Là où la raison s’achève…

Par Lucas

Lectrices lecteurs, cet article est un plaidoyer qui va emmerder un grand nombre d’entre vous. N’hesitez pas à l’exprimer en comm, ce qu’autant plus que j’ai  peuplé mon texte de digressions. J’ai essayé de limiter ces anicroches mais j’ai eu la flemme pour le reste, la flemme de me centrer sur le sujet. Je vous prie donc de bien vouloir excuser ce manque de rigueur et tolérer les touches personnelles.

Je viens de tomber à l’instant au travers du profil d’un copain, sur un groupe bien installé sur Facebook :
Je hais Jean-Jacques Goldman.
Ouha le chooooc ! Ya donc des gens qui n’aiment pas Jean-Jacques ? C’est un truc de gueudin !
Du coup j’en suis venu à me remettre en question et à scribouiller un article.
Allez, installe toi tranquillou, lectrice/lecteur…


Goldman un gros nase ? Pour ma part j’avoue…
1) Je m’étais déjà dit que certaines paroles étaient faciles.
Par exemple, au-delà du thème d’un quotidien monotone et de l’invitation à se prendre en main, le refrain de Encore un matin est su-per-niais (« Un matin, ça ne sert, à rien ; un matin, sans un coup, de main, un matin c’est le tien, c’est le mien, un matin de rien, pour en faire… un rêve plus loin… »)
2) J’avais effectivement noté que la batterie était parfois entêtante et que Goldman pouvait être insignifiant par moments…

Ces préalables avoués, je me suis posé la question : quess que je kiffe chez Goldman ? Est-ce simplement parce que c’est un chanteur de ma génération et que les djeunz cool le trouvent insignifiant/redondant comparé à LEUR(s) star(s) des 90’s ? Est-ce que je n’aurais fait que reproduire le schéma ? Celui de mon grand père fan de Tino Rossi ou de mes parents dingues de Hugues Auffray & Brassens : des chanteurs de LEURS générations…

Je dois reconnaitre que j’avais souri il y a quinze ans quand j’avais trouvé, sur le livret de l’album Singulier, deux pages centrales dédiées aux critiques envers Jean-Jacques et que celui-ci avaient glissé exprès. Critiques principalement écrites par un sale seul bonhomme, journaliste à l’événement du Jeudi et dont les propos sont sur cette page. (Lucas ou l’art de fair des articles documentés…) Dès lors comment argumenter mon panégyrique ? Paye ta mission Lucas !!

Envole-moi !

Pour moi, Goldman c’est un retour 20 ans en arrière à mes classes de primaire. La preuve en est : je ne me suis pas du tout intéressé à ses productions au-delà du CD « En passant« . Je n’ai jamais écouté « Chansons pour les Pieds » par exemple et je crois d’ailleurs que c’est son dernier CD.
Goldman c’est comme Balavoine et Julien Clerc : ils sont plus ou moins associés à mon enfance, une période où j’ai appris à les écouter car ma mère était fan avec plein de K7 et des… vinyles. J’ai le souvenir du dimanche matin où ma mère m’emmenait à la mer (je vivais près d’Avignon alors). Sur le chemin vers  les calanques de Carry-le-Rouet, à travers les Alpilles (les Baux de Provence, les grillons, ah là là…) on écoutait Goldman à fond dans la voiture qui ronronnait gentiment en roulant vers la plage.
Or après une journée passée à bondir dans les vagues et à construire des forteresses imprenables t’y arriveras jamais essaye pour voir, il fallait rentrer…
Et voila.
Dans mon subconscient, Goldman, c’est ça !
C’est rouler vitres ouvertes, sous un soleil éclatant, au retour de la plage avec cette odeur de bitume brulant et de lavande. Goldman, c’est chanter à tue tête J’irai au bout de mes rêves en m’aspergeant d’un brumisateur d’eau d’Evian parce que la 205 elle n’avait pas la clim…
Mais je m’écarte du sujet…
Enfin non pas trop…

Je crois que pour beaucoup d’entre nous Goldman est associé à des moments précis de notre vie et que chaque chanson est porteuse d’une atmosphère ou d’un souvenir. Par exemple, chaque fois que j’écoute Je rêvais d’un autre monde de Téléphone,  je pense à la cuisine de mon enfance où je débarquais le matin, la tête dans le cul, pour gober un bol de Chocapic alors que ma mère était déjà partie bosser en laissant la radio allumée.
Goldman, c’est un peu pareil.

