Comment paraître brillant en société

Un dîner, quelque part dans Paris. Parmi les convives, vous. Le but : paraître brillant et en mettre plein la vue à vos compagnons. Comment faire ? C’est très simple, pour qu’on soit un peu habile et qu’on sache prendre le contrôle de la conversation.

Paraître brillant, ça ne s’improvise pas, ça se prépare. Choisissez trois sujets de prédilection et travaillez les à fond. Ca peut être la peinture de la Renaissance (pour les plus feignants, prenez un seul peintre, genre Michel Ange, Raphaël… Evitez Léonard de Vinci, trop populo depuis le Da Vinci Code), la mythologie nordique… Quoi qu’il en soit, idéalement, prenez un sujet artistique, un sujet sociologique et un sujet géopolitique, le meilleur équilibre selon moi. Une fois vos trois sujets choisis, lisez tout ce qui vous tombe sous la main et qui en parle. N’hésitez pas d’ailleurs à tenir au courant votre entourage de vos passions, ils pourront vous offrir des livres sur le sujet ou vous découper des articles, ça peut toujours servir.

 

Maintenant, revenons au repas. Vous êtes à peu près au point sur vos sujets de prédilection mais vous espérez que les gens à qui vous parlez n’y connaissent pas grand-chose et vous écouteront, admiratifs. Cependant, le souci est de réussir à amener la conversation sur votre domaine de connaissance, il faut être très réactif. Une fois que vous avez attrapé le mot qui vous permet d’embrayer sur votre passion, ne lâchez plus. Monopolisez la conversation, étalez votre savoir et apprécier l’éclat admiratif qui illumine le regard des convives. Evidemment, évitez de choisir des sujets trop populaires car si vous êtes deux spécialistes à la même table, vous perdez votre aura.

Il y a aussi une autre technique qui permet d’être plus généraliste. Lisez les éditos. Tous les éditos que vous trouvez, lisez les. Comme ça, vous aurez un avis sur tous les sujets, un avis argumenté. Vous avez des faits, vous pouvez même avoir une citation classique, vous pouvez dire « René Aron avait une vision des relations internationales qui correspond tout à fait à ce que nous vivons aujourd’hui ». Evidemment, il faut bannir les phrases « je lisais l’autre jour l’édito de machin qui disait… ». Ok, lire les journaux, c’est bien, mais faire croire qu’on a eu ces pensées tout seul comme un grand, c’est quand même mieux. Il s’agit de briller par notre intelligence, pas par notre capacité à lire et retenir. Même si ce n’est pas donné à tout le monde.

Seulement voilà. Méfiez-vous des convives. Il y en aura toujours un pour faire du mauvais esprit du genre « la culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale ». En l’occurrence, il a raison mais ça casse quand même notre belle image d’intellectuel qui sait tout sur tout. Pour peu que l’invité soit sadique, il va vous pousser dans vos derniers retranchement jusqu’à dévoiler votre inculture et là, l’éclat d’admiration disparaîtra au profit d’une moue de mépris.

Evidemment, certains diront que ce genre de stratagème n’a aucun intérêt et ne procure aucun plaisir si ce n’est que susciter de l’admiration chez des gens qui ne nous connaissent que de loin. C’est vrai. En fait, tout est question de choix entre l’être et le paraître. Personnellement, j’ai tendance à picorer les informations, à apprendre des choses de ci de là donc n’être spécialiste sur pas grand-chose. Même mes sujets de mémoire, depuis, il s’en est passé des choses. Parfois, il me vient une lubie et je me mets à lire tout ce que je trouve surnun sujet mais l’ambition n’est pas de l’étaler en soirée, c’est juste pour moi. D’ailleurs, ma lubie de la Table Ronde, j’ai jamais pu trop m’en servir, à part pour critiquer le mauvais film Lancelot avec Richard Gere. Mais ça, y a pas besoin de vraiment s’y connaitre. Je sais qu’on ne peut pas tout savoir sur tout et Dieu merci, on s’ennuierait ferme, sinon. Mais il est toujours bon de savoir des choses… Histoire de pouvoir contrer celui qui paraît brillant mais qui perd pied dès que la conversation s’évade vers des domaines qu’il ne maîtrise pas.

10 réflexions sur “Comment paraître brillant en société

  1. ou bien écouter vraiment les gens si ça en vaut la peine, ignorer sinon. quelle horreur que de promouvoir cette faillite intellectuelle! ça me rappelle certaines discussions au réfectoire prof où tu entends parler de Mireille Dumas et là tu te demandes où tu es, et vite tu te reconcentre sur ta salade correctement répartie et assaisonnée.

  2. En général, avoir un avis sur tout, même argumenté, vous fait passer pour le dernier des cons, surtout en bonne société. En revanche, on peut apprendre à détourner les conventions sociales (lisez 92 little tricks for success in relationships) et ceux qui utilisent ces conseils sont réellement les fossoyeurs de la société.

  3. Je suis allé parfois à ce genre des manifestations d’être et parraitre. C’était rigolo à voir et les repas souvent très bien et bien servi.

    Mais quand j’ai pris lpar exemple a parole lors d’un diner débat à priori pas ininteressant et ça aurait prèsque fait un scandale parce que je me suis levé pour parler ayant enlevé la veste de mon costume (il faisait trop chaud dans la salle) et pas parce que mon discours n’a pas été à la hauteur…

    Ou ce club vin et affaires tenu par un leche botte. Ca vallait la peine d’y aller en séptembre/octobre si on est invité parce que à ce moment ils servaient des vraiment bons vins normalement hors de prix. Au cas ou parmi des nouveaux (la rentrée) il y aurait des vrais amateurs des bon vins. Après, il y avait surtout des vins chers mais qui ne vallaient pas tout ce argent demandé par les vignerons…

    Finalement, je préfére des trucs plus simples et sincères sauf si j’y aurais à faire pour affaires. Quois que un peu de luxe sortant de l’ordinaire ne fait pas de mal de temps en temps…

  4. Attention! Le fait de monopoliser la parole autour d’une passion originale peut rapidement se retourner contre vous . Méfiez vous de ne pas être le « Con » du prochain diner de vos amis ébahis .

  5. Citer « René Aron », c’est déjà le succès assuré.

    Un peu comme sortir « c’est ce que pensait Foucault… Pas Jean-Pierre, hein ! Daniel, bien sûr ! »

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