Overdose

Par Gauthier
 

Dimanche 13 août, 17h15 :

Je suis dans une spirale. J’ai besoin d’oublier. C’est une de mes plus grandes qualités, cette magnifique propension à me mettre la tête dans le guidon pour ne surtout pas voir ce qui ne va pas. Mais qu’est ce qui peut me poser problème aujourd’hui ?

 

Tout va bien. J’ai fini mon année, je l’ai réussie au-delà de toute espérance. J’ai obtenu un stage de folie, dans lequel je me sens bien, j’en suis sûr maintenant, je sais ce que je vais faire dans ma vie professionnelle. Je suis jeune, je suis beau, je suis amoureux… Bref pourquoi j’éprouve ce besoin inconditionnel de me foutre minable tous les week-end, d’aller toujours plus loin, toujours plus vite, toujours plus haut.

 

J’ai suffisamment brûlé la vie par les deux bouts pendant cinq ans, je devrais éprouver le besoin de goûter à cette vie que j’ai failli perdre tant de fois. Non je m’obstine à vouloir l’accélérer en permanence…

 

Comme si je n’étais jamais satisfait, comme si je savais que je ne serais jamais satisfait. Mais que, peut-être, dans une semaine, un mois, un an, dix ans, ça sera mieux. Alors vite, pas de temps à perdre, il faut que je me dépêche pour arriver à ce moment de plénitude, pour pouvoir enfin y goûter.

 

Oui mais à courir comme ça, je vais passer devant (peut-être est-ce déjà fait), sans le voir et je vais me retrouver au seuil de la mort avec un grand sentiment de vide. Regarder dans le rétro pendant le dernier repas avec la grande faucheuse, et n’y voir qu’une succession de futilités morbides, non ! Plutôt mourir de suite, ma vie sera inutile ? Ok, alors elle sera courte…

 

Je suis en overdose, je vis en overdose. Il m’en faut toujours plus, je suis sur le fil, toujours chancelant, mais bien accroché. Cette folie me fait prendre conscience de ce que je suis (insignifiant) et de ce que je ne suis pas (immortel). Se sentir humain, se sentir vivant parce qu’en excès de tout, oui, mais vouloir mourir à cause de l’excès, non.

 

Pourtant tous les lendemains, ou surlendemain de l’excès, je fais toujours cette promesse « plus jamais, je n’ai pas besoin de ça, c’est fini, j’arrête ! ». Et avant d’avoir eut le temps de goûter à la vie banale, je replonge, de plus belle.

 

Ce week-end, j’ai bu, encore plus que le week-end précédent, et pourtant j’ai été malade la semaine dernière, et j’avais promis de ne pas recommencer. J’avais partagé la couche d’un jeune homme que je trouvais très beau en boite, et qui s’est avéré ne pas l’être une fois le jour levé et l’alcool descendu.

 

Là je suis dans un TGV, je vais rejoindre un garçon pour une nuit, je ne le connais pas, il ne me connais pas, pourtant je traverse la moitié du pays pour passer quelques heures dans ses bras. Hier soir j’ai baisé un homme sous poppers, deux heures après un ami est venu me rejoindre, on a bu, on a bu, on a bu, on est sorti. J’ai allumé tout ce qu’il y avait dans la boite, je me suis fait draguer par deux beaux mecs, j’ai embrasser un ex pendant une heure (de façon très chaude), j’ai navigué d’un garçon à l’autre, d’une bouche à l’autre, d’une paire de fesse à l’autre, sous leurs yeux manifestement excités par la situation. Et moi dans tout ça ? Ben je suis rentré avec mon ami, on a dormi (câliné, bisouté, suçoté) ensemble…

 

Pourquoi ? Je ne sais pas. Mais là c’est sûr, quand j’ai reçu le texto de connard d’ex ce matin, j’étais heureux de pouvoir lui balancer « oui je vais bien, je baise à chaque fois que j’ai envie de t’appeler, tu vois je tiens mes promesses, je ne t’ai pas appeler de l’été, par contre je commence à fatiguer, et ça me coûte cher en capotes, tes parents vont bien ? ». Je pense que le message a été plutôt clair… Le problème c’est que j’ai fait ça dans mes rêves. En vrai je lui ai dit que j’allais bien, et je lui ai même fais un « bisous ».

