Peut-on rester léger face à  l’effondrement de notre monde ?

Ceci n’est pas un titre grandiloquant.

La semaine dernière, j’ai vraiment été troublée, la goutte d’eau. Depuis quelques temps, l’actualité me rend enragée. Je ne m’étendrai pas sur la politique française et européenne, tout ça n’est finalement qu’un détail par rapport au drame qui touche d’autres personnes, des populations qui vivent au quotidien dans la violence, dans la peur, qui sont prêts à donner tout ce qu’ils ont pour tenter de survivre ailleurs. Leur sort me fait mal, les réactions déconnectées de ceux qui ne comprennent pas ces “poltrons qui fuient la guerre” encore plus et tout le dégueulis raciste qui l’accompagne me rendent folle. Puis il y a eu cet enfant, ce petit corps sans vie, le même âge que Saturnin, à peu près. La goutte d’eau de trop.

pieta

Et à côté, il y a ma vie. J’ai tout pour être heureuse, entre mon mec, ma nièce à naître incessamment sous peu. J’ai la santé, un boulot, je voyage à travers le monde, mon dernier souci fut une fièvre qui m’a clouée au lit dimanche et qui m’a empêchée de profiter pleinement de Victor. Le grand drame donc. Et j’ai envie d’écrire des tas de banalités, rire des facéties de mon neveu, la semaine à 4 qu’on a vécue avec Victor (nous deux et nos deux chats), mes périples… Bref, les petites choses qui font le sel de la vie.

chattes

Mais peut-on vraiment continuer à faire comme si de rien n’était ? Se réjouir de nos petites vies bourgeoises où on peut obtenir tout ce dont on a besoin ou envie, où on surconsomme. On passe nos soirées à regarder des histoires futiles où un homme et une femme s’aiment mais se compliquent la vie pour des bêtises, des gens qui meurent mais on s’en fiche car ce qui nous intéresse, c’est de savoir qui est le meurtrier. On envoie des SMS pour laisser des gens enfermés dans de fausses maisons ou pour qu’ils continuent à chanter, on regarde les gens qui meurent pour de vrai dans un JT, entre deux pubs pour du Coca ou un iPhone qui coûte plus cher qu’un loyer.

Roger-Gicquel

Peut-on rester léger quand, à côté, des gens, des enfants, voient leur vie réduite en miette ? Qu’ils ne leur restent que des ruines pour espérer se protéger d’un tir de missile ou d’une rafale de kalach ? Peut-on continuer à supporter notre impuissance face à ces drames ? Je veux dire, on peut faire des micro choses, donner de l’argent, apporter un peu de chaleur aux migrants sur notre territoire mais n’est-ce pas déjà trop tard pour eux ? Pour un qui a réussi à arriver sain et sauf sur nos plages, combien sont déjà morts ? Trop tard, trop tard. Evidemment, dès qu’il n’y a plus gaz ou pétrole, les défenseurs des Droits de l’Homme détournent le regard…

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Vous me direz que ce n’est pas la première fois que l’Humanité traverse ce genre de crises et que les migrations importantes de populations fuyant une guerre sont presque un phénomène séculier. Il y a 80 ans, c’étaient les Espagnols qui traversaient les Pyrénées pour venir chez nous. Et puis même, si on parle de migration, il suffit d’aller faire un tour du côté de Lampedusa et visiter son musée des Invisibles pour bien voir que ça ne date pas non plus d’hier.

Lampedusa_SOS

Et peut-être qu’on a justement besoin d’un peu de futilités, de petits bonheur, pour ne pas sombrer dans le désespoir ? Je sais pas…

3 réflexions sur “Peut-on rester léger face à  l’effondrement de notre monde ?

  1. Je me pose un peu les mêmes questions en ce moment et je suis rassurée de lire que je ne suis pas la seule…Je suis heureuse et j’ai tout ce qu’il faut pour. Et d’un autre côté je vois ces drames, ces questions essentielles aussi sur lesquelles il ne me semble pas qu’on avance (je parle de la protection de l’environnement) et je me sens impuissante. Tu avais dit après Charlie que tu allais réfléchir aux modes d’action à ta portée. J’attendais cet article impatiemment pour voir s’il allait me donner des idées 🙂 .

    1. Ah oui, moi et ma manie d’annoncer des articles que je n’écris jamais. Mais j’ai pas vraiment trouvé en fait. Je suis toujours un peu mal à l’aise sur la question de donner de l’argent (parce que ça me donne l’impression de m’acheter une bonne conscience et de m’en laver les mains) mais sur une action concrète, je suis toujours partagée sur ce que je peux apporter et comment. Je veux dire, sur les migrants, par exemple, je peux donner des choses et tout mais ça reste du ponctuel. Je voudrais m’impliquer plus mais j’hésite toujours : un coup, je pense me tourner un peu vers les planning familiaux, me renseigner pour donner des cours de français à des femmes musulmanes… Bref, je trouve toujours pas le truc qui va vraiment me rendre utile

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