Dis moi ce que tu twittes, je te dirai qui tu es

Depuis 2 ans et demi, je fréquente twitter de façon plus ou moins assidue. En fait, pas tant que ça, je n’ai qu’un petit compte, je poste 4 ou 5 messages par jour. Et pourtant le média est fascinant d’un point de vue sociologique et sans doute psychologique.

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Pour les non pratiquants, j’explique : Twitter est un système de micro blogging en 140 caractères. Juste 140 caractères, un sms en fait 160 pour comparer. C’est court, bref, percutant, un véritable exercice de style. Et c’est là que c’est fascinant : voir quelle image les gens donnent d’eux. Veulent-ils passer pour des cultivés ? Ils donneront brièvement leur avis sur un livre, un film, un disque du genre « le livre de Mona Ozouf est époustouflant, je vous le conseille à tous ! » ou un « Avatar, techniquement réussi mais scénaristiquement raté ». De la même façon, on peut mettre en avant des choses plus prosaïques : sa vie sexuelle (« J’ai baisé toute la nuit, j’ai la
chatte en feu »), son côté allumeuse-ingénue (« Oups, je suis en jupe et j’ai oublié ma culotte ! »), sa vie de teufeur (« en direct du Showcase, je suis bourré ! ») ou sa vie absolument passionnante (« je mange des sushis krokro bons »). Bref, dis moi ce que tu twittes, je te dirai qui tu veux être (car ça peut grave se la raconter, comme partout).

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J’exagère ? Voyons voir : 140 caractères, faut faire bref, percutant, concis, légèrement provocateur en espérant générer du RT ou retweet (une reprise de votre message par des membres de vos réseaux pour une diffusion plus étendue). Ca ne vous rappelle rien ? Moi, je suis obligée de voir une analogie avec un slogan publicitaire. Et que vend un slogan ? Un produit. Sur twitter, nous sommes des produits marketings définis par une série de slogan mettant en avant une ou plusieurs de nos qualités.

 
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Petite analyse des tweets des copines :

Badhairdays (Vicky) : Look « premier rencard/je descends les poubelles » selon Grazia, 3364,50€ http://bit.ly/6YEwPA. Sous entendu, je ne suis pas une fashion victim, j’ai un regard critique et moquons nous ensemble de ce look. Elle a raison, au passage, ce look est atroce, on dirait que la fille a un vieux sac sur la tête. Mais quelque part, je suis rassurée : en ce moment, je me fringue totalement n’importe comment et finalement, je suis pile à la mode.

So Long : oh no ! ma petite sieste d’une heure a finalement duré 3h…. suis à la bourre dans mon boulot maintenant #fail . Sous entendu
je suis épuisée par mes révisions, mes études, c’est pas aussi facile qu’on ne le croit mais malgré tout, je reste studieuse puisque malgré mon retard, je ne baisse pas les bras.

Shesapinklady (Pink Lady) : Bon, je pourrais lever mes fesses et faire quelques courses quand même… Sous entendu je suis une fille comme les autres, quand il pleut, je n’ai pas envie de sortir. Peut aussi s’interpréter par je n’ai rien à dire mais comme je m’ennuie, je traîne quand même ici.

Miss Blabla ( Tatiana) : va acheter ses billets pour le bresil #selapetegrave . Sous entendu, je suis tellement contente de partir au Brésil que j’en parle et je fais passer ça sur le compte de la prétention alors que j’en peux juste plus d’attendre le départ.

Virgo blog ( Lil Virgo) : L’avantage du China bus: quand on le rate on peut se faire manucurer pour patienter… Sous entendu en attendant mon bus et pendant que je me fais manucurer, je vous fais partager ma vie américaine parce que je sais que vous aimez ça.

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Bon, comme j’analyse celui de mes copines, forcément, ils sont gentils et mes commentaires aussi mais certains sont gratinés. Mes préférés ? Les faux subversifs, ceux qui diffusent du contenu hautement discutable juste pour faire office de poil à gratter. C’est au début rigolo, à la fin assez navrant. A une époque, il y avait une fille qui tweetait dès qu’elle se faisait draguer (pas toutes les 2 mn non plus), on finissait par se dire : si elle se sent obligée de signaler à tout le monde que oui, elle se fait draguer, c’est qu’elle doit n’avoir aucune confiance en elle sur le plan de la séduction.


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Hé oui, à force de trop insister sur un point, ça finit par faire douter. Si une lessive avait comme slogan « la lessive la plus meilleure du monde et de l’univers, élue 4 fois meilleur produit de l’année dans 15 pays et qui  la ve plus blanc que blanc, plus noir que noir et que ton linge sent encore meilleur que l’air pur des Alpes », on va dire que c’est lourd, très lourd. Et que tant de qualités dans une même lessive, ça finit par être suspect.

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Du coup, Twitter nous aide à mettre le doigt direct sur certaines névroses. Pratique, non ?

