Les vingtenaires n’existent pas

Début du mois d’octobre, je vais chez mon marchand de journaux glaner les titres du mois. Au menu, notamment, Technikart, ze magazine de référence de bobo qui se la pète. Je suis pas une bobo qui se la pète mais j’aime bien faire genre. La preuve : je roule même pas en Velib, je prends le métro. Ceci étant, vu mon sens de l’orientation, aller au taf en Velib, c’est la garantie de ne jamais y arriver ou alors très tard. 

Mais je m’égare, pour changer. Donc Technikart, en couverture, un petit con de 15 ans en costard, le dossier du mois ? Les ados tâclent les trentenaires, du genre « poussez vous les vieux, on arrive ». Et comme d’hab, qui a disparu du tableau ? Nous, les vingtenaires. Et bordel, ça me gonfle ! Parce que si les ados veulent piquer la place des trentenaires, les « vieux », nous, on fait quoi ? Personne ne veut piquer nos places, c’est déjà ça, mais peut-être aussi parce que nos places ne font pas envie. Ou alors, la vingtaine, c’est un âge où on est occupé à faire des études et à trouver un job donc bon, qui aurait envie de ça hein ? Ben, ça fait peut-être pas envie mais va falloir en passer par là, messieurs les ados, il ne suffit pas d’écrire un roman pour passer directement de la vie d’ado chez maman à celle de trentenaire épanoui. 

Je n’aime pas l’idée de conflit entre les générations, dès le départ. Je suis vingtenaire parce que je suis née en 80, ce n’est pas pour autant que je crache sur ceux dont l’âge commence par 1 ou 3, ça n’a aucune importance à mes yeux. Le 06 avril 2010, je passerai trentenaire, est-ce que cette date symbolique changera ma vie ? Est-ce qu’à partir de là, j’aurai le droit de dire du mal de la génération post soixante-huitarde « qui a tout pris et ne nous a rien laissé » ? Je crois pas, non. La seule différence, c’est que ce jour là, je passerai dans la catégorie des « trentenaires », celle qui a apparemment toute légitimité à ouvrir sa gueule, contrairement à nous, les vingtenaires. Je l’ai déjà dit sur ce blog à plusieurs reprises, notamment dans l’édito, mais j’ai l’impression que les médias ne s’intéressent pas à ce que nous avons à dire. Les ados, ça intéresse, forcément. C’est l’âge de la rébellion, de la formation de l’identité et, apparemment, les ados consomment beaucoup les artistes qu’on leur impose. Achète Star Ac, Nouvelle Star ou Popstar, achète  du rap, de l’émo rock, du métal, selon ta tendance. Achète des fringues, va voir ce film « de toute une génération avant même sa sortie ».
Ce sont tes parents qui payent, tout va bien. Pareil pour les trentenaires : hé, vous êtes posés dans la vie, vous avez un salaire et peut être même une famille, achète chez nous, achète chez nous ! Alors que les vingtenaires, étudiants, chômeurs ou jeunes travailleurs, t’as pas de tune et tes parents ne te paient plus rien parce que t’es grand alors on va pas te parler, tu consommes pas. Oui, moi, par exemple, je ne vais jamais dans aucune boutique, je n’écoute pas de musique, je ne regarde aucun film, je ne mange même pas. Bien sûr, et mon cul, c’est du poulet ? Ce n’est pas parce qu’on est une génération qui, sur le papier, consomme moins qu’il faut toujours nous oublier. 

Quand je regarde ma (courte) vie, je me rends compte que j’ai vécu 100 000 fois plus de trucs en étant vingtenaire qu’en étant teens. D’ailleurs, ma crise de rebellitude alcoolique, je l’ai vécue à 25 ans. Exception ? Pas si sûr, j’en connais pas mal dans ce cas mais c’est logique quelque part : ado, je vivais sagement chez mes parents dans ma petite ville de province, ne pensant pas à faire de conneries. Une fois partie dans la grand’ville faire mes études, je découvrais une nouvelle liberté que je ne goûtais pas immédiatement, me
retrouvant vite en couple option « les soirées pantoufles, c’est mieux que les soirées défonce ». Après, j’ai déconné, je suppose que c’est un passager un peu obligé même si ma rebellitude a vite trouvé ses limites et elles n’étaient pas bien loin. Dans ma vingtaine, j’ai vécu le célibat sage, le célibat survolté, des aventures éphémères, une vraie relation de couple. Dans ma vingtaine, j’ai déménagé, quitté ma région d’origine pour la capitale pour ma carrière. Dans ma vingtaine, j’ai connu la fin des études, le chômage, mes premiers emplois. Dans ma vingtaine, j’ai crée un blog et ça fait 2 ans et demi que je trouve quotidiennement quelque chose à dire. 

