Fais péter la jupe

Il y a des combats auxquels on ne pense pas forcément et qui, une fois sous ton nez, te rendent limite hystérique. Mi mai éclate la fameuse affaire DSK et soudain, les députées (non, je n’ai pas fait de faute) trouvent que c’est un bonne occasion pour parler : à l’hémicycle, mieux vaut éviter la jupe. Qu… quoi ? Je vais m’étrangler d’indignation et je reviens.

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Je l’avoue, je ne suis pas une adepte de la jupe car je ne trouve pas ça très pratique. Je suis quelqu’un qui gigote beaucoup, qui ne s’assoit que très rarement correctement ce qui implique que si je mets des jupes, la personne face à moi finira forcément par entrevoir la couleur de ma culotte. Et c’est le genre d’infos que je préfère réserver à un public choisi (ouais, enfin, si on compte les copines du vestiaire de plongée plus celles de mon futur club de sport… En fait, tout le monde peut voir ma culotte). Et puis même, pour marcher, rien ne vaut le pantalon ou le short. Oui parce que je n’ai rien contre le fait de dévoiler mes gambettes, surtout en été donc short. Et pourtant, je me rends compte qu’aujourd’hui, porter la jupe est un acte limite politique, une audace féministe incroyable. Et à bien y réfléchir, si je mets plus de jupe aujourd’hui, c’est parce que j’en ai eu marre de me faire emmerder par le passé.
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Je me souviens d’un jour d’août 2002, je bossais dans un organisme de crédit comme vacataire et j’avais mis une robe-salopette que j’aime beaucoup. Un peu courte mais toute mignonne, pas provocante pour deux sous. Après la journée de travail, je suis allée en ville, à Toulouse, pour je ne sais quelle raison et là, ce fut un festival de sifflements et remarques à l’avenant. Le pire étant le soir quand, allant voir Anne, un mec un peu bizarre commençait à me marmonner que j’avais de belles jambes. Ce jour-là, j’ai pensé “plus jamais la jupe!”.

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Et ça fait chier. En tant que jeune femme, j’aime être jolie, apprêtée, c’est mon droit le plus élémentaire. Pourquoi me suis-je faite si jolie ? Pour moi, peut-être pour un lui. Peut-être qu’un homme dans la rue me trouvera jolie, c’est son droit le plus absolu, il peut même le dire. Sauf qu’il y a dire et dire. Je m’énervais vendredi sur cette histoire de vertu, on en revient là. J’ai la vague sensation que plus les jambes et/ou les seins sont dénudés, plus on perd le respect le plus élémentaire. En gros, j’ai une jupe, je suis une pute. Ou tout du moins une salope. Je trouve dramatique qu’en France, pays civilisé, une femme puisse être regardée de travers parce qu’elle met une jupe, préfère enfiler un pantalon et un col roulé car elle a un entretien avec un homme de type libidineux. Parce que manifestement, une femme est un être de séduction, on ne peut rien faire sans que ça excite le mâle. Mâle qui est lui-même un animal en perpétuel rut, si j’ai bien compris, puisque la vue de gambettes semble lui faire croire que tout est permis. Et puis une main au cul, c’est mignon, c’est bon enfant, huhuhu.

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Alors je crois que je vais me remettre sérieusement à porter des jupes avec un message très clair : si je n’ai pas rendez-vous avec toi dans un resto romantique après quelques semaines à se tourner autour, il n’y a que très peu de chances que cette jupe soit là pour t’exciter. Ceci étant, avec ma balafre de 13 cm sur le genou, je suis pas sûre d’exciter grand monde pour le moment…

4 réflexions sur “Fais péter la jupe

  1. Tu sais, les sifflements et les remarques ne doivent pas toujours être mal pris. Je m’étonne d’ailleurs toujours que les femmes se rebellent dès qu’un homme leur fait une remarque sur sa sexyness.
    Moi je trouve a agréable d’entendre « jolies jambes » « charmante » etc. Certes, les sifflements c’est lours parce qu’on est pas des bêtes, et il y a bien des remarques déplacées/vulgaires/sexistes. Mais à Paris, ce n’est pas la majorité.
    Je suis en jupe tous les jours, ou alors en mini-short, et ce n’est pas un acte militant. si on voulait vraiment agir pour l’égalité, il faudrait que nous les femmes, on ose faire des remarques à voix haute sur les beaux mâles qui croisent nos chemins! 🙂

  2. pas sûr d’avoir compris ce qui te gene : être abordée, ou être abordée lourdement.
    Si tu es abordée sans jupe (pas sans rien, en tenue jambes cachées) alors la seule différence c’est la fréquence. Plus tu es sexie, ou plus tu te mets en valeur et plus tu es abordée c’est assez logique.

    Est ce que tu es abordée plus lourdement quand tu es habillée plus sexy, plus court ? On pourrait penser que la vue de tenues sexies fait tomber des barrières qui retiennent une partie de ceux qui n’abordent pas en tenue « classiques »
    Encore qu’il y a lourdement et lourdement. Lourdement « j’ai n’ai pas de respect » ou lourdement « je ne suis pas habitué » et mes phrases d’approche sont loin de la poesie….. Tant qu’il y a du respect (donc sans insister), est ce que c’est si anormal de « tenter sa chance » ?

  3. Navrant comme ça semble être très français cette attitude, j’ai souvent constaté que bien souvent une fille en jupe à Paris a de fortes chance d’être une étrangère, touriste de passage. Et en effet à l’étranger, les femmes semblent plus à l’aise avec toutes sortes de tenues. Je parle bien sur uniquement dans la rue le jour, et pas des tenues de soirée. Quelqu’un pour me rassurer et me dire que si, à l’étranger aussi, ça arrive?

  4. Je pensais la phrase  » Peut-être qu’un homme dans la rue me trouvera jolie, c’est son droit le plus absolu, il peut même le dire. Sauf qu’il y a dire et dire » assez sibylline en fait.

    Non, ça ne me dérange pas un abordage « classique », je réponds avec le sourire aux compliments. Le problème n’est pas dans le tenter sa chance mais dans le comment « il y a dire et dire ». Et mine de rien, j’ai noté qu’une tenue sexy semble dispenser certains d’un peu de respect genre « je suis court vêtue = je suis en chaleur = pas la peine de mettre les formes ». Et je ne parlerai pas des indélicatesses du genre main au cul qui sont très franchement intolérables.

    Ceci étant, les hommes ont droit de tenter, j’ai le droit de repousser leurs avances sans me faire traiter de salope aussi. De toute façon, en général, si je ne rends pas les regards insistants, c’est que je ne suis pas intéressée, c’est pas la peine d’insister.

    Matt : je sais pas, il y a tjs le côté « on est plus détendus hors de chez soi ». Je pense que c’est pire en Italie où le machisme est plus fort.

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