Cas de divorce

Bon, c’est dimanche et je suis même pas là mais je pense à toi, lecteur, je t’ai quand même écrit un article. Un article très con, léger comme des bulles de champagne parce que l’été n’est pas fini (ah si, merde… Bon, on fera semblant). Je veux te parler d’une vieille série qui repasse actuellement sur le câble, un monument de la télévision française. Et comme tu n’es pas la moitié d’un abruti, lecteur, tu as compris que je parlais de Cas de divorce (facile, c’était écrit dans le titre). 
Pour ceux qui n’ont jamais cette… chose, je vous explique : prenez un tribunal en carton pâte avec des figurants en tailleurs flashy qui se font visiblement ch***. Au milieu, vous mettez un acteur à la tête de cocker qui fera le journaliste. Avec son micro, il nous explique :  » au tribunal des divorces aujourd’hui M. Lecoq, coiffeur, demande le divorce de sa femme au motif qu’elle est frigide. Celle-ci prétend que le problème vient de la taille du sexe de son mari. Ils sont mariés depuis 3 ans et n’ont pas d’enfants. Le juge Bruguières est chargé de cette affaire.  » Pendant que le journaliste nous raconte ça, on filme le mari et la femme en train de discuter avec leurs avocats respectifs puis le juge entre et les avocats commencent à présenter les faits. Ils sont marrants, ces avocats, un peu hystériques, très années 80 dans leur accoutrement(normal, ça date de ses années là), ils s’emportent pour un rien  » Nous prouverons que c’est MONSIEUR Lecoq qui est responsable de l’échec de ce mariage et NON SA FEMME qui est la victime dans cette histoire.  » Oui, ils hurlent toujours le  » MONSIEUR  » et  » MADAME « , au cas où on les reconnaîtrait pas. En général, Madame est représentée par une femme et monsieur par un homme mais ça arrive (rarement) que ça change.
Bon, les époux viennent à la barre, interrogés par les deux avocats successifs, ils racontent toujours qu’au début, tout était merveilleux en souriant niaisement  » Alain, mon mari, était un homme
merveilleux, prévenant… Jusqu’au jour où… « . Les avocats, ces fripons, adorent poser des questions sur la sexualité du couple parce que dans ces histoires là, y en a toujours un qui refuse  » le devoir conjugal  » et ils ont toujours des bizarreries sexuelles assez marrantes. Genre :  » Madame Lecoq, comment ça se passait sur un plan plus…intime ?
– Le sexe vous voulez dire ? (se tortille sur sa chaise). Oh ben, au début, ça allait mais après, il a commencé à me demander des choses bizarres et comme je voulais pas, il a fini par s’installer dans la chambre d’amis. Par contre Mme Bernard, elle, ça la gênait pas de faire ces trucs bizarres à mon mari ! « .
Bon, après, y a les témoins, tout ça, un pour chaque camp (oui, l’émission dure pas trois heures non plus). Les avocats font leur interrogatoire, contre-interrogatoire. Je les trouve assez hallucinants ces avocats-là. Ils inventent des trucs pas possible, genre  » Mais enfin M. Masson, si vous témoignez aujourd’hui, c’est uniquement parce que vous avez été payé par Madame Lecoq, qui a été autrefois votre maîtresse ! « . Oui, les témoins, soit ils ont couché, soit ils ont été payés, ça marche comme ça pour les avocats du Tribunal des divorces. Et le pire, c’est que 2 fois sur 3, l’autre avocat ne réagit même pas. Sa cliente se fait accuser de toutes les infidélités et l’avocat n’objecte rien, il ne proteste pas, il ne fait pas remarquer que ce sont des suppositions. Enfin, des fois, si, quand même, ils se réveillent.  » Je proteste votre honneur, ce ne sont que des suppositions infondées !  » (oui enfin, je veux pas dire mais des suppositions fondées, ça s’appelle des certitudes).
Bon, alors, il y a les épisodes sans rebondissements (les chiants), et ceux avec (les meilleurs). Les premiers se déroulent sous le schéma classique : présentation du cas, les avocats présentent le dossier, témoignage de celui qui a enclenché la procédure et de son témoin, témoignage de l’autre moitié du couple et son témoin, conclusion des avocats puis  » le juge Bruguière se retire maintenant pour délibérer, nous nous retrouvons dans quelques instants « , explique le journaliste. Puis le juge revient et nous délivre une sentence bien moraliste du genre :  » Si M et Mme Lecoq se retrouvent devant nous aujourd’hui, c’est parce qu’aucun des deux n’a fait l’effort d’aller vers l’autre. Ils sont tous les deux responsables de l’échec de ce mariage. M Lecoq qui n’a pas voulu comprendre pourquoi sa femme refusait de faire l’amour avec son corps recouvert de dragibus, Mme Lecoq qui, plutôt que de chercher à comprendre son mari, a eu une liaison extraconjugale avec le boulanger. Le tribunal prononce donc le divorce au tort partagé des deux époux  » et le juge dit qui a droit à quoi. L’épisode se termine et pendant le générique, on voit l’époux gagnant se réjouir avec son avocat et témoin tandis que le perdant s’engueule avec son témoin ou l’avocat ou les deux.
Mais il y a l’épisode à rebondissement ! Alors ceux-là, ils sont trop forts. En général, tout commence comme un épisode classique mais à un moment, ça dérape. Soit le dernier témoin fait des révélations, genre  » Mlle Delanoix, avouez que vous avez une liaison avec Mr Lecoq !
– Mais non pas du tout, enfin, pour qui me prenez vous ?
– Mademoiselle, je vous rappelle que vous êtes sous serment !
– Mais… excuse-moi Alain mais là, je peux plus mentir… « 
Mais mes préférés, ce sont ceux avec un témoin de dernière minute. Pendant la déposition du dernier témoin (toujours), il peut se passer plusieurs choses. Soit un des deux avocats reçoit un petit mot et commence à s’agiter, tout comme son client, soit un personnage sort de l’assistance et annonce haut et fort  » excusez-moi M. le juge, puis-je témoigner ?
– Mais qui êtes-vous ?
– Je suis Mme Lecontre, la femme du boulanger qui a eu une liaison avec Mme Lecoq et j’ai des révélations importantes sur cette affaire
– Bien, faites ! « .
En général, les révélations arrivent sur les épisodes les plus glauques. Ainsi, on apprend qu’une femme a quitté son mari et son bébé car elle a une maladie dégénérative et qu’elle ne voulait pas que son mari la voit au plus mal, qu’un mec qui se prenait pour un vampire avec en fait une maladie du sang, la porphyrie, qu’une petite fille n’a pas été violée par l’employé de maison repris de justice mais par son propre père (épisode le plus horrible, c’ui-là, même l’avocat du gars, il se casse et renonce à défendre le bonhomme).
Bref, cette série me fait mourir de rire, dès que je vois le générique avec un cœur qui bat avant de se déchirer, je rigole déjà. Je regarde qui sont les avocats (y en a une que j’aime pas, elle a une voix hyper stressante), je regarde l’assistance pour voir s’il y a un plausible témoin de dernière minute. Il faut savoir que cette série est la première estampillée AB… Hé oui, l’ancêtre de Premiers Baisers, c’est ça. Ça doit expliquer des choses !