Il suffira d’un signe…

Je te donne est associé à une fête de fin d’année à mon école primaire (de la même façon, Life is Life de Opus est, pour moi, accolée à une fête foraine en CM1).
Mais surtout, Goldman, c’est un mélange entre rêveries/espoirs (Là bas, On ira) et réalités (La vie par procuration, Elle a fait un bébé toute seule, Elle attend).
Et ça c’est hyper important !
Certes, chers détracteurs, certes, ses paroles, ses textes feraient parfois sourire un prix Goncourt.
Mais très souvent elles sont porteuses d’une subtilité, voire même et surtout d’un univers à part entière. Je crois que c’est ça qui me plait boucou chez Goldman. Allez donc réécouter Tout
était dit
: perso, j’ai toujours un sourire en écoutant cette scène de vie, aussi intense qu’éphémère.
C’est peut-être ça que j’aime bien aussi. Ce caractère humain décrit sans fioritures et sans artifices. (NB : je crois que ce que j’apprécie également dans Tout était dit c’est son coté Blues. Ce
petit coté Blues que je kiffe dans la seule chanson de Celine Dion qui me plait : le Ballet…)

De la même façon je me suis rendu compte, années après années, que Goldman avait graaaaave travaillé pour les autres, par exemple  c’est lui qui a écrit Il me dit que je suis belle interprété par Patricia Kaas. Je vous rappelle qu’il a entièrement écrit et composé l’un des rares albums de Djonny que j’apprécie (lien de cause à effet ?)  : Gang.
Dans Gang, il y a quelques titres que je surkiffe : le méconnu Ton Fils (repris par les Enfoirés par la suite) ou encore Laura (où Johnny parle de sa fille), Je te promets (Je te promets le sel au baiser de ma bouche)et surtout J’oublierai ton nom, une chanson à chanter lors d’une rupture et qui me fait toujours autant frissonner (surtout le refrain en anglais chanté par Carmel… Ayayaye.) Pour les paroles de ces chansons, un commentaire facile vient à l’esprit et résume tout : « c’est trop ça »

Et puis zut ! Goldman ce n’est pas que l’amour. C’est aussi plein de sujets « sérieux » (genre, l’amour ce n’est pas sérieux…)

– la Shoah avec Comme Toi ou Encore
– le partage et l’ouverture d’esprit avec Je te Donne,
– la solitude des personnes âgées avec La Vie par Procuration…
Sans oublier tous ces titres où il pose clairement des questions existentielles (Filles Faciles qui anticipe la chanson Un homme qui aime les femmes de Tryo) ou même quand il évoque des choses qui nous font grave rêver. Ainsi, je suis certain que je ferais déprimer  5 ou 6 passagers Kostar Kravatt allant bosser un matin si je leur passai, dans la rame de RER, le refrain de J’irai au bout de mes rêves... voire même une partie du refrain précité de Encore un matin (« un matin de rien, pour en faire, un rêve plus loin… ») Perso, j’en suis
même réduit à faire une extrapolation de Là bas quand je pense à mon avenir sinistre de cadre supérieur (mais supérieur à quoi ?). Je me dis que créer une boite, si je trouve une bonne idée, c’est l’équivalent de partir à l’aventure. En terra cognita, là bas, là où il faut du cœur il faut du courage mais tout est possible à mon age… Oui, je l’avoue écouter Là Bas, ça me
fait rêver. C’est déjà énorme, vous ne trouvez pas ?