Et après, on voudrait me faire croire que ma décennie n’est pas intéressante ? On croit rêver !

17 réflexions sur “Les vingtenaires n’existent pas

  1. Et c’est quand je te lis que je vois à quel point je peux être naïve parfois… Jamais je n’avais fait le rapprochement entre la génération et la consommation. Ouais j’suis un peu conne parfois.
    Mais d’un autre côté, est-ce si mauvais que « personne ne s’intéresse aux vingtenaires » ? Parce que quand même, pour vivre heureux vivons cachés. Le fait qu’on ne nous passe pas au crible des psy en tout genre, des sociopathes (euh pardon, sociologues) et autre chargés marketing, ça nous permet quand même de faire exactement ce qu’on veut, dans la mesure que l’on veut, comme on l’entend.
    La vingtaine est probablement la période de notre vie où on se construit le plus, et pour le plus longtemps. Alors pouvoir le faire en s’affranchissant des codes et autres convenances « générationnelles », dictées bien souvent par les médias et autres chercheur de tendance, ça n’a pas de prix. Parce qu’un vingtenaire commence à découvrir la véritable indépendance, le véritable goût des choses… et il le fait seul, sans béquille (ou presque) et sans entrave (ou presque).
    On se forge notre culture, on commence à entrevoir une parcelle de notre avenir, on est encore suffisamment proche de l’enfance pour rester insouciant et suffisamment adulte pour ne pas être attardés, il n’y a pas de crise de la vingtaine, peut-être parce que, justement, personne ne se penche sur notre tranche d’âge. Depuis que les trentenaires sont « à la mode » on parle d’une crise de la trentaine, on a la crise d’ado, la crise de la quarantaine,… Mais comme les psy se fouttent un peu de ce qui nous arrive, on échappe à tout ça. C’est la décennie de l’insouciance rationnalisée, et de la raison gaie… Et je pense que c’est quand même ce qu’il y a de plus précieux pour notre génération.

    La bohème, ça voulait dire, on a 20 ans… 😉

  2. mince nina se rebelle ! bah moi qui suis ado, quelque part j’avais hâte d’arriver à la vingtaine car il y a pleins de choses qui te sont défendu tu sais comme la chanson de dutronc (je crois) fais pas ci fais pas ça. le fait que tu sois trop jeune ne te donne le droit que de jouer au légo… au voiture… à la barbie (pour les filles) et bah moi je voulais jouer aussi à la barbie comme les grands comme les vingtenaires. mais j’ai vite déchanté. les grands ont vite fait de te renvoyer dans ta cour de récré… tu es trop jeune pour penser à ça et puis tu ne connais rien de la vie… bah oui je la découvre !
    tu dois bien travailler à l’école pour avoir un bon métier et gagner plein d’argent pour plus tard… piououou !! bon sur se point ils ont raison. si tu veux t’épanouir il te faut avoir un travail qui te plait et qui rapporte gros mais n’est-ce pas leur égo qui les font agir ainsi ? si on rate un examen c’est la cata pour nos parents surtout. en fait les adultes veulent nous voir grandir mais doucement. ils nous façonnent selon leur goût, selon leur orgueil et tant pis si on aime ou pas. tu te révoltes ? « vas dans ta chambre et réflèchi « (jusqu’à se que tu raisonnes comme nous) le « petit » devient grand et j’ai l’impression qu’ils prennent une claque lorsqu’ils s’en aperçoivent.
    moi c’est la curiosité qui me fait grandir mais quand j’ai vu sur orangeblog le comportement des adultes j’ai eu très peur… beaucoup m’ont choqué. les adultes se sentent supérieurs aux autres. ils ont toujours raison même dans la stupidité et ils en rajoutent pour se convaincre eux même je présume. ils sont pingres : un sou c’est un sou mais ils n’hésitent pas à en dépenser pour des choses futiles ! cela leur viendrait même pas à l’idée de passer par le web ! quelque fois je me demande ou est leur intelligence. je suis amusé et à la fois outré de leurs débats houleuses… et puis leur proposer des animations, c’est comme donner du caviar aux cochons. se n’est jamais bien… et se ne sera jamais bien. leur orgueil, leur égo le leur dicte… se sera toujours non, non et non… l’anim d’orangeblog a bien du courage et de la patience parce que s’en prendre plein la face tous les jours comme cela il faut vraiment toutes ses qualités et du courage. il ne démérite pas son salaire. enfin tout cela pour dire que j’avoue qu’en ayant vu cela j’ai régressé. si c’est pour devenir aussi stupide, aussi méchant je préfère rester un ado qui joue avec de vraie barbie et me tenir loin d’eux !

