Aux marches du palais.

Par Lucas

Il y a 6 mois je discutais avec la vingtenaire Ella Sykes suite à une de mes bafouilles. Dans les commentaires ou en privé, elle me disait que si je n’avais pas de fric ce n’était même pas la peine d’espérer séduire une nana qui en vaille la peine. Ouep, elle est comme ça Ella Sykes. Tranchante et intransigeante. D’ailleurs, je l’ai saoulé vite fait : on est plus pote sur Facebook. Ce qui doit contribuer à relever le coefficient esthétique de sa gambette. No doubt.

M’enfin je digressionne, encore une fois. Revenons au précepte Sykien : « pas de fric  = pas de super nana qui s’intéresse à toi« . Boum. Vlan.

Bon d’accord, j’avoue. Je n’ai jamais rencontré le grand amour. Pour l’instant je vois plus le couple comme le fait d’être avec une nana parce que c’est la moins pire et non la meilleure à mes yeux. Oui, je suis un poète. Et un mec blasé. Je cherche mais je ne trouve pas celle qui me va, moi qui aurait tant aimééééé… (Axelle, c’est pas le bon article…Retourne sur cette page) Mais je dois reconnaître que je m’étais déjà posé la question en reufleuchissant au personnage de Sally dans « Rien ne Va Plus » (Losing It) de Douglas Kennedy, illustration magnifique de la nana qui veut un homme qui lui permette d’aller plus haut… Toutes les femmes veulent qu’on les sublime, je sais bien, mais là c’est de l’instrumentalisation. Bon et si on allait plus loin,  style je réflexione, dans le silence mes pensées résonnent, dans la quiétude je raisonne…

« Nobody Knows You When You’re Down & Out ».

Vous allez halluciner si je vous dis que les demoiselles qui me font triper ont pour la plupart une culture déconcertante, des intellects qui leur ont permis de faire de belles études, une
prestance travaillée. C’est bizarre, hein ? Je sais : je suis trop un ouf. Tout ça leur est venu  avec le temps, avec l’influence des parents et des copines,  celle des préceptrices au dessus d’elles en entreprise et celle des magazines. Une envie de se porter aux nues avec classe et maestria…
Mais pour moi tout ça est l’accessoire d’une volonté initiale.

OK, certaines d’entre elles ont eu des parents friqués qui leur ont donné un environnement de qualité pendant 25 ans et maintenant qu’elles sont indépendantes, elles aspirent à maintenir un tel
niveau, un tel confort. Mais c’est pareil pour celles qui se sont forgées à la force du poignet et du Waterman (à l’époque où on écrivait encore au stylo plume). Et toutes  d’espérer qu’un mec
pourra aller dans le même sens, les sublimer, les porter aux nues, contribuer à ce que l’environnement dans lequel elles évoluent  (évoluer à tous les sens du mot) soit wealthy.

Ici, quelques lecteurs sporadiques vont me dire que je raconte vraiment n’importe quoi et que c’est pas demain la veille que je serai guéri de mon trauma. Que je tire des conclusions hâtives et des
généralités faciles de mon environnement proche.  Peut-être…

Mais je constate que j’ai tout plein d’exemples qui vont dans mon sens.
Ainsi j’ai un ami dont l’ex est revenue à lui une fois qu’elle a senti que la boite de négoce dudit copain était sur de bonnes voies. Bien sûr, vous allez me raconter l’histoire de cet acteur en devenir qui trime dur pour percer, qui est en couple avec une femme qui gagne très bien sa vie et  d’abord ils sont très heureux ensemble. Mais est-ce un constat de dire ça ou une envie de se rassurer sur les grands principes soi disant intangibles de la vie ? Seront-ils encore ensemble dans 10 ans ?

Du coup je pose la question…
Est-ce donc ou tout blanc ou tout noir,
Est ce que chacun a sa sensibilité et son rapport à l’argent ?
Est ce que j’ai été corrompu par le snobisme de mes parents ?
Est ce que je vis dans un monde où le fric m’a été montré comme un outil indispensable (l’argent fait pas le bonheur mais il y contribue) ? 

