On vous rappellera

Voilà, vous avez donc passé l’entretien et voici qu’on vous annonce que vous aurez la réponse dans quelques jours, le temps que tous les candidats passent. Avec de la chance, on vous donne une date fixe, avec pas de chance, on vous dit vraiment « dans quelques jours », ce qui est vague. Et là, en fait, c’est la pire des tortures mentales.

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Sortie de l’entretien, en général, j’appelle ma mère pour un débriefing à chaud. En général, je suis enthousiaste, je doute rarement de ma prestation. En général, quand je
foire un entretien, je le sais de suite. Je rentre chez moi et me repose un peu, contente de l’avoir fait. Pendant deux jours, je m’occupe, je fais mes comptes de chômeuse, je continue à candidater. Mais voilà, passé ce délai de 48h, je commence à me faire des films noirs. Je reviens sur mon entretien et ça part en vrille « mince, j’aurais pas dû dire ça, j’ai dû paraître trop niaise/incompétence/paresseuse/à côté de ses pompes/exaspérante/beaucoup trop prétentieuse… ». Rayez la mention inutile. Pour peu que je sois un peu en période déprime (ce qui arrive quand on est chômeuse), ça vire carrément au « de toute façon, je n’y arriverai jamais, je suis trop nulle, blablabla ».

A partir de ce délai raisonnable de 48h, on ne quitte plus son téléphone des yeux pour être sûre de ne rater aucun coup de fil, on a sa boîte mail ouverte en permanence et on
bousille le bouton F5 à force d’appuyer dessus toutes les 38 secondes en moyenne. A 19h, on se raisonne : les gens sont partis du bureau, ils me contacteront plus. Et c’est repartie pour une nuit de déprime. Les amis vous proposent de sortir mais hors de question. Sortir, c’est ne pas consulter sa boîte mail pendant plusieurs heures, sortir, c’est risquer de recevoir le coup de fil tant attendu dans un bar donc soit on n’entend pas le téléphone sonner, soit on n’entend pas ce que le monsieur au bout du fil vous dit. Et quand c’est votre sœur qui vous appelle de son téléphone du bureau qui commence en 01, vous êtes partagée entre un amour fraternel débordant devant tant de sollicitude et une envie violente de l’étriper pour cette fausse joie. Depuis, le numéro de bureau de ma sœur, je le connais par cœur et le reconnais de suite. Bref, dès que le téléphone sonne, votre cœur saute hors de votre poitrine. Quant au mail, la nanoseconde de rechargement vous paraît une éternité d’autant que vous savez très bien ce que dira ce mail. Si vous étiez engagée, la personne vous appellerait directement pour régler les détails techniques du genre proposition de salaire, signature de contrat et date de début. Un mail, on sait forcément qu’il nous dira que « malgré la qualité de votre candidature, nous ne vous avons pas retenu ».

Alors, évidemment, tout le monde vous dit d’appeler l’employeur pour avoir des nouvelles et montrer sa motivation. Au pire, envoyer un mail. De ce point de vue là, c’est tout à fait vrai même si certaines entreprises vous précisent de suite qu’il ne sert à rien d’appeler, merci. Donc, voilà, j’ai pas de nouvelles, il est temps que je passe de la passivité de l’attente à l’action. Mais quel est le délai correct avant de relancer l’employeur ? Non parce que l’appeler tous les jours en commençant deux heures après l’entretien, je ne suis pas convaincue que ce soit bien vu. Motivée, oui, déraisonnable, non. Avec de la chance, le recruteur vous a informé du nombre de candidats encore à voir, ce qui permet d’évaluer à peu près dans combien de temps ils seront tous passés. Mais si le recruteur ne vous dit rien, je pense que c’est assez mal vu de poser la question, il peut considérer (à juste titre) que ça ne nous regarde pas. Mais bon, 48 heures, c’est le temps d’appeler. Sauf que ça fait peur. Oui car il peut se passer deux choses :

– « Nous n’avons pas encore pris notre décision, nous vous rappellerons ». Là, c’est tout bon, j’ai montré que j’étais motivée, peut-être même qu’il a retenu mon nom, du
coup.

– « Nous avons pris notre décision, nous allions vous envoyer un mail pour vous informer que nous avions choisi un autre candidat ». Et ça, se prendre ce genre de
nouvelles par téléphone, ça fait quand même mal car faut garder une voix dynamique et enjouée alors qu’on a juste envie de pleurer.

Quand on sait qu’un chômeur passe en moyenne 7 entretiens avant de décrocher son premier emploi, je vous laisse imaginer l’état de ses nerfs au bout d’un moment. Surtout que chaque entretien fait naître un espoir quoi qu’on en dise. Et chaque refus est vu comme un échec. Et forcément, au bout d’un moment, la confiance en soi est réduit à néant.

