Go Hollande, go !

La semaine dernière, François Hollande version 2011 (donc aminci) a fait une annonce fracassante : il est candidat aux primaires socialistes. Bon, ok, tout le monde a dit “oui, c’est bien mais DSK, il a rien à nous dire ?” mais moi, je vais vous faire une confession : je l’aime bien François.

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Mon affection n’a rien de politique, ce n’est qu’un sentiment. Ceux qui me lisent depuis longtemps connaissent mon affection pour les outsiders, les petits poucets, ceux sur qui on n’aurait pas misé un kopeck mais qui, finalement, s’en sortent bien voire mieux que bien. J’ai toujours en tête l’histoire de l’Australien, Steve Bradbury, qui a remporté la
course de vitesse en patinage car tous les autres s’étaient vautrés devant et qu’il n’avait eu qu’à rester debout. On peut débattre sur la qualité de son titre : il a gagné précisément parce qu’il était mauvais et qu’il était bien derrière les autres mais c’est justement ça qui est beau, ce petit aléa du destin qui transforme un loser en winner. Une leçon de vie, même : c’est pas parce que t’es mal barré qu’à la fin, tu ne peux pas devenir champion olympique.

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François, c’est mon outsider chouchou. Parce qu’en plus d’être le petit poucet en qui personne ne croit (à part sa copine et moi), il a une revanche à prendre. Observons un peu la carrière de François. Grand adversaire de Chirac en Corrèze, homme de paille de Jospin en 97 style “tiens, tu gardes le parti pendant que je fais premier ministre”. On sait bien que les chefs de partis, faut s’en méfier un peu comme Balladur ou Sarkozy. Mais non, François fut un fidèle lieutenant. 2007, alors qu’il est encore secrétaire du parti, qui se présente aux élections présidentielles pour le PS ? Sa propre compagne, Ségolène Royal. Une campagne où il se retrouve sur le devant de la scène en tant que “compagnon de”, on se gausse “ahah, François Hollande, première Dame !”, on a droit aux photos de son faux mariage tahitien dans Paris Match. Et finalement, à la fin de la campagne, on apprend que Ségo et lui, c’est fini. Marrant comme nos deux candidats principaux ont triché sur leur statut marital, comme si un divorce pouvait leur faire perdre des points… Je suppose que oui mais là n’est pas le sujet. François, éternel lieutenant, éternel faire-valoir.

 

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Et puis le François 2011 est arrivé. Plus mince, plus sémillant, plus ambitieux. Il veut enfin jouer un premier rôle et moi, je dis oui ! Parce que ce serait une belle revanche et que ça me ferait bien marrer, surtout vis à vis de Ségo que j’aime si peu (voire pas du tout). Et puis, je l’aime bien François. C’est un peu un mec que j’aimerais bien avoir comme oncle, par exemple. Qui nous invite le dimanche à déjeuner chez lui et fait un barbecue, il nous raconte des anecdotes marrantes, fait des traits d’humour… Il paraît qu’il est très drôle. Et comme je n’ai pas beaucoup de tontons (2 dont un que j’ai pas vu depuis 10 ans), forcément, ça me rend sensible.

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Au fond, j’ai envie de voir Hollande comme un nouveau Chirac. Pas pour le côté magouilleur, pas du tout mais pour le côté “mec qu’on pensait fini mais qui finalement massacre tout le monde”. Parce que mine de rien, l’élection de Chirac en 95, ça m’avait fait un peu plaisir pour ça, pour le côté “on l’avait tous enterré, on croyait tous en Balladur et tadan!”. Bon, en 95, je rappelle que j’avais 15 ans et que mon éducation politique, je la faisais essentiellement devant les Guignols donc on comprendra le manque total de pertinence dans mon analyse. Hollande, ce serait un peu un nouveau Chirac en moins tueur (à ce que j’en sais), le Président débonnaire qui prendrait un peu soin de nous, qui raconterait de bonnes blagues à Obama au lieu de faire la gueule dans son coin, qui n’épouserait pas une chanteuse éthérée. Plus qu’un Président, ce serait un super tonton. Mmmm, Corrézien comme Chirac, “tonton” comme on surnommait Mitterrand (ok, ce n’était pas du tout pour les mêmes raisons). Y a que moi qui y vois comme des signes évidents du destin ?

PS : cet article est la pire “analyse” politique du monde mais j’assume.

13 réflexions sur “Go Hollande, go !

  1. Pour apporter un peu de « profondeur » à ta « pire analyse politique du monde » je dirai que même si c’est très vulgairement traduit, tu as un peu tout compris.
    Pour Hollande, t’es pas la seule à l’aimer, ça fait un bail que j’attends qu’il entre dans le jeu et je voterai évidemment pour lui aux primaires.
    Pour refaire un peu le topo sur Hollande, ne pas oublier que
    1/ il est sorti dans la botte de l’ENA (la FAMEUSE promotion Voltaire) et a choisi à sa sortie de rejoindre l’équipe Mitterrand (suivi ensuite par Royal qu’il a rencontré sur les bancs de l’ENA)
    2/ il est vraiment EXTREMEMENT intelligent, d’une finesse rare avec des capacités à « prendre sur lui » et à être « pédagogue » qui sont très rares et précieuses chez un président (pour la petite histoire, la légende raconte qu’à l’ENA pendant les simulations il organisait les séances de main de maître en répartissant les tâches de façon à ce que tout le monde réussisse en en faisant le moins possible… un homme de gauche j’vous dis !)
    3/ et il est en plus très drôle, toutes les personnes qui le connaissent et qui m’ont parlé de lui m’ont dit que c’était vraiment le mec le plus drôle du monde (DSK aussi est marrant).