Moins que l’argent, c’est plus le fait qu’il y ait un juste équilibre dans le couple entre les efforts de l’un et de l’autre. Je ne serai absolument pas contre le fait d’être homme au foyer si ma compagne et moi on se rend compte que sa carrière a plus de perspectives que la mienne. Toute la question est celle de la confiance et de se dire qu’on sera encore ensemble dans 15 ans. Histoire de ne pas porter le poids d’une faute sur l’autre « j’ai ruiné ma carrière pour m’occuper de tes gosses » (parce que dans ces cas là, c’est bien connu, le fardeau appartient à l’autre).

Disons que je suis dubitatif. L’amour ce n’est pas uniquement trouver en l’autre quelques chose qui apaise, qui rend heureux(se) ou avoir une cohérence dans la vision de la vie.C’est uuuuuune question d’équilibre. Un exemple pour illustrer. La voisine de ma grand-mère vient de voir son fils se faire larguer par sa compagne alors que leur gamin a un an (instance de divorce). Il est à 1,6 K€/mois, dans la restauration. Elle bosse chez AXA à 5 K€ /mois. Cette situation existait déjà pendant les 2 années avant leur mariage il y a 1 an et demi. Y a-t-il eu une volonté chez eux de se voiler la face au départ ? Y ont-ils cru ? La nana est elle une pure cupide ? L’argent n’aurait rien à voir dans cette histoire ?

C’est un p’tit cordonnier qui a eu sa préférence…

Bien sur vous allez me dire que, bien souvent, le niveau de rémunération est fonction de sa capacité à comprendre comment fonctionne le monde. Je suis tout à fait d’accord et c’est pour ça que je
ne juge pas mon acteur de tout à l’heure ; je mets de coté tous les artistes, comédiens, peintres, sculpteurs, etc et leur sensibilité. On peut avoir un talent inné pour interpréter un rôle, pour
sublimer une vision et être incapable de comprendre les mic mac pour se médiatiser. Chez nos parents, nombreuses étaient les mères de famille à s’être arrêtées. Les maris travaillaient pour deux
pendant que Madame élevaient les gosses et tenaient la maison. Certes. Mais pour beaucoup au départ, elles bossaient et j’en vois plein qui ont repris le taf une fois le dernier gamin « casé » en
fac, en IUT ou en école. Sic. Mais ce qu’il faut noter c’est que le niveau d’exigence que demande tel ou tel emploi, et donc sa rémunération, peut-être un bon indice de la cohérence intellectuelle
entre deux personnes. Mais pas tout le temps…

Je vous pose donc la question pour savoir ce que vous en pensez. Pour ma part et quelque part pour répondre à Ella, le problème est différent. Lundi j’ai décidé de reprendre ma vie en mains.
Trouver mon rôle dans cette mascarade existentielle. Essayer de pouvoir être fier de moi. De renouer avec l’intransigeance que mes parents avaient érigée en règle. Ne plus me plaindre de ce qui ne va pas et se dire que les gens sont assez sensibles pour noter, le cas échéant, mes soucis.  Je n’ai pas de sous, je n’ai pas de job, à la rigueur dans 6 mois j’aurais ptete un CDD de 11 mois payé net seulement 1900€ [1] quand mes amis sont tous déjà à 3800, mais je vais me bouger le cul pour y arriver et progresser. Faire foin de cet article du Monde qui évoque le fait qu’un premier job conditionne la réussite d’une carrière. Le mot carrière me fait gerber de toute façon.  Tout ce que je veux pour l’instant, c’est qu’on me fasse confiance pour me donner un boulot. Et être assez persuasif pour faire croire aux nanas qui m’intéressent que je ne suis pas un looser et que dans 3 ans le pactole va arriver.

[1] Oui je sais, dire ça quand le Smic est à 1,3 K€, ca va inciter nombre de lecteurs à dire que je suis un connard. Mais j’ai connu suffisamment les p’tits boulots pour m’autoriser ça. Et si vous
n’êtes pas contents c’est pareil.

