C’est quand qu’on est adulte, dis ?

Il y a quelques temps, une personne que je connais vaguement me demandait ce que je faisais de ma vie, si j’étais toujours en recherche de stage donc je lui réponds fièrement : « non, maintenant, j’ai du vrai boulot, je suis une grande ! ». Là, taquin, il me répond : « tu crois être grande grâce à ton boulot ? ». Un
truc du genre. C’est vrai après tout, c’est quand qu’on est adulte ? Ou plutôt qu’est-ce qui fait qu’on l’est.

J’observe, je lis, je vois. Je fréquente des gens de tous les âges de façon plus ou moins proche. Dans la girlie team, je suis la plus vieille mais je ne sens pas la
différence, c’est juste des chiffres. Des fois, je parle à des gens plus âgés et je les trouve stupides et immatures. Parfois, je parle à des gens beaucoup plus jeunes et je ne me dis à aucun moment « il/elle est jeune, ça va lui passer ». Par exemple, miss So Long, j’oublie tout le temps qu’on a 5 ans d’écart. Mais au fond, qu’est-ce qui fait de nous quelqu’un de mature et d’immature ? Est-on même 100% l’un ou l’autre ? Ne peut-on pas être matures sur certains points et immatures sur d’autres ?

Ado, pour moi, être adulte, c’était le tryptique boulot-mari-gosse. Bon aujourd’hui, c’est plus le tryptique boulot-je vis seule-je paie mes factures sans l’aide de papa maman. Ouais, c’est vrai que l’indépendance financière a été un grand pas en avant mais étais-je immature jusque là ? Je gérais déjà mon budget, quand même, j’étais juste dépendante. Est-ce que le fait de trouver du boulot a changé ma façon de vivre, de penser ? Bon, je me lève plus tôt, j’ai une activité, j’ai une définition supplémentaire ou une nouvelle définition. Avant,
j’étais Nina, chercheuse d’emploi, maintenant, je suis Nina, responsable de communauté. Mais ai-je vraiment changé ? Je ne sais pas trop, j’ai pas l’impression que ça a modifié ma façon de voir le monde. Par rapport à ma propre image, oui, j’ai l’impression d’être plus utile, de servir à quelque chose dans la société mais après…

Ensuite, revenons en aux deux parties de mon tryptique qui me manquent, le mari et les enfants. Bon, la maternité me branche pas à l’heure actuelle, ça viendra plus tard,  quand je me sentirai stabilisée quelque part. Là, je suis encore entre deux, notamment deux appartements. Je supporte plus l’endroit où je vis, j’y ai passé trop de temps quand j’étais au chômage donc j’ai besoin de poser mes valises ailleurs. Logique. C’est un peu le dernier échelon de ma stabilité, on dira. La dernière page du livre à tourner. A partir de là, tout se placera. Mais est-ce que ça veut dire que je suis pas une adulte complète pour le moment ? Je sais pas. Evidemment, la seule personne dont j’ai la charge, c’est Kenya. En gros, ça consiste à lui changer sa litière et lui remplir sa gamelle (tiens, elle est sortie de son anorexie, qu’est-ce qu’elle bouffe en ce moment). Lui faire des câlins aussi et lui parler quand je suis là pour pas qu’elle
déprime. Oui, je suis trop très attentive à la santé mentale de mon chat ! Ne serai-je adulte que le jour où mon ventre recevra la vie ? Ca veut dire que si j’ai jamais d’enfants, je ne serai jamais adulte ?

Que de questions dans le vide. Et moi, je me demande, sommes nous vraiment un jour adulte ? Est-ce que ça veut vraiment dire quelque chose si on sort ce mot de son contexte biologique ? L’autre jour, je lisais un blog d’un bloggeur que je qualifie volontiers d’intelligent et « d’adulte », puisqu’on parle de ça. Dans ses commentaires, ça vire à la dispute, un truc étrange. Chez mes bloggeurs, je suis habituée mais là, on est en présence de gens qui me paraissent intelligents et matures, à travers leur écriture et leur blog (je n’en
connais quasi aucun en vrai donc je peux pas me prononcer sur leur vrai moi, on dira) et là, j’ai l’impression d’assister à des disputes enfantines « hé d’abord, moi, j’ai 5000 visiteurs uniques, nananère ! » « Moi aussi, d’abord-euh ! » « T’es un méchant ! », « toi plus que moi ! ». Bon, je caricature énormément, c’était
mieux écrit mais c’était l’idée au fond. Je n’ai même pas compris d’où venait la dispute, sans doute l’éternelle rivalité entre bloggeurs (pffff) mais ça m’a un peu choquée, ce côté « gnagnagna ». Et ce n’est pas le seul endroit où j’ai vu des « adultes » se chamailler comme des gosses, c’est tous les jours que je vois ça. Quand j’entends les histoires que me raconte ma mère sur ses amis quinqua ou sexagénaires qui se chamaillent pour des bricoles, qui se parlent plus parce que si, parce que là… Ouais, je me dis que finalement, on n’est jamais vraiment adulte.

