Le vote conservateur, le choix de la zone de confort

[Article écrit avant le 1er tour, peut-être délicieusement anachronique]
J-3 avant le premier tour (ENFIN) et ça débat sec partout où vous allez : au travail, sur les réseaux sociaux, en famille, dans l’ascenseur, dans le métro. Il y a ceux qui sont convaincus, ceux qui ne savent pas… et ceux qui flippent. Et quand j’entends celà, je me demande : le vote conservateur est-il le choix de la zone de confort ?

Sortir de sa zone de confort

Quand je traînasse sur LinkedIn, entre deux équations “que seuls 10% des gens pourront résoudre (ou n’importe quel élève de CE2)”, demande de likes pour trouver du boulot ou mantras à la con, tu vois plein d’appels à quitter sa zone de confort, tenter l’aventure pour réussir. Si j’y vois souvent du bullshit, j’y vois un parallèle intéressant avec le choix politique : aurions-nous une peur panique du changement ? Je lis des échanges à droite à gauche, notamment sur l’Union Européenne et l’euro en mode “ouais mais si on sort, ce sera l’apocalyyyyyypse, regarde le Brexit !”. Alors de 1/ sur le Brexit, faut pas oublier qu’en dehors de Londres, l’Angleterre est un pays avec une paupérisation catastrophique mais surtout de 2/ à part la mère Le Pen et Asselineau, personne ne parle de sortir de l’Euro. Et non, pas Mélenchon, désolée de vous contredire : ce n’est que son ultime recours si la renégociation des traités européens échouent. Et je suis désolée mais l’UE est un échec. Regardez la Grèce, surveillez l’Espagne et l’Italie. Si vous, ça vous gêne pas de faire crever les voisins (tout en ignorant bien leur crise des migrants au passage), ok, bien, mais ne vous faites pas avoir par les épouvantails alarmistes…

Effrayant épouvantail

Parce que je parle de l’Europe mais c’est pas le seul cas. On va pas sortir du nucléaire parce que ohlala, ça coûte cher… alors que bon, un accident, ça coûtera beaucoup plus mais ce n’est pas trop plausible. Ce n’est pas impossible, juste que la probabilité est en notre faveur. Plus personne ne veut de cette énergie, la plupart des pays glissent petit à petit vers une énergie renouvelable moins polluante mais nous, on est leaders, hého ! Oui, cool, mais être leader de quelque chose que personne ne veut plus, je vois pas super l’intérêt. Et pour rappel, on n’a qu’une seule planète…

Centrale nucléaire

Et les emplois ? L’économie ? Le tournant de la rigueur, c’était en 83… Vous trouvez qu’on va mieux, vous ? On a beau changer le nom du président et du premier ministre, on a toujours les mêmes discours nauséabonds sur les salauds de pauvres qui tuent la France, se serrer la ceinture, encore et encore, travailler plus et gagner moins parce que regarde le chômage chez les voisins. Oui, les gens vivent mal, coûtent un fric monstre à la société car leur santé est niquée mais les courbes du chômage, elles sont plus cools que les nôtres. 34 ans, 34 ans qu’on nous fait culpabiliser alors que pendant ce temps, un de nos chers candidats a détourné un million sur les deniers publics (ça en fait des mecs au RSA qui fraudent pour arriver à une telle somme) et que dire des salaires de nos députés et sénateurs, des caisses noires, des détournements et petit arrangements… mais ce sont les pauvres le problème, c’est nous qui ne voulons pas nous serrer la ceinture d’un cran de plus, nous qui ne voulons pas accepter de gagner moins tout en bossant plus. Je ne suis pas allergique à l’effort mais à un moment, faut que je sois convaincue que ça paye.

Des efforts pour l'austérité

Je suis une solidaire. Je ne suis pas de gauche, je ne suis pas socialiste, communiste, trotskyste ou ce que vous voulez, je suis juste solidaire. Je sais que par ma naissance, je suis privilégiée : oui, je suis une femme MAIS je suis blanche, issue d’une classe riche donc j’ai pu choisir mes études et si j’ai bossé pendant mes études, c’était de l’argent de poche. Je fais aujourd’hui de la classe aisée parce que j’ai un boulot qui paye pas si mal parce que j’ai un master 2 que j’ai pu avoir car mes parents ont tout payé. Je suis blanche donc je n’ai jamais eu de soucis à l’embauche (je fais jeune, on ne se pose jamais la question de ma reproduction). Donc je trouve normal de repartager ma part du gâteau parce qu’elle est très grosse alors que mon voisin n’a eu que des miettes. Donc en tant que solidaire, je ne suis pas dérangée par les impôts si l’argent va bien dans un système solidaire. Surtout que bon, aujourd’hui, je suis du côté de ceux qui donnent mais peut-être qu’un jour, je serai du côté de ceux qui reçoivent. J’ai eu la jambe cassée, la solidarité m’a payé mes frais médicaux, mon séjour à l’hôpital… Bon, au pire, j’aurais pu payer, mes parents auraient pu m’aider mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Je n’ai pas peur de perdre parce que finalement, je serai toujours dans celles qui s’en sortent parce que j’aurai toujours un emploi et un revenu. Vivre un tout petit peu moins bien (aka faire un peu moins appel au jap’ quand on a la flemme de manger, prendre les transports au lieu d’un Uber et voyager un peu plus à la roots) si ça peut permettre que mon voisin vive juste décemment, comment on peut refuser ce contrat, sérieusement ?

Solidarité

Mais les conservateurs le savent : on a peur. La bête immonde est à nos portes, chaque parti prendra soin de mettre un de ces adversaires à la place de cette bête. Pourtant, a-t-on réellement quelque chose de grave à perdre ? Peut-on se dire que continuer dans ce modèle qui cumule les échecs, c’est plus sécure ? Parce que quand on voit ce qu’on nous proposait comme changement en 2012, finalement, on n’aime pas risquer, on préfère rester dans sa zone de confort et s’indigner devant ses hippies qui manifestent pour un autre monde en se disant que, oui, quand même, si la police les a frappé/gazé, c’est sans doute qu’ils l’avaient bien cherché.

Vote conservateurvote

Pourtant, pardon mais quand on voit ce qu’on a, comment peut-on avoir peur de changer la donne ?

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