Une histoire de violence ordinaire

Le week-end dernier, uun opération de buzz a raté et pas qu’un peu : le site Mailorama avait prévu de distribuer de l’argent dans les rues de Paris. Et comme ans les films, quand tu proposes à des gens de leur donner de l’argent, comme ça, pour le plaisir et que seuls les premiers seront servis, ça finit mal. Surtout quand, à l’arrivée, l’argent n’est pas distribué.


Je regardais la vidéo, un peu effarée, me demandant comment on pouvait en arriver là. Comme je ne regarde plus les infos télé, je ne me suis pas dit : « ah foutue époque, foutus sauvageons ! » et si je regardais TF1, je rajouterais : « Putains d’immigrés de merde, je suis sûre qu’il y a que du macaque là dedans ! ». Parce qu’apparemment, regarder les JT peut nous permettre de deviner les origines de jeunes encapuchonnés avec foulards et gants si bien qu’il faut vraiment être à trois centimètres pour voir un bout de peau mais non, à la télé