J’aime pas l’hiver

17h, il fait nuit, mon thermomètre m’indique que les températures sont passées en dessous de zéro. Hop, je jette sur les épaules ma super couverture en mohair de mémé et je me fais une infusion : l’hiver sera long.
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Mercredi 22 décembre, 16h, ma mère et moi sommes dans la voiture, on fait les courses de Noël… Et on n’y voit rien. « C’est pas possible, doit y avoir un incendie ! » clame ma mère. Faux, c’est le brouillard. A 16h30, c’est comme s’il faisait nuit, je répète ma charmante litanie : « Berk, j’aime pas ça, c’est sinistre, ce temps ! ». Effectivement, on n’a pas revu le soleil avant le samedi, le thermomètre n’atteignait même pas le zéro en journée, les stalagmites formées par la canalisation pétée dans le jardin restent là, les toiles d’araignées sont détruites par le givre, trop lourd pour elles. Je me plante devant la cheminée, une couverture sur les épaules (c’est mon truc, ça), avec juste une envie : roupiller un coup. Ou alors ne rien faire, bouquiner tranquillement. Mettre le nez dehors ? Je suis obligée ? Parce que l’hiver, j’hiberne. Je ne sors que contrainte et forcée, j’essaie de faire un maximum de trucs à partir de chez moi. Quelle déprime !
 
L’année commence en plein hiver. Passé les premiers jours pleins de motivation (une nouvelle année, une nouvelle vie !), la déprime revient : il fait froid, il fait gris. Le seul avantage de l’hiver, c’est que je me promène dans la rue sans me faire draguer par quiconque. Faut dire qu’il faut être en manque pour avoir envie de moi dans ma tenue anti-froid : une immense doudoune qui me fait ressembler à une chenille informe, un chapeau enfoncé jusqu’aux yeux, une écharpe qui me cache le cou… En gros, on ne voit que deux choses : mon nez rouge qui a tendance à couler dès que je rentre dans un lieu chauffé et mes lèvres craquelées par le froid ou barbouillées de baume hydratant. Sexy au possible, en somme. Ce qui est particulièrement pénible, en hiver, ce sont les changements de températures. Outre le nez qui coule, on se prend des suées insupportables. Quand j’habitais à Toulouse, j’avais dix à quinze minutes de marche pour attraper le métro donc je traçais dans la rue pour me réchauffer et une fois que j’entrais dans le métro, je devais virer toutes mes épaisseurs sous peine de me mettre à dégouliner… Evidemment, je chopais un rhume, de temps en temps. Je me souviens particulièrement de l’hiver 2000 où je ratais une semaine sur deux de cours à cause de foutues crèves qui me clouaient au lit (j’ai quand même eu ma licence, n’ayez pas peur). En plus, les rhumes, c’est mauvais pour mon nez. Par exemple, si vous regardez les photos familiales de Noël 2004, vous ne m’y verrez pas : j’étais malade et j’avais la tronche écorchée à force de me moucher.
 
Outre ces petits problèmes de santé soignés à coup de grog qui m’assomment littéralement, il y a une baisse de forme indéniable sur tous les plans. Par exemple, en hiver, j’ai la libido d’un poisson : je ne cours pas après les brouettes, j’ai plus envie de chastes câlins pour se réchauffer à deux… De toute façon, l’hiver, je ressemble à rien : outre ma tenue anti-froid, l’électricité statique me fait de drôles de coiffures. A propos d’électricité statique, cette dernière m’en veut particulièrement. Je me prends des pignes en permanence. Quand je rentre chez moi, j’enlève mon manteau et quoi que je touche, paf ! Je me prends une décharge. Ouvrir ou fermer la porte d’une voiture ? Paf ! Avant de faire un câlin à Kenya, je me décharge en prenant une pigne pour pas lui faire mal. Mais l’autre soir, alors qu’elle me faisait un câlin, clac ! Même en me peignant, je prends le jus ! Quand je me déshabille, le soir, je jette mon pull le plus loin possible, il atterrit dans un tonnerre de claquements, j’attends cinq minutes pour le ramasser. Je me souviens, plus jeune, ma mère m’avait offert un pull en polaire que je mettais tout le temps quand je rentrais chez moi, le soir. Une nuit, je l’enlève puis j’éteins la lumière. Et là, le voilà qui me fait des éclairs verts ! Bonjour l’angoisse…
 
