Meurtrière !

Cette semaine, je me sens un peu d’humeur féministe donc je vais vous gratifier non pas d’un mais au moins de deux voire trois articles sur le sujet. Je suis comme ça, moi. Entamons donc cette dilogie/trilogie avec un sujet déjà évoqué par le passé mais apparemment, rien ne change : l’avortement.

Lundi, un compte intitulé “pro vie” quelque chose a débarqué sur Twitter. Je m’abstiendrai de vous le linker, pas besoin de faire de la pub à ce compte qui, rien que par son intitulé me débecte. Pro vie, ça veut dire quoi ? Qu’une femme qui choisit de ne pas poursuivre une grossesse est une anti vie ? Une meurtrière ? Tout noir, tout blanc, le gris est parti en vacances. Je vomis ce terme comme je vomis ceux qui refusent le droit de choisir, un droit voté il y a 40 ans mais qui peut vite se révéler compliqué à appliquer.

Je n’ai jamais avorté. Des amies, des membres de ma famille ont dû y avoir recours par contre et selon les cas, c’est pas toujours si simple. Les praticiens pratiquant l’avortement ne sont pas légion, les plannings familiaux ferment à tour de bras et je ne vous parlerai même pas de certains regards réprobateurs. Pourtant je ne peux qu’applaudir ces femmes qui ont eu le courage de ne pas faire naître un malheureux de plus. Quel enfant peut s’épanouir dans un contexte où il n’était pas désiré ? Je me dis que si demain, je tombe enceinte et que je donne vie à ce foetus, le pauvre gosse part avec un sacré handicap dans la vie. Même si le fait qu’il existe malgré les capotes et le stérilet fait que dès le départ, je l’appellerai Jésus. Je ne suis pas actuellement quelqu’un capable d’assumer et d’élever un enfant. Droit à la vie, super, mais droit au bonheur ?

En fait, ce que je trouve dramatique, c’est que 40 ans après, je me rends compte que ce droit reste toujours aussi discuté. Prenons le débat typique pro/ anti avortement. Le pro avortement se sentira toujours obligé de sortir un argument à base de “et si elle se fait violer et qu’elle tombe enceinte, tu trouves pas horrible qu’elle doive le garder ?” ou le moins extrême et tellement plus probable : “50% des femmes qui avortent le font car leur moyen de contraception était défaillant”. Ca, ok, c’est un fait. Sauf que j’ai envie de dire qu’on chercher à justifier un acte censé être légal, reconnu. Un droit. DROIT. On n’a pas à placer le choix de la femme dans un contexte particulier. Peu importe que l’avortante ait été violée, ait connu un problème de contraception ou n’avais juste aucune info sur la reproduction (ça arrive aussi), y a pas à légitimer. C’est son histoire, son choix, il n’y a pas à lui demander pourquoi elle a décidé ceci ou cela. Ca ne nous regarde pas.

La femme est seule maîtresse de son corps et de sa vie. Avoir un enfant implique une masse de responsabilités et nous ne nous sentons pas toujours à la hauteur pour les assumer. Moi, en tout cas, je ne me sens pas d’attaque et j’ai pas envie qu’un enfant souffre de mon immaturité sur ce point. Ce serait un choix raisonnable. Dieu Merci pour moi, Durex et Gudrun m’ont toujours protégée de cette éventualité. Mais si un jour, je choisissais de ne pas donner vie à cet amas de cellule dans mon ventre, je refuse de justifier quoi que ce soit. Ni les circonstances de cette grossesse accidentelle ni ma décision de ne pas la mener à terme. C’est mon histoire intime, la seule personne avec qui je devrai éventuellement en débattre c’est le géniteur.

Aujourd’hui, on légifère sur tout. Sur la reconnaissance de certains faits et on pénalise le fait de nier cette reconnaissance. Aujourd’hui, si je nie le génocide arménien, je suis condamnable. Par contre, si je fais la guerre à des femmes qui utilisent un droit qu’on leur a donné y a près de 40 ans, c’est complètement normal.