11 réflexions sur “Aux marches du palais.

  1. aux dernières nouvelles, t’avais pas un job?
    Sans méchanceté aucune -juste de la curiosité- comment expliques tu le fait que tes potes de l’esc aient trouvé du taf, bien payé etc..bref, aient trouvé leur rôle dans ce que tu nommes la « mascarade existentielle », et pas toi?
    cela ne signifie t’il pas tout bonnement que tu n’es pas fait/bon pour vendre de la lessive?

  2. Je suis peut-être très naïve mais moi, je ne placerais pas le problème en terme d’argent mais plutôt d’admiration.
    Perso, je me fiche de ce que mon mec gagne tant que j’admire ce qu’il fait. Pour l’argent, je m’en sors très bien toute seule, merci!Mon homme gagne 3 fois moins que moi et dans 3 mois, son projet de recherche se termine, il aura plus de boulot. Mais j’admire vraiment ce qu’il fait dans un domaine auquel je ne comprends pas grand chose (la physique) et je sais qu’il se donnera les moyens d’arriver à ce qu’il veut.
    C’est plutôt un état d’esprit plus qu’un salaire qui fera qu’une femme s’intéressera à toi: si tu penses que tu es un looser, c’est le message que tu envoies…
    Et ça m’énerve quelque peu cette vision des filles qui veulent un mec friqué parce que je ne fonctionne absolument pas comme ça.Cela dit, je ne peux pas me prononcer pour mes congénères féminines…J’ai pourtant pas l’impression que le monde soit rempli de femmes vénales.

  3. Je suis peut-être légèrement vénale, mais pour moi, oui, les revenus sont devenus importants. Parce que quand t’as eu le crevard qui squatte, n’en fout pas une ramée et vis à tes crochets, et l’ado attardé qui squatte aussi en geignant sur son découvert… ben au bout d’un moment, ton côté femme indépendante hurle stop, et que t’es pas le FMI, alors un mec financièrement indépendant voire qui n’est pas chroniquement à découvert pour ton anniversaire (et Noël), c’est appréciable. Et reposant. Et sûrement une déformation professionnelle 😉

  4. Cher Lucas,
    j’aurais tant à répondre à cela…
    Le minimum que je puisse faire, c’est de te dire que
    * non je ne gagne pas 3800/mois (ça se saurait!! la moitié serait plus proche de la réalité) Alors ne rêve pas sur ce qu’ont les autres. Les rêves se construisent à partir de ce que nous sommes.
    * non je ne rêve pas que mon mec gagne des sous tout plein. En revanche un GROS critère pour moi: qu’il sache qui il est et ou il va, et qu’il mette l’énergie nécessaire pour ce faire.
    Effectivement, dans ce cas, je ne serais pas non plus avec un looser qui erre dans l’appartement! Mais mon critère n’est clairement pas l’argent.

    Je ne veux pas d’un me c qui me sublime, qui me porte aux nues. cela ne dure pas. Je souhaite juste une personne qui me respecte comme je suis pour ce que je suis, qui m’aide à aller au bout de mes rêves et que je puisse faire la même chose pour lui.

    Je ne sais pas si je correspond au type de fille que tu décrivais au dessus. Mais je vais répondre à tes questions:
    NON(le gris existe, on met dans des cases pour se rassurer)
    OUi, bien sûr
    oui
    oui

  5. Il faut que tu saches qui tu es par tout les moyens:

    ce que te disent tes amis
    ce que tu aimes
    ce que tu n’aimes pas
    ce qeu tu aimes peut etre
    ce que tu sais faire
    ce que tu veux faire

    c’est le travail d’une vie 🙂 Mais c’est merveilleux

    Tu sais, je suis bien tentée de te dire une chose: être intransigeant comme tu l’es c’est bien. Parfois. Quand ça t’empêche d’avancer, ça ne sert à rien.
    Aujourd’hui t’as pas de job.
    Prends un job. Meme à « que 1900 » (c’est plus que ce que j’avais quand j’ai commencé, et c’est trèèèèès proche de ce que je gagne aujourd’hui).
    Ce sera déjà ça.

