Les jeunes, rebelles du sexe

Il y a des jours, j’aime bien lire des magazines. Oui, d’abord, c’est mon métier mais en plus, c’est fascinant comme on a le sentiment qu’ils sont à côté de la plaque, des fois. Parmi les thèmes qui plaisent et qui font vendre : le sexe. Jusque là, rien de nouveau, j’ai déjà parlé du sexe dans les magazines. Non, moi, ce qui me plaît, c’est la notion de « nouveau » en matière de sexe.

 

Cet été, dans un élan de sérieux, j’ai lu un essai, Génération 69, ou la complainte incessante des trentenaires qui en veulent aux soixante-huitards d’avoir eu une plus belle vie qu’eux. Ouais, moi aussi, ça me fait chier de pas avoir de boulot, de pas être considérée et tout ça mais dans la génération 68, y a notamment mon papa (bon, lui, il a pas manifesté, il était à la plage) qui est ma principale source de revenus donc j’ai un peu de mal à lui reprocher quoi que ce soit. Alors, oui, si on veut, y a conflit des générations mais c’est pas le sujet de l’article, de toute façon. Donc, dans ce livre, arrive un chapitre un peu surréaliste genre « ahah, vous les soixante huitards, vous avez le pouvoir, l’argent et les avantages sociaux garantis mais nous, on a le sexe ! ». Bon alors, messieurs les trentenaires, sachez que si vous avez écrit ce livre, c’est que vous existez et si vous existez, c’est que votre papa a mis son pénis dans votre maman et puis le reste, vous connaissez. Y a que ma sœur et moi qui sommes nées de l’immaculée conception (ah et Jésus, aussi pardon !). Soyons sérieux trente secondes : en matière de sexe, on n’a carrément rien inventé.

Comme je l’ai dit dans un autre article, j’ai fait une histoire de la sexualité et du genre et j’avoue que ça me passionne. Oui, le sexe, c’est pas juste pour  jouir, c’est un sujet follement passionnant. Je pense que les mœurs sexuelles d’une société sont un excellent indicatif de sa santé. Alors regardons un peu l’histoire, la Grèce, par exemple. Alors, là, ça s’enfilait dans tous les sens. Au gymnase, les jeunes éphèbes étaient initiés à toutes sortes de sport. Et encore, se limiter à la Grèce comme exemple, c’est une erreur : allez dans n’importe quel musée antique, vous trouverez forcément un vase, une amphore ou une assiette avec le kama sutra dessiné dessus. Le Kama Sutra, parlons en ! Ca a été écrit au IV ou Ve siècle après JC et ça reste THE référence absolue en matière de sexe. Sinon, on a Sade, aussi, dans le genre « sexe méga pervers » où l’on découvre que les partouzes ne sont pas un concept des tenanciers des clubs échangistes parisiens. Je suis pas une mère la vertu mais je vous avoue qu’à la fin de « La philosophie dans le boudoir », j’avais limite
la nausée. Bon, je vais pas étaler ma culture 107 ans sur le sujet, vous avez compris l’idée.

Et pourtant, chaque génération se croit inventrice d’une sexualité plus débridée que la précédente. Bon, évidemment, on a du mal à imaginer nos parents et leurs amis en train de joyeusement forniquer (mon Dieu, quelle horreur, je me traumatise toute seule, là) mais on n’est pas la première génération à pratiquer un sexe relativement libre (ça dépend des personnes) et, rassurez-vous, on n’est pas la dernière non plus. Quand on étudie l’histoire avec l’impératif de la virginité, faut pas se leurrer, ce sont des normes bourgeoises. Autrement dit, chez les paysans, lors des bals populaires, les garçons et les filles ne se privaient pas pour cafouniter (spéciale dédicace à ma mère qui me lit pas) dans le foin. Bon, les filles mères, c’était la honte mais voilà, à part ça, on pouvait s’ébattre dans les prés sans créer un scandale.

