En mode “pitch”

J’ai envie de vous parler un peu de ma nouvelle vie qui n’est plus très nouvelle. Ca fait 3 mois que j’ai pris mes nouvelles fonctions. Après un 1er mois à observer un peu les fissures au plafond, les choses se sont accélérées jusqu’à leur paroxysme la semaine dernière où je passais une partie de mes nuits devant mon powerpoint à raconter une histoire en anglais pour séduire un potentiel client. You know, I am bilingue (à prononcer avec le plus charmant des accents toulousains). Bref, je suis passée en mode pitch.

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Pour ceux qui ne bossent pas dans le joyeux univers des agences de comm, petite définition du pitch : c’est quand un annonceur fait un appel d’offre sur tout ou partie de sa communication. Ca peut concerner les achats TV, radio, presse ou digitaux ou la stratégie digitale, social media… Ce qui fait qu’on se retrouve souvent à médiatiser les contenus créés par des autres agences ou produire du contenu qui sera médiatisé par une autre agence sans qu’on puisse avoir les résultats. Ou, quand on les a, se rendre compte qu’il n’y a pas un seul CPC* de correct. Bref, les annonceurs n’aiment pas toujours placer leurs oeufs dans le même panier et plus l’annonceur est gros, plus le gâteau à se partager est impressionnant donc après tout…

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Il y a plusieurs types de pitchs, on parle de pitch défensif quand on est l’agence sortante et pitch offensif quand on espère prendre la place de l’agence remise en compétition. Ce mode de fonctionner est assez problématique car il exige in fine pas mal de travail “gratuit” : si on gagne le client, c’est cool mais si on perd, on aura passé X heures dessus pour rien ou à peu près (j’aime penser que ce n’est jamais pour rien vu qu’on peut toujours récupérer une ou deux slides pour un prochain pitch voire pour la strat d’un client existant). C’est le jeu ma pauvre Lucette. Parfois, tu es en pitch peinard : il n’y a pas de compétition officielle mais le client n’aime plus trop son agence en charge de quelque chose et aimerait que tu lui dises ce que toi, tu envisagerais de faire à la place. Normalement, il y a une certaine éthique qui veut que tes idées ne soient pas utilisées si tu n’es pas retenu mais parfois…

ampoule

Du coup, depuis quelques temps, je suis en mode pitch. Et c’est souvent l’hystérie. D’un côté, il y a toi, l’expert qui dois rédiger ta partie. Tu as noté la problématique, tu regardes un peu ce qu’il se fait, tu bippes les régies dont tu as besoin, tu brieffes tes équipes, tu rebrieffes tes équipes, tu vas rassurer le directeur ou la directrice commercial-e qui en est à 3 infarctus par jour, tu vas gueuler sur les équipes qui n’ont pas bossé, tu bloques devant ta slide ne sachant plus ce que tu voulais raconter, tu te demandes comment on dit saisonalité en anglais, tu te dis que tu bosses jusqu’à 20h30 puis tu rentres chez toi… non, 21h… Allez, 21h30… 22h… A 23h, tu pars en calculant qu’il te reste encore une bonne heure ou deux de taf. Parce que faut pas oublier que, même si t’es en mode pitch, tu as d’autres clients à gérer et que donc, quand tu dis “oh bah, j’en ai encore pour une demi-journée et ce sera plié”, tu oublies les réunions, le 3e point de la journée pour voir où tu en es, le client relou sans rapport avec la choucroute qui te demande pour la 4e fois la même chose, les coupures Internet, ton pc qui plante, ta tension qui atteint des sommets, ton cerveau qui ne sait plus s’il doit penser en français ou en anglais.

Zorn Frau ist wütend angry

Et puis vient le jour J, tu finis de toiletter ta prés, tout le monde est au bord de la crise de nerf, tu cours, tu rassures, tu avales un sandwich en 2*2 en respirant fort par le nez. Puis tu présentes, ça se passe bien et le directeur ou la directrice commercial-e qui te détestais encore au petit matin te tape sur l’épaule, les yeux brillants de fierté. On a eu peur mais on l’a fait.

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Et oui, c’est toujours comme ça. Surtout quand le nombre d’interlocuteurs autour de la table augmente : à la fin, tu as même parfois du mal à reconnaître ta prés’. Tu finis par céder sur certains détails parce que bon, l’image que tu avais choisie, c’est pas toi qui l’a shootée donc tu t’en fous un peu. On a déjà tellement débattu du contenu que tu hausses les épaules sur le contenant, même quand une chef de marque zélée te fout un effet isohélie partout.

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Slide piquée sur le très drôle ppt sur ce qu’il ne faut surtout pas faire avec un PPT http://fr.slideshare.net/jessedee/you-suck-at-powerpoint

Mais ainsi va la vie d’une agence. Tu mets le point final à ta prés ? Te réjouis pas : y aura forcément un retravail et un nouveau pitch à venir.

 

* CPC : coût par clic, se calcule en divisant le budget par le nombre de clics, pas bien compliqué, donc.

 

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