    Et habitue toi à voir le bon côté de la vie. Ca changera 🙂 (c’est pas désagréable je t’assure)

  6. Pour ma part, j’ai la chance d’être issue d’une famille aisée, mais tout autant exigeante au niveau de la connaissance. Je poursuis donc mes études supérieures avec passion et un niveau de vie très correct. Je suis tout à fait consciente de mon avantage. Toutefois, je ne choisie pas mes ami(e)s et ceux ci sont de tous « niveaux sociaux ». Moi, je m’en fiche de savoir si telle ou telle personne à des sous, un bon job ou un bel appartement. Le principal reste sa personnalité.
    A ma plus grande surprise, beaucoup de mes exs ont mis notre séparation sur le dos de nos différences sociales. Du genre  » Tu me quittes parce que tu viens d’un milieu plus aisé, c’est ça? ». Alors que moi, je n’y prête vraiment aucune attention, les autres s’y attardent (trop).
    Bien sur, je ne vais pas jouer les saintes, j’aime quand un homme peut se permettre de m’offrir un bon restau ou un week end hyper classieux. C’est toujours agréable et je vais pas cracher dessus. Mais c’est un petit bonus, comme les abdos biens dessinés! :p

  7. MMmm… moi j’aurais tendance à penser que bien sûr femmes aimer argent, ça c’est pas nouveau, mais que surtout femmes aimer ambition, et ambition ne va pas toujours avec gros salaire…
    Et de là, si on prend ça en compte, il y aurait un énooooorme fossé entre l’homme chomeur heureux de l’être (celui qui bosse qques mois pour pouvoir toucher le rmi etc…) et l’homme chomeur volontaire et décidé qui court partout pour trouver du boulot.

  8. ca parle effectivement beaucoup d’argent et pas assez d’amour ton discour…j’espere que tu vas bientot le rencontrer ce grand amour…ou plutot un pas trop grand de façon qu’il puisse durer plus longtemps…je sais c’est peu desabusé comme reflexion, mais là je sors d’une rupture alors franchement le fric … bon et aussi un job, mais je comprends aussi ton pb vis a vis de tes collegues et de leur remuneration : c’est un truc empoisonnant et minant dont il faut pouvoir se sortir a tout prix pour avancer…et pas facile quand tout te ramene au fric et a la consommation.mais une nana amoureuse se fout du fric quand elle aime vraiment…le pb est que ça ne dure pas forcement ad vitam eternam…

  9. Heureusement, et contrairement à ce qu’on a tendance à croire quand on est plus jeune, très peu de gens « sont ce qu’ils font ». Il y a souvent un monde entre ce qu’on envisage de faire niveau études, ce qu’on trouve comme débouché et ce qu’on obtient au final. Pour la plupart des gens ils faut s’adapter à cette réalité, et ça prend plus ou moins de temps. Je crois que tout le monde préfèrerait être ambitieux (que ce soit perso ou pro) mais parfois on se retrouve bloqué et il faut se reconstruire, se projeter. Alors bien sur dans le monde actuel on est un loser dès lors qu’on est pas en couple, avec un PEL, un labrador, une audi TT série limitée bling bling… Et alors? Au moins ces périodes difficiles te permettent de faire le tri, de te rendre compte de ceux qui te jugent sur ce que tu es et pas ce que tu fais. Et c’est précieux.

  10. Pour répondre à ta réponse 😉
    Si je choisie mes copains par rapport à leur revenus, c’est vraiment inconsciemment!
    Car généralement, c’est bien après le début de mes histoires que la différence sociale apparait( pour eux ). Quand j’apprécie quelqu’un, je ne me pose pas la question de son salaire ou de son milieu. D’ailleurs, c’est plutôt le contraire… Il m’arrive même d’oublier ( acte manqué???) de questionner môsieur sur son métier…!

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