C’’est la saison des marrons !

C’est l’automne, il pèle et les vendeurs de marrons chauds fleurissent aux quatre coins de Paris. Mais c’est pas du tout le sujet de l’article du jour. Pourtant, je me souviens quand j’étais petite, y avait un marronnier dans la cour de l’école et je rentrais chez moi avec mon sac plein de marrons parce que c’est joli, c’est tout lisse, c’est tout doux. Mais passons sur les marrons, parlons plutôt marronniers.

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Quand on est journaliste, on entend très vite ce mot mais qu’est-ce ? Pour ceux qui ne savent pas, j’explique : ce sont des sujets d’actu froide qu’on ressort chaque année à la même époque. Par exemple, les marronniers de Noël, on a les courses, les queues dans les magasins, quel type de sapin faut acheter, la dinde aux marron… niers ! (mouarfffff !). Je tiens à préciser que j’écris cet article alors que je suis totalement sobre. Je reprends. Donc, les marronniers, ce sont les sujets incontournables de l’année. Et mine de rien, c’est super pratique parce que ça vous remplit un journal en un rien de temps. Le nouvel an, les soldes, les vacances d’hiver, l’arrivée du printemps, Pâques, le bac, les vacances d’été, les crèmes solaires, la plage, le prix des resto au bord de la plage, les destinations à la mode, la rentrée, le mondial de l’auto, les feuilles qui tombent, les impôts et hop, Noël… Le marronnier des journalistes, c’est comme les sapins, y a toujours des feuilles dessus.

 

Quel que soit le média, on vous impose chaque année le même discours mais le pire, c’est qu’on réécrit les articles. Enfin, quand je dis on, je parle surtout des stagiaires, ce
que, à la limite, je peux comprendre. Non mais imaginez le journaliste qui fait chaque année le même sujet pendant 15 ans, y a de quoi devenir dingue. Là, j’entends déjà les objections : « vous n’avez pas qu’à changer de sujets ! ». Pas faux. C’est vrai qu’on voit tellement les mêmes reportages chaque année que si on remontait les images des années précédentes, personne ne s’en rendrait compte. Ouais, l’image des bonnes femmes rentrant en courant aux Galeries Lafayette, c’est rigolo (ou pitoyable, au choix), on peut faire un reportage d’1mn 30, voire même 2 mn ! Sur un journal de 20 minutes, ça laisse songeur…Mais bon, comment couvrir les soldes autrement ? On peut multiplier les angles mais vu qu’on les fait tous en même temps chaque année, l’année suivante, on est obligé de recommencer l’exercice. Mais le pire, c’est que les téléspectateurs/lecteurs ne s’en plaignent même pas ! Par exemple, chaque année, dans les magazines féminins, le grand classique du printemps : « perdez 3 kg avant l’été ». Et paf, chaque année, ça marche du tonnerre ! Bon, il est vrai qu’on nous propose chaque fois un régime différent selon la mode. Mais bon, si le régime de l’année précédente a marché, pourquoi en essayer un nouveau ?

 

Après, il y a les marronniers que l’on peut ressortir quand on a un trou dans l’actu, genre les petites astuces quotidiennes pour économiser l’électricité, la protection de
l’environnement, la sécurité routière et puis tout ça. Enfin, tout ce que l’on trouve dans le sommaire de Capital ou Zone interdite… Ah, j’ai oublié la jet set, aussi, ça marche d’enfer, ça ! Ca, c’est le genre de sujets super pratique. Petite mise en situation : je prépare un reportage sur le port de la ceinture par les Français. Mais le jour de sa diffusion, une guerre éclate donc on a pas la place pour mon petit reportage. Deux mois plus tard, y a plus rien à dire sur la guerre et il faut combler les vides… Et ben, on va ressortir mon truc sur la ceinture ! Dans un journal, ça passera sans problème. A la télé, on fera attention à couper les plans où on voit de la neige parce que de la neige en avril, c’est assez rare, et le tour est joué ! Intemporel, on vous dit.

