Es-tu une woo girl ?

Comme je suis une fille qui n’est pas du tout à la page, j’ai découvert très récemment la série How I met your mother que tout le monde adore. Bon, ok, j’avoue, moi aussi, j’adore, j’ai légèrement honte. Oui, faudra un jour que je comprenne pourquoi je déteste à ce point tout ce qui est médiatique et pourquoi aimer un truc populaire me donne la sensation d’être un mouton. Bref, dans un épisode de la saison 4, les deux personnages féminins se rendent dans un bar pour fêter l’anniversaire d’une autre fille, une woo girl.

Qu’est-ce que la woo girl ? C’est la nana qui, en soirée, se sent obligée de montrer qu’elle existe, qui crie « woooo » en levant les bras dès qu’un truc se passe. En très gros. Et vers la fin de l’épisode, une de nos héroïnes explique à son amie mariée qui n’est pas woo du tout ce qui se cache derrière le woo : le mal être.

Alors, j’ai réfléchi. Dès le début de l’épisode, je me dis qu’il n’y a rien de plus pathétique qu’une woo girl et je dis ça essentiellement parce que j’en fus une. Et j’en fus une quand ? Précisément au moment où ça n’allait pas dans ma vie, quand j’étais au chômage, loseuse, déprimée et globalement alcoolique. Je voulais néanmoins prouver au monde entier (qui n’en avait rien à battre) que j’étais une fille trop heureuse de vivre qui sait faire la fête et qui se dit qu’en levant les bras et en criant woo ! on va tromper notre monde. Et
bien bonne nouvelle, on arrive à tromper le monde car le monde n’en a rien à faire des dindes décérébrées (et des dindons, ça marche pour les mecs aussi) qui crient en levant les bras. Au pire, on ressentira un peu de pitié pour elles en se disant qu’elles pensent être les reines du monde alors qu’elles sont juste reines des bouffonnes. Je sais, je l’ai été.

Au-delà du phénomène woo girl, ce qui est intéressant de voir, c’est à quel point notre société exècre ce qui ne va pas et qu’il faut toujours être prêt à faire la fête, à l’éclate, même si on a vaguement envie de prendre un tube de somnifère et de dormir les quelques prochains mois histoire que les choses se décantent. Oui, quand je déprime, moi, je veux juste dormir longtemps, longtemps parce que quand je dors, je ne pense pas. Mais ça, ça ne se dit pas, il faut vivre la vie comme James Dean, à fond la caisse. Ou t’es fêtard ou tu es le plus sinistre individu du monde et interdit de dire que tu n’as pas envie de sortir, la fête règlera tous tes problèmes.


Alors on sort et on fait semblant car la plupart des gens se contentent des apparences : elle fait la fête donc elle va bien, elle attend d’être seule chez elle pour pleurer malgré tous les woo qu’elle a proféré durant la soirée en levant les bras et en buvant ce qu’on lui offrait. Ses amis ne s’inquiètent donc pas pour elle, elle donne le change, tout va bien, merci bien. Je me souviens de l’impression de vide à l’époque : plus je faisais la fête, plus je me sentais seule et désemparée et le cercle ne semblait jamais se briser. Une fille fêtarde doit toujours avoir envie de sortir, ne jamais dire non parce qu’elle déprime parce que déprimer n’est pas woo. On croit tromper son monde mais finalement, on ne trompe que ceux qui veulent être trompés et qui ont besoin de nous pour supporter leur propre détresse.


Bref, plus quelqu’un fait la fête de façon ostentatoire, plus ça me déprime, au fond. Je me demande si finalement, être bien dans sa peau, ce n’est pas, tout simplement, vouloir ne pas se faire remarquer dans la mesure du possible. On peut s’amuser sans gesticuler pour que tout le monde le constate. Parce que tout est là : quand on est bien dans sa peau, on n’a strictement rien à prouver à personne.

NB : Cet article est nase mais je l’avais en réserve et j’ai pas eu le courage d’écrire hier soir donc vala.

16 réflexions sur “Es-tu une woo girl ?

  1. je ne trouve pas cela naze du tout personnellement. même si je pense qu’on peut avoir beaucoup à prouver, et à se prouver, et se sentir très bien dans ses baskets. parcequ’on a besoin de challenge, de projets, et aussi de s’améliorer dans tout plein de domaine. tout ça en étant blindé dans la tête.

  2. je me doutais que tu allais dire ça, mais je te rétorque qu’on est malgré tout très souvent en séduction avec notre entourage, qu’on le veuille ou non. bien sur dans certaines limites.

  3.  » Parce que tout est là : quand on est bien dans sa peau, on n’a strictement rien à prouver à personne »
    Bravo, rien que d’avoir compris cela prouve que tu vas mieux…

  4. Effectivement, c’est étrange ce paradoxe que ce sont souvent ceux qui rient le plus fort qui versent aussi le plus de larmes…
    Et si on considère que les gens qui en font des tonnes pour se faire remarquer (regardez moiiiii, écoutez moiiii, prenez moi en photoooooo ) ont qques petits problèmes psychologiques derrière, y’en a certains sur qui on pourrait se poser quelques questions…. (regarrdezzz moiiii, écoutezzz moiiii, matezzz ma nouvelle roleeeeex)

