Halte à la braderie !

Depuis que je travaille sur des forums, je lis toujours la même histoire qui me fait globalement hurler. Celle d’une jeune fille tout à fait normale (ça marche
aussi avec un mec, tu peux t’identifier à mon héroïne, lecteur mâle) qui raconte ses difficultés de couple avec la sentinelle question : « et maintenant, que vais-je
faire ? ». Et quand tu lis certaines histoires, la fille, t’as juste envie de la prendre par la peau du cul et la sortir de là.

L’amour, c’est compliqué. Comme Summer l’a dit, il ne s’agit pas de jeter l’éponge à la première crise. Mais y a des limites à tout. Qu’on doive faire des concessions, c’est normal mais sacrifier son amour propre pour un connard égocentrique ou un fou furieux narcissique et méprisant, là, je dis non. Certaines femmes essuient des insultes, coups et autres humiliations et viennent le regard hagard « heu, vous pensez que je dois lui donner une autre chance ? ». Des fois, j’ai l’impression qu’il n’y a de la chance que pour la racaille. Pas au sens « habitant de banlieue », dans le sens étymologique du terme, je parle. Il y a par exemple l’histoire de la fille qui invite une de ses amies à dîner et à la fin du repas, son mec, torché, roule des pelles à l’invitée, sous l’œil de sa « bien aimée ». Très entre guillemets. Ou celle plaquée par son mari qui revient quelques mois plus tard, la gueule enfarinée. Il ré emménage et depuis, la traite plus bas que terre.

Des histoires comme ça, j’ai de quoi en faire une encyclopédie. Oh, j’entends déjà les « non mais l’amour rend aveugle, tu sais » et compagnie mais arrive un moment où je me demande si on n’est pas carrément dans le syndrome de Stockholm. Ces femmes souffrent, elles viennent se confier à des inconnus pour être aidées mais le pire, c’est que dès que tu leur fais remarquer qu’elles doivent se tirer, une fois sur deux, elles réagissent mal à base de « mais tu peux pas comprendre, je l’aime ! ». Si, je peux comprendre mais faudrait pas oublier un truc : aimer l’autre ne veut pas dire qu’on ne s’aime plus soi. Renoncer à ce point à son ego, à son amour propre, je ne comprends pas, in fine. Vaut-il mieux être mal accompagnée que seule ? La société stigmatise-t-elle tellement le célibat qu’on préfère se caser avec le premier connard venu plutôt que d’attendre une belle opportunité ?

Pour moi, un couple, c’est un système de concession équilibré. Concessions, pas sacrifices. Comment voulez-vous que ça marche si l’un fait tous les efforts et
l’autre pas du tout. Arrive forcément un moment où ça va rompre. Je n’ai pas la naïveté de croire qu’il suffit de s’aimer pour que tout marche : avec Guillaume 1er, on avait une bonne relation, une très bonne entente mais fallait parfois se recentrer l’un et l’autre pour notre épanouissement commun. Par exemple, il passait un peu moins de temps dans ses jeux de rôle pour le passer avec moi. Mais je respectais aussi sa passion et ne l’empêchait pas de jouer. Pas de sacrifice.

Au fond, tout ça me fait penser à un énorme manque de confiance en soi : youpi, j’ai un petit ami, je vais pas le faire fuir. Non parce que c’est pas comme si
ça m’arrivait tous les jours. Alors il est pas parfait mais qui l’est hein ? Hihihi ahaha…ahem. Mais non. Non, non, non ! Personne ne mérite d’être traité comme le dernier des paillassons miteux. N’importe qui peut trouver une moitié qui la traite à sa juste valeur, pour peu qu’on s’en donne la peine. Et déjà, avoir conscience qu’on n’est pas une bouse, c’est un pas en avant. Franchement, se faire marcher sur les pieds, ce n’est pas de l’amour. Et même, quelqu’un qui se laisse faire sans jamais rien dire, ça finit par lasser le bourreau qui ira voir ailleurs à la première occasion. Mais oui, c’est logique : qui, ici, peut dire qu’il a envie de passer sa vie avec une personne sans le moindre caractère qui dit toujours oui à tout ? Pas moi en
tout cas. Mais pas avec quelqu’un qui dit non tout le temps non plus !