Alors pourquoi ce besoin que chaque génération a de se sentir créatrice d’un sexe débridé ? Non parce que c’est pas nouveau, regardez 68, puisque j’en parlais tout à l’heure,les « faites l’amour pas la guerre » et la réclamation de cités universitaires mixtes… Bon, outre le fait qu’on a du mal à concevoir que les parents aient du sexe, je suppose que quelque part, affirmer sa sexualité et la vivre pleinement, c’est un peu s’affranchir de l’enfance. « J’ai du sexe, je suis adulte ». C’est rompre avec la génération précédente, rejetant ses valeurs morales et tout ça. Evidemment, de nos jours, c’est peut-être plus facile de se trouver des partenaires sexuels, on allume son ordinateur, un coup sur meetic ou assimilé et hop, en une heure,on peut se retrouver avec quelqu’un dans son lit. Enfin quoi qu’à y réfléchir, je pense que chaque génération a eu son « meetic », ses boîtes échangistes où on rentre dans qui on veut, ses soirées privées qui dérivent en partouze, comme toutes les soirées où sont invités les gens de Paris Dernière.

Alors, non, le « nouveau sexe » n’existe pas, nous n’avons rien inventé, tout a déjà été fait, nous ne faisons que redécouvrir, ré expérimenter. Les hommes forniquent depuis que le monde est monde, avec plus ou moins de raffinement. Alors « libéré(e) », oui, « novateur », non. 

29 réflexions sur “Les jeunes, rebelles du sexe

  1. Je ne tire pas forcement un bilan positif sur les générations précédentes. Ce qui est sur (selon moi) c’est que leur sexualité étaient plus libre sur certains côtés et plus chaste sur d’autre. Leur grande chance était tout de même de courir moins de risque de maladie. On croit souvent que c’était mieux avant mais pour moi l’histoire reste la même dans un décor différent.

  2. On a souvent tendance à mépriser les hommes que nous appelons primitifs, mais dans certains domaines, nous n’avons rien inventé. Une petite visite au musée du Quai Branly nous remet à notre place ! Amitiés. Chris

  3. « Avec Nina et meetic, ayez quelqu’un dans votre lit en une heure chrono, résultat garantit », si ça marche vraiment, tu devrais te lancer dans cette prestation, y’a un marché potentiel énorme ! Mieux qu’un job, ta propre boîte de conseil sur l’utilisation de meetic…

  4. Libéré, plus qu avant je pense, c devenu tellement simple de coucher avec qui on veut, on propose ça comme une sortie au ciné ou une partie de tennis….à tel point qu on en oubli les sentiments…

  5. Je me souviens etre passée sur un blog il ya quelques jours, où la nana se reclamait des « jeunes femmes modernes » sous entendu, « les anciennes generations n’etaient pas libres, ils se faisaient chier »…Mais enfin, qui n’a jamais vu les cartes coquines des années 30, voire carrement porno, avec anus dilaté et compagnie ? Moi j’ai surtout l’impression d’un gros retour en arriere en ce moment, plus qu’une libération…Alors la « jeune femme moderne » c’est de la gnognotte. Bien sur que comme la graaaande majorité des femmes et des hommes, on aime le sexe. C’est comme dire « j’aime le bonheur et la satisfaction ». J’ai rarement rencontré quelqu’un n’aiment pas ça. Puis bon, l’essentiel, finalement, c’est de prendre son pied en privé. Exposé ou pas, ça m’est franchement égal.

  6. « Enfin quoi qu’à y réfléchir, je pense que chaque génération a eu son « meetic », ses boîtes échangistes où on rentre dans qui on veut, ses soirées privées qui dérivent en partouze, comme toutes les soirées où sont invités les gens de Paris Dernière. »
    – Et chaque génération à eu ses Jean-Claude Duss… Ne les oublions pas.

  7. « Après, pour « aiment le sexe », je pense que le goût pour la bagatelle se cultive, aussi. J’ai la théorie de « l’homme déclencheur », « 
    C’est que j’ai du avoir enormement de chance alors, le tout prmeier a été le déclencheur ! 😀 Punaise, c’etait 3 paquets de viagra version femme à lui tout seul ce type (ceci dit,ça n’empeche pas qu’il s’est comporté comme un goujat, et que j’ai découvert 10000 fois mieux apres!)

  8. Je crois qu’on n’innove pas dans gros choses niveau rapports humains en fait que ce soit l’amour, le sexe ou la haine, on innove que dans le choix des armes peut etre…

  9. « Et pourtant, chaque génération se croit inventrice d’une sexualité plus débridée que la précédente »
    Ouais alors, chuis d’accord, mais je crois que c’est un peu la faute de nos ainés aussi… Je veux dire, ils se sont éclatés jeunes, mais ils vont pas le dire à leurs gamins (d’abord parce que les gamains en question VEULENT PAS savoir comme tu le sous-entends très bien dans ton article). Du coup, forcément, nous, on imagine derrière qu’on est vachement plus libérés qu’eux puisqu’ils nous ont jamais raconté comment c’était trop cool quand Marie-Lou, leur petite copine en Terminale, leur taillait des pipes dans les toilettes du lycée ou quand Jean-Paul les prenait violemment par derrière dans le jardin de Mamie Louise…
    C’est une explication possible, non ?

  10. Personnellement je pense que chaque époque et chaque civilisation a sa propre façon de concevoir la sexualité.
    Bon, bien sûr, tout le monde a baisé, baise, et baisera toujours de la même façon, parce que pour faire les bébés, y’a pas 36 façons. Cela dit l’homme par définition est un animal social, qui donc socialise le naturel, ici le naturel étant la reproduction et le social étant la sexualité.
    Le sexualité dépendant des moeurs, il est donc logique qu’elle soit différente selon l’époque ou le lieu, que les petits rituels qui tournent autour du sexe soient à chaque fois différents et je pense que cette impression d’innover vient de là, parce que les moeurs changent constamment.
    Tout ça pour dire que je suis d’ac avec toi : pas vraiment d’innovation, mais certainement du changement…

  11. Franchement, que voulais-tu qu’on invente, nous les trentenaires (même nés en 69…). Personne n’a jamais cru se révéler novateur dans le domaine. Cependant, pour fréquenter des vingtenaires depuis plus d’un an par la reprise de chères études, je trouve votre approche vraiment différente. Vous les femmes (c’est pas le titre d’une chanson, ça? C’est juste pour dire que j’ai une super culture, histoire de faire une transition avec hier…), je disais, vous autres, n’avez pas forcément la même approche que vos ainées. Vous en parlez plus facilement et surtout vous ne subissez apparemment plus la séduction mâle de la même manière. Je ne suis guère un professionnel en la matière (l’empirisme ne fait pas tout…) mais vous y allez plus franco quand il s’agit de savoir où vous mettez les pieds. C’est assez déconcertant d’ailleurs. Je ne dis pas pour autant que vous manquez de romantisme mais… vous êtes sans doute davantage libérées et du coup un peu plus exigentes. Je ne m’en plains pas, mais la première fois, ça surprend. Après, on apprend ces nouveaux codes si évolutifs et qui participent tant à votre charme mystérieux et toujours si… insidieux….

  12. Aujourd’hui je vais pas faire chier le monde avec des coms longs comme le bras : je suis 100% d’accord. Bonne soirée, en vous remerkiant ^^

  13. En ce qui me concerne , j’aurais meme tendance a dire que non seulement notre génération n’a rien inventé , mais en plus , elle est infiniment plus puritaine que la génération de nos parents .

    A part quelques rares individus , qui pratique le sexe libre de nos jours , a part les mythomanes dans leurs reves ?

    Le Petit Nico (enfin de retour)

  14. Ouais. Ma mère m’a raconté un jour qu’à l’âge où moi je n’avais couché qu’avec deux mecs différents et que je me casais avec le troisième pour trois ans, elle elle cassait des lits… Véridique, je vous jure.
    Pfff moi je dis, la jeunesse, c’est plus ce que c’était ^^

  15. « sans être traitées de salopes »… Je ne sais pas… Le machisme, la mysoginie sont des vrais problèmes qui ne sont pas dénués de tout rapport avec le sexe. « Les Liaisons dangereuses » se terminent bien pour Valmont qui meurt presque « noblement » alors que la Merteuil termine dans la honte. Au départ du roman, peu de choses les séparait. C’est vrai qu’on tolère plus facilement d’un homme d’aller de femme en femme que le contraire. Je crois que c’est un peu moins vrai aujourd’hui. Tu trouveras toujours des idiots pour traiter une femme de salope. Il n’en demeure pas moins que je crois volontiers que la perception de la sexualité est globalement différente avec ta génération que la mienne. Bonne nuit jeune fille!

  16. c’est vrai pour cette chère Merteuil. On est autant tenté de dénoncer sa capacité à manipuler que de l’admirer. Je ne connais pas « la philosophie dans le boudoir ». C’est un roman? J’ai vu passer cette histoire de la prostitution. ça avait l’air justement … nouveau. Ce qui change, ce n’est peut-être ni la sexualité, ni l’approche des femmes mais bien la circulation et la liberté de l’information. Jamais une telle étude n’aurait pu être possible avant.
    Tu me diras; on m’a offert pour mon anniv « le kama sutra arabe » et pour Noel « sagesse et spiritualité pour les nuls ». Je suis, comme tu peux l’imaginer, partagé….
    Pour finir, j’ai atteint une victoire morale dans ma croissance en maturité : j’ai compris le 2ème sens de ta réponse à Coco. C’est cool, je perçois parfois le 2ème sens féminin de ce Blog. Yen faut peu finalement pour me rendre heureux; je vais me coucher satisfait, moa…

  17. « Ben, c’est parce que c’est pas le sujet… J’avoue que j’ai du mal à faire rimer partouzes et sentiments, par exemple. »
    C’est le sujet justement. Les deux sont séparés. Le sexe dénué de sentiments devient juste un besoin, une mécanique, une hygiène, une consommation, paradoxalement archaïque. Pour une frange de vingtenaires hyper urbains, le changement avec les générations précédentes se situe dans cette radicalisation… un peu beaucoup passionément quand même, non?

  18. Nina, Vonwolf, le développement des nouveaux axes de recherche en histoire peut directement être lié à une évolution sociale au sein des pays qui ont entraîné ce développement. Histoire « par le bas », histoire des couches plus populaires liée au marxisme-léninisme et au communisme, histoire des populations esclaves aux EU liée au Mouvement pour les Droits civiques, c’est là que la recherche rejoint l’action politique et sociale. Du coup, concernant le genre, ça a très fortement à voir avec les mouvements féministes des années 60 et surtout 70 pour les Etats-Unis notamment. On a des précurseurs dès les années 50 mais il s’agit pour eux (elles) de faire de l’histoire « au féminin », ie. d’expliquer que des femmes ont eu des rôles similaires aux hommes, mais selon des grilles de lecture masculines. Puis vient un moment où l’on cherche une spécificité à étudier les femmes, d’où l’émergence d’une grille de lecture spécifique, passant notamment par la maternité, la famille, etc. Enfin, il apparaît de plus en plus fondamental d’étudier les relations de genre, et le développement des recherches sur la sexualité entre de plain-pied dans ce cadre conceptuel. Il n’y a qu’à lire les articles de Gerda Lerner pour se rendre compte de la charge militante du thème à ses débuts

  19. Non, pas la première. Quand même, les humains existent depuis un petit bout de temps maintenant et nous ne serions pas là sans les ébats de nos prédecesseurs. Je crois simplement que dans la période actuelle, les femmes vingtenaires peuvent exprimer leur sexualité plus librement. Leurs ainées ne pouvaient pas dire qu’elle voulaient du sexe sans sentiments… Elles pouvaient le faire et le faisait. Les pratiques ne changent pas, c’est la façon de dire les choses qui change.

  20. Euh… peut-être le jour ou les femmes ne mettront plus de petits garçons au monde ? Peut-être le jour ou l’humanité sera hermaphrodite ? Votre voir avec l’évolution de l’espèce…

  21. je crois que la sexualité dans notre société suit une mode, comme les autres modes, avec ces cycles , ces retours, ses périodes chastes et d’autres débridées. On a oublié que la sexualité ça sert aussi à la procréation. Au même titre que la mauvaise utilisation des énergies cause finalement un dérèglement climatique, les distorsions sexuelles peuvent menacer l’espèce. Alors, le rêve de se promener nu (l’été !) et de faire l’amour librement dehors, dès la première montée de libido me semble utopique. Question : Pourquoi faut il attendre 23h 30 pour voire sur quelques chaines des films porno et pas à 20h 30, comme les films de guerre ou on voit des hommes en sang et des femmes se faire brutaliser ?
    Bon, je crois que je me suis trompé je suis hors sujet !

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