L’avant, le présent, l’après

Par Bobby

Quand je suis arrivé dans l’équipée des Vingtenaires, je venais d’avoir vingt ans. Et puis j’ai arrêté d’écrire pendant presque un an, comme si mes vingt-et-un ans étaient passés en un instant. J’ai vécu une longue relation, ma première vraie longue relation. Quinze mois. Et puis voilà que j’ai vingt-deux ans, et que tout s’arrête. Angel et moi, nous nous séparons, et je ne sais pas ce qui va se passer. Inutile de vous détailler le pourquoi du comment de cette rupture, ça reste une affaire privée. J’ai parfois pensé à écrire à mes collègues pour le Courrier du Coeur de manière anonyme, mais sans jamais oser. Et puis, de toute façon, Nina est trop forte, elle m’aurait illico démasqué avec mon IP.

Ce que je trouve dommage, en relisant mes articles ici, ce sont les sautes dans le temps. Je voudrais tout consigner, jour après jour, les pensées, les apparences, les modifications imperceptibles, afin d’observer a posteriori la lente évolution des choses qui m’entourent. Garder une trace de nos hésitations quotidiennes, et pas seulement faire un signe une fois qu’on a pris tel ou tel chemin. C’est peut-être pour ça que je préfère le cinéma à la photo, parce qu’il capture un flux et non pas des instantanés. Depuis quelques temps, j’essaye d’approfondir en permanence ma réflexion
sur le cinéma, et sur la création en général. Parce que j’ai des idées qui fleurissent dans ma tête chaque jour, mais qu’il faut apprendre à les trier : savoir garder les vraies intentions, et élaguer le reste, tout ce qui est futile et frivole. Ca doit être parce que je suis en fac, et mes études de philo y sont sans doute aussi pour quelque chose. Je suis heureux d’être étudiant en université et que l’on m’incite à remettre les choses en questions, y compris celles qui me tiennent le plus à coeur. Bien sûr, je ne dis pas qu’il faut être en fac pour apprendre à être un tant soit peu sceptique, mais quand je vois la façon dont les études universitaires sont dépréciées, y compris par des gens en licence, quand je vois à quel point on nous fout la trouille avec l’avenir, à nous menacer de nous perdre dans une voie sans issue, alors qu’une orientation plus professionnelle nous serait plus bénéfique, j’ai juste envie de hurler.

Je crois que j’ai envie de faire de la connaissance mon cheval de bataille pour la vie. Au delà de l’amour et du bonheur matériel. Je crois que je veux faire de longues études et de la recherche. Et je crois même que je veux devenir universitaire. Parce que je ne me plierai jamais aux exigences idiotes de l’industrie cinématographique. Parce que je préfère expérimenter ma tambouille audiovisuelle en dehors de mes heures de travail sur le cinéma et la culture plutôt que de faire des films qui plaisent au public et dans lequel les producteurs peuvent couper sans scrupule. Je
veux faire de l’art, pas des compromis. Je sais que ça ne sera pas facile, bien sûr, je sais aussi que c’est un milieu rude, compétitif, parfois cruel et financièrement apocalyptique. Mais j’ai déjà trouvé un master intéressant à la Sorbonne qui me fait bien bander et j’ai l’immense chance d’avoir des parents qui me soutiennent. Affaire à suivre…

4 réflexions sur “L’avant, le présent, l’après

  1. belle declaration d’intention que voila pour 2010…je te souhaite de garder ton entousiasme intact et de perserverer dans ce dur chemin de la recherche du fondamental et de l’absolu.le nouveau rohmer est en marche peut être…bonne route.

  2. Très intéressant, sur bien des aspects.

    Quelques pistes pour nourrir ta réflexion :

    « savoir garder les vraies intentions, et élaguer le reste, tout ce qui est futile et frivole. »

    Je comprends l’intention mais ça me rappelle la formule « inutile donc indispensable » qui est souvent utilisée pour caractériser les créations artistiques.
    La frivole ou futile sont souvent utilisé de manière péjorative, mais si on utilise léger, on tempère déjà le propos, et la légèreté fait aussi partie de la vie.
    Faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux est une formule qui peut éclairer cette idée.
    Attention à la quête de sens à tout prix, elle n’est pas une qualité intrinsèque dans le processus créatif.

    « Parce que je ne me plierai jamais aux exigences idiotes de l’industrie cinématographique. »

    La révolte contre le système et l’exigence économique. Sans vouloir nier les contraintes qui existent, on peut aussi les voir comme un cadre que l’on peut élargir.
    Mais pour ce faire, il faut, à un moment, accepter d’en apprendre les codes pour mieux les dynamiter, de l’intérieur.
    Le refus absolu et l’isolement qu’il entraine condamne souvent à une démarche qui en devient élitiste.
    En effet, à défaut de pouvoir toucher le grand public pour ne pas se conformer au diktat commercial, on s’enferme dans un microcosme qui n’enorgueillit d’être hermétique au commun des mortels.
    Hors sans rechercher la gloire ou la célébrité, il n’y a aucun mal à poursuivre l’universalité dans la création.

    « Je crois que j’ai envie de faire de la connaissance mon cheval de bataille pour la vie. Au delà de l’amour et du bonheur matériel. »

    Une idée de priorité dans la quête globale du sens à donner à sa vie.
    Elle t’honore en tant que démarche, je te rappellerai juste qu’on est pas la même personne et donc que l’on ne crée pas de la même manière selon son mode de vie.
    Donc si le confort matériel et la vie amoureuse ne saurait à eux seuls donner un sens à ta vie, fais quand même attention à ne pas trop les négliger.
    Avoir un toit et une personne avec qui partager son quotidien, sans être indispensables, restent des facteurs importants.
    Et vouloir donner un sens à sa vie n’interdit pas d’aspirer à un épanouissement amoureux. Le trajet poète maudit donne parfois des créations magnifiques, mais ce n’est en aucun cas le seul possible. (puisque c’est d’actualité, cf John Keats).

    Bonne chance à toi dans ta démarche en tous cas.

  3. C’est vrai qu’on est subjugué par ton activité quand on traine un peu sur FB. T’es partout, tu trotinnes, tu milites, tu repars, tu filmes, tu tudies… Je pense que tu as djà pesé la question du  » faut-il vivre de sa passion ? ». Perso, je n’ai aps le talent et j’y ai renoncé. J’esspère sincèremebt que tu ne seras pas désillusioné comme moi à mon age (et hop, un beau néologisme, cadeau !)

  4. Bobby tu es un gars merveilleux, et j’ai comme tu et ton blog. J’apprends la langue française et j’aimerai tu sais que je utiliser vos écrits comme matériel d’apprentissage. bonne chance et bises 🙂

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