  3. Bien parlé! 😉 Tantôt on ne parle pas des vingtenaires, tantôt on nous met dans cette catégorie fourre-tout qu’est les 15-30 ans, et d’ailleurs on ne sintéresse qu’aux extrémités de cette catégorie. Parfois, on nous colle le surnom d’ « adulescents » (18-24 ans), ou encore « kidults », ces êtres bizarres, qui ne sont plus vraiment des gamins, mais pas encore de vrais adultes. Quoiqu’on pourrait longuement s’interroger sur la pertinence d’un tel découpage générationnel, surtout avec le phénomène des « ados » qui semblent repousser leur crise d’adolescence (si crise il y a, encore une chose que les médias semblent oublier, tout le monde ne fait pas de crise, heureusement qu’il y a Marcel Rufo pour en parler), sans parler des jeunes trentenaires qui se replongent dans la douce quiétude de leur enfance en allant se trémousser sur du Chantal Goya dans les soirées Gloubiboulga…

  4. Merci Nina, ça m’a presque ému.

    Vivant un peu dans mon coin, je ne m’étais jamais vraiment rendu compte que finalement on n’avait que peu d’importance pour certaines catégories de personnes. Par contre on peut en draguer d’autres, et qui sont tout à fait d’accord… les employeurs qui veulent des travailleurs efficaces à bas coût. Alors pourquoi on nous zappe ? Parce qu’on nous entend moins, parce qu’on bosse, parce qu’on se bouge pour trouver du taf quand on n’en a pas encore, parce qu’on déménage, et parce qu’on vit.

    Encore merci Nina pour cet article, et merci de communiquer pour notre tranche d’âge.

    hi

  5. Depuis cet ete et mon entree dans ma 28eme annee, je me dis merde, deja 30 … fais chier ! Prenant d’un coup 3 ans de plus !
    Alors je te dis merci Nina, car je n’ai plus envie de rentrer dans cette categorie des trentenaires et j’ai justement 3 ans pour faire tout ce qu’un bon vingtenaire a la possibilite et le devoir de.
    A plousche !

  6. Sans vouloir f……. la m….., désolée, Nina, mais pour moi tu es une trentenaire. Les « vingtenaires », comme tu les appelle, non, n’existent pas; ce sont soit des post-ados, nostalgiques prolongeant leurs « teen-années » (souviens-toi, il n’y a pas si longtemps, tu passais ton temps à te déchirer dans les soirées…jusqu’à 25 ans dis-tu?), soit des trentenaires (ils ont trouvé un boulot, se calment, consomment un peu plus (ou commencent à vouloir un enfant, un appart’ plus grand, c’est selon…); le vingtenaire, c’est un no man’s land entre des catégories mieux définies, ou en tout cas plus facilement étiquettables. Tu es en train de passer le cap, à mon sens. Moi j’ai 29 ans, c’est bon j’assume, je suis trentenaire, c’est clair; crois-tu vraiment que les publicitaires lâcheraient une tranche d’âge, même pauvre? Les « vingtenaires » consomment, soit comme les ados, soit comme les trentenaires… tout dépend de leur degré de maturation… là où c’est cool, c’est que le boulot que tu as trouvé tu l’as en toute légitimité « piqué » à un vieux, sans rayer le parquet, et aucun ado attardé ne viendra te le prendre (puisque tu es jeune). Je pense que ce qu’il y a de bien dans le fait d’être vingtenaire, c’est que l’on peut être un ado quand ça nous arrange, un adulte quand on le veut bien; après tout, si on nous laisse dans ce flou artistique, pourquoi ne pas en profiter???

  7. Tiens tiens, je connaissais le terme enfulte mais ni adulescents ni kidults… interessant… a part ca, pourquoi vouloir a tout prix s’autocataloguer dans une tranche d’age ?? je trouve que ca fais vachement « moutons retourne dans ton enclos » !! Finalement c’est quoi une tranche d’age ? Un regroupement de personnes classés par ordre chronologique, mais a part ca. Pour moi l’age n’est qu’un chiffre… l’important c’est ce qu’il se passe dans nos tetes. Je ne vois pas pourquoi a 19 ans t’es incompris mais a 20 tout s’eclairssirai d’un coup !! pourquoi a 29 ans t’es ingnoré et pof, a 30 tout le monde s’interesse a toi. Naaan restons eveillé qu’est ce qui nous empeche a 30 ans de regarder la starAc… euuuuh non mauvais exemple… mais qu’est ce qui nous empeche a 30 ans d’etre chiant comme pas permis ? qu’est ce qui nous empeche a 15ans d’avoir les pied sur terre et de penser a demain ? Il faut vivre sa vie comme on l’entend mais pas aveuglement.