PS : Quand je vois les horreurs postés par les « pro vies », ces monceaux de désinformation dans google images quand tu tapes avortement, je me dis qu’il serait largement temps de légiférer sur le sujet.

PPS : Vu la mésaventure de la dernière fois, si un forum pro vie s’amuse à me linker comme un blog « anti vie » (oui, je suis une serial killer) et que tous ses membres viennent pourrir mes comms :  ceux-ci sont automatiquement modérés et je ne les publierai pas. On a le droit d’avoir son avis, je veux bien débattre mais à 100 contre une, c’est pas du débat, c’est de la propagande.

34 réflexions sur “Meurtrière !

  1. Impossible bien souvent d’avoir une discussion avec des gens qui dénient le droit au sexe non procréatif tout simplement: comment pourraient-ils concevoir l’idée de contraception?
    Plus inquiétant comme tu le dis, la recrudescence (en tout cas en visibilité) de ces mouvements, copiés sur les nombreux équivalents US, tout comme les nombreuses manifs pseudo-commémoratives de néo-fachos de tous poils, déposées en préfectures. L’air du temps est nauséabond.

    1. Carrément. Je suis assez intriguée (dans le mauvais sens du terme) parce que ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas. Que certains négationnismes soient interdits par la loi mais que d’autres propos ne soient pas punis par la loi, ça me turlupine car tout ça n’est qu’un appel à la haine. Quand je vois des dessins d’avortements avec un foetus représenté comme un bébé quasi terminé, ça me choque, ça me révolte. C’est on ne peut plus faux ! Mais bon, quand je vois que la Le Pen peut remettre en cause le droit à l’avortement en toute impunité, là, y a malaise.

  2. Malheureusement, si tu devais avorter un jour, tu découvrirais que tu es plus ou moins obligée de te justifier sur les circonstances et les raisons de ton choix. La procédure t’oblige à un certain nombre d’entretiens lors desquels on te questionne sur ces choses-là.

    1. Je comprends que le médecin vérifie que la décision est bien prise, c’est son rôle aussi, tout est question de proportion. Qu’il vérifie la solidité de la décision, ok. Par contre, que la femme soit obligée d’expliquer, ou plutôt justifier, en détail son choix, là par contre… Les grossesses indésirées, ça peut arriver à toute femme, quel que soit son niveau d’éducation, son âge… J’ai connu une femme tombée enceinte alors qu’elle était sous contraceptif (un anneau donc elle n’a pas eu une mauvaise utilisation de son moyen de contraception, celui ci n’a simplement pas rempli son rôle), on ne peut pas lui rétorquer qu’elle a mal suivi son traitement et n’était pas assez informée. La prise même d’un contraceptif, défaillant dans ce cas, est en soi une preuve suffisante de son non désir de maternité. Je pense après que tout dépend aussi du gynécologue. Quand je vois comme c’est la croix et la bannière pour se faire poser un stérilet quand on est nullipare (ça n’a pas été mon cas, mon gynéco me l’a posé sans aucun problème vu que je n’avais pas de contre-indications), je me dis qu’il y aurait aussi un travail à faire de ce côté là. Mais déjà, démystifier l’avortement, expliquer que non, ce n’est pas un moyen de contraception pour les nanas un peu stupides qui se réveillent après la bataille, ce serait une grande avancée.

  3. @Sheena : La procédure a été allégée en 2008 pour l’avortement par pilule contraceptive, il est désormais possible d’avorter « en ville » (c’est à dire pas à l’hôpital) en faisant un tour chez un gynécologue qui pratique cette possibilité. Les planning familiaux tiennent d’ailleurs une liste de ces gyneco à disposition.
    Le seul hic, c’est que c’est plus cher. Bien sûr. Mais au moins, on n’a pas à se justifier plus que ça. Un simple « je ne veux pas d’enfants » ou « je ne suis pas prête » suffit largement, et il est rare qu’on en vienne à te poser des questions sur le reste. Quand bien même on ne peut pas te refuser un avortement, donc tu pourrais très bien dire : « j’me suis éclatée en partouze, j’ai baisé avec 49 mecs en une soirée, sans capote et c’était cool », on te jugera… certes, mais on ne te le refusera pas.

