Les magazines lavent plus blanc que blanc

Dans le cadre de mon nouvel emploi, j’ai l’occasion de rencontrer des usagers de notre site pour connaitre leurs envies et revendications sur l’évolution du site. Ouais, on est comme ça nous, à l’écoute.  Hier, nous avons rencontré une sympathique demoiselle, très friande de girlitude et d’infos féminine. Oui mais voilà, Geneviève, appelons la ainsi, est Noire.

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On reproche souvent aux magazines de renvoyer une image erronée de la femme. Avis que je partage totalement. J’en parlais récemment à un pote en lui expliquant que les mags étaient toujours dans le too much. Là par exemple, c’est la grande mode du « ronde mais fashion » donc le magazine me propose, au choix, des mannequins taille 32 ou des taille 52. Deux modèles malsains d’un point de vue médical car même si on veut débattre de la fiabilité de l’IMC, on est dans le trop maigre ou trop gros. Et que dans mon paysage féminin composé d’une écrasante majorité de 36-42, ces modèles ne parlent pas. Voilà donc la fille des magazines, elle est jeune, quand même bien maigre, grande… et blanche. En soi, ce n’est pas une découverte. Je me souviens d’avoir vu un reportage y a une éternité, à l’époque où Naomi Campbell était super model et que j’étais mineure (bon, c’était finalement pas y a si longtemps que ça) où une nana de la presse féminine qui travaillait chez Elle, je crois, expliquait que les Noires en couverture, c’était statistiquement moins vendeur. Bon, ok, soit, on pourrait débattre du sujet mais là, c’est pas là où je veux en venir. Concernant les magazines féminins, Geneviève nous a dit : « je les lis pas car ils ne me concernent pas, il n’y a pas une seule femme Noire dedans, même dans les articles plus généraux ». Et c’est vrai.

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Alors tout ça, c’est la faute aux Américains. Si, si, pour de vrai. En fait la plupart des photos de nos magazines, sauf séries mode (où là, si les jouvencelles sont plutôt blanches, c’est notre entière faute), sont achetées à des banques d’image américaines genre getty ou
fotosearch, de vraies cavernes d’Ali Baba de la photo kitschouilles, celles que j’aime d’amour que même parfois, j’aimerais avoir des mannequins sous la main pour leur faire faire plein de photos du genre.  Non parce que quand j’écris un article, j’ai plein de supers idées de photos nases qui illustreraient trop bien l’article et parfois, force est de constater que ces photos ne doivent pas –encore- exister. Et sur ces banques d’images, on ne peut pas dire que la mixité soit réellement au rendez-vous. J’ai testé en tapant « femme » sur le moteur de recherche, j’ai vu une femme noire en première page sur 60 images. Mais attention, soyons honnêtes, je peux affiner la recherche en précisant l’ethnicité de ce que je cherche.  Et bien…

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Donc Geneviève ne se reconnaît pas trop, à tel point qu’elle note quand un couple mixte est mis en scène dans un magazine. Mais si on peut se dire que sur les photos, c’est à cause de nos amis Ricains, pour le contenu, par contre, faut s’en prendre à qui ? Parce que Geneviève nous explique que les peaux ethniques, ça n’intéresse pas trop la presse généraliste. J’ouvre une parenthèse sur cette histoire de peau ethnique, expression que je trouve assez mal trouvée. Donc dans le vocabulaire journalistique féminin, une peau ethnique est une peau mate à noire. Donc moi, avec ma peau de porcelaine, je n’ai pas d’ethnie ? Sans parler des Asiatiques, Hindous (hors Aishwarya Rai), les Arabes au teint clair… Alors oui, ok, je veux bien admettre qu’on ne peut pas parler de tout le monde mais l’existence de magazines consacrées aux femmes Noires (je ne sais pas s’il y en a pour d’autres ethnies, je ne suis pas très au fait,
j’avoue) prouve bien qu’il y a un besoin. De toute façon, soyons honnêtes, nous ne sommes pas concernés par tous les articles de magazine. S’il y a un dossier spécial cheveux fins, ça ne va pas me parler. S’il y a un article « comment grossir » non plus. Ah oui, non pardon, ça, y a pas, nous voulons toujours être plus mince, suis-je bête. Donc si je vois un article consacré aux peaux noires, je me contenterai de passer à l’article suivant. Quoi qu’encore pas si sûr car les peaux noires peuvent avoir les mêmes soucis que moi genre la peau sèche. Depuis que j’utilise le Mixa spécial peaux mates, j’ai la peau incroyablement douce et soyeuse. Donc y a du truc à choper. Bon alors disons que s’il y a un dossier sur les cheveux crépus, par exemple (oui, je sais, toutes les Noires n’ont pas forcément les cheveux crépus, c’est un exemple), je passe à l’article suivant, fin. Je lis pas non plus les dossiers spécial vernis (je hais le vernis à ongles), je n’en continue pas moins d’acheter des magazines.

