Ode à la naïveté

Récemment, j’ai eu une révélation : être réaliste, mature, adulte, c’est chiant. Je ne sais plus bien pourquoi j’ai pensé ça tout à coup mais ça m’a paru évident. Du coup, je me demande s’il est possible de revenir à l’état de naïveté ou s’il est déjà trop tard.

Force est de constater qu’en ce moment, ça ne tourne pas très rond le monde. On peut parler de politique mais pas que, c’est général : entre la pollution, la misère d’un côté et les richesses extrêmes de l’autre, l’impression qu’on ne pourra jamais s’en sortir… Bref, tout ça, c’est moche, bouh. Si on se recentre sur nos cas personnels, on a tous des sujets d’inquiétude : trouver du boulot, trouver une moitié pour construire une vie matrimoniale, améliorer ses conditions de vie… Ou prendre soin de sa santé aussi. Bref, on a de quoi se
ronger les sangs. Y a des jours, je soupire : « c’était mieux quand j’étais petite ». C’est vrai, mes problèmes d’enfant, même s’ils me paraissaient dramatique sur le coup (mon voisin de classe m’avait piqué mon crayon rose et je savais pas comment le lui reprendre), on se dit que l’insouciance, c’est beau.

Evidemment, une fois adulte, on ne peut pas trop perdre le sens des réalités. Faut bien payer les factures. J’avoue que cette année, ça m’a déprimé de payer les impôts. Pas tellement pour la somme, c’est light cette année, mais parce que je me rappelle quand j’étais en terminale et que tout ce côté administratif me faisait flipper. Y a 10 ans, j’en avais peur, aujourd’hui, c’est ma réalité. Je suis une adulte à part entière, je ne suis plus la petite fille qui grandit dans le jupon de papa maman. Je dois être responsable, gérer mon budget. Et
dans quelques années, ce sera à mon tour de gérer un petit être qui sera la chair de ma chair, le sang de mon sang. Faudra être responsable pour deux. Déprimant, dit comme ça, même si je suis persuadée que la maternité est source de joies que je ne peux pas imaginer à l’heure actuelle.

Mais je crois que ce qui me déprime le plus, c’est qu’on n’a plus le droit d’être optimiste de nos jours. De façon générale, je suis du genre à voir la vie en rose, le verre plus plein que vide même si des fois, j’ai des coups de blues. Mais une fois passé, je relativise. J’ai perdu ma carte bleue ? Ben, du coup, je fais des économies, je ne vais pas dépenser mon argent n’importe comment. J’ai fait un scandale à free pour qu’ils m’envoient un technicien qui n’a fait que changer ma prise électrique (la 4e en 2 ans et demi). Bon, au moins, j’aurai pas à attendre 3 semaines qu’ils se décident de me l’envoyer. Mes amies vont mal ? J’essaie de les rassurer, de leur expliquer que, peut-être, dans trois mois, elles se rendront compte que leur malheur du moment était finalement un mal pour un bien. Prenons un exemple personnel : il y a deux ans, j’avais passé un entretien pour un poste qui me plaisait vraiment et qui m’avait échappé d’un rien. Sur le coup, je l’ai super mal vécu, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. C’est bien de pleurer, des fois, ça soulage. Un an et demi plus tard, je me rends compte que j’aurais eu ce poste là, je ne serais pas où j’en suis aujourd’hui, j’aurais un salaire inférieur à celui que j’ai actuellement et en plus, je pense que les perspectives d’évolution seraient moins intéressantes. Là, je suis dans un groupe de presse tentaculaire et les possibilités de promotions internes sont nombreuses. Dans ce job là, je n’aurais pas pu avoir mieux, une fois embauchée.