    1. Je n’avais jamais cherché avortement dans google image avant cet article. Je savais déjà que la désinformation faisait rage mais là, je suis assez révoltée, c’est du mensonge pur et dur. Représenter le foetus comme un enfant quasi prêt à naître… Mais pour moi, ça prouve le manque de réel argument pour interdire l’avortement.

  4. Moi aussi je suis dérangée par tout ces mouvements. Je connais plusieurs femmes qui ont eu recours à l’avortement, et une qui a changé d’avis (sa contraception a foiré à 40 ans, elle a fait des démarches pour avorter et a finalement décidé de le garder). Si elles ont avorté, elles ne l’ont clairement pas fait par gaieté de coeur, mais parce qu’elles n’avaient pas le choix, et elles ont eu des séquelles psychologiques suite à ça.
    Je pense que c’est un droit des femmes très important et qu’il ne doit pas être remis en question, en même temps on est dans une démocratie et les avis contraire peuvent s’exprimer (parfois malheureusement, et malgré une désinformation).
    Ah et concernant le stérilet et les nullipares, après avoir lu que la pilule favorisait quand même certains cancers (rapport OMS) et que l’OMS préconisait la pose de stérilet, j’étais allez voir une gynéco pour m’en faire poser un. Hé bien je me suis presque faite insultée. Elle m’a dit que c’était n’importe quoi, qu’il ne fallait surtout pas poser de stérilet à une nullipare, que c’était juste de la propagande du gouvernement pour faire des économies (WTF??). Donc je lui avait répondu que je l’avais lu dans un rapport de l’OMS, donc rien à voir avec le gouvernement, et surtout que c’était une source particulièrement fiable. Hé bien non, elle a continué dans son délire, tout en étant extrêmement agressive. C’était horrible. J’en ai parlé ensuite à mon médecin, il était outré, ce n’était clairement pas digne d’un médecin, j’aurais pu la signaler à l’ordre. Enfin bref, tout ça pour dire que oui en étant nullipare c’est la galère si on ne veut pas prendre la pilule ou ses équivalents, et avoir une solution moins contraignante.

    1. Oui, les avortements sont assez rarement bien vécus, c’est une décision importante à prendre. Ce n’est pas la peine d’en rajouter dans la culpabilisation. Je veux dire une femme nouvellement enceinte ne décide pas en se levant un matin de tiens, si j’allais avorter ? Je comprends qu’on puisse préférer que l’enfant naisse et qu’on puisse expliquer à des femmes pourquoi ce choix serait mieux vu. Là où je ne suis pas d’accord, c’est quand on nie un droit, qu’on ment sur certains faits (représenter un foetus de moins de 3 mois comme un enfant quasi prêt à naître est une énorme désinformation), qu’on considère les femmes avortantes comme des meurtrières, là, ça va trop loin. On dirait la moitié de ce qui est dit sur l’avortement sur la Shoah ou le génocide arménien, on devrait verser une amende.

      Concernant le stérilet, je l’ai choisi car je ne voulais plus d’hormones. Je pense que c’est mon droit le plus absolu. Une amie a eu droit à une engueulade similaire de la part de sa gynéco mais ça va, on n’est pas débile, on s’est renseignées avant. Je savais que je n’avais pas de contre indication. Quant aux économies, effectivement, de plus en plus de pilules sont remboursées donc la sécu doit sortir plus d’argent pour une contraception pilule à long terme que par rapport à un stérilet mais j’avoue que c’est bien la première fois que j’entends cet argument. Puis merde, c’est notre corps, notre utérus, on est en droit de choisir ce qui nous convient le mieux.