  5. Je tiens à dire que je me sens presque vexée… Parce moi, je ris fort… tout le temps, même quand je vais bien, et ce depuis des années!!! ALors non, rire fort, en tout cas pour ceux qui le font depuis toujours, ne signifie pas qu’ils sont dépressifs depuis toujours.
    EN ce qui me concerne, je reconnais qu’à une époque je sortais énormément, pas parce que je n’allais pas bien, mais parce que tout le monde le faisait, que ca donnait de moi l’image d’une fille surbookée et donc demandée (or j’ai presque totalement perdu le contact avec une bonne partie des personnes que je fréquentais à cette époque, ce qui prouve bien que sortir peut remplir éventuellement pendant un certain temps une vie sociale, mais que ca ne crée pas nécessairement de liens d’amitié durable…Mes amis je les emmène au resto, au ciné, je fais des soirées posées à discuter ou à jouer à des jeux débiles sur les consoles de notre jeunesse, je les retrouve en mode picnic ds les parcs de paris…).
    En revanche je suis assez ambivalente : j’ai souvent la flemme de sortir, mais je m’inquiète quand personne m’appelle pr me proposer quelque chose (m’aurait on oublié? suis je une paria? mon silence radio a t’il découragé ls gens? ai je toujours des amis qui pensent à moi?)…
    Et enfin pour finir, je suis comme toi Nina, quand ca ne va pas ce qui est le cas en ce moment), j’ai plutôt tendance à rester chez moi, me couper du monde, rester au fond de mon lit et décliner toutes les invitations de mes amis (mes efforts se portant seulement sur les repas de famille, il faut quand même faire un minimum bonne figure…).

  6. le concept de la woogirl fait le bonheur de la télé-réalité et des tabloïds: c’est des gens qu’on adore détester finalement. Alors qu’en se contentant de les ignorer…

  7. Salut!

    Je viens de découvrir ton blog, c’est le second article que je lis et je trouve ça vachement bien!

    Je suis tellement d’accord avec toi sur ce que tu dis dans cette article! Entre 18 et 21 ans, j’étais tellement cette description typique… Et c’est vrai que je n’ai jamais été aussi malheureuse… Aujourd’hui, ça va super bien et je ne fais plus la woo girl dans les bars. Je m’amuse et je me fiche bien de ce que les autres peuvent en penser!

    Sauf que je ris encore trop fort, surtout quand j’ai bu! 🙂

  8. On dirait moi à 16 ans :s

    ou presque enfin j’étai et je suis toujours un peu un wooooobwoy happy: je parle trop fort dans les transports, en soirée à la fin tout le monde me connait, j’ai des dizaines de photos avec des inconnues…. et pire que tout je ris fort

    et pourtant je ne suis pas déprimé, pas un loser, pas de probleme pseudo existensiel d’ado/adulescent… c’est même le contraire je m’aime depuis tjrs.

    merci quand même j’ai beaucoup rie (fort) en lisant la subtilité cette brillante auto-analyse empirique, cqfd vous avez raison l’article est un peu naz

  9. quel honte je suis extraverti sans complexe je me fais facilement des amis… je suis vraiment infrequentable et detestable uhuhu. Condescendant surment.

    Absolument rien à voir avec le faite d’un quelconque besoin de constante reconnaissance, je suis d’une nature expensive joyeuse et demonstrative; En suivant ton raisonnement je serai donc quelqu’un de forcement triste, seul, délaissé … Excusez moi donc d’avoir voulu emmettre des limites à votre magnifique raisonnement digne des meilleurs pages psycho’ de magazine feminin.

    word.

    PS: d’ailleurs merci de parler de moi, et excuse moi mais qui est donc ce Michael Vendetta?

  10. bete à pleurer? je ne pense pas avoir emis un tel jugement sur votre personne, non!?
    parler de la qualité d’un article n’est pas parler de la qualité d’une personne; Je ne juge nullement votre capacité intellectuel … et je ne vous deteste pas du simple fait que je ne vous connais pas. Au contraire, fait rare, ce blog succite mon interret.

    enfin bref je persiste et signe tous les gens qui donnent des signes exterrieurs de bien être ne sont pas tous depressifs, suicidaire et ennuyeux à mourir.

    Est ce si dure de penser que des personnes de 19ans extraverties et heureuse existe dans ce monde?
    Je ne porte pas de masque, je n’ai pas besoin de deshinibiteur pour m’amuser et j’ai le contact facile avec les gens.

    j’ai un arriére gout j’ai comme l’impression que savoir que je suis un être seul et depressif vous rassure d’une façon ou d’une autre… Et ça, ça me fait peur.

    PS: oui j’ai un ego XXL, oui je me trouve GOAT, j’aime parler de moi et je me trouve doué, je peux comprendre que ca fasse de moi une personne detestable.

    Pour le « parler de moi » je fais reference a l’article ci dessus qui vous le croyait semble me decrire… uhuhu ironie quand tu nous tiens.

  11. nan mais je suis au point de Michael Vendetta (merci d’avoir enrichie ma cuculture sur le coup) je cherche pas à me faire remarquer, je suis bruyant totalement foufou et je me fous de ce que les autres pensent… c’est naturel pas calculé

    je pense profondement que je suis pas le seul être humain totalement extravertie et deshinibé sur terre qui n’est pas en mal de reconnaissance.

  12. Je suis parfaitement d’accordavec toi, Une woo girl est non seulement pathétique mais aussi une fille à protéger, ce que je m’efforce de faire en tant qu’humaniste. Cordialement, Stephane Boomba

  13. « on ne trompe que ceux qui veulent être trompés et qui ont besoin de nous pour supporter leur propre détresse »
    …c’est juste. Ayant beaucoup vécu la nuit pendant une période d’alcoolisation excessive et de mal-être certain, je peux confirmer que chacun est la béquille de l’autre dans ce genre d’endroits, et que chacun se fiche bien de savoir qui est réellement l’autre. Dans la nuit et les bars sombres se réfugient les âmes à la dérive, chacun se piétine, chacun jouit de la détresse de l’autre pour tentant d’oublier la sienne…

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