 


22 years ago… Le clip de Je te Donne en playback avec Jones qui ne gratte rien du tout et les deux chanteurs qui sont en retard de deux temps dans leurs playback ! Le batteur, le saxophoniste
et le bassiste qu’on voit au dans le dernier tiers sont à mourir de rire ! Kitshissime !
(presqu’ autant que le clip de Nuit de Folie de Début de Soirée qui à l’époque était bcp plus torride et dont on fetera les 20 ans le 11 Juin
!)

14 réflexions sur “Là où la raison s’achève…

  1. Et « né en 17 à Leidenstadt »? Il y a quand même des paroles qui ont du sens, là. C’est du « lourd », du « qui fait réfléchir ». Mais ton article est un excellent résumé: tu sais pas pourquoi, mais il fait partie de ta vie!

  2. (gros soupir nostalgique les yeux aux ciels:)
    J’aime pas trop te passer de la pommade, mon cher Lucas, mais il est à la fois très simple et très joli cet article. C’est marrant, mais j’le trouve touchant. Et moi, ça me donne presque envie d’aller à carry le rouet dans une 205 sans clim le dimanche matin en écoutant JJG.
    Moi goldman pareil, je n’écoute que les chansons qui sont reliées à qques souvenirs personnels. Ahhh mes 20 ans en vacances entre potes et trois de mes potes qui se déchirent total les cordes vocales sur « envoles moi » au karaoké de Lacanau…
    « envoles moiiii loin de cette fatalité qui colle à ma peauuuu » ..pitin, t’as pas tort au fait, j’avais jamais vraiment prété attention aux paroles, mais y’a plein de vrai chez ce qu’il dit.
    Et tu me vois ravie d’apprendre que « je te promets » de Johnny est de lui, j’étais un peu contrariée à l’idée d’apprécier une chanson de Johnny.
    ah, et « comme toi » faisait partie de ma toute première compil (qui maintenant est complètement rayée mais que limite si je vais pas la faire encadrer) du temps que les graveurs sont apparus (reprise de ma première compil que j’avais faite sur cassette bien sûr…), compil qui ne contenait que des chansons à se tirer une balle. On a tous une compil comme ça où dès qu’on se fait larguer/engueuler/qu’on se dispute ac qqun d’important/qu’on se rend compte qu’on sera jamais un génie du piano/saxo/violoncelle etc… bah on se la met, et on laisse couler de bonnes grosses larmes synthol, de celles qui font du bien où ça fait mal. (si, j’ai osé)
    Et aujourd’hui, environ 517 compils plus tard, elle est tjrs aussi efficaces, même si depuis elle a eu des ptites soeurs.
    Bref, c’est pas tout ça mais il me fout le bourdon ton article, Lucas!
    grumpf

  3. Hello,je n’étais pas fan de JJ Goldman dans mon enfance même si je ne changeais pas de station quand ça passait à la radio. Pour moi « Là bas » me rappelle mes voisins du dessus qui mettaient la chanson à fond (on l’entendait deux immeubles plus loin dans la rue) afin de camoufler les cris de jouissance de ma voisine qui ne semblaient pas réussir à être discrète… véridique !
    Mais par contre j’ai toujours eu du respect pour certaines paroles et surtout pour ce monsieur un peu timide, pas mal pudique, star discrète dans les médias alors qu’il pourrait « se la raconter sérieusement » (cf Pascal Obispo).
    De plus, je trouve amusant « Chansons pour les pieds » que j’ai pas mal ecouté (on me l’avait offert) alors que je n’aurais jamais pensé accroché sur un album.
    Je vais peut être me faire engueuler mais pour moi Goldman c’est comme Cabrel, chanteur discret avec quelques chansons aux paroles légères et d’autres qui font mouche (ou abeille comme vous voulez 😉 )

  4. N’est-ce pas l’effet nostalgique, plutôt que la qualité intrinsèque, qui joue ? De mon côté, j’ai tété du Brassens à gogo étant môme, mais jamais de Goldman, résultat le dernier me fait bailler d’ennui tandis que le premier m’éclate toujours autant.

  5. Dominique, j’avoue que Né en 17 et A nos Actes Manqués me sont complètement passés à coté !! Mais devine qui va les avoir toute la matinée en tête chez son kiné ??? C’est Lucas !!