 

(Merveilleux outil que le blog, je déverse ma haine ici, et fais contre mauvaise fortune bon cœur in real life). Je fais ça pour t’oublier connard, pour ne pas penser à toi chaque seconde, pour ne pas devenir fou en attendant un improbable coup de fil. Un texto, un seul texto depuis le 4 juillet, et on est le 13 août. Je te hais plus que je ne t’aime aujourd’hui, tu me fais du mal en me retournant une image de moi que je déteste. Je suis obligé de te haïr pour ne pas me haïr moi-même. Je ne flancherai pas, pas maintenant, pas à cause de toi.

 

De l’amour à la haine il n’y a qu’un pas, et je viens de le franchir. Tu resteras dans ma mémoire comme l’erreur monumentale de ma vie ? Si seulement… Toute cette énergie pour t’aimer et te faire m’aimer, j’aurai du la mettre ailleurs quand on voit ce que je récolte.

 

La vie est une pute, je vais payer mes excès un jour, et ce jour-là je veux regretter ce que j’ai fait, mais surtout pas ce que je n’ai pas fait. Cette fuite en avant c’était pour te rejoindre là où tu m’attendais, là ou tu serais aimant et heureux avec moi. Mais aujourd’hui je me rends compte qu’elle va me servir à passer devant toi sans me retourner. J’en ai besoin.

 

Je te hais mon amour, lâche ma main avant que je m’étiole, que je me fane, et que je meure dans ton ombre. Certaines personnes ne sont pas faites pour être ensemble, le reconnaître c’est aller de l’avant.

 

Je t’aime.

24 réflexions sur “Overdose

  1. Je comprends ce que tu ressens, je ne suis pas forcément mieux quand ça va très mal. Mon dernier chagrin d’amour, je l’ai noyée en buvant une demi bouteille de rhum seule, chez moi. J’avoue que là, je me suis trouvée très pathétique.

    C’est vrai que moins je vais, plus je vois. Mauvaise tactique car quand l’alcool est digéré, ça va pas mieux, c’est même pire, je me sens nulle.

    Après, je sais pas quoi te dire. Je t’ai poussé droit vers ce nouveau mur, je crois que je l’aurais fait même en sachant les conséquences car désolée de le dire mais valait mieux que tu le prennes une fois pour toute plutôt que de le caresser sans oser foncer. Maintenant, j’aimerais croire que tu finiras par oublier ce connard d’enfoiré de sa mère (et dommage que t’aies pas renvoyé le texto que tu avais prévu mais je sais que je l’aurais pas fait non plus) et que tu en trouveras un de moins chiant et de plus constant. Mais je te dis pas « t’en fais pas, ça va aller », parce que j’en sais rien, au fond.

    Sept, marc de café?? 😉

  2. Je me reconnais dans tes mots et ca fait mal d’y repenser.
    Effectivement, comme dit Nina, foncer dans le mur c’est utile dans ce genre de cas.
    J’espère vraiment que du coup, tu pourras le surmonter, l’oublier. Pas l’hair, pas l’aimer, juste être enfin indifférent.
    Je ne jugerai pas sur la technique que tu emploies pour oublier, puisque c’est la mienne, je te souhaite juste de faire un peu attention à toi, parce que je pense que si à tes yeux, ton coeur et ton corps n’ont plus bcp de valeur en absence de son amour à monsieur connard enfoiré etc (eh oh, c’est les mots de Nina), ils en ont bcp aux yeux d’autres, qui tiennent bcp à toi.
    Voilà, courage, another brick du wall et tout, et bisous, tiens, même si je te connais pas, je te lis souvent.

  3. je vais reprendre ta phrase fétiche « TOUS DES CONNARDS!!!! » voilà c’est dit. Pourquoi faut-il toujours souffrir ? J’aimerais tellement que la vie soit simple des fois : on s’aime pas de pb et hop c’est réglé. malheureusement ça marche jamais comme ça.

    Cookie a raison, je comprend ta fuite en avant pour ou blier je crois que j’aurais tendance à faire la même chose, mais peut être ne moins fort (j’ai très peu de tendance autodestructrices). Une question que je me pose : finalement la haine de l’autre n’est-elle pas juste la haine de soi pour ne pas avoir su garder l’autre justement ?

  4. En lisant le début de l’article je me disais que ma réponse allait être du genre « Bah fais la fiesta si c’est ça qui t’éclate, ne boude pas ton plaisir ».
    En continuant j’ai vu les alusions aux cuites que tu te prends et je m’apprêtais donc à rajouter un « mais avec modération, on peut boire et rigoler sans repeindre les houses des sièges ».
    Et puis j’ai finalement lu pourquoi tu cherches l’overdose, j’ai vu que toi aussi tu avais un ex qui ignore ce qu’est le respect, et là je n’ai plus rien à ajouter : la solution je la cherche encore. ^

    Bon courage, et bois moins… ^^

  5. Poignant…

    La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible… Comme on peut faire des mauvaises grippes et des bénignes, la vie peut vraiment être vacharde et douloureuse parfois.
    Personne n’est sur un pied d’égalité.