Les journées sont plus courtes et notre activité s’en ressent : se lever alors qu’il fait encore nuit, il n’y a pas pire à mon sens. Je me souviens, l’an dernier, je partais de mon appartement à 7h30 le matin pour aller en cours, l’ambiance dans les rues était glauques : pas un passant, peu de voitures et surtout ce froid atroce… Je me souviens, une fois, j’étais partie travailler à 7h à la Poste, j’avais dû traverser le Pont neuf qui enjambe la Garonne à pied car le métro était en panne et je devais rejoindre mon bus au Capitole. Durant la traversée du Pont, j’ai cru mourir, le froid me mordait tellement que j’ai cru un instant que mes oreilles allaient tomber. Parfois, on commence les cours, il fait encore nuit, c’est tout de même étrange… De la même façon, le soir, il fait nuit à 17h et on n’a qu’une envie : une soupe et au dodo. En ce moment, comme je suis au chômage, je n’ai pas d’horaires particulières et quand la nuit tombe, j’ai l’impression que la journée est finie et que je n’ai rien fait. Faux, il n’est que 17h, j’ai encore le temps de faire des tas de choses. Mais sortir une fois que la nuit est tombée, ça ne me séduit que peu. Quand j’étais au lycée, c’était ma litanie préférée : « c’est horrible, on passe notre journée à l’école : on arrive, il fait nuit, on repart, il fait nuit ! ». Il est vrai que quand je compare mon emploi du temps en hiver et celui en été, ça n’a rien à voir. Même mon temps de sommeil n’est pas le même, je dors beaucoup plus en hiver qu’en été. Parfois, je me dis que je ferais mieux d’hiberner, ça irait plus vite !
 
De toute façon, il est prouvé qu’en hiver, on déprime, c’est scientifique : on voit moins le soleil, ça joue sur l’humeur ! Quand je suis allée voir Yohann en Suède, j’ai pu mesurer l’effet des longues nuits sur nos vies. Yohann est un lève-tôt : pour lui, se lever à 9h, c’est une fantastique grasse matinée. Pourtant, quand je suis allée le voir, on se levait jamais avant 11h. De toute façon, on passait plus de temps dans les cafés qu’ailleurs. Le premier jour, on va au centre commercial voisin et quand on ressort, il fait nuit.
« Tu veux faire quoi ? me demande-t-il.
Ben, il est tard, on va peut-être rentrer.
Nina, c’est 16 heures… »
Oh Seigneur ! Du coup, il y a des tas de choses qu’on ne peut faire, genre aller se promener en forêt… Enfin, si, nous l’avons fait, mais on s’est perdus et on a manqué de se retrouver dans la forêt en pleine nuit, seuls et abandonnés de tous… Heureusement, on a fini par s’en sortir, pas du tout là où on pensait… Et on fumait ! On allait de cafés en cafés (quand il fait nuit, traîner dans les rues, ça tente moins) donc on fumait. D’ailleurs, après ce voyage, j’ai arrêté quelques temps…
 
Bref, l’hiver est une saison qui me semble morte, où rien de positif ne peut vraiment se passer. Pourtant, j’ai rencontré Guillaume mon ex fin janvier, par exemple, il s’en passe des choses pendant ce temps-là. Mais c’est vrai que mon humeur est extrêmement cyclique : charmante le matin, irascible l’après-midi, une crise de fou rire peut succéder à une crise de larme (ou vice et versa). Oui, parce qu’en hiver, je pleure tout ce que je n’ai pas pleuré tout le reste de l’année et je pleure pour un rien. Je pleure devant un film, parce que je suis fatiguée, parce que je sais même pas… Et puis je ris pour rien aussi. L’hiver, je suis totalement paradoxale : je ne veux voir personne et je ne supporte pas la solitude. Par exemple, dimanche, je rentre de chez ma sœur chez qui j’ai déjeuné, mes parents sont repartis pour notre sud natal. Je m’étale sur mon lit et Gauthier m’appelle. « Tu veux aller au cinéma ? » Grande question : oui… et non. Oui, j’ai bien envie de me bouger un peu, de voir Gauthier. Mais non, j’ai pas envie de sortir et ai-je envie de voir quelqu’un ? Bon, finalement, j’accepte, on va voir un navet américain mais ça fait du bien, finalement, on discute un peu après et ça me fait du bien. En hiver, je recherche le maximum d’activités à l’extérieur mais sur le coup, ça m’emmerde de sortir… C’est où Sainte Anne, déjà ?
 
Enfin, bref, vivement le retour du printemps, du soleil, du jour quand je me lève, des températures normales, des bonnes humeurs permanentes…Plus que trois mois, courage !

32 réflexions sur “J’aime pas l’hiver

  1. La solution : preparer une petite escapade.
    1- Avant de partir, t as un objectif et t es heureux de bientot y aller
    2- Sur le coup, c est evidement geniale (mini 1 semaine quand meme et au soleil si possible)
    3- Au retour t es pleins d energie et tu attaque serainement le printemps qui arrive.

