On avait dit « pas le physique » !

Par Enzo

Ecoeurant. C’est le mot qui me vient à la lecture de certains articles et déclarations à propos de l’affaire DSK en cours (je doute avoir besoin de faire une introduction informative sur le sujet). Au delà du doute que l’on peut appliquer à toute chose (Descartes mon amour), au dela de la solidarité que l’on peut témoigner envers un proche accusé (l’irrépressible « mais il était si gentil ! » des proches de tueurs en série), il y a des termes, des manières qui sont écoeurantes.
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Et qui découlent de préjugés inaceptables. Les avocats se seraient permis de dire avoir été étonnés de rencontrer une plaignante « très peu jolie ». La beauté serait donc une donnée explicative, justificative de viol ? Passons, après tout ce sont ses avocats qui tentent de discréditer la plainte. Mais cet aspect est parfois repris en sous-entendu dans certains articles qui mentionnent des informations capitales : un témoin a témoigné, la plaignante a « des gros seins et des belles fesses ». De nombreux autres témoignages font acte de la beauté de la victime (si vous êtes pointilleux, « présumée » est sous-entendu et à rajouter après le mot victime tout le long de cet article). Par contre on ne parle pas du physique de l’agresseur.  Apparemment on a le droit de prendre le physique comme angle de compréhension (pour ne pas dire d’attaque), pourquoi ne pas y aller gaiement ? Un homme de 62 ans (donc vieux, au moins par rapport à la victime qui fait environ deux fois moins), gros (il n’est pas comme Arnold Schwarzenegger alors qu’il est plus jeune), moche (il n’est pas comme Harrison Ford ou Tom Selleck alors qu’il est plus jeune), accusé de viol par une séduisante jeune femme de 32 ans. Si certains sous-entendent que la beauté de la plaignante a le moindre intérêt dans l’affaire, alors l’inverse également. Quel est le plus probable ? La plaignante totalement attiré par son ventre adipeux, ses rides et ses cheveux blancs, vexée de ne pas avoir droit
à tout un après-midi d’amour car il a un déjeuner important ou un vieux libidineux qui a dû mater trop de porno pour confondre ses désirs avec la réalité ?
Mais les probabilités ne font pas la vérité. Malgré tout ce qu’on pourra conjecturer dans un sens ou dans l’autre, on aura pour l’instant affaire à un chat de Schrodinger, soit vivant soit mort tant qu’on ne l’aura pas sorti de la boite. Malgré ceux qui assureront que le chat est vivant parce qu’il était gentil, malgré ceux qui affirmeront que le chat est sûrement mort parce qu’il avait déjà fait des conneries (et donc tapera dans la fiole de poison), on ne peut toujours pas se prononcer, alors à quoi bon prendre le risque d’être ridicule ensuite ?
Pour conclure, la palme à l’un de ses proches qui pense semer un doute en avançant l’argument suivant (je résume) : « son aventure précédente (connue) était une blonde mince, là c’est une afro-américaine plantureuse ». Mais c’est bien sûr ! Ca ne peut pas être lui, ce n’est pas son type de femmes, il ne peut physiquement pas être attiré par d’autres femmes, c’est bio-logique ! D’ailleurs les médias rapportent mal les propos de certains, ce n’est pas un homme « qui aime les femmes » (sic), c’est un homme « qui n’aime que les femmes blondes » ! Comme sa femme donc. Ah non ?

6 réflexions sur “On avait dit « pas le physique » !

  1. Très bon article, c’est vrai que pas mal de choses abjectes ont été dites sur ce sujet. Je rajouterai cette phrase d’un journaliste, entendue hier soir sur itélé : « il faut se poser la question de savoir quel est le statut de la femme de chambre. Elle est Guinéenne, que fait elle à New york? Elle vit dans un immeuble pour séropositifs, alors que les avocats la font passer pour une personne irréprochable… »Sans commentaires…

  2. Et si c’était un complot pour destituer DSK ! Et si, on offre à la servante quelques millions pour disparaître en disant qu’il s’agit d’une erreur d’interprétation : elle n’a jamais été violentée. Et si l’affreux criminel se retrouve derrière les barreaux, pendant que des milliers d’hommes continuent de bafouer les droits fondamentaux des femmes, à quoi cela va-t-il vraiment servir ?

    Je pari que les avocats (qui s’en mettent plein les poches) font offrir à la demoiselle une large compensation pour qu’elle laisse tomber ses accusations. DSK a déjà avancé 6 millions pour sa liberté : 4 millions pour la demoiselle et 2 pour les avocats. Suivant.

  3. J’avoue que le déballage de ces arguments pourris n’est pas des plus ragoutant…C’est même flippant sur le devenir du journalisme et plus généralement, de la société.
    Ceci étant, la jeune femme que je suis trouve Mr DSK plein de charme malgré son âge et son embonpoint.

  4. La mise-au point de Lilith est bien venue. L’age ne préoccupe qu’une petite moitié des jeunes femmes. Les rides burinent un visage, vont bien avec un statut d’homme de pouvoir, et beaucoup de femmes sont séduites par le chef de meute. Un homme arrivé-et c’est bien peu dire que celui-là est « arrivé »-est sûr de lui et ça aussi est séduisant. Si en plus il est charmeur… Non, je trouve l’argumentation orientée et spécieuse, et comme souvent, pour le plaisir de condamner et de juger autrui, on piétine la présomption d’innocence, pourtant évidente dans les accusations de viol.

  5. Antoine, Enzo se moque ici de l’argument premier de la défense qui avait été de dire que la présumée victime n’était pas attirante, tout simplement. Ce qui n’est pas un argument, donc.

    Ceci étant, perso, DSK ne m’attire pas du tout, il me met plutôt mal à l’aise

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