 

Evidemment, ça pose la question de la qualité de l’information. On le sait que c’est Noël, c’est pas la peine de nous montrer les gens en train d’acheter les cadeaux, on y est
allés dans la journée et on a bien vu la cohue ! D’ailleurs, j’ouvre une parenthèse : vendredi dans mon supermarché, il vendait déjà des chocolats de Noël, ça m’a super déprimée. Fin de la parenthèse. C’est comme le sempiternel reportage sur le plus jeune candidat au bac et le plus vieux. Ouais super, une gamine de 13 ans qui passe le bac, c’est… heu… non, on s’en fout. Y en a un(e) chaque année ! Mais c’est tellement facile à faire et ça permet de finir le journal sur une note de bonne humeur et de futilité. Après, vous pouvez partir bosser le cœur léger ou préparer la sieste que vous ferez immanquablement devant Derrick ou les Feux de l’Amour. Quoi que ces deux séries ont un générique hyper stressant qui vous réveillent à la fin de l’épisode… Evidemment, ce serait mieux de terminer le journal par une petite note culturelle, parler d’une expo, d’un livre ou d’un film. Mais les journalistes prennent un peu les gens pour des cons : la culture, ils s’en foutent, ils préfèrent voir les gens se battre pour un T-shirt en solde, c’est plus marrant. En cas d’actu pauvre, on peut même vous en faire tout une série de reportages pour tout remplir. Ben ouais, c’est pas notre faute s’il n’y a pas toujours des guerres ou des coupes du monde. En plus, maintenant que la France se met à perdre contre l’Ecosse, ça va être dur de s’extasier pendant 20 minutes sur la formidaaaaaaaaaaable équipe de France.

 

Mais bon, faire un JT de 20 mn ou remplir un journal, c’est pas tous les jours faciles non plus et les marronniers, au fond, on les aime bien. Enfin, surtout les stagiaires, ça
leur donne du boulot. Ils attendront un vrai poste pour traiter des vrais sujets.

19 réflexions sur “C’’est la saison des marrons !

  1. bon c’est bien d’être prem’s( ca m’arrive jamais) mais ca sert a rien si on a rien a dire…
    alors paraissons intelligente…euhhh …arf non? bon bah tant pis alors…

    ah si quelque chose à dire! Je détesteeeeeuh que les guirlandes de noel sont accrochées dnas les rues debut novenbre et retirées fin janvier… ca fait quand meme trois mois par an d »esprit de noel » et ca ca me gonfle quand meme serieux!
    pour rattacher a ton article en prime on a le droit a la fabrication des chocolats et aux coursex de noels pendant 3 mois aussi ce qui fait que au final tu es tellement condissionné par « noel » que t’as bouffé des chocolats et marrons(!) pendant un quart de l’année quand même! ( et pris 5 kg au passage)
    alors je comprends que ca aide les journalistes en panne d’inspiration, ou les stagiaires pour débuter mais c’est pas eux qui vont devoir perdre les 5kg pour ressembler à la fille du magazine « perdre 3kg avant l’été »!!!
    voila c’était la reflexion philosôphique du Week End! 😉

  2. « …Enfin, surtout les stagiaires, ça leur donne du boulot. Ils attendront un vrai poste pour traiter des vrais sujets »

    malheureusement parfois ca n’arrive pas… et selon les redactions, que tu sois ‘titularisé(e)’ ou non, tu te tappes le rewriting de marronniers…C parfois bien déprimant comme job

  3. Ben écoute je m’y connais pas trop coté marronier chez les journalistes mais moi j’adore cette periode de 3 mois pré Noël, je sais pas je trouve que ca egaie l’hiver, c’est quand meme plus joyeux qu’un mois de janvier cafardeux non? j’adore les villes illuminés et avoir des chocolats pleins la maison qui de toutes maniere vont me faire l’année, il m’en reste encore de noel dernier c’est pour dire…J’ADORE NOEL!! et je suis ravie que ca dure 4 mois!!

