Peur sur la ville

Sortir le soir sur Paris n’est pas dénué de « danger ». Jeudi, Anne est arrivée sur Paris après un voyage en train épique (une heure et demie de retard, tout va bien). Anne est une grande fille, elle arrive seule jusqu’à chez moi sans même se perdre. Après une pause bienvenue à la maison et de délicieuses nouilles carbonara, nous décidons de repartir au centre de Paris.
 
Après un coup de fil à mon chéri pour qu’il nous rejoigne, direction Bastille, on se pose rue de Lappe. On discute, le courant passe bien entre les deux, je suis ravie. A minuit et quelques, il est temps de décoller, un dernier bisou pour la route et nous voilà reparties dans le métro. On attend tranquillement sur le quai en discutant puis la rame arrive, on s’assoit sur un siège, côte à côte. Il faut avouer que le métro est plutôt soporifique donc la conversation perd en intensité puis on finit par se taire, d’autant qu’une demoiselle s’était installée face à nous. Si tu suis, lecteur, tu auras donc noté qu’il ne restait qu’une place dans notre coin, à côté de la fenêtre précisément.
 
Et évidemment, le taré de service a décidé de s’y installer. Au départ, je n’y ai pas trop fait attention mais il a commencé à parler et, là, on s’est regardé bizarrement avec Anne. Personnellement, je m’appliquais à observer le défilement des tunnels souterrains par la fenêtre pour éviter de le regarder, malgré les grands gestes qu’il nous adressait. La seule parole que j’ai réussi à capter fut : « elle, elle écoute son walkman avec ses écouteurs », en parlant de la jeune fille assise face à nous. A un moment, Anne se penche vers moi et me fait : « on sort à la prochaine station ».
 
Plutôt que de sortir, on s’est avancé plus loin dans la rame mais nous étions dans un métro où tous les wagons communiquent donc on s’avance assez loin et on se pose à nouveau. Il faut préciser que la dernière fois que j’avais fui un homme étrange et sous l’emprise de substances étranges, j’étais avec Clara et Gauthier. Un homme totalement saoul s’était posé au milieu de notre trio, me filant un coup de sac au passage et menaçant de vomir soit sur mes chaussures, soit sur le pantalon de Gauthier donc, courageux, nous décidons de fuir. Nous descendons de la rame mais plutôt que de remonter ailleurs, on a attendu le métro suivant. Oui, nous sommes machiavéliquement intelligents, surtout que, tard, le soir, les métros ne passent pas toutes les deux minutes…
 
Donc nous voici, Anne et moi, assez loin de notre individu bizarre et, là, la jeune fille assise à côté de nous commence à écouter son walkman et un autre gars totalement ivre, assis près de nous, commence à s’agiter. Mince, nous avons comme une impression de déjà vu ! Heureusement, celui-là descend à l’arrêt avant nous. Le métro redémarre, prochain arrêt : le terminus, là où nous descendons. Et qui s’achemine droit sur nous : notre individu bizarre ! On baisse la tête en frémissant : que fait-on s’il revient nous coller ? Anne m’explique qu’il lui fait peur : « tu comprends, il n’arrêtait pas de me dire : « toi, regarde-moi dans les yeux ! » en agitant les mains sous mon nez, je le sens agressif ». Je suis d’accord, il n’a pas l’air débordant de gentillesse. Défoncé comme il est, je me dis qu’on le sèmerait vite en cas de poursuite mais je n’ai pas très envie de courir pour fuir un type louche. Heureusement, il poursuit sa route et va tout au bout du convoi donc on se décide à rallonger un peu le trajet et passer de l’autre côté.
 
Après avoir constaté qu’il n’y avait plus de train et qu’on devait terminer le trajet a pieds, on se rend au pied des escalators pour rejoindre le haut de la station, on entend des bruits bizarres au dessus : notre ami étrange qui, il me semble, se battait avec une porte automatique. Très courageuses, nous avons donc décidé de prendre un autre chemin, on se précipite dans un couloir quasiment vide que je n’avais jamais emprunté. Un regard par-dessus l’épaule, un autre… Non, c’est bon, il ne nous a pas vues et donc pas suivies. Anne est un peu tendue, moi un peu perplexe : où est donc la sortie ? On finit par ressortir et là, je me rends compte de l’incroyable découverte que je viens de faire : un fameux raccourci ! Toute guillerette, je traîne Anne derrière moi qui reste un peu stressée mais nous sommes dans mon quartier, le type louche doit toujours se battre avec sa porte, tout va pour le mieux.
 
Moralité : c’est la première fois en cinq mois que je suis obligée de dévier ma route pour éviter un type potentiellement agressif… Dois-je en déduire que c’est Anne qui attire les fous ? Ceci étant, elle objecte que grâce à elle, j’ai découvert deux raccourcis en deux jours !

7 réflexions sur “Peur sur la ville

  1. "elle arrive seule jusqu’à chez moi sans même se perdre" : WWHHAAAOUUU, l’air de dire que c’est un exploit. 🙂

    Nina : Quand tu connais pas Paris, ça peut en être un mais c’est facile pour aller chez moi.

