez introspectif et j’ai prefere analyser la situation moi-meme pour prendre le dessus. Mais je pense cela dit que ca pourrait etre une bonne option!

    Remet toi bien et sois patiente!

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