Et peut-être que tant mieux, au fond. Si ce côté dispute de bac à sable est chiante, je le concède, il y a aussi des choses bien à garder de l’enfance, notamment la capacité à s’émerveiller pour un rien, l’imagination, les pétages de plomb « on s’amuse et on s’en fout ». Oui, ça fait du bien de retourner en enfance, des fois, de s’amuser de broutilles, de jouer, d’oublier le sérieux que nous impose notre âge adulte.

Oui, des fois, je suis immature, je pète des câbles, je joue à l’idiote. Je regarde les playmobils avec nostalgie, je rêvasse tout le temps, j’adore les bulles de savon et quand je me lave les mains, je souffle toujours dessus pour les faire voler. Je suis contente quand je vois un papillon, je regarde les nuages pour y voir des formes, j’aime les choses douces et qui sentent la lessive. Et en plus, j’en suis fière !

Petite vidéo juste pour le plaisir

14 réflexions sur “C’est quand qu’on est adulte, dis ?

  1. C’est vrai que j’suis super mature pour mon âge, mais c’est aussi parce que j’ai une intelligence qui dépasse la moyenne. Mouarf. Disons que la maturité d’une personne dépend aussi des gens qui l’entourent, si je suis entourée de gens stables, sains, intelligents et « matures », je me m’adapterai au milieu où je suis.

    Après pour répondre à la question quand est-ce qu’on devient adulte, je n’en ai pas la moindre idée, personnellement j’ai beau être une jeunette par rapport à vous je me sens vieille, enfin c’est pas nouveau ça, je fais ma crise de la trentaine à la vingtaine mais bon… L’indépendance financière doit certainement être un point important, mais quelque part est-ce si important ? Oui bien sûr ça fait du bien de pouvoir se dire qu’on a payé soi-même son abonnement à Glamour, mais c’est aussi important de se sentir capable de se sortir d’un mauvais pas seul(e).
    Etre adulte c’est s’assumer, de toutes les manières possibles. C’est gérer ses relations avec les autres de manière posée et réfléchie. Quand je fais une connerie avec quelqu’un et que je m’excuse, ou admet mes torts… je suis adulte. Quand je me retrouve aux rattrappages parce que j’ai rien fouttu de l’année, et que je sacrifie mes vacances pour essayer de réussir… je suis adulte.

    Aimer les joies simples de la vie que sont les bulles de savon, les nuages aux formes étranges et courir après les pigeons n’est pas une régression. C’est juste libérateur, c’est sain, c’est bon. C’est même normal.

    Le triptyque mari/boulot/enfants est de plus en plus désuet quand même, surtout pour ce qui est du mari, les enfants c’est un peu différent. C’est davantage la capacité à assumer des responsabilités, sans pour autant se sentir écrasé qui fait qu’on construit son passage vers l’âge adulte.

    Bon après j’dis ça, mais j’suis rien qu’une gamine (et on ne me contredit pas !) donc là j’ai juste envie de plonger nue dans la Fontaine Saint Michel…

    … mais comme je suis responsable, je vais aller à mon putain de partiel (sur la responsabilité en plus !). 😉

  2. Ah la responsabilité… Ahles souvenirs de Deug de Droit ! Ah !!!!
    Bizzarrement j’ai été mortiphié de me rendre compte que j’avais été abscon et stupide en eéadiquant Celeste avt l’heure pour cause de p’tit retard. La connerie vient-elle de notre manque d’ouverture culturelle ?

    Et pour l’enfance, t’inquiete ma Nina. Il m’arrive encore de penser avec Nostalgie à l’époque où je lisais les 6 compagnons et le Club des 5, où je mangeais des marchmallow en prenant une menthe à l’eau, où je matais L’Homme qui tombe à pic (je suis l’hoooomme qui vient de loiiiin) où je ne passais pas une semaine dans me faire un bleu… Arf,à l’époque, j’étais près d’Avignon, alors…

    Tant pis pour le Sud,
    C’etait vraiment bien, hin,
    On aurait pu viiiiivre,
    Plus d’un million d’années
    Et tujurs en été…

    Lucas,
    Tunes in the Head Official Provider

  3. Si l’on conçoit un individu « adulte » comme étant un individu qui a accompli pleinement son épanouissement physique, intellectuel et spirituel, et bien, je pense qu’on est jamais vraiment « adulte ». On finit jamais d’apprendre dans la vie, jusqu’à notre mort….Définir de manière absolue le fait d’être adulte (genre « c’est quand tu as fait ceci ou cela »), c’est toujours faire appel à des jugements de valeur (par définition hautement relatifs). Et les jugements de valeur, c’est pas bien. C’est beau ce que je dis ce matin !