    Par contre, là où je ne te rejoins absolument pas c’est sur le côté « il a été l’homme de paille de Jospin jusqu’en 2007 et il a rien fait en tant que PS du PS ». C’est un peu beaucoup pas tout à fait vrai. Il a joué le rôle qu’on lui a demandé, à savoir : tenir le parti ! Et il l’a très bien tenu dans la mesure où quand il était là on entendait assez peu les dissidents. Le seul couac notable a été le référendum européen. Ce n’est que lors des primaires pour 2007 que le parti s’est divisé, notamment à cause de Royal… mais c’est une autre histoire.

  2. François Hollande ne manque ni d’intelligence (avant l’ENA, il est diplômé de HEC et de l’IEP Paris), ni de pédagogie. Il a également un sens aigu de la formule assassine qui met les rieurs de son côté. Toutes qualités sans doute utiles au candidat qu’il est aujourd’hui.

    Donc, si je tire sur une ambulance, j’ai quand même le sentiment qu’elle est solidement blindée.

    Non seulement, elle est cuirassée comme il faut, mais elle a aussi des kilomètres au compteur. S’il n’a effectivement aucune expérience ministérielle, François Hollande a été le conseiller économique de Mitterrand à l’Elysée, et le Premier Secrétaire du Parti Socialiste pendant dix ans.

    De ces dix ans de direction, il a tiré une connaissance pointue de l’appareil du parti, dont je suis (mais ça n’engage que moi) persuadé qu’il saura la transformer en soutiens sonnants et trébuchants lors de la campagne interne au PS, et éventuellement lors de la campagne nationale.

    Voila que l’ambulance est équipée de chenilles pour traverser une campagne interne toujours salissante.

    Peu populaire quand il a quitté la tête du parti en 2008, après un an de traversée du désert (il devait tenir dans un bac à sable, le désert. Nina, l’article de Rue 89 que tu cites date son retour de 2009), il a réussi à faire oublier dix ans de direction du parti qui ne sont pas forcément une réussite. Le surnom « Flamby » qu’on prêtait au patron de Solférino venait de l’harmonie entre une physionomie ronde, bonhomme, et une culture de la synthèse au sein du P.S que certains jugent mortifère sur le plan des idées.

    Or, après un an, voila que l’homme parait littéralement transfiguré. Nouvelles lunettes, nouvelle coupe de cheveux, nouvelle copine, des kilos en moins mais une énergie nouvelle dans le discours, comme libéré. Je suis le premier à reconnaître que quitter le poste de Premier Secrétaire lui a fait un bien considérable sur le plan politique. L’ambulance que je canarde est désormais repeinte de frais.

    Pour finir, deux points que l’article de Rue 89 met en avant : D’une part, il entretient d’excellente relations avec les commentateurs de la course à la présidence de la République, et en l’absence de Strauss-Kahn, il occupe le starting-block étiqueté « social-démocratie ». Une place de choix sur la grille de départ socialiste. Non seulement l’ambulance n’est pas si mal placée que ça, mais son pilote a les faveurs des pronostiqueurs. Pas étonnant qu’il torture son démarreur en réclamant le départ anticipé de la course à la candidature, sans attendre le directeur du FMI.

    Un long commentaire, juste pour dire que « l’outsider » n’est quand même pas si mal placé que ça.

  3. pour rebondir dans ton analyse, avec une imcompétence totale en la matière je dirais qu’effectivement, Hollande c’est bon comme du fromage ! mais pas sûr que les bons sentiments, le sens de l’humour et la compétence d’énarque soient les « qualités » suffisantes pour acceder au titre de francais 1er.

  4. [Petit aparté: faire de brillantes études n’est pas forcément un gage d’intelligence, et vice versa.]
    Pour en revenir à Frank Netherland, en terme d’image on a vraiment l’impression de voir le produit 2.0 de sa nouvelle compagne. Je m’explique: on a tous connu ce pote qui sort d’une relation de longue durée et dont la nouvelle officielle tente d’effacer toute trace de l’ex, quitte à faire un ravalement complet pas toujours juste.
    Bref on me dirait que désormais François Hollande fait du kite-surf, danse le tango et veut être président de la république, je le croirai. Il parait même qu’une des ces trois suppositions est vraie.

  5. C’est loin d’être l’analyse politique la plus mauvaise qui soit. Malheureusement.

    L’élection présidentielle ne se gagne pas sur un programme, un programme, il faut le lire, c’est compliqué et il faut promettre le bonheur à tout le monde, tous les corporatismes, tous les communautarismes.

    Alors ça finit pas se jouer sur la personne, la fameuse « rencontre d’un homme avec un peuple », une super connerie aussi bien marketée qu’une émission de télé réalité, à peine plus profonde.

    Un ancien président disait : »les français sont des veaux »,et quand on voit ce qui se dit autour de la politique, malheureusement, il n’avait pas tord.

    Et à la décharge de nos compatriotes, il faudrait maintenant un doctorat en économie pour comprendre la portée des réformes économiques, ces petits leviers qui tentent d’orienter les comportements des agents vers un système vertueux, quand la plupart (des agents) n’en ont strictement rien à foutre.

  6. Je l’aime bien le François moi aussi. Il m’a l’air sympa, et je suis tout à fait d’accord avec ta vision du « bon gars ».
    Par contre, la dernière fois que je l’ai vu à la télé j’ai flippé qu’il soit devenu anorexique. Non?

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