17 réflexions sur “Cas de divorce

  1. C’est ce genre de série qui me fait dire que si je rate ma vie je pourrais toujours être scenariste chez AB production avant de me suicider à 40 ans parce que faut pas deconner non plus, l’avilissement ça va 5 minutes.

  2. Un témoignage sans concession…LOL Non, me voilà toute rassurée. Je passe aux aveux: oui j’ai suivi cette euh bidultrukmuch télévisuel et maintenant, je sais comment poursuivre en justice mon futur ex!!! Quand ça passait à 11H sur Télévision de folie, genre y a 4 5 ans, 6 ans? (je dis ça parce que je n’ai plus la télé…), j’avais presque honte de m’avouer que je le matais et même en y prenant un certain plaisir, notez le certain plaisir et non plaisir certain. Avec ces décors, costards, coupes 80’s sur le retour et ces dialogues tellement savoureux…Ahh, suis toute ébourriffée.Merci

  3. Ah, je viens d’avoir une jolie crise de fou rire là…Je me souviens, je regardais ça à la téloche, jusqu’à ce que mes parents se séparent, je trouvais ça drôle, apres, beaucoup moins !
    En tout cas, un truc de sûr, je comprends encore mieux pourquoi je fuis le droit de la famille. Regler des divorces toute sa vie, quelle joie !

  4. La première et principale grosse erreur de cette série est que les procédure devant le Juge aux Affaires Familiales sont des procédures en chambre du conseil, c’est à dire non publiques.

    En réalité, tout se passe dans le bureau du juge où ne sont présents que lui-même, la greffière, les deux parents/époux et leur avocat.