Allez, on se regarde dans la glace : on n’est pas si mal, n’est-ce pas ? Sans parler de nos qualités de cœur et de caractère. Alors maintenant, on arrête de se brader. On mérite tous une moitié qui nous traite à notre juste valeur. Comme dirait Claudia (ou Pénélope ou Jennifer ou qui tu veux) : « Parce que je le vaux bien ».

17 réflexions sur “Halte à la braderie !

  1. J’ai quelques copines qui sont dans le cas de tes forumeuses… Et le seul problème c’est juste qu’elles ne veulent pas être seul. Le « mais je l’aime » c’est une fausse excuse, je vois mal comment on peut réellement aimer quelqu’un qui ne renvoie pas une image valorisée et valorisante de soi. Mais ça c’est parce que je suis ultra narcissique.
    Certaines filles ont toujours l’impression que la solitude c’est le pire mal que l’on puisse subir, et vas y que je suis incapable de passer une soirée en face à face avec moi-même, et vas y que je m’incruste dans la vie des uns et des autres pour ne pas avoir à me supporter moi-même. C’est certes un problème de confiance en soi et d’amour de soi… mais pas que. Il y a aussi une sacrée dose de lâcheté dans ce genre de comportement. C’est tellement plus simple de se poser en victime que de se prendre en main.
    Rah, bah voilà ! Ca va m’énerver pour la journée cette histoire… 😉
    Oui, c’est un sujet sensible chez moi parce que je suis toujours la bonne poire qui reçoit les coups de fil désespérés.

  2. Ahhh que ça m’énerveeee ce genre de trucs!
    Oui je suis comme toi Nina, j »ai un côté respect de soi même et haine de la manipulation sentimentale qui me fait m’insurger à chaque fois que je croise ce genre de cas. Quand je constate avec un amer désespoir qu’une amie qui est séparée depuis plus de 5 ans d’avec un connard fini qui lui a fait les pires crasses de la terre se met frénétiquement à vouloir retrouver sa trace…. j’enrage.
    Mais je ne pense pas que cela a à voir avec le fait de ne pas vouloir être seule, ou pas complètement. Je pense que pour beaucoup d’entre elles (eux), le fait de tout lui passer et de s’abaisser plus bas que terre tient beaucoup à la peur d’être quittées, à la peur de ne plus avoir la présence de l’autre, et pour beaucoup de cas, c’est, comme elles disent, « parce qu’elles l’aiment », aussi enrageant que cela puisse paraitre.
    Je crois que le problème est que nous essayons de comprendre cela en termes raisonnables, alors que ça relève du domaine de l’irrationnel. Je pense qu’il y a plusieurs sortes d’amour, et que l’un d’entre eux est une sorte d’amour fou et inconsidéré qui fait que l’on ne vit que pour l’autre et qu’on veut se conformer à ce que l’autre voudrait que l’on soit.
    Et que c’est pour cela que parfois on voit des femmes parfaitement (en temps normal) équilibrées, intelligentes et raisonnables, voire membres actives du MLF, changer complètement et ramper aux pieds d’immondes pourceaux de premier ordre. Et je ne suis pas sure qu’on puisse y faire grand chose, sauf si la fille en question à déja engagée la lutte contre elle-même et veut sortir la tête du bourbier où elle se trouve.

  3. …Nina, je sais pas si c’est juste mon ordi où pas, mais y’a un bug là, le cadre consacré à l’article est « compacté », rétréci du côté gauche de l’écran, et y’a un gros vide côté droit…

  4. AAAhhh ça y est, revenu à la normale.

    Bon, j’en profite pour compléter avec quelques paroles de M. Brel que j’ai oublié de mettre tt à l’heure, et qui expriment bien mieux que moi ce que je voulais dire:

    Ne me quitte pas
    je ne vais plus parler
    je ne vais plus pleurer
    je me cacherai là
    à te regarder
    danser et sourire
    et à t’écouter
    chanter, et puis rire
    laisse moi devenir
    l’ombre de ton ombre
    l’ombre de ta main
    l’ombre de ton chien
    ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas ne me quitte pas…..

    (rhaa bordel cque c’est beau ,Brel….)

