Le jour où tu comprends que c’est fini

Mardi soir, alors que la chaleur m’etouffe, je tombe par hasard sur Clara Sheller, saison 2, que j’avais vaguement suivi lors de sa première diffusion. Je n’avais accroché que moyennement vu que je trouve l’heroine plus exaspérante qu’une Carrie Bradshaw même si je préfère Zoé Félix dans ce rôle. Bref, je mate donc les 3 derniers épisodes en constatant que j’avais finalement été dure avec cette série qui propose pas mal de choses intéressantes. Peut-être aussi parce que dans ses épisodes, la vie de Clara s’effondre et je me suis légèrement identifiée à elle (période marasme, j’entends). Et surtout une scène où Clara s’effondre en larmes car elle a compris : son mec et elle, c’est fini.

Avez-vous déjà connu cette sensation ? Vous sentez que votre couple n’est pas à la fête, vous fermez les yeux très fort en vous persuadant que vous avez tort, que c’est juste une petite crise et que ça va passer. Jusqu’au signe, un truc anodin qui vous fait comprendre que ce n’est pas uniquement dans votre tête que ça ne va pas et que votre relation ne tient plus qu’à un fil. Un fil bien élimé en plus. Parce qu’il n’est pas dispo ce soir, parce qu’il semble ravi que vous sortiez avec vos copines, parce que vous avez voulu annuler votre soirée avec lui pour voir d’autres personnes, parce que votre dernier « je t’aime » est resté sans réponse. Vous vous raccrochez à votre dernier fil avec l’énergie du désespoir mais la fin est inéluctable : ça ne tiendra pas.

Face à un mur de 5 m de haut sans la moindre aspérité, vous êtes obligée de renoncer. Toutes les histoires d’amour ne finissent pas sur un « et ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants », malgré tous les efforts qu’on peut faire. On peut y voir un échec si on veut, moi, je préfère me dire qu’on n’est pas faits pour vivre avec tout le monde. On a tenté, ça n’a pas marché, c’est la vie.

Sauf que quand tu percutes, tu t’effondres. C’est comme une douche froide en hiver, ça mord, ça griffe, tu te sens lacéré, déchiqueté, ton cœur se tord de douleur, tes tripes aussi. C’est une pierre qui te tombe dans l’estomac, un rocher qui tombe sur tes épaules et te cloue au sol. Tu hurles, tu te débats, tu penses que tu ne pourras jamais te relever. Tu penses à la vie sans l’autre, cette vie que tu ne peux imaginer. Tu es au bord d’un gouffre que tu pressens sans fond et tu essaies de te raccrocher comme tu peux pour ne pas chuter.

Parfois, tu fais durer un peu le supplice, dans un mauvais calcul. Vous savez tous deux que c’est fini mais tant que personne ne dit rien, c’est comme si ça continuait. Ton cœur se serre d’angoisse à chaque fois que tu le voies, de peur qu’il prononce les mots fatidiques. « Faut qu’on parle ». La tension devient lourde, intolérable, la moindre étincelle met le feu aux poudres. Jusqu’au jour où le fil craque définitivement « alors, c’est fini ? ».

Là, tu te sens plongé comme dans un lac froid et sombre. Tu souffres, tu as peur de ce lendemain où tu devras reprendre la route seul. Et en même temps, tu ressens comme un soulagement : le pantomime que vous jouiez depuis quelques temps et qui vous épuisait se termine enfin. Une sorte de sérénité de celui qui sait qu’il va se noyer : la fin est inéluctable. Il va falloir du temps pour renaître, se guérir, refaire confiance. Le travail de reconstruction, de réhabitude de la vie en solo te terrifie. On se promet de rester amis histoire d’attenuer le choc tout en sachant que ça fera plus de mal que de bien. Mais sur le moment, envisager la vie dans cet autre qui a tant partage avec nous est inimaginable.

Pourtant, au fond, on le sait, on finira par sortir de notre lac gelé pour repartir sur notre chemin. Ce chemin où on finira par trouver un nouvel autre.

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