    De plus, il ne s’agit pas comme dans la série de plaidoiries du style de celles que l’on retrouve devant le Tribunal Correctionnel ou la Cour d’Assise mais plutôt d’observations à faire au magistrat.

    La procédure de divorce est en effet une procédure Tribunal de Grande Instance ECRITE. Donc les parties ne peuvent soulever aucun argument à l’oral qui n’a pas été évoqué antérieurement dans leurs conclusions et assignation pour le demandeur.

    Enfin, le juge aux Affaires Familiales n’auditionne aucun témoin. La seule façon de faire témoigner une personne dans ce type de procédure est de la faire rédiger une attestation.

    Un dernier point, ne sont évoqués dans la série que des divorces contentieux (pour faute) alors qu’il existe également d’autres types de divorce notamment le divorce par consentement mutuel.

  5. donc la scene d’intro dans « 5×2 » se rapproche plus de la realite: lumier blafarde, 3 dans un bureau a signer des papiers… j’adore l’autre côté . Un peu comme dans les series où on voit faire du bouche a bouche et les acteurs font n’importe quoi alors que (apres le 5×2 ;-p) la techniqueu c’est 15-2 (15 pressions pour 2 insufflations)…

  6. « Après, une série qui se passe dans le bureau d’un juge, ça n’intéresserait personne « 

    Ok mais dans ce cas là, aucun intérêt de mettre en scène un divorce, plutôt montrer une audience pénale.

    La télé, c’est du n’importe quoi bien souvent. Exemple avec Femmes de loi, va trouver un substitut du procureur qui plante dans la bagnole des flics en robe. C’est top discret ça !

  7. D’accord avec Stéphane mais je crois que de toutes façons il ne faut pas prendre trop au sérieux ces histoires sorties tout droit de la tête d’un fan de Perry Mason.

    Je ne sais pas si certains d’entre vous ont fait du droit leur métier mais je me permets de faire remarquer que la procédure est (comme l’a très justement fait remarquer Steph) fortement américanisée.

    Un exemple parmi tant d’autres? On n’appelle pas le juge « votre honneur » en France… et je pourrais vous parler encore longtemps des coups de théâtre typiquement d’outre Atlantique qui ne passeraient JAMAIS devant un juge français, tels que les témoins surprises, l’enregistrement vidéo de ta femme qui couche avec une chèvre ou le dernier appel téléphonique à ton amant écouté à ton insu.

    Le droit français n’est pas parfait, il est long et procédurier, mais au moins ne verse t-il pas dans cette parodie de justice facile que l’émission voulait nous faire passer pour véritable.

    Enfin d’un autre côté c’est vrai que tout ça c’est clairement de la fiction et puis c’est vrai qu’elle est marrante sa coupe au témoin…

  8. oui en meme temps moi suis allée assister a des bouts d’audience et c du grand guignolesque et un festival de mauvaise foi et de grandiloquence… Les avocats font leur show en tous les cas pour ce que j’ai pu voir au tribunal de grande instance de paris…

  9. Ouf au moins c’t leger. Tu as effectivement eu de la chance car en general ce cours est d’un ennui mortel…pas assez clairement defini. Je crois qu’on devrait a la place faire une sensibilisation au droit (nul n’est censé l’ignorer mais encore faut il le connaitre…et y a plein d’anecdotes , des jurisprudences absurdes qui peuvent interesser meme des debiles profonds)et de l’anthropo pour sensibiliser au respect des differences;- O… moi c t dans le cadre d’un cours de droit on a « droit » a une affaire vanessa demouy contre new look pour débuter… ça c t pathetique en fait c la que tu vois le temps d’instruction d’un dossier (18 mois si t ‘a de la chance) et elle attaquait le mag pour avoir publierdes photos dénudées sans son consentement (entendre remuneration) et l’affreux jojo de new look d’evoquer la legerete des moeurs de la plaignante… (moi je dis on a pas forcement des moeurs legeres si on est habillé legerement…c’est pas parce qu’on se balade a poil qu’on est une salope….) je passe les flag, histoires de voisinages qui ont ponctué l’ AM mais la gerbe ça s’est conclu par le rendu du penal (c le civil qui etait a 8 clos car en presence des victimes) sur un pedophile multirecidiviste, une tete de deschien tout beigeasse des pieds a la tete. Il a meme pas reagit a la « sentence » et on avait la nausee en ressortant….

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