  5. Aaaah comme je suis d’accord avec toi! J’ai vécu ça trop longtemps et So Long a raison: le « mais je l’aime » c’est une fausse excuse, c’est la peur de se retrouver toute seule et on a bien tort! Depuis que je suis seule, j’ai enfin repris confiance en moi et tout roule…!

  6. Nina, ça fait tellement du bien de te lire !!! Un article format « Grande Epoque ! » . Non sans rire, ce qui est genial c’est que tu dises clairement  » Les femmes ayez un peu de personnalité, ne vous laissez pas marcher sur les seins ». C’est ce que je cherche : une nana qui saura me dire fuck qd elle n’est pas d’accord sans penser au fait que ça pourrait mettre fin à son couple. Un peu d’honnêteté !

  7. Ben, je pense qu’il y en a, à partir du moment où elles comprennent que s’imposer ne signifie pas rupture. Tout est question de proportion. De même que si mon mec me dit « stop, là, tu abuses », je vais pas le quitter sur le champ. Un homme n’aime pas une femme juste parce qu’elle est servile. Et il n’y a pas qu’un homme dans tous l’univers susceptible de s’intéresser à elle.

    ET cet article vaut aussi pour les mecs, affirmons nous, bordeeeeeeeeeeeel !!! (je viens de prendre une vitamine, ça me rend toute fofolle)

  8. Génial cet article et totalement vrai… Il y a un nombre incalculable de nanas qui se laissent descendre plus bas que terre parce qu’elles ont peur d’être seules.
    Mais ne dit-on pas « vaut mieux être seul que mal accompagné »?
    Ca a l’air plus compliqué que ça en réalité.
    Mesdames respectez-vous et ayez du caractère!

  9. Je ne comprends pas pourquoi bcp des femmes semblent accepter ça ? D’un autre coté, moi, je suis gentil et prêt faire des compromis, pas des sacrifices, équilibrés car il faut en faire quand on est en couple mais ça ne semble pas très bien marcher pour moi. Les femmes semblent préférer des machos, ou des types qui rabaissent des femmes.

    D’un autre coté, à deux on cherche souvent à resoudre des problèmes qu’on n’aurais pas eu comme célibataire… Alors, être seul(e) n’a pas que des inconvenients…

    Tu dois avoir un peu marre de lire ça quand tu travailles sur les forums, non? Mais c’est probablement comme pour la majorité des boulots…

  10. Ah, je l’aime bien cette citation de Gustave Parking (qui a un vrai talent) : « le couple, c’est résoudre à deux des problèmes qu’on aurait pas eu tout seul » : je vous laisse réfléchir…

    Pour en revenir au fond du sujet de l’article, je veux bien croire que ce cas n’est pas rare, surtout sur des forums ou on parle de ses problèmes…
    Moi-même, j’ai été un homme sous la coupe, je crois… à un moment de ma vie….Pas non plus le cas le plus grave de la terre…

    Je crois que ce n’est pas forcément une question d’avoir d’être seul : l’autre a tellement envahi notre esprit qu’on est dévalorisé qu’on soit sans lui ou avec lui…Alors, il faut être sacrément bien entouré pour pouvoir réémerger après une rupture avec une personne comme cela…car tout le monde n’a pas la chance d’avoir des amis solides et charitables par ailleurs…
    Souvent ce type de relations nous coupe des autres aussi…

    Après, je crois qu’il y a un ressort psychologique essentiel à l’oeuvre dans cette affaire qu’il ne faut pas occulter (je ne sais pas si ça appartient au syndrome de Stockholm) : il y a toujours un espoir d’amélioration de la relation…
    On se réjouit de la moindre petite miette d’attention de l’autre, avant de retomber sous ses actes irrespectueux… Et, on se dit toujours que cela va s’améliorer, que tous les sacrifices consentis, que tous les coups reçus ne l’auront pas été en vain… Que ce serait bête d’arrêter maintenant après tant de mois, d’années passées… Qu’on sera payé de nos sacrifices à la fin…

  11. Je dois dire que ton article me parle beaucoup. Et je vais dire un peu plus « facile à dire »… Encore faut-il avoir l’expérience d’histoires nocives pour pouvoir se poser ses propres limites. Je peux en parler de cet « amour de soi » qui disparaît dans un amour de l’autre. Enfin ce qu’on croit êtr
    e de l’amour, et ce qu’on voudrait qu’il continue d’être, même s’il n’est plus vraiment… Tu me suis ???