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Parfois, je me demande si on vit sur la même planète que les magazines. Tiens, je développerai dans un autre article. En attendant, on retient donc que la fille des magazines  est encore, au XXIe siècle, grande, maigre, blanche, jeune et hétéro. Groumpf.

Article non sponsorisé par Getty images mais je me suis fait plaisir pour les illus là

12 réflexions sur “Les magazines lavent plus blanc que blanc

  1. Magazines, télé … et sur la blogo c’est pareil pourtant c’est « ouvert à toutes ».
    T’en connais beaucoup des blogueuses mode « influentes » autres que « blanches » ?

    Finalement on retombe sur le même cliché. il faut fouiller pour trouver de la diversité. :/

  2. Au quinzième siècle les gens aimaient les femmes plutôt bien potelées, ça fait tout de même une petite évolution. Mais pour le reste c’est vrai que ce n’est pas très normal, d’autant plus que je considère que ces magazines sont au moins autant faiseurs d’opinion que réflecteurs d’opinion

  3. même les blacks sont influencés par ce diktat de la peau blanche qu’ils en viennent a se faire dépigmenter la peau…il n’y a pas si longtemps chez nous, peau blanche etait synonyme de « noblesse » par rapport aux peaux basanés des travailleurs ruraux : je ne sais pas si il y a un rapport direct avec cette histoire d’opposition peau blanche / peau noire…et dans le même magazine qui va publier une couverture d’une nymphette a la peau diaphane, on va trouver pleins de photos de mannequins bronzés aux plastiques luisantes donc où est la cohérence…??

  4. Dans l’absolu, il est vrai que la représentation dans les médias de « minorités visibles » est plutôt marginales… mais :
    – bah une minorité, c’est une minorité. Il me semble qu’on a tendance à consommer ce dans quoi l’on se reconnaît (ou voudrait se reconnaître): il ne me viendrait pas à l’esprit d’acheter Miss Ebène, alors qu’à part les sujets beauté tout pourrait m’y plaire ; maintenant je suis d’accord que le but n’est pas d’avoir des mag pour blanches et d’autres pour noires…
    – et oui ces représentations sont encore peu nombreuses. Maintenant, un petit tour à 10, 20 ans en arrière. On parlait de « la couv », « du » journaliste, « du » préfet.Des mannequins noires, il me semble en voir régulièrement dans Glamour.
    Alors OK régulièrement ne veut pas dire fréquemment, mais on est sur le bon chemin non ?
    Copa Cabana, qui vit au pays de Candy

  5. pour rebondir sur ce sujet, je dirai que ça contribue à fausser l’image de la société perçue par certains. Pourquoi on entend régulièrement cette histoire du nombre de noirs en equipe de france? Tout simplement parce que pour bon nombre de gens, la société qu’ils connaissent c’est celle des magasines, du 13h et donc la vision du mauvais coté de la lorgnette. Du coup ça les surprend d’être confronté à la réalité.

  6. Y a une minorité encore plus mal représentée que les blacks dans les magazines féminins, c’est les beurs. J’ai beau pas souvent lire des magazines de mode, autant je peux me souvenir avoir déjà vu des photos de femmes blacks, autant j’en ai jamais vu avec des femmes arabes.

    Pour l’équipe de France, c’était assez prévisible comme critique. On peut faire dans le politiquement correct mais dans une certaine mesure, je trouve que le reproche a sa légitimité.

  7. Dans quel genre d’argumentation tordue tu veux que je rentre exactement ?… C’était pas vraiment mon propos de faire dans le graveleux. Par contre j’ai du mal avec ce genre d’humanisme de comptoir… Je dois dire aussi que j’ai pas aimé la façon dont tu m’as répondu, qui tu es toi ? Tu me connais pour me parler comme ça ? Mais t’es sur ton blog et pour le coup ça c’est une chose que je respecte, alors je chie une dernière fois dans la colle et j’y vais !

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