  4. Une belle bande de branleurs ces journalistes ! Enfin la faute à ceux qui les dirigent et à la course à l’audience (qui comme chacun sait reflète la qualité d’un programme, autant passé un porno à midi sur tf1, il va y en avoir de l’audience).
    Super Nina enfile ton Super Sourif’ pour changer le monde ?

  5. Moi j’adore l’idée des marronniers: soulant et indispensable… Imaginez des magazines féminins et des JT sans les sus mentionnés….OoOoOoOoO Toc toc y a kelk1… c’est pt etre pour ça en fait que j’suis pas + les féminins,que les JT en fait mais je suis sure qu’on peut dépoussierer le genre en parlant par exemple des kilos perdus du pere noel en aout en vacances en floride, croisé a dysneyworld avec ariel la petite sirene qui a fait des infidelites a tom hanks apres avoir contaminé une centrale nucleaire et envoyer les dechets pour retraitement en Inde… Comment ça je m’egare? Dois etre mon syndrome du marronnier!! 😉

  6. Juste pour dire que je ne peux laisser dévaloriser les programmes télévisuels de la sorte : Derrick et les FdA n’ont pas un générique agressif. Non madâââme !!!
    Et on ne fait pas la sieste devant : soit on bénéficie des apports de dialogues hors-norme (les FdA, j’ai fait un billet dessus hier…) soit on trépide, on bout d’impatience en attendant un dénouement des plus inattendus (Derrick).

  7. voilà le genre de sujets qui me font zapper systématiquement, voire même ne plus regarder les JT. Le pire c’est le mélange des genres parfois: à Noël les magasins dégueulant de victuailles de luxe, suivi en fin de journal d’un « surtout si vous apercevez une personne en difficulté dans la rue, composez le 115″…Remarquez c’est sans doute mieux que de l’ignorer totalement, mais bon on se sent tous coupables.

  8. Ces sujets qui reviennent sans cesse sont vraiment gonflants et quand en plus il y a le commentaire débile de Perno, c’est le bouquet.

    en fait, si tu prend de la hauteur, tu pourrais meme trouver des marrons tout le temps. En effet, aux infos, on a tj droit au cataclysme naturel, une guerre ici et là, une manif, une élection, un drame etc…

    Une petite critique envers tes collegues: pourquoi autant de journalistes et de médias n’ont visiblement pas l’esprit du journaliste, à savoir la curiosité, l’envie d’aller au-delà des choses communes. Exemple: l’image de la roumanie. un pays que j’adore et dont les médias en france traitent tj de la meme facon: roms, tziganes etc…Alors que c’est un pays formidable et dont les habitants sont bien plus ouverts que les francais. Mais non les médias ne vont pas au-delà, c’est dingue!

  9. JHa je connais l’explication, l’audimat c’est bien le gros probléme…Un sujet morbide et glauque fait bien plus vendre qu’un rereportage sur la beauté par exemple du Delat du Danube. D’où des sujets recurrents qui ne représentent pas la réalité. Peut-on appeller ca du journalisme?
    Avec la future adhésion de ce pays, les journeaux présentent plus de reportages sur le pays mais toujours sous le meme angle: pauvreté éco, difficulté de la vie quand ils ne parlent pas encore des orphelins et autres.Perso je trouve ca hyper enervant. Je me demande s’ils se rendent compte de leur vision réductrice, pas sûr!

    N*Nina, ne le prend pas trop mal car là je critique ta profession. Moi-même, je pige parfois pour des mags, mais bon c’est vraiment un côté qui parfois m’enerve!

    bonne jiurnée à toi!

  10. HLa Bulgaire, j’y suis allé plussieurs fois, sympa aussi mais assez différent de la Roumanie dans la mentalité et puis c’est bq moins vivant et beau que la Roumanie (je sais j’insiste:-)

    Elle est où cette expo? Par curiosité, tu viens de quelle école de journalisme?

    bonne soirée à toi!

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