    Diane, me dire que j’ai fait un article touchant c’est le plus beau des compliments !! Sans rire ! Réussir à faire partager une émotion, c’est très intense : je vis pour ça !!

  6. Moi aussi j’aime beaucoup (et c’est peu de le dire) « Né en 17 à Leidenstadt », « à nos actes manqués », « là-bas », je rajouterai aussi « rouge » que j’apprécie beaucoup! 🙂

    Par contre pour « la vie par procuration » (que j’aime aussi beaucoup d’ailleurs), moi je n’avais jamais pensé aux eprsonnes âgées mais au contraire à une femme plus ou moins jeune qui gâche sa vie en la vivant pas…

    Pour finir ma liste je rajouterai aussi : « Envole-moi » comme chanson! 🙂

    Bonne journée!

  7. Pour mon premier commentaire sur ce blog que je suis depuis quelques mois déjà, je choisis ce superbe article de Lucas. J’ai également été bercée par la musique de JJG dès ses débuts (même pendant sa période Taï Phong). Et comme pour toi, ses chansons sont chargées de souvenirs et d’émotions.

    En ce qui me concerne, j’adore tous ses albums, donc faire le choix est on ne peut plus difficile ! Pourtant, en tant que jeune maman, je pense aimer plus particulièrement « Juste après » qui me fait pleurer à chaque fois. « Elle attend » et « Il y a » complètent mon Top 3. « Laëtitia » (période Taï Phong) est superbe aussi. « Appartenir » également…

    Enfin bref, j’arrête là, mais mille mercis à toi, Lucas. Grâce à toi, j’ai été assaillie de souvenirs et de paroles de ces chansons et je vais passer une superbe journée derrière mon écran !!

  8. Life is life, nanananananaaaaaaaaaaaa!!

    Voilà, je l’ai dans la tête donc vous aussi.

    Goldman, ça faisait un moment que j’avais pas pensé à lui, vu qu’il est à la retraite, même s’il a fait un duo récemment avec je sais plus qui (mais alors vraiment plus). Oui, Goldman, c’est mon enfance, mon adolescence et mes premières années de vingtenaire, aussi. Quand j’écoute ses chansons, je me rends compte que je préfère le Goldman des dernières années car au début, il forçait un peu sa voix. J’aime bien l’album « sache que je », par exemple (mais je suis pas sûre que ce soit ça le titre). J’aimais bien la période Fredericks-Goldman-Jones aussi, surtout « nuit ».

  9. Moi, Goldman, c’est le mec qui m’a inspirée ma devise fétiche : « le matin, ça ne sert à rien ». Je déteste le matin, je déteste me lever à des heures à un chiffre.

    Ca me rappelle quand même le collège : on avait un prof de musique djeuns genre 21 ans et comme il a compris que la flûte à bec nous sortait par les yeux (ou plutôt les oreilles), il nous faisait chanter du Goldman. On chantait puisque tu pars et là-bas.

    Après, je pense que Goldman, on aime ou pas mais force est de reconnaître qu’un mec qui a écrit autant de chansons dans des styles différents et pour des artistes qui n’ont pas forcément de rapports les uns aux autres a du talent. Rien que pour ça, il mérite du respect. En plus, il nous gave pas avec sa vie privée, il est très discret et ça, c’est quand même super appréciable.

  10. Autant Goldman ne m’inspire rien… mais vraiment RIEN (à part quelques bons délires lorsqu’il s’agit d’un revival 80’s dégoulinant de synthé… Autant sur le fond, je me range à ton avis Lucas… Faut que je me retienne de fredonner quand passe du Cabrel… J’parle de l’ancien.

  11. Je viens de passer 10 minutes à lire cet article. Je lisais attentivement chaque mot et chaque phrase.
    Pour moi les chansons de Jean Jacques Goldman c’est juste du plaisir. J’ai 18 ans ainsi je ne pense pas que ce sont des chansons de ma génération comme tu dis.
    Les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Je pense qu’écouter les chansons avec des souvenirs tel que les tins il n’y a pas photos CONTINUE !

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