    "délicieuses nouilles carbonara" ; je suis en train de fondre, là. 🙂

    "Si tu suis, lecteur" : pour l’instant, çà va, je suis. 🙂

    "je le sens agressif" : c’est pour çà que j’ai toujours détesté le métro.

    "Très courageuses" : ce n’est peut être pas du courage mais en tout cas c’est du bon sens.

    "Dois-je en déduire que c’est Anne qui attire les fous ?" : non.

    "grâce à elle, j’ai découvert deux raccourcis en deux jours" : comme quoi … 🙂

    Nina : D’habitude, je me fais jamais emmerder comme ça dans le métro, y a bien des mecs qui me matent avec insistance ou qui entreprennent d’entamer une conversation mais là… En fait, on n’a pas eu de chance qu’il descende au même arrêt que nous.

  2. Huhu, elle objecte brillament !
    De toute façon Paris est une ville de fous, alors normal d’en croiser un de temps en temps 😉

    Nina : Et bien figure-toi, la puce, que je continue à penser qu’il y en a plus à Toulouse qu’à Paris mais à Toulouse, j’étais étudiante alors bon, la fac est pleine de fous… Tiens, faudrait faire un article sur le sujet! 😀

  3. Snif Snif , c’etait moi j’essayais d’attirer votre attention 🙁 ..
    Zetes méchantes ..
    Non je déconne .
    Ce qui me ferrait rire c’est que le mec est un blog et raconte son histoire avec son regard . Genre vous etes 2 filles totalements flippé et que Si il etait un peu bizzare c’est qu’il etait allergique a un truc qui l’avait totalement mis HS .. il se battait avec la porte car … bref des raisons clair et net .

    Nina : Au début, on était pas flippées, c’est quand il a commencé à agiter ses mains sous notre nez pour attirer notre attention en parlant agressivement qu’on s’est dit qu’il ne servait à rien de rester là. En +, c’est chiant, il nous empêchait de papoter tranquille (même si on papotait plus car on s’endormait).

  4. Coucou

    Ben alors, tu sors avec ton homme et finalement tu rentres avec ton amie …
    hummm …. a c’etait jeudi soir !!! c’est pour ca …. pas en semaine … ca fait vieux couple ??? 🙂
    A plus
    Fred

    Nina : Mais non, Fred, pas du tout! 😉 J’hébergeais la miss donc j’allais pas rentrer avec mon homme et:

    – soit le ramener à la maison pour une soirée… hum… inédite

    – soit aller dormir chez lui et laisser la pauve Anne dans Paris by night

  5. Salut,
    alors, comme quoi, des fois, on trouve des trucs par hasard, hein (je parle des raccourcis)…

    Bon, c’est clair qu’il vaut mieux être "lâche" (et encore) et se barrer que courageuse à l’hôpital…

    Donc, vous avez eu la meilleure des réactions…

    En fait, il ne faut pas répondre, s’éloigner et ne pas hésiter à demander à qqn de vous parler, de façon à éloigner l’emmerdeur (j’ai déjà rendu ce genre de service, ça a bien marché)…

    Voilà, modeste contribution à des lectrices appeurées…

    Nina : Très franchement, je ne pense pas qu’il nous aurait envoyées à l’hôpital : il était certes agressif mais rien ne garantit qu’il aurait fait attention à nous si nous étions passées près de lui et, de toute façon, il nous aurait emmerdées, on serait parties en courant et il aurait bien été incapable de nous rattraper, vu son état. Mais bon, si on peut éviter un sprint à 1h du mat, on le fait.

  6. Bonsoir,

    Je me dis parfois qu’il est difficile d’être une femme.

    Je finis le taf souvent après la nuit, et je rentre chez moi en bus, puis j’ai 200 mètres à faire à pied.

    Un jour, je marchais et 3 ou 4 mètres devant moi, y’avait une fille. Il faut savoir que je marche assez vite, donc j’ai tendance à rattrapper facilement mais bien involontairement les gens qui sont face à moi, avant de la dépasser.

    Mais pendant que je marchais, je remarque que la fille devant moi se met à accélerer. La fille jette des regards effrayés derrière elle, visiblement elle a la trouille de moi mdr

    Du coup, j’ai ralentit mon rythme, et je me suis mit à marcher au ralentit, ce qui est bien lourd à 22 heures, quand on a envie de rentrer au chaud chez soi lol

    J’ai attendu qu’elle prenne une rue perpendiculaire à la mienne, et donc que nos routes se séparent, pour enfin pouvoir accélerer le pas lol

    Finalement, personne n’est mort ce soir là lol

    Thom…

    Nina : C’est pas que c’est difficile, c’est surtout pénible. Parce qu’on est une femme, on est censées entendre des horreurs que les hommes nous disent, supporter leur comportement agressif… Ca finit généralement bien mais c’est franchement pénible.

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