15 réflexions sur “Dis moi ce que tu twittes, je te dirai qui tu es

  1. C’est gentil d’avoir retenu celui là… j’en ai des nettement moins glamour, et des nettement moins studieux.
    Et c’est gentil d’en faire une telle analyse, de mauvaises langues auraient pu voir dans cette petite sieste le signe d’un désintérêt total pour mes études. Heureusement que tu sais que ce n’est pas le cas 😉

  2. Je ne twitte pas des masses mais justement le coté MSN public m’agace un peu. Quand je vois tous les états par lesquels passent Vicky par exemple qui nous publie son quotidien à la minute ça ne me fait pas tripper. Pour autant un de mes potes était très heuruex il y a 15 jours que j’annonce avt tout le monde que Tiger était de retour sur le circuit. Mais à 3h près quel est l’interet ? il parait que le NY Times a crée un poste spécial pour gérer les infos de Twitter et des communautés on line. J’ai l’impression qu’on magnifie encore plus la culture de l’urgence et du sensationnel, que tout va trop vite. (c’était la pause Lucas est un vieux schnock, Vicky je t’aime la prochaine fois que je te vois je te fais un gros câlin rien que pour le plaisir de te serrer dans mes bras et d’avoir ton parfum qui plane dans ma vie 3 minutes)

  3. Je suis d’accord pour dire que tu as été gentille avec nous dans tes analyses! Pour le mien, j’aurais rajouté « twitté à une heure où tout le monde dort donc s’en fout » et un truc sur le vague préjugé racial dénoté dans le sarcasme (tous les chauffeurs de bus et tous les manucuristes sont asiates aux us). D’une manière générale, quand on twitte, y a tjs un espoir d’arriver à faire mouche, de faire un aphorisme, plus que de raconter une info de valeur parfois, et c’est vrai que c’est le stade ultime de la mise en scène de soi, c’est comme si on écrivait des didascalies à nos vies (c’est particulièrement vrai quand on lit le twitter de Vicky d’ailleurs! – qui me fait souvent marrer)

  4. fine analyste tu penses quoi de celui d’Obama:))Il s’y ait collé aussi pendant une visite présidentielle ça a fait le tour du monde Twitt pour toutes les bourses:p

  5. Interessant article,, j’ai essayé quelque fois après l’invitation d’un ami de me mettre sur twitter, je n’ai pas réussi, donc, j’ai laissé tombé, j’ai donc un compte qui ne sert à rien,

    Je trouve la dernière phrase de cet article un peu…radicale?

  6. Je pense qu’il y a vraiment 2 façons d’utiliser twitter. Comme une source d’information (être le premier à tweeter la mort de quelqu’un, genre 2 minutes avant les sites des quotidiens, c’est un fond de commerce comme un autre) ou comme micro-blogging, dans le sens extension du blog en 140 caractères. Ayant choisi la seconde option, je ne considère clairement pas que mon quotidien soit fascinant, mais j’aime l’exercice de concision que demande le résumé en 140 caractères d’une information absolument banale de la vie quotidienne. Je projette ma banalité, et je le revendique!
    Je projette aussi mon ignorance, mon dernier tweet étant « Aujourd’hui, j’ai lu 2 fois que je faisais des didascalies. J’ai vérifié sur Wikipedia que c’était pas une MST. »

  7. Cet article m’a beaucoup intéressée (moi qui ne suis pas adepte de Twitter). Je suis plutôt d’accord avec l’idée de slogan publicitaire.

  8. Moi je suis plutôt comme Vicky (que je lis et qui me fait aussi souvent rire) : y’a pas de ligne éditoriale et à aucun moment je ne prétends que mes twitts ont le moindre intérêt, je twitte beaucoup pour moi en fait, pour me défouler, dire ce que je ressens, souvent ça intéresse que moi…et pi le compte twitter permet aussi de lire les gens qui nous intéressent… 🙂

  9. Dans la série analyse des tweets, j’aimerais ton analyse sur : « J’ai des gros seins, j’ai pas besoin d’être romantique », le côté « allumeuse-ingénue » ? ;p

    Plus sérieusement, en tant que non pratiquant de twitter, hors des tweets liens pour partager une info, une vidéo ou un article de blog, j’ai une impression étrange vis à vis de ce service.

    Un sentiment de mise en scène de sa propre vie. Quand on sait que des centaines de personnes vont lire ce qu’on écrit (pour ne compter que les followers), ne se pose-t-on pas la question de la pertinence de l’information?

    Les personnes ici citées se demandent-elles à chaque tweet quelle est la motivation inconsciente qui les poussent à communiquer sur leur vie personnelle ?

    Je ne prétends pas avoir de réponse, d’autant que les motivations de chacun sont différentes.
    Vu de loin, ça donne cependant une impression de vie sociale artificielle, une sorte de remplissage d’un quotidien, empreint d’un narcissisme qui interroge.

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