Le mépris et la pitié

Ici, on parle amour et sentiments, entre autres. Aujourd’hui, je voudrais parler de deux sentiments, ce qui me permet de mixer dans un même titre d’article un livre de mon maître absolu Moravia (le Mépris) et celui d’un documentaire de 1969 sur la 2nd guerre mondiale, le chagrin et la pitié. Que je conseille à tout le monde, surtout ceux qui vous affirment sans ciller que « bien sûr que j’aurais été résistant pendant la 2ème Guerre ! ».

Bon, je m’égare. L’être humain ressent tout une gamme de sentiments vis-à-vis de ses congénères, des positifs et des négatifs. Oui, jusque là, je me foule pas le neurone, hein ! Mais là où je m’interroge, c’est sur le mépris et la pitié qui me semblent finalement assez proches, même si le dernier semble plus « charitable » que le premier. Mais en fait, non. Nous avons tous nos échelles de valeurs, sans doute héritées de notre éducation parentale et scolaire, selon les gens qu’on fréquente. En gros, on a un modèle de gens bien et un modèle de « putain, mais va te cacher, t’es vraiment qu’une merde ». Par exemple, j’avoue n’avoir aucune estime pour les mecs qui passent leur tune dans l’accesoirisation de leur voiture parce que le tuning, ça me fait pas rêver et je trouve que c’est globalement un truc de kéké. Ca me saoule quand je marche dans la rue de soudain entendre « vraaaaaaaaaaaaaaaaoummmmmmm han-tttt han-ttttt vraoummmmmmmmmmmmm ! ». Le han-ttt han-tttt, c’est la musique qui va avec de genre de voiture, à écouter à fond dans sa voiture aux verres teintés mais la fenêtre baissée, pour qu’on sache à qui appartient cet engin surgi de l’enfer. C’est comme les célébrités qui mettent des lunettes de soleil en boîte officiellement pour passer incognito mais en fait pour que tout le monde les remarque. Surtout quand elles se mangent un poteau parce que pénombre de la boîte + lunettes de soleil, on voit plus rien. Mais bon, y a des gens qui aiment le tuning et qui ont un total respect pour celui qui a la plus grosse (voiture !).

Le mépris est, en général, le sentiment le plus négatif que je suis capable de ressentir, n’étant pas haineuse. La seule chose que je déteste, ce sont les tomates (et le racisme et la guerre dans le monde, houuuuuu !). Parce que je ne trouve toujours personne digne de ma haine, je me dis toujours que ça n’en vaut pas la peine. Oui, j’ai la haine snob, moi. Ou alors, pas envie de perdre du temps là-dedans, au choix. Par contre, dans la rubrique gens que je méprise, y a quelques noms OU quelques catégories de personnes. Mais finalement, mon mépris n’est qu’un sentiment de supériorité par rapport à quelqu’un. En gros, lui, c’est une merde, moi pas. Ou alors lui, c’est une merde toute moche et toute molle, moi, une bien jolie. Je vais arrêter avec mes métaphores scatologiques, je sens le terrain glissant. Bref, le mépris naît d’une comparaison entre mon modèle de base et ce que je fais pour m’en approcher, ce qu’il fait pour s’en éloigner.

Et la pitié dans tout ça ? Ben la pitié n’est-elle pas quelque part un sentiment de supériorité par rapport à une autre personne ? « Oh le pauvre, c’est terrible ce qu’il vit, je vais l’aider ». Sous entendu, « il est incapable de s’en sortir tout seul, il a besoin de moi, personne forte qui sait ce qui est bien dans la vie ». Je n’aime pas la pitié. Par exemple, dans ma station de métro, il y a une femme qui pleure tous les matins pour qu’on lui donne de l’argent, ça donne à peu près « haaaaaaaaaaaaaan, pitiééééééééééééééé, donnez moi à mangeeeeeeeeeeeeeer, haaaaaaaaaaaaaan ». Oui, elle fait un truc comme ça, ce que je trouve hyper agressif au passage et je n’ai jamais vu personne lui donner quoi que ce soit. Par contre, le mec qui jouait du synthé avec une voix incroyable dans mon train l’autre jour, chantant des chansons entraînantes composées par himself, là, je lui ai donné de l’argent. Bon, ok, j’avais que 40 centimes sur moi, c’est un peu la lose… Parce que lui n’appuie pas sur le sentiment de pitié mais fait partager son talent. Je me suis pas sentie supérieure à lui (même plutôt le contraire, vu mes talents musicaux), il ne m’a pas fait pitié du tout. Souvent, je me demande si les gens qui aident ceux qui leur font pitié n’essaient pas de se donner bonne conscience. En gros « moi supérieure et moi savoir ce qui est le mieux, je vais le remettre sur le bon chemin pour sentir ce doux sentiment de la bonne action réalisée ». N’est-ce pas une forme de mépris qu’on essaie de déguiser en sentiment positif ? Genre « je suis trop bonne pour ressentir des sentiments négatifs envers les gens ? ».