    Sinon courrage, depuis le 21 decembre les jours se rallongent de nouveau !
    Biz d encouragement a Nina

  2. l’hiver c’est ma saison préférée.
    Mon séjour prolongé en bretagne me fera peut-être changer d’avis ou bien le fait qu’il ne neige plus en hiver à cause des boulversements climatiques.
    C’est toujours plus agréable de rajouter une couverture quand on a froid que de crever de chaud à poil dans la baignoire en plein mois d’aout…

  3. Pendant des annees je pensais que le soleil est necessaire (d’ailleurs je le pense toujours) et qu’on ne peux pas vivre sans..).Depuis quelque mois je vis dans un pays ou il fait nuit vers 14.30, voir 15h, et finallement on se rend compte que le soleil est necessaire mais on s’y passe. J’ai decouvert les longues soirees aupres de la cheminee avec un bon verre de vin/whiskey, les conversations intimes avec des amis, la possibilite d’etre heureuse meme si le soleil me manque, apprecier la vie telle quelle est. Je crois qu’on peut deprimer meme si le soleil brille et qu’on est au bord de la mer.
    Mais le soleil me manque, a mon esprit , a mon corps et je reve souvent des mes futures vacances..:)

  4. « détruites par le givre, trop lourd pour elles » : les pauvres, elles se retrouvent STF (Sans Toile Fixe). 🙂

    « Je ne sors que contrainte et forcée » : comme la plupart des gens. Quand on a le choix entre rester au chaud pres d’un feu de cheminé, et entre sortir dans le froid et sous la neige, pour aller faire une course parmi une jingle humaine rangé comme des sardines dans les magasins, tout le monde choisi bien sûr la deuxième. 😉

    « je me promène dans la rue sans me faire draguer par quiconque » : çà tombe bien, puisque c’est çà que tu aimes, ne pas de faire draguer dans la rue.

    « j’avais la tronche écorchée à force de me moucher » : pareil, en ce moment.

    « il atterrit dans un tonnerre de claquements » : tu n’as jamais pensé appeler EDF pour leurs revendre de l’electricité? ;P

    « se lever alors qu’il fait encore nuit » : Mais il fait jour, quand je me lève (8h45). Je suis d’accord avec toi sur ce fait, c’est pas agréable de se le ver quand il fait encore nuit, surtout quand on n’est pas un lève tôt. Elle est où l’époque où on se levait à l’aube avec le chant du coq?

    « Parfois, je me dis que je ferais mieux d’hiberner, ça irait plus vite » : il m’arrive de penser çà aussi. Par contre, je ne suis pas convaincu qu’on apprécierait de se lever avec la pensée qu’on a perdu 2 mois à uniquement dormir.

    « où Sainte Anne, déjà ? » : par là! c’est pas dur, tu suis les flèches. 🙂

  5. Nico > « Mon séjour prolongé en bretagne me fera peut-être changer d’avis » : pourquoi? L’avantage ici, c’est que l’hiver est très doux. Quand il neige, le lendemain tout a disparu.

  6. Bon ben apparemment c’est toujours moi qui me paie le 13ème commentaires.. serait-ce une malédiction?! Oui effetivement le froid et l’hiver c’est triste et pas stimulant!! Je hais l’hiver!! On pourrait faire une pétition pour que cela cesse!! Je signe de suite : Ptit-Pois (faite circuler!!) bon ben je vous souhaite un bon froid et vivement l’été!! (déja le printemps ce sera pas mal..)

  7. Je vous rappelle que je suis le chef en ce moment, et donc il n’est toujours pas possible de faire de la pub chez nous, si vous voulez nous faire profiter de vos liens perso (sans rapport avec les articles publiés) merci de faire parvenir tout ça par mail, et après visionage dudit site nous autoriserons ou pas sa publication ici.

    Merci de jouer le jeu….

  8. Coucou

    Alors moi j’ai un truc pour combattre l’électricité static !
    Je prends mes clés (j’ai toujours des clés dans mes poches) et je touche un truc en métal (une fenètre, un évier etc …) pour me décharger (d’électricité) 😉

  9. Gauthier > « et après visionage dudit site » : vindiou, çà fait gros conseil de guerre çà. 🙂

    Gauthier, tu peux appeler Nina de ma part pour lui souhaiter bonne fête, pour l’emmerder? ;P

  10. sechev > « le premier à la souhaiter à minuit cinq » : c’est à cause du ce foutu PC qui n’arrete pas de retarder de 5 min tous les 3 jours, je vais être encore bon pour le remettre à l’heure. 😉

  11. Gauthier > « du fin fond de la Bretagne » : on est pas vraiment dans le fin fond, on a l’electricité, des supermarché, des gare et aérogare, et tout et tout. 😉

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