  8. Les trentenaires, ces gens trop jeunes pour être vieux et trop vieux pour être jeunes…

    Tous ces découpages par tranches d’âges ne sont que foutaise.

    Chez les hommes, l’adolescence se prolonge parfois jusqu’à trente, voire plus! Et je sais de quoi je cause…

  9. MMmmmhhh..disons que sur ce point là, je pencherais davantage en faveur de ce que nous dit julien, à savoir que le principe du découpage par tranche d’âge reste quand même bien subjectif, et parfois pas significatif du tout. A mon sens, tout dépend de ce à quoi l’on vise. Si l’on cause de développement personnel, de maturité et de façon de vivre, alors oui je pense que ça veut pas dire grand chose, parce que y’en a qui attendent pas d’avoir 20 ou 30 piges pour entrer dans la vie et mûrir, et pis bien sûr, y’en a qui on pas compris le principe d’évolution et de maturité et qui se complaisent dans la stagnation adolescente (ce qui est pas vraiment à mon avis et par expérience l’âge le plus intéressant de la vie….en gros, l’âge où on croit tout savoir en ne savant absolument RIEN), voire carrément la régression.
    Et puis après, il y a la conception de génération en tant que gens qui ont vécu à la même époque et qui partagent une même culture (>>phénomène gloubi boulga, ou pour les plus vieux, le super festival retour des yéyés qui a eu un succès énorme et auquel des milliers de 50/60 tenaires se sont précipités et ont chanté en coeur avec frank adamo et que sais je encore). Bref, le fait d’avoir la même culture et de partager des références communes, voire une éducation (qui évolue aussi avec les époques) sur les mêmes principes, bah ça risque plus de rapprocher que de juste partager le même âge.
    Enfin c »‘est un aspect de la chose hein, faudrait pas voir à généraliser non plus, mais de en tous les cas, le fait de placer les « vingtenaires » comme une génération transitionnelle entre l’adolescence et la maturité, c’est un peu con car ça impliquerait que la maturité est un but en soi et que cet âge là, cette trentaine, a plus d’importance dans la vie d’un homme que sa vingtaine. Alors que l’apprentissage, au contraire, c’est passionnant, et fait partie intégrante d’une vie d’homme au même titre que d’autres expériences. Un homme, ça EVOLUE, ça passe pas de tranche en tranche.

  10. Pour répondre à ce dernier passage publié par Diane: « Enfin c »‘est un aspect de la chose hein, faudrait pas voir à généraliser non plus, mais de en tous les cas, le fait de placer les « vingtenaires » comme une génération transitionnelle entre l’adolescence et la maturité, c’est un peu con car ça impliquerait que la maturité est un but en soi et que cet âge là, cette trentaine, a plus d’importance dans la vie d’un homme que sa vingtaine »
    Non, ceci n’implique pas cela, ton raisonnement n’est pas fondé… et qui dit « transition » dit « évolution »; en ce qui concerne les tranches, c’est de la vulgarisation, ça aide à faire les statistiques, voilà tout (et à cibler les consommateurs potentiels).sinon, l’apprentissage, oui, bien sûr c’est essentiel, mais personne n’a dit le contraire, hein?
    Je n’apprécie pas tellement qu’o dise que ce que j’ai dit est con, j’aimerais qu’on réfléchisse avant de prononcer ce genre de termes…
    Sinon, le participe présent de « savoir » c’est « sachant », pas « savant »; c’était fait exprès ça?

  11. Gnnééé???
    euhhh déja, ce n’était pas du tout une réaction à ton commentaire, mais à l’article de nina et au commentaire de julien, et ensuite comme je l’ai dit au début de mon article, il s’agit ici de donner son point de vue sur une sujet, ce pourquoi j’ai utilisé des termes comme « à mon sens » et « je pense » et « je pencherais en faveur de ». Après, je n’ai pas mis un « je trouve ça » devant le mot con, ça ne signifie pas automatiquement que je m’élève en rempart devant TON point de vue à toi personnellement, mais que je donne le mien, ce qui me semble un peu le principe de ces commentaires.
    Par contre, en ce qui concerne le « savant », je me cache sous le paillasson, honte sur moi jusqu’à la 15ème génération, d’ailleurs je pense que un démon de la grammaire me possédaient à ce moment là, je ne vois pas d’autre explication…

  12. RHHAAA après relecture, ils ont rebelloté! C’est LES démons de la grammaire, qui possédaiENT mon esprit hein, y zétaiENT plusieurs, hein… (pitin y’a pas assez de place sous ce paillasson…)

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