De là, faut-il de fait n’aider personne parce qu’on n’aide que les gens qui suscitent notre pitié. Tut tut tut, loin de moi cette idée ! Perso, j’aurai tendance à aider des gens que j’admire, plutôt. Parce qu’ils sont courageux, parce qu’ils prennent le taureau par les cornes pour se sortir de la situation dans laquelle ils sont. Ils ne sont pas passifs à attendre désespérément une main tendue. Non, ils sont fiers. Le monsieur du train ne doit pas gagner des milles et des cents mais il se débrouille comme il peut, il compose des chansons gaies et franchement, il m’a donnée la patate. Lui, je l’admire sans hésiter. Et lui, je l’aide non par pitié mais pour le remercier de m’avoir donné le sourire. Pour m’avoir donné une leçon de vie.

16 réflexions sur “Le mépris et la pitié

  1. Bon déja tu peux aider le tuningeur avec un bon coup de clé qui lui permettra de refaire une peinture toute neuve… Sinon je pense que des fois ce n’est pas se sentir supérieur que de se dire « putain j’ai de la chance par rapport à … beaucoup de monde… » Puis même si c’est juste pour se faire du bien à soi ou pour justifier un ersatz de croyance religieuse pour d’autres. Ca reste quand même un meilleur loisir que la collection de choux fleurs empaillés.

  2. bEn fait, le fait d’aider des gens est d’avoir le sentimentagrébale c génial , genre plus tu donnes plus t heureux. Le probleme c plus les gens qui donnent mais qui ralent d’avoir trop donner ensuite , enfin ce qui s’appellle la non gratuité, genre en amitié (bien que comme disaient jace ptet que tout le monde a son minimum syndical). Pour moi ces derniers c pire que les profiteurs.Enfin c un egoisme altruiste, on se dit come ca si j’ai un probleme ils penseront à moi. Et puis c se dire qu’un jour c nous qui ferons pitié et qu’on se dira, c a marché pour lui , cptet un peu grace a moi. d’ou la sentence : « lunion fait la force »
    enfin, on est tous le pitoyable de quelqu’un. Tu dois bien faire pitié a des gens qui 2000 watts de sono dans leur voiture avec ta fiat 500 d’epoque et ptet un de ceux là a dejà essayé de t’enseigner l’art du tuning dans toute sa theorie magistrale loin des clichés, et vouloir qu’en echange de cette aide tu lui offres tes seins…
    pitoyable..

  3. Gizamaye > Entre les deux yeux, le coup de clef à molette ? Comme Gérard Lambert ?

    Nina > Je comprends ce que tu veux dire, mais d’un autre côté, tout le monde n’a pas les moyens ni l’envie de se défoncer, de composer des chansons, de faire un spectacle de marionnettes. Le mendiant qui fait la manche depuis trop longtemps (tu me diras qu’on fait toujours la manche depuis trop longtemps…), je pense qu’il a un peu perdu toute énergie, toute envie de donner envie qu’on lui file la pièce.
    Par contre, je ne supporte pas l’excès inverse, ceux qui se flagellent, au moins métaphoriquement. Ou pire, ceux qui se mettent à genoux, la tête baissée. Si c’est calculé pour exciter la pitié ou le sentiment de puissance du donneur, c’est infect, si ça ne l’est pas, c’est tellement dévalorisant…Ca me donne envie de leur dire « Relève-toi, redresse la tête, bordel, tu vaux tout autant que tous ceux qui marchent autour de toi ! ».
    En fait, je me rends compte que j’aime bien donner à ceux qui font preuve d’un certain humour grinçant et d’insolence, qui mettent le doigt où ça fait mal.

