Persépolis de Marjane Satrapi

Ce qui est difficile quand on donne son avis sur un film, c’est qu’on ne parle jamais du contexte de visualisation. Nous sommes tous sensibles à des tas de choses extérieures et il est possible qu’un film maté dans un mauvais contexte (bruits parasites, mauvaise humeur, santé défaillante…) nous paraisse mauvais et on va le défoncer car plaisir pervers. Par exemple, ai-je détesté le dernier bar avant la fin du monde parce que je pensais qu’il s’agissait d’un film introspectif sur des personnes qui se réunissent une dernière fois dans un pub avant la fin du monde (pas du tout donc) ou parce que le Héros est tellement l’archétype des gens que je déteste que je n’ai pas pu ressentir d’empathie ni pour lui ni pour ses “amis” (victimes consentantes plutôt) ? Et puis, y a Persépolis, maté à la maison juste après la découverte de the Lobster (que j’ai adoré) et en pleine crise des migrants et là… claque.

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J’avais très envie de voir ce film  sa sortie mais comme d’hab, je suis pas allée au cinéma, je mate rarement des films chez moi donc voilà. C’est le secret de mon inculture totale en matière de cinéma. Puis Victor, galvanisé par The Lobster, me propose de le mater. Un petit shot de Jack Daniels au miel* et nous voici lancés.

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L’histoire, c’est celle de Marjane, jeune Iranienne qui va vivre la révolution, la chute du Shah, les gardiens de la Révolution… On suit les événements à travers ses yeux, ceux d’un enfant, d’abord, qui se réjouit quand on lui dit que ce qui arrive est bien puis la désillusion, petit à petit, cet oncle qui disparaît, le foulard… Fille de parents très politisés, Marjane se rebelle, répond, rue dans les brancards. Pour la protéger, ses parents vont l’envoyer en Autriche où elle finira son adolescence, découvrant la liberté, les cigarettes, l’amour. Elle reviendra finalement en Iran où elle devra se soumettre à nouveaux aux règles radicales.

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Bon, en fait, l’histoire, vous la connaissez sans doute, je vais pas m’y attarder plus que ça. Le dessin est simple mais empreint d’une belle poésie, le noir et blanc fonctionne très bien. On se laisse très facilement emporter par le style graphique, allié à merveille aux voix. C’est en même temps étrange ce décalage entre dessins presque enfantins et la cruauté de l’histoire qu’ils racontent. L’enfance dans un pays en guerre, ce sentiment de n’être chez soi nulle part, la mort qui guette, un peu partout. les larmes, parfois. Ah oui parce que si vous n’avez jamais entendu parler de ce film, ne vous fiez surtout pas au style simpliste du dessin : on est face à un drame et rien que de repenser à certaines scènes, j’ai la gorge qui se noue…

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Regarder ce film pendant la crise des Migrants ne peut laisser indifférent. Parce que ça fait cruellement echo à ce que vivent ces gens là : fuir la guerre et la mort. Si Marjane Satrapi a la chance d’être née dans une famillle suffisamment aisée pour pouvoir partir et vivre décemment en Europe, il n’en reste pas moins la violence de cette République Islamique qui impose des règles de vie qui nous paraissent tellement délirantes. Ca nous rappelle que, pas si loin, des gens souffrent, que leur vie est menacée pour un rien… Alors qu’on ne sait jamais à qui se fier quand on vous parle d’un pays où vous n’êtes jamais allé, que vous pouvez avoir de l’Iran une image terrible comme une image “pas si mal” selon vos sources de renseignement, découvrir le quotidien de ses habitants à travers les yeux d’une petite fille puis d’une jeune femme révèlent, à travers un faisceau d’anecdote, toute l’horreur ordinaire des Iraniens.

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Après avoir vu ce film, je défie quiconque de rester indifférent au sort des réfugiés, quelle que soit leur nationalité, au fond.

 

* C’est une tuerie, on est devenus alcooliques

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