(Un récit d’attente vécue par ma personne ici)

13 réflexions sur “On vous rappellera

  1. RTout pareil, je suis très peu sensible au stress d’une manière générale, mais c’est le seule genre d’attente qui me file des angoisses incontrôlable. Des doutes aussi « Damned, qu’est ce que je vais devenir, etc, etc… »

    C’est quand même rassurant de se dire que l’on est pas seule 🙂

  2. Je me retrouve parfaitement dans cet article et je suis en plein dedans… je déteste ça… Le pire c’est quand même ceux qui ne te rappelle pas… surtout qu’un petit mail ça coute rien et que ça permet quand même d’être fixé et de ne plus espérer pour rien.

    Le pire que j’ai connu : un boulot qui me correspondait à mort : j’envoie mon CV, pas de réponse… Je téléphone, la personne n’est jamais là… Je vois l’annonce qui est toujours en ligne… enfin on me dit au téléphone « Si vous n’avez pas de réponse dans les deux semaines c’est que votre profil ne convient pas… » ok mais j’aurais bien aimé savoir POURQUOI ! Sinon comment j’avance moi 🙂 comment je découvre les failles de mon CV pourtant parfait pour ce poste… ?

    Ridicule…

    L’annonce est en plus restée quelques mois online, rien que pour m’énerver encore plus…

  3. Un Homme Comme Les Autres je compatis au sens latin du terme. J’avais eu le même desarroi pres avoir été zappé d’une stage en fusac dans une trrrrrrès groose banque du marché.

    Le pire c’est le DRH de Calyon que je revois chaque année ds mon école qui m’avait fait passer une JOURNEE de tests (entretiens avec un psy, simulations,etc…)

    Je suis certain que c’est le plus insignifiant qui a été choisi…
    CQFD : compassion…

  4. Ah oui alors ça, ça m’agace quand on leur demande poliement de nous faire un débrief post entretien et qu’ils ne le font quasi jamais. Tiens, bonne idée d’article pour la semaine prochaine, merci les garçons!

  5. j’aurais pas du lire cet article, moi qui ai justement un entretien demain… je dois etre un peu kamikaze.

    Pour le coup du mail, il m’est quand meme arrivé une bonne surprise : après une bonne dizaine de réponses « Malgré tout l’intéret que porte votre candidature blablabla, dans ton cul », le postmaster d’air france me convoque enfin pour une batterie de tests dans un mois !
    Et dire que j’étais à ça (tu peux pas le voir, mais là je fais le geste de rapprocher l’index et le pouce) d’effacer ce mail sans meme le lire…
    Mais tu sais ce qui s’ajoute à la fébrilité nerveuse ? C’est quand la boite d’intérim/l’annonce/le recruteur précise bien « URGENT !! A pourvoir ASAP ».
    Ben pourquoi que 2 semaines après notre super entretien où t’as dit que tu aimais beaucoup mon profil (et de face, je pue ? sale blague inside) t’as toujours pas pris ta décision, DRH à la con ?

    je crois que je vais aller réviser mon vocabulaire pour demain, vaudra mieux…

  6. Napoleon disait « un echec c’est uniquement quand on a eu l’occasion et la possibilité de gagner ». A mediter.

    Tu as vue « Le Couperet » de Costa Gavras ? Ca traite de la competition entre chomeurs, je dois dire qu’il a bien croqué la situation. Mais il faut se dire qu’a la fin [SPOILER] il trouve quand meme un job, et tous les sacrifices qu’il fait sont finalement inutiles quand on y pense. En gros faut rester optimiste =)

    Faudrait quand meme que j’arrete de placer des citations historiques dans chacuns de mes commentaire moi un de ces 4.

  7. Je compatis…
    mais ne connait pas cet état, en cause: le fait que je n’ai jamais écris de lettre de motivation pour un entreprise!

    Ben oui c’est bien de bosser dans l’informatique, c’est les entreprises qui démarche.

  8. > Dominique B. , c’est gentil (je crois qu’il ne faut pas dire merci, c’est ca ?), tu n’aurais pas fait un stage de maraboutisme, des fois ? Parce que la chance j’en ai eu, et bien plus que je ne le croyais. Des fois il y a des journées de dingue…

  9. Eh oui, je me reconnais bien là !!
    Hier, j’ai passé un entretien qui s’est plutôt bien passé. Le danger : le ton informel de l’entretien car je connaissais déjà mes interlocuteurs pour avoir travaillé avec eux dans une autre vie (quand j’avais du boulot)… Bref, j’ai envoyé un mail (assez court) ce matin pour remercier et remotiver ma candidatuire en appuyant sur certains points qui n’avaient pas forcément été abordés. Le mail de remerciement ? J’ai vu sur le net qu’il y a les pour et les contre. En tout cas, moi, je vote pour ! C’est le moyen de requalifier sa candidature, de préciser (éventuellement) certains points, bref de démontrer sa réelle motivation…
    Etape 3 : « On te rappelle dans une semaine. Si ce n’est pas le cas, n’hésite pas à nous recontacter… »
    Et voilà, « merci, au-revoir », une semaine pour passer de « Super, ce job je vais l’avoir » à « P… c’est foiré à tous les coups… »
    Dur dur de ne pas céder au stress…
    Bon courage à tous. La devise (que j’essaie d’appliquer) : « Patience et persévérance valent mieux que force ni que rage… »

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