    Et ça n’a rien à voir, mais merci pour Moravia, à force que tu le matraques, j’ai fini par le lire. Quel pied ! Une bonne claque 🙂

  4. Pareil, je déteste les flambeurs en voiture (comment ça je dis ça parce que j’ai une épave ? ptet mais je roule en costard moi, la classe intérieure mouahahaha). *fuck my ride*
    Moi je citerai bien une parole de mon maître YODA : « la peur engendre la colère , la colère engendre la haine , la haine engendre la souffrance! » (je sors)
    Il y a beaucoup de facteurs qui nous amènent à mépriser quelqu’un, à différents degrés aussi. Mais c’est un sentiment humain de toute façon. Pour la pitié, c’est vrai, je donne très rarement aux SDF car j’ai pas envie de me donner une bonne conscience. Pourquoi donner à un tel aujourd’hui et pas à un autre demain. Et c’est toujours un sentiment bizarre quand t’en as un qui passe dans le métro en mendiant qq pièces et que toi tu ne donnes rien, que ton voisin donne quelque chose…
    Et le mépris commence quand tu te dis : « pfff z’ont qu’à chercher du travail comme tout le monde », « je bosse dur moi aussi et eux ils mendient… »

  5. qd on donne à un « mendiant », je pense que c’est pour se donner bonne conscience, parceque sinon on donnerais à tout ceux qu’on rencontrerai. C’est de la pitié, pas de la bonté

    Donnez à une association qui va aider les SDF/sans papier etc… me semble plus interessant (plus constructive pour le bien commun des sdf) et moins assujetti à l’idée de pitié : tu n’a pas aidé un gars avec tes restes mais un vrai don pour l’ensemble…

  6. Dark > Euh, non, tu peux aussi donner juste pour aider quelqu’un. Même si tu ne peux pas donner à tout le monde et que ta subjectivité entre en jeu.
    Et entre donner à une assoce ou à une personne directement, c’est pas évident que l’assoce soit le meilleur choix. « le bien commun des clochards », c’est une notion un peu floue, et je pense que chacun est le mieux à même de savoir ce dont il a besoin/ce qu’il veut, et c’est pas à moi de le juger. Si un clodo veut aller s’acheter une bière avec l’argent que je lui file, qu’il le fasse…Sans compter que l’assoce, de son point de vue (jen sais rien, j’extrapole), c’est peut-être pire : aller faire la queue avec tous les autres, devoir éventuellement rendre des comptes et ne pas pouvoir utiliser l’argent comme il l’entend. Un côté infantilisant.

  7. Sur les échelles de valeurs dû à notre éducation à nos parents on peut toujours refuser l’héritage de leurs valeurs. On a des valeurs différentes qui sont certes engendrées par un rejet de l’éducation parentale,cependant j’appellerai pas ceci un héritage. C’est plutôt un refus d’héritage.

    Le mépris ça peut être un dérivé de la haine en moins fatiguant. C’est fatiguant à la longue de haïr quelqu’un ou quelque chose. Le mépris est alors un moyen de défense. On peut donc mépriser quelqu’un non pas parce qu’on se sent supérieur mais parce que cette personne nous a fait du mal. La haine est dans ce cas un sentiment bien trop fatiguant pour être mise en application contrairement au mépris.

  8. Personnellement je trouve qu’il n’y a rien de pire que la pitié! Je trouve ça très dégradant pour l’autre de lui donner quelque chose par…pitié!!! Pour moi c’est humiliant…considérer que la personne est tellement tombée bas qu’elle n’a plus que ça a attendre des autres, à mes yeux c’est terrible d’en arriver là! Donc pas de pitié chez moi.

  9. Pitié, admiration, qu’ils aillent se faire foutre s’ils ne sont pas contents. On est tous le beauf de quelqu’un, en 205 tunée ou en armani iphone à l’oreille. Il est plus important d’être constant dans ses jugements, non ?

  10. Je vais réagir avec toute l’éducation des deux cents générations d’ancêtres méditerranéens qui hantent mon passé familial.
    L’amour et la haine sont les deux faces de la même monnaie, et sont des sentiments actifs, donc positifs, surtout au deuxième acte d’une tragédie grecque.
    Le mépris et la pitié ne sont que des émotions de seconde zone. Elles ne résisteront jamais au lever de rideau. ^_^

  11. Rester dans la rue assis toute la journée à se rabaisser pour pouvoir avoir un peu de rond n’est-il pas courageux en lui même ? Tout le monde n’a pas de talent caché malheuresement…

  12. Le piège de ce raisonnement est que tout va TOUJOURS au meilleur, au gagnant. Le looser peut crever la gueule ouverte. (philo Sarko, mais je m’égare !! ) Il faut laisser parler son feeling du moment. Je gage qu’un jour ton mépris (indifférence) pour celle qui geins dans le métro se transformera et que tu lui fileras de la tune, sans pitié, par bonté.

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