  4. quand on se sent un peu « trop » adulte, il y a un truc radical pour retomber en enfance : cotoyer des enfants. Quand tu joues avec eux y a pas plus gaga… Encore faut il connaitre des enfants et avoir envie de jouer avec eux ; mais ca c’est un autre problème.

  5. Perso, Chaque etape de la vie nous plonge de plus en plus dans le monde adulte, les etudes, lautofinancement, le travail, le mariage, les enfants, les soucis a gerer aussi, mais on compare la difference entre un adulte et un enfant, la majeur difference (autre que la taille, hein !) c’est qu’on s’est se proteger nous meme, gerer n’importe quelle situation, et assumer ses choix.
    Bon ca n’empeche le petage de cable hebdomadaire…merde ! on a le droit de s’amuser ausii !

  6. Eh Nina, t’es « chiante » avec tes sujets sérieux et métaphysique sur l’adultitude qui fait prendre de l’altitude, et ja jeunitude ou l’enfantitude. Vous êtes d’un sérieux quand vous parlez de l’âge de la maturité et tout ci et tout ça… !

    « Etre adulte, c’est se marier et faire des gosses, avoir un appart et un boulot… » putain, si à ton âge, j’avais eu ce genre d’idéal… Bon d’accord, je schématise peut être un peu tes arguments.

    Mais tant qu’à lancer une controverse, je te propose (j’ai pas dis « impose ») une autre vision : être adulte, c’est pas antynomique de rester enfant (merci Milia) par moment et se lâcher un peu (pétâââge de …. etc etc…).

    Et il me semble aussi que c’est la question de la responsabilité, assumer les conséquences de ses actes, décider et choisir (« choisir c’est se priver » and so on), et vivre en société (le petit d’homme est par nature et par essence, à la naissance « cruel, égoiste, méchant, violent, asocial ») et c’est -entre autres – l’éducation qui lui donne quelques éléments de valeur morale (mouche ton nez et dis bonjour à la dame », « finis ton assiette avant de te lever de table », « ne tire pas les cheveux de ta camarade de classe », « tire la chasse quand t’as fini de faire pipi »…)

    En ce sens, suis assez proche des idées de SOlong (tu sais, la gamine lààà,) Fatche et Milia (putain, le Frem y bétonne son comm avec tous ces « alliés » objectifs, vieux filou ! ! !)

    Euh… tout de même, Nina, merci pour tes qualités de polémistes, ou polémologiste (sais pas bien), qui me donne envie de revenir chaque fois en enfance, chez les vingtenaires, héhéhé, rusée la Nina

  7. Géniale la vidéo, je suis fan !

    sinon Nina t’as bien raison d’être fière de ton côté enfantin, je trouve que ça à un charme fou… et moi aussi j’assume totalement la peluche sur mon lit, mon stylo rose à plume qui sent bon, les cerises que je pends à mes oreilles, bref tout ces petits rien qui rappelle l’enfance

  8. perso pour moi être adulte c’est s’assumer (financièremt, moralement, politiquement, etc.), à différencier de l’enfant et de l’ado, entre-deux.
    Après ça n’est pas incompatible avec la douce folie, la déconne, la déprime, les pétages de plombs et les rêveries !
    Heureusemt d’ailleurs, sinon qu’est-ce que ça serait chiant 🙂

  9. Et si être adulte, c’était tout simplement avoir la pleine conscience des moments où on fait l’enfant ?
    L’enfant « joue » au grand, mais l’adulte peut « redevenir » enfant… Là est toute la différence, il me semble.

    (C’est mon premier commentaire, mais ça fait un moment que je lis la prose des vingtenaires. Les gens, vous êtes top 🙂 )

  10. J’aime beacoup ce qui a été écrit dans les commentaires. Mais ne peut on pas être un ado responsable sans vraiment être adulte.

    Pour moi, y’a deux paliers, pas exclusifs qui determineront le moment ou je deviendrais « adulte »: le jour où je serais père (responsabilité d’un être humain!), ou/et le jour ou je perdrais mes parents (je ne serais plus le « fils de.. »), bon peut etre est ce qu’a 30 ans je suis encore (trop) dépendant des parents dans le sens ou si je sais qu’il m’arrive un truc, il seront là! (mm si je m’assume et que je vis a 500 km de chez eux)

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