    Pour changer d’idée et d’humeur… Tous en cœur avec Baloo :

    « Il en faut peut pour être heureux… Vraiment très peut pour être heureux…
    Il faut se satisfaire du nécessaire… Un peut d’eau fraîche et de verdure, que nous prodigue la nature, quelques rayons de miel et de soleil… »

    Tu vois, il y aussi ceux qui sont mal partis dans la vie : ceux qui connaissent par cœur la chanson de Baloo du livre de la jungle… Je me sent seul… Ok je sort…

    Meuh !

  6. Juste une petite phrase àte dire,que tu pourras méditer si tu le veux: tombe amoureux de toi même ,et tout rentrera dans l’ordre (les exces comme les chagrins).
    Bizoo

  7. C’est clair qu’il agit vraiment comme le dernier des crétins, ton cher et tendre connard de mes fesses. Franchement, vous avez parlé, vous avez établis ENSEMBLE une ligne de conduite et 24h après, il ne s’y tient même pas.

    T’as raison de profiter un peu, même si c’est pas forcément avec les meilleures personnes. Il croit quoi, que tu vas l’attendre gentiment à la maison? Non mais ça va, t’es pas Pénélope non plus.

  8. Fais attention de ne pas replonger lorsque tu le reverras.
    Tiens bon, et comme tu dis « Certaines personnes ne sont pas faites pour être ensemble, le reconnaître c’est aller de l’avant. »
    Courage, bisous.

  9. A chaque fois on me répète 2 proverbes… »fuis moi, je te suis. Suis moi ,je te fuis » (dans ce cas là je te dirai volontiers de perdre le mode d’emploi de ton portable comme je le fais en ce moment).
    Le 2ème proverbe: « qui m’aime , me suive » ( tu as l’air d’être très entouré et aimé entre autre par Nina. Alors fonce, vis ta vie, amuse toi et ceux pour qui tu comptes te suivront et le reste suivra).
    Etre dans l’attente est toujours très difficile à vivre, regarder son téléphone en espérant qu’il sonne (le jour où tu commences à parler à ton tel, là c’est mauvais signe….lol). Moi j’attendais désespérement un signe de Y.Connard (ils ont tous le même nom visiblement) pi jme suis dis: ok maintenant il va se faire foutre. comme de par hasard ,par transmission de pensée ou je ne sais quel phénomène bizarre, j’ai eu des nouvelles.
    Il faut laisser le temps au temps si au fond de toi tu sais que c’est lui que tu veux. 🙂

  10. Bah faut les faire courir ces braves cons, se rendre limite disponibles,….
    Merci 🙂 Moi je suis bien décidé à l’avoir, le garder mais aussi et surtout à le faire galérer!!
    TDC je confirme!!

  11. ah oui tiens un cour de mise à niveau ca me plait 😉

    PS : je veins de faire une modif sur la mise en page de mon blog à savoir changer la taille de la police te la couleur dans mes textes. tu peux me dire si tu vosi une différence acr Nina elle voit pas elle.

  12. Tu n’as que vingt-six ans (right ?), tu vas vers trente, faut te dire ça … Ca fait quatre ans (quatre annnées !) à remplir, pas de quoi être préssé. Cool …

  13. A l’inverse de toi, je me protège trop et je ne trouve pas que ce soit une meilleure solution, car si les coups durs sont moins forts, les plaisirs sont moins intenses.
    Il faut savoir encaisser ses moments pour en vîvre d’autres meilleurs. Des fois, je souhaiterais vîvre de tels moments de douleurs, car c’est aussi ça la vie, mais de ce côté là, je suis un peu autiste.

  14. Je suis passé là par hasard, je te laisse juste un tit message d’encouragement…
    Quelqu’un m’a pas mal détruit aussi, brutalement, et on se reconstruit, on se durcit…

    Dire qu’on en ressort plus fort à mon avis n’est qu’une illusion, on en ressort different, à la fois + fort et + faible en même temps… Mais la vie continue, parfois difficile mais elle continue quand même et si on relativise un peu, on se rend compte qu’on se focalise toujours sur ce qui nous manque et pas sur ce que l’on a…

    Je t’embrasse Gauthier.
    Greg.

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