Pourtant, dès que vous faites preuve d’optimisme, on vous tape sur les doigts, on vous traite de naïve, comme si c’était une insulte. Oui, il faut toujours envisager le pire pour ne pas être déçu, ne jamais trop se réjouir, toujours trouver le gris dans le rose. Et ça me saoule, à force. La vie est une chienne, ok, il n’y a aucune règle ni justice mais après tout, si j’ai envie de croire aux lendemains qui chantent, si j’ai envie de croire que le mec que je viens de rencontrer est fait pour moi ? Si j’ai envie de croire qu’en me bougeant comme il faut, je vais avoir une promotion ? Franchement qui ça dérange ? Je ne dis pas qu’il faut vivre en dehors des réalité, dépenser le double de son salaire parce que la vie est belle, ce n’est PAS une bonne idée. Je dis juste qu’il faut arrêter de bouder son plaisir. J’ai rencontré un mec qui me donne des papillons au ventre ? Je savoure au lieu de me dire que je ne dois pas m’emballer, que ça peut foirer, blablabla. Si ça ne dure pas, je vais regretter de ne pas avoir profité à fond, en plus. J’ai envie de voir les choses en grand, d’être optimiste, limite naïve, et alors ? Si je tombe et que je me fais mal, c’est la vie. Je peux me faire mal aussi sans rien faire et me trouver nulle de végéter. Puis toujours envisager le pire, ça aigrit. Je préfère croire qu’il y a une espèce de justice en ce bas monde et que si je fais les choses biens, ça se paiera forcément un jour ou l’autre. Et si ce n’est pas le cas ? Peu importe, ce qui compte, c’est l’enthousiasme qui est le mien quand je fais la chose. Arrêtons de bouder notre plaisir. Sinon, à ce tarif là, on ne fera plus rien au prétexte que la vie est une chienne.

10 réflexions sur “Ode à la naïveté

  1. Merci pour ce petit article rafraîchissant, je suis bien d’accord avec toi sur le sujet. Je suis ce blog depuis un petit moment maintenant, et là ça méritait bien mon premier commentaire, tu as mis un peu de soleil dans ma journée !

  2. bonjour!

    pour une fois, je laisse un commentaire…. parce que dans cet article j’ai eu l’impression de me voir !! oui il faut voir la vie en rose, on est bien assez déçu au tous les jours pour ne pas savourer pleinement les bons moments…. mon mari est l’opposé de moi, ce qui fait qu’on a du mal à savourer en même temps les mêmes plaisirs, mais à la finale je suis bien contente d’être comme je suis et surtout d’essayer (autant que faire se peut!!) de toujours voir le positif qui arrive….. c’est tellement meilleur…..
    donc non la naïveté (et je ne considère pas ça comme étant de la naïveté pour ma part) n’est pas un défaut ni une tare, je connais bien des amis qui m’envie de voir l’envers du coté obscur, et que du coup la vie doit me paraitre bien plus belle…. et oui c’est le cas !!

  3. Nina,

    je t’encourage à être optimiste et naive (Dans des limites raisonables car à certains choses on ne peut pas echapper étant adulte). Bien que c’est parfois difficile de se décider à faire certains choses, surtout comme si dans mon cas quasiment tous le monde me décourage avec une maladie incurable. J’ai hésité parfois mais si j’aurais écouté tous ce monde, j’aurais pas fait bcp choses que j’avais envie de faire ! Et je suis toujours là malgré ce pessimisme ambiante et j’ai bien fait de faire des choses que bcp considerent comme des conneries. Ca aurait pu mal tourner, c’est vrai… Mais bon, il fallait essayer de réaliser certains de ces rèves par exemple. Bien sur, j’ai aussi fait certains choses que j’ai regretté un peu ou pas fait certains choses que j’aurais du, vu après coup. Mais bon, c’est la vie…

    Alors, soyez tous optimistes et parfois un peu naives!

  4. Ouais, à éviter. Beaucoup de pb informatiques avec eux et pas très réactifs. Maintenant je suis à la BNP et j’ai pas à m’en plaindre. Sinon la Société Générale, il paraît que c’est pas mal.

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