    J’ai été en couple pendant 13 ans. Avec mon premier. Un grand est bel amour pendant 10 ans. Puis deux enfants coup sur coup. Pas prévu, mais on a décidé ensemble de les garder.

    L’arrivée des enfants a bouleversé la donne du couple. Nous étions fusionnels. Tout a explosé quand la fusion n’a plus été possible. Plus aucun repère pour l’un comme pour l’autre. Et on aurait donné n’importe quoi pour revivre nos années juste derrière. C’est cet espoir de retrouver le bonheur juste derrière qui te fait accepter beaucoup contre toi-même. Je l’ai vécu comme ça.

    Tu acceptes un peu parce que tu sens ton partenaire, ton mari dans le même désarroi que toi. Tu te dis que tu peux consentir à quelques efforts. Alors tu le fais (moi j’ai accepté qu’il aille voir ailleurs), c’était passager, sur une vie ça se comprend, ça ne se condamne pas… Mais plus j’acceptais, plus je m’éloignais du bonheur juste derrière. Je creusais la tombe de notre couple et je ne le savais pas.

    Je n’ai jamais été « fière de moi », et l’amour de moi, je suis juste en train de le trouver maintenant (après 32 ans), et oui. L’éducation qui refuse les mots d’amour en arrive à ce manque essentiel. Si tes parents ne te disent jamais qu’ils t’aiment, comment peux-tu t’aimer toi même ????

    Donc il faut recadrer, ma chère Nina. Ce genre d’histoires pathétiques comme tu les décries, n’arrivent pas à des filles comme toi, parce que tu as déjà « l’amour de toi », le « respect de toi même ». Mais quand tu dois apprendre tout cela sur la tard, alors tu peux sombrer là-dedans, et tu le fais sans même avoir l’impression de ne pas te respecter… Tu le découvres après, lorsque tu te retires volontairement de cet enfer, que tu prends la distance nécessaire…

    Aujourd’hui nous allons divorcer, et je sais que je n’irais plus jamais si loin par amour. Que je ne me renierai plus pour quelqu’un d’autre. Mais ce n’est pas toujours aussi évident pour tout le monde…

  12. Je rejoins tout à fait le commentaire de Loïc. Sorry, je l’ai lu après…

    Oui, ce type d’amour est déséquilibré au départ : une personne charismatique et l’autre qui se sent déjà dévalorisé, qui n’a pas de réelle « conscience de soi ». L’autre alors envahi tout l’espace absent du « soi », et on met l’autre partout…

    Si bien qu’une fois qu’il nous échappe on n’a l’impression de n’être plus rien, puisque grâce à l’autre on a existé si longtemps…

    Et oui, il faut énormément de temps pour se rendre compte du déséquilibre, de la manipulation dont on a été la victime consentante, et il faut beaucoup de force et de lutte pour s’extraire d’une telle histoire. Mais on y arrive, la preuve…

    Et non, ce n’est pas la peur de la solitude, c’est juste la peur de la fin d’une histoire, qu’on a toujours vécu comme merveilleuse et plus fabuleuse que toutes celles évoluant sous nos yeux… Triste mais vrai…

    et le toxique de l’autre personne, du partenaire, on l’oublie vite car les meilleurs côtés sont si merveilleux, que ça compense largement le moins bon… Jusqu’à ce qu’on parvienne à s’extraire de tout ça, ce qui est le plus difficile et douloureux…

  13. « Que reste t-il de nos amours, que reste t-il de ces beaux jours… Un photo, vieille photo… Baisers volés, rêves mouvants… »
    NE JAMAIS sacrifier sa vie et personnalité par amour !

    Lucas d’A. se fait si rare dans la parution de ses « humeurs du jour ».. Le comment du Pourquoi ?
    Connaitrait-il également plusieurs Betty ? 😉

  14. L’inconnu fait peur, les douleurs en tout genre d’un coté ca rassure, habitude fait force de loi comme on dit. Ca marche aussi avec la menagere qui rate sa vie, qui le sait, mais qui ne fait rien parce que pas envie de tout changer.

    Ca me donne une idée d’article tient !

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