Sociologie des cons

Je vous ai parlé il y a quelques temps de cette notion de “l’autre est un con”. Cet article me fut inspiré par un livre “Les nouveaux cons” d’Etienne Liebig. Je l’ai acheté par accident, j’avais compris qu’il s’agissait d’une sorte de sociologie du con ou comment on supporte pas l’autre. Faux, il s’agissait de petites chroniques tapant sur strictement tout le monde, de la droite catho aux bobos, des écolos aux jeunes de cité en passant par le flic ou le dealer, tout le monde en prend sur son compte. Grinçant, oui. Un peu trop.

Au début, je trouvais ça drôle, ces petits épinglages même si j’étais déçue de ne pas lire une étude sociologique sur les cons (c’est quand même un super sujet). Sauf qu’au fur et à mesure de ma lecture, mon sourire s’estompait peu à peu pour ne laisser place qu’à une grimace de gêne. Est-ce de l’aigreur qui transpire de ces lignes ? Une méchanceté forcée pour dire merde au politiquement correct, un peu à la façon de Bénabar, soit à tort et à travers ? Je me sens mal à l’aise et je finis le livre avec déplaisir, suivant mon principe idiot de toujours terminer un livre. On ne sait jamais, les dernières pages peuvent toujours le sauver !

En fait, ce qui m’a gêné, outre la violence mal placée de certains propos faisant perdre de vue un éventuel second degré, c’est la destruction systématique. C’est comme Zemmour et Naulleau (et Pulvar et Polony si j’ai bien compris mais je ne supporte tellement pas l’émission que je vais pas regarder juste pour vérifier). On a le droit de ne pas aimer quelque chose, de le dire, de faire de la critique caustique. Sauf qu’à force de taper systématiquement sur tout et n’importe quoi, la notion même de sarcasme perd de sa substance et ne reste qu’une aigreur putride et peu drôle. Tout cela manque de légèreté et baigne tant dans le mépris qu’effectivement, on sent entre chaque ligne le principe du “tous des cons, des médiocres… sauf moi”.

A une époque fort lointaine, j’eus un blog de critique destructice qui, comme la plupart de mes blog parallèle,n’eut qu’une courte vie. Ouais, j’ai tendance à avoir des milliers d’idées de blogs, je devrais devenir consultante blog, j’ai des tas d’idées, de concept, mais j’ai pas le temps de les développer (et je joue pas assez le jeu de la blogosphère pour les faire suffisamment marcher pour en faire mon activité principale). J’aimais bien le concept de ce blog là et j’ai parfois envie d’importer le concept ici. Même si à part deux ou trois films, j’ai pas grand chose à critiquer et je le fais déjà dans l’art du nanard. Quoi que je me ferais un plaisir de dégommer Grey’s anatomy. Le problème de la critique destructrice est dans l’équilibre de ce que l’on dit. Dire du mal d’une série ou d’un film, livre… peut être drôle et jouissive à partir du moment où on reste à son propre niveau. Je n’ai eu aucun plaisir à lire le bouquin de Guillaume Musso dont j’avais parlé mais le critiquer ne m’autorise pas à me placer au dessus du monsieur pour lui dire qu’il n’a pas le moindre talent, que ce n’est qu’une merde… Ca pue un peu l’aigreur et limite la jalousie. Non parce que si on faut un match purement statistique, Guillaume a publié X livres, moi aucun (mais bon, j’ai jamais franchi l’étape “contacter une maison d’édition” alors bon…). De plus, il est facile de critiquer aussi les amateurs du genre mais qui suis-je, une nouvelle fois, pour dire à une personne qu’elle lit de la merde. Je peux en lire aussi…


L’idée est de rire de tout ça, y compris chez les fans. De pointer les incohérences, les côtés trop ci ou pas assez ça sans pour autant mépriser le quidam moyen. Mais est-ce juste possible ? Le critique ne finit-il pas par se sentir au dessus de la masse en désignant de son doigt divin celui qui doit être sacrifié sur l’autel de sa chronique ?

Bon et sinon, je la lance ma chronique “j’aime pas” ?

Une réflexion sur “Sociologie des cons

  1. On peut ne pas aimer sans forcément systématiquement enfoncer… Cela dit ce n’est pas super facile de rester mesuré (pour avoir fait de la critique de ciné, où on devait rencontrer les équipes de films et tout, c’est très dur de dire qu’on a pas aimé un film sans le démonter et encore plus quand le réal t’a expliqué pourquoi il a fait son film de cette façon là…)

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