      Nina, nullipare avec un stérilet depuis un an et demi et tout va bien merci

  5. « elles ne l’ont clairement pas fait par gaieté de coeur, mais parce qu’elles n’avaient pas le choix, et elles ont eu des séquelles psychologiques suite à ça. »

    Ben voilà, les séquelles psychologiques c’est uniquement parce qu’on nous impose d’être malheureuses parce qu’on a contrarié la nature.

    Ben non, j’me fais avorter et j’vous emmerde. Je le vis pas mal et je vous emmerde. Si déjà, les femmes qui avortent avaient le courage de dire qu’elles emmerdent le monde, les « séquelles psy » seraient largement moins importantes.
    Si douleur, tristesse ou autre il y a, c’est que la décision n’était pas ferme.

    1. Alors là je suis désolé mais je ne suis pas d’accord. J’avais 16 ans quand je me suis fait avorté pour la premiere fois alors la question du garde, garde pas ne s’est meme pas posé pour moi. Pour moi le choix était clair que je n’avais pas du tout les moyens de garder et d’élever des enfants ou meme d’avoir une grossesse.
      Mais malgré que mon choix était ferme, que j’ai eu l’appui et le soutien de ma famille JE GARDE DES SÉQUELLES PSYCHOLOGIQUES. C’est pas dramatique car je vis quand meme bien avec mais JE NE SUIS PAS HEUREUSE quand je pense a cela et je suis tres loin d’envoyer paître les autres sous prétexte de ma liberté de choix et que j’emmerde le monde.
      Avorter c’est dur, c’est une épreuve pour bien des femmes que j’ai connu. Si toi tu te sens parfaitement bien avec cela je t’envie et je respecte ta situation mais je crois de dire que les femmes devrait « emmerder » le monde et que de cette façon elle se sentirait complètement délesté de la souffrance émotionnelle qu’un tel geste apporte dans une vie, et bien c’est être déconnecté des sentiments que les autres peuvent avoir.

    2. J’irai pas jusque là, tu peux quand même avoir des regrets. Même si ta décision est ferme, tu aurais peut-être souhaité que ça survienne plus tard dans une relation, par exemple. Pour le coup, c’est vraiment une histoire intime et chacune réagit à sa façon. Pour ma part, je sais que même si ma décision est ferme, je ne le vivrais pas bien. Mais bon, vu que j’utilise une double contraception, faudrait vraiment que les éléments se liguent contre moi 😮

  6. Une petite précision : en France, l’avortement n’est pas autorisé, il n’est simplement pas interdit. On a l’air de jouer avec les mots en disant ça, mais d’un point de vue juridico-légal ça change beaucoup de choses, puisque de ce fait l’avortement n’est pas un droit mais une simple faculté (une des conséquences de cette lacune étant la lenteur des procédures, etc, puisqu’il ne peut exister de « service public de l’avortement » – si je puis dire, comme il existe par exemple un service public de la justice).

    Pour tout le reste je suis entièrement d’accord avec toi, et je trouve que le fait qu’en 2012 des femmes ne puissent pas avorter du fait du manque de gynécos obstétriciens, de la lenteur des procédure et du manque d’encadrement de tout ça, parce qu’elles n’ont pas les moyens d’aller en Espagne ou aux Pays-Bas, est franchement lamentable.

    1. Merci pour la précision, elle est essentielle, en fait. Ca explique pourquoi ça reste si compliqué d’avorter pour certaines femmes. Ce serait bien que le sujet revienne sur le devant de la scène mais malheureusement, la seule candidate qui en parle, c’est Le Pen et pas du tout dans le sens qui me convient :/

  7. Merci pour cet article et pour prendre le temps de sensibiliser tes lectrices à ce sujet. Je laisse ici un commentaire en tant que juriste. Pour une fois, les aspects légaux de la question peuvent venir enrichir le débat. Avant 3 mois, un foetus n’est pas protégé par le droit (par exemple en cas d’accident de voiture de la mère). Pourquoi? Parce qu’on ne peut pas encore parler d’infans, c’est à dire d’enfant. Ceci n’est pas un avis, c’est un rappel de ce que dit notre Code civil.

    Encore merci pour cet article.

    1. Merci pour la précision, elle reste essentielle et elle est souvent oubliée. Du coup, sais-tu si on peut considérer que les représentations de foetus avortés comme des enfants prêts à naître ne tombent pas sous le coup de l’illégalité ?

  8. Être pro-vie ce n’est pas seulement être contre l’avortement, c’est surtout choisir de considérer que toute vie humaine mérite d’être vécue. Bien sûr il y a des souffrances, des malheurs… est-ce une raison pour priver la chance à un enfant de devenir?
    Avorter c’est tuer dans l’oeuf. Je ne dis pas que je juge les femmes qui ont recours à l’avortement. Dire que je les comprends serait aussi exagérer sans quoi je n’aurais pas les opinions que j’ai sur l’avortement entre autre. Mais je ne comprends pas pourquoi on ne considère le foetus comme être humain qu’à partir d’un certain nombre de semaines. A partir du moment où l’embryon se développe, il y a la vie.

    Ce que je veux dire c’est que ces gens pro-vie, ceux qui manifestent à l’occasion, certains n’y connaissent rien, ils ont les opinions qu’on leur demande d’avoir, mais d’autres, la majorité sont bien conscients des choix qu’ils font en s’exposant ainsi. Ils ne manifestent pas pour que la loi soit retirée, ils savent très bien que c’est ridicule. Ils manifestent pour que l’avortement ne soit pas un recours de facilité. Parce qu’avoir le choix c’est aussi pouvoir choisir la vie.

    Ne pensez-vous jamais à tous ces enfants jamais nés et qui pourtant étaient déjà incarnés? J’aurais pu être l’un d’entre eux. Ma mère n’est pas une bigote catho, elle est tombée enceinte de moi alors qu’elle était en pleine dépression, mon père l’avait abandonné pour la première fois. On ne la croyait pas capable d’assumer un enfant et pourtant envers et contre tous elle a donné la vie. Non, je ne suis pas un miracle qui l’a sauvée de la dépression et du malheur. Je suis juste un être humain qui mérite de vivre et croyez-moi, j’en ai douté plusieurs fois. Mon père est revenu avant de partir à nouveau, laissant encore ma mère seule avec un deuxième enfant en devenir. A plus de 40 ans il y avait des risques pour que ce petit frère soit handicapé. Et alors? Ne mériterait-il pas de vivre sous ce prétexte? Ce serait être nazi que de vouloir retirer la vie à un être humain sous prétexte que ses capacités sont moindre.

    Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y a pas un cas pareil et bien sûr il vaut mieux des femmes pouvant avorter en sécurité plutôt que de bousiller deux vies à la fois.
    Il n’y a aucune haine dans mon message, juste un point de vue.

    En revanche le coup de gueule que je voudrais pousser, c’est personnel et vous n’y pouvez rien bien sûr, mais j’aimerais qu’on arrête justement de me juger lorsque je dis que pour moi l’avortement c’est tuer un enfant en devenir. Quand je dis ça, je ne traite personne de meurtrier, le coupable je ne l’ai pas, je ne peux juste pas me résoudre à le considérer autrement et puisque je crois en l’âme, je prie pour ces âmes. Est-ce que je fais du mal à quelqu’un? La plupart du temps, dés qu’on découvre que je suis catholique, c’est la première question qui arrive sur le tapis. J’ai accepté d’être une sorte de phénomène de foire mais c’est assez fatiguant d’être réduite sous prétexte de ma religion à deux ou trois opinions qui font œuvres de clichés. Parce que le 100 contre 1, c’est tous les jours que je le vis, dans ma famille comme dans ma vie professionnelle.

    Je suis désolé, mon message est long et pas forcément en accord avec l’article, mais j’avais vraiment besoin de l’exprimer puisque je ne peux pas le faire ailleurs sous peine d’être automatiquement catégorisée extrémiste ou mouton de Panurge religieux.

    Si mon message est supprimé, alors cela veut dire que la discussion n’est absolument pas ouverte.

    1. Si, si, elle est ouverte, j’ai juste prévu le cas où un forum « pro vie » donnerait l’adresse de l’article en le plaçant sous le sigle « anti vie ».

      Pour ma part, je ne considère pas les choses sous le même angle. Bien sûr que la vie est faite de bonheur et de malheur et qu’un enfant qui naît aura à affronter différentes épreuves mais pour moi, le rôle de parent est de faire en sorte qu’il parte dans les meilleures conditions dans la vie. Je refuse de donner la vie à un enfant à qui je ne peux pas garantir le minimum et à l’heure actuelle, je ne suis clairement pas prête à devenir mère. Je connais plusieurs cas de femmes ayant eu des enfants pour de mauvaises raisons (retenir un homme, envie d’être mère sans en avoir le sens des responsabilités…) et franchement, je plains les pauvres gosses.

      Sinon, pour en revenir à l’enfant en vie, un foetus (c’est le terme exact) n’est pas un individu indépendant puisqu’il ne peut pas vivre ex utero. Sans la mère, il ne peut survivre. La plupart de ses fonctions motrices n’existent pas, son cerveau n’est pas développé. D’ailleurs, le corps élimine de lui-même certains foetus non viables (fausses couches).

      Je suis d’accord avec toi sur le choix, avortement ou vie mais là encore, c’est à la porteuse du foetus de décider. Je suis parfois agacée d’entendre que des femmes ont eu recours plusieurs fois à l’avortement car il ne s’agit pas d’un moyen de contraception. Les accidents arrivent mais plusieurs fois à une même personne, je n’appelle plus ça un accident.

      Je ne pense pas aux enfants qui n’ont pas vus le jour, non, car ils n’ont pas eu d’existence. Il n’y a eu aucune projection sur eux, ils n’ont pas été conçus par désir mais par accident. Je préfère à la limite m’apesantir sur des enfants bien nés et décédés dans des accidents, par exemple.

      Après, je n’ai pas abordé la dimension religieuse du débat à dessein car j’ai pas vraiment d’avis sur la question. Et c’est urbain de ma part d’éviter les clichés de temps en temps 😉

      1. J’ai avorté plusieurs fois, pour différentes raisons à chaque fois…

        C’est grave ?

        Il y a des personnes, dans mon genre, à qui on a expliqué pendant longtemps qu’elle n’avait pas le droit à la pilule (ou implant, et y compris la pilule du lendemain), que le stérilet c’était niet, et que la seule contraception autorisée était le préservatif, ou l’abstinence. Quand à cela s’ajoute une fertilité exceptionnelle (j’ai été nourrie au grain, le bon air de la campagne) : ça donne 3 avortements et une fausse-couche en 6 ans (et en 11 ans de vie sexuelle). Et jamais sans le moindre regret… Je ne suis ni meurtrière, ni inconsciente. J’ai fait des choix de femmes, que j’ai assumés comme une femme et le plus souvent entièrement seule. Je ne me fais pas assister par mes ami(e)s ni ma famille, je vais seule chez le gynéco, seule à l’échographie de datation, et je reste seule chez moi pendant que je me vide de mon sang. C’est l’affaire de 2 jours et MA vie reprend.

        Je n’ai pas à avoir honte de mes choix, j’en parle librement, et je défie quiconque de me faire changer d’avis sur mes choix. On peut essayer de me faire culpabiliser autant qu’on veut, on peut organiser un tribunal en m’intimant l’ordre de pleurer et de déprimer, mais ça ne changera rien. J’ai avorté et j’emmerde le monde.

        Si je dois avoir des regrets plus tard, je les aurai. Et j’apprendrai à les surmonter, parce que c’est mon devoir de femme. C’est la seule responsabilité que chacun d’entre nous se doit d’avoir vis-à-vis de soi-même : apprendre à surmonter.

  9. @Loxy
    Oui, je sais bien que la procédure a été allégée – il n’empêche que l’on te demande comment c’est arrivé et si tu es sûre de ton choix. c’est effectivement normal, mais selon les cas et la personne que tu as en face de toi, tu te retrouves finalement vite à te justifier.

  10. je ne voyais plus d’article depuis un mois
    mais en fait c’est que le flux RSS avait du changer
    bref, contente de retrouver ce blog avec un chouette nouveau look

    Pour ce qui est de cet article
    j’ai bien aimé la réaction de loxy,
    je crois que finalement pas mal de souffrance psychologique, mauvaise conscience etc…
    des femmes qui avortent est amplifié par le fait que ce soit mal perçu…
    Personnellement, je n’aurais jamais cru avorter un jour
    et c’est ce qui m’est arrivé,
    je n’ai pas eu à me justifier, ni à faire trop de démarches,
    tout a été très vite,
    c’est sûr que ça n’a pas été un moment agréable à vivre.
    Mais finalement quand on est sûre de sa décision,
    qu’on sait que ce problème est arrivé alors qu’on avait pris nos précautions,
    ben on n’a rien à se reprocher.
    On n’a pas à s’imposer de souffrance morale en plus.

    Je suis immensément heureuse de vivre dans un pays qui m’a laissé la liberté de faire ce que je voulais de mon ventre.

    1. Alors pour le flux rss, j’ai déménagé le blog ici. Over blog a laissé la redirection de l’ancien blog sur le nom de domaine http://www.vingtenaires.com donc quand j’ai voulu publier un article précisant que le blog avait déménagé, il n’est jamais apparu.

      Pour le reste, l’avortement reste une histoire intime. Il n’y a pas une bonne ou une mauvaise façon de réagir. Il y a tout un tas de facteurs qui font que la décision sera facile à prendre et sans regrets ni tristesses et d’autres qui peuvent provoquer l’inverse. Une femme qui avorte sans ressentir de tristesse n’est pas un monstre.

      Perso, je n’ai jamais eu à avorter donc je peux pas dire comment je réagirais. Je ne prétends donc pas dire ce qui est normal ou non. De toute façon, la réaction des unes et des autres ne me regarde pas en soi donc voilà 😉

      Et c’est toujours bon de rappeler : « on sait que ce problème est arrivé alors qu’on avait pris nos précautions ». On ne répétera jamais assez qu’une part très importante des femmes qui avortent sont sous contraception.

  11. vs êtes le genre de personne qui me fait gerber, indigne de vivre, indigne d’être mère par la suite dès lors que l’irréparable a été commis,
    porter un enfant ne signifie pas avoir un droit de vie ou de mort sur lui,
    et oui c’est un être humain, les photos chocs sont réelles, pas de trucage, il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir, histoire de bien dormir la nuit encore et encore,
    vs êtes manipulés, par les pouvoirs publics, le planning familial, les médecins partis pris, vous êtes des pions, un business pour eux, rien d’autre,
    vs êtes bien contente d’être là aujourd’hui pr balancer vos saloperies, même les gens les plus stupides comme vs ont le droit de vivre,
    mon commentaire sera censuré évidemment, vs ne gardez les coms que s’ils flattent votre égo

    1. Oh non, je ne peux que publier ce comm. Donc vous êtes pro vie mais vous estimez que, moi, je dois mourir. Belle argumentation, je suis convaincue. En une phrase, vous démontrez votre grande capacité de réflexion, je suis sans voix. Allez, au revoir… (sinon, j’ai jamais avorté, hein, mais bon, lire l’article semble au delà de vos forces)

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