Messieurs, je vous aime

Bon, j’avoue, des fois, je suis pas tendre avec vous donc profitons de cette période où mon horizon est dégagé de connard pour vous rendre hommage. Non, je précise, je suis pas amoureuse, cette bienveillance (qui n’est pas nouvelle, je suis pas si aigrie que ça) est motivée par un livre et son auteur : Le musée de l’homme de David Abiker.

Cet été, j’ai joué mon intellectuelle, c’est-à-dire que j’ai alterné roman/essai/roman/essai, histoire de me culturer un peu. Là, je suis en train de me taper Mythologies de Roland Barthes. Très intéressant mais le style est un peu trop sociologique par moment mais on s’en fout, c’est pas le sujet de l’article. Donc cet été, j’ai lu pas mal d’ouvrages consacrés aux jeunes dans le sens large du terme ou aux trentenaires et j’étais un peu fatiguée par le discours misérabiliste que je lisais mais j’en parlerai (peut-être) dans un autre article. Et au milieu de toutes ces récriminations, j’ai trouvé ma pépite, un râleur qui m’a fait mourir de rire, David Abiker. Sur le coup, j’ai pas percuté mais une blogueuse (Lambchop, je balance) m’a rappelée sur un blog voisin de qui il s’agissait : le gars à lunettes de Arrêt sur images. Vous savez, celui qui fait une chronique en début d’émission et qui après écoute, intervient des fois, avec de grosses lunettes noires. Bon ben depuis que j’ai lu son bouquin, je le regarde plus du même œil, David parce qu’en fait, sous ses airs pince-sans-rire, je fais l’intello à la télé, ce mec est bourré d’humour. D’ailleurs, j’avais l’air très con à rigoler toute seule dans le train ou dans le métro mais bon, je suis plus à ça près.

 

Bon, mais pourquoi je m’extasie soudain sur David. Parce que mon attirance innée pour les lunetteux n’explique pas tout. Donc j’achète ce bouquin suite aux conseils d’un ami. Et je découvre la vie de David, trentenaire ordinaire, marié, papa de deux petites filles. David nous parle de la deuxième grossesse de sa femme, de son talent inné pour le bricolage, des copines célibataires de sa femme qui parlent mecs, du copain homo de sa copine, il répond à une interview de Elle chez le pédiatre à la place de Mélanie Doutey, trouvant ses réponses plus intéressantes que celle de l’actrice… Plus intéressante, je sais pas mais plus hilarantes, y a pas de doutes. Je vous mets quelques morceaux choisis, mais c’est super dur à choisir.

 

A propos de son talent inné du bricolage : [après s’être explosé le doigt avec son marteau] « je prononçais des paroles incompréhensibles où il était question de clémence divine, de prostitution et de la mère d’un ami (Bon Dieu de bordel de la putain de sa mère) ».

 

A propos des homos : « Ma femme a un ami, un gué. Un type très bien,vraiment. On dîne chez lui, ce soir.

En plus, il est beau ce mec.
– En plus de quoi ?
– Mais en plus de rien, laisse-moi conduire, steuplé ! »

D’ailleurs, quand il est chez le gué, il lit Têtu en douce dans le salon pendant que sa femme et l’ami cuisinent et évidemment, le gué devine qu’il lit Têtu, ce
qui étonne David : mais comment sait-il ? Tu sais, David, tous les hétéros lisent Têtu chez leurs amis homos. Même moi. Surtout quand le beau mec en page centrale ressemble à un Dieu grec.

 

David, c’est un macho… Un faux macho. Un mec qui chouine parce que sa femme gagne plus que lui, qui se dit que les copines célibataires de sa femme devraient le tester car on fait pas mieux que l’homme marié. Il laisse les mamans des autres enfants le soin de surveiller les siens… Non parce que c’est l’homme, quoi, un vrai, celui qui se sent Charles Ingalls quand il plante
un clou dans un mur. David pourrait agacer avec sa vision masculine du monde mais en fait, non, il est juste attendrissant. Ces trois femmes de sa vie, il a beau dire, il les aime. On sent qu’au fond, il a surtout peur de plus plaire à sa femme… Et puis David, il a beau jouer les Charles Ingalls, il fait quand même la cuisine, même qu’il met un tablier avec une femme en sous-vêtements dessus.

 

Moi, j’aime bien les faux machos, ceux qui jouent des muscles mais qui, finalement, ne le sont pas. Par exemple, Guillaume 1er qui m’explique que si un mec m’emmerde, il monte à Paris lui péter la gueule… Avant de remarquer tout que du haut de son mètre 73 (oui, si vous voulez vexer Guillaume 1er, mettez en doute sa taille, il va pas se laisser faire !) et de ses 63 kg, il cassera pas la gueule à grand monde… Mais c’est touchant. Moi, ça m’amuse, ces touches de machisme et de virilité, ces hommes qui jouent les durs et se désamorcent tout seul.

 

En plus d’être un mari aimant, David est un super papa. Je vous raconte la dernière scène du livre (mais c’est pas grave, vous pouvez le lire quand même) : il va souvent au musée d’histoire naturelle avec ses deux schtroumpfettes. A la fin du musée, il y a une grande fresque avec des tas de photos de personnes pour illustrer la diversité humaine et, inlassablement, l’aînée demande qui sont ses gens. Parce que la petite, elle a remis en cause le statut masculin de David en expliquant que puisqu’il n’était pas représenté au musée de l’Homme, c’est qu’il n’en était pas un (logique enfantine, j’adore !). Un jour, David va en douce au musée et ça coller sa photo sur la fresque. Quand il retourne au musée, sa fille lui pose la question rituelle et il répond : « des amis de papa ». « Meeeuh, je te crois pas ! T’es pas un homme du musée de l’homme ! ». Et là, il lui montre la photo et la petite fille déborde d’admiration pour son papa, précisant même « maman va être jalouse ! ». Et David est tout fier. Ben, moi, David, quand j’ai lu ces lignes, je t’ai aimé. Je veux un homme comme toi !

35 réflexions sur “Messieurs, je vous aime

  1. je suis pas sure de vouloir un David moi, je sais pas trop ce que je veux mais meme si David est un super papa je ne suis pas sure de ne pas m’ennuyer au final. Je crois que j’aime les torturés… en fait j’en sais rien!! bref, tres instructif mon com, comme d’hab! je vais réfléchir et puis je reviendrais…mouai

  2. En fait c’est le quotidien de maints hommes, sauf qu’ils n’ont pas le talent pour décrire leur vie ordinaire avec assez de bons mots pour la rendre intéressante.
    Après tout, ceux qui s’expriment par livre et autre sont souvent ceux ayant des drames et autres traumatismes à dévoiler.
    Faire un livre disant ‘tout va bien, je suis bien’, ça ne rapporte pas, à moins de savoir manier la plume.
    Des David, il y en a plein !

  3. ce serait pas ce mec qui semble legerement imbu du bulbe quand il passe a la télé… Je trouve que ses lunettes le vieillissent.. je l’ai croisé une fois dans le metro a concorde (je viens de regarder sa bio: il travaille a monnaies de paris… Tout s’explique, je sens que je vais bien dormir ce soir), l’avait pas l’air commode…
    Oui je sais les gens dans la vraie vie, ils s’amusent ils pleurent ils rient…fifiloulou
    Sinon barthes g essayé mythologies: ça m’a barbé, y a t il un barthes qui puisse me faire renouer avec cet essayiste?

  4. « au début je croyais qu’un metrosexuel c’était un mec qui avait un sexe assez gors pour etre montré dans le RER »

    ah ah c’est vrai qu’il est fort ce type

  5. je vais aller de ce pas m acheter ce livre. il a aussi un blog que j ai cherché suite à ton article…je vais encore allonger ma liste de blogs à suivre car il a l’air sympa à lire. même si je n ai lu que quelques articles.

  6. bon j’avais écrit un com qui passe pas alors comme j’ai un peu la flemme je dirai juste que David peut être plus tars il ressemblera à l’homme idéal mais aujourd’hui je veux plus que ça, je ne sais pas exactement quoi mais plus quand même!

  7. Le dernier passage est très drôle et très touchant. Mais perso, les mecs qui se la jouent macho et qui ne le sont pas, j’ai donné…Mon ex était comme ça, il se la jouait super protecteur, et quand moi ça n’allait pas, il se mettait à pleurer et c’était moi qui devait m’occuper de lui, meme si à la base, la déprimée, c’était moi…

  8.  » Moi, ça m’amuse, ces touches de machisme et de virilité, ces hommes qui jouent les durs et se désamorcent tout seul. »

    Le secret c’est auto-dérision. Connaitre ses défauts et savoir s’en moquer c’est la meilleur façon pour les rendre adorables, et plus désamorcer les éventuelles critiques. C’est une forme d’humour que j’aime beaucoup…

  9. Euh… David Abiker, sans vouloir casser le mythe naissant, c’était le Directeur de la Scolarité à Sciences Po.
    Il a fait redoubler un pote juste parce qu’il l’avait pris en grippe. Pure méchanceté digne d’un véritable fils de Shanice.
    Espérons que tu aies raison et admettons qu’il ait changé… bénéfice du doute… sans toutefois avoir envie de le fréquenter pour autant, hein…

  10. C’était pas « maintenant » mais il y a un dizaine d’années.
    Déjà, pour redoubler, à l’époque, fallait vouloir ; de plus, je ne vois pas pourquoi je raconterais du pipo, vu que je ne suis pas impliqué dans l’affaire et que mon pote a bien réussi, ça n’a pas été handicapant. Juste chiant.
    Enfin, il a peut-être changé (en dix ans…). Je lui souhaite. Il se trouve qu’à l’époque, je l’ai fréquenté, il était désagréable et n’avais pas franchement la côte… Je ne cherche pas à déboulonner une idole, hein… M’en fous un peu…
    Et sinon : oui, ils prennent vraiment n’importe qui à Sc Po, même moi !

  11. Certain, je l’ai vu à la tévé. C’est donc lui.
    Ou alors un sosie qui est également un homonyme. Ca arrive dans les Feux de l’Amour. A Jenoha City, oui, mais à Paris, je n ecrois pas que ce soit probable.

    Trop bon, le coup du chat…

  12. On peut être imbuvable et bon écrivain. Je n’ai pas d’opinion là-dessus, je ne l’ai pas lu. Mais lire que David Abiker pourrait être le mec parfait… ca fait sourire en même temps que ça irrite un peu.

    P.S. : dans le comm précédent, j’ai écrit « n’avais pas franchement la côte ». Il fallait lire : « n’avait », bien sûr.
    Quel navet…

  13. NicMo : toi aussi ? décidemment…

    I – Moi je critique pas trop Sc po (vais pas cracher dans la soupe non plus), m’y suis bien marré quand meme … Camille (la chanteuse fofolle) disait que ca sert juste à savoir lire le journal … Pas Faux.

    II – Mais bon, on sait pas faire grand chose en sortant c sur… A part penser systématiquement en deux parties.

    Conclusion: au moins, Nina, grace à Sc po, tu as de brillants lecteurs !!!

  14. Attention moi j’ai fais Sc Po Bordeaux, pas Paris ! De coup, je frime nettement moins que les autres…( un peu, mais moins).
    Et puis, Bordeaux, c’est quand même un ramassis de dangereux gaucho … Alors ca compense…
    (Leur diner en ville c’est plutot ambiance tarpé, lecture orgasmique de Pierre Bourdieu, sur fond de karaoké de Noir désir … ).

    Sinon … elle est sympa Emilie ?

  15. Je dois être à 2 de tension: pas compris que tu parlais de la Maume de l’article d’aujourd’hui…Si tu commences à tout mélanger aussi !

    Sérieux , suis vraiment pas aussi critique que toi… Faut pas trop fantasmer sur Sc Po, mais les parcours de beaucoup de ceux qui sont passé par là sont souvent intéressants quand meme. J’ai des preuves.

    Ceci étant, il est 18 heures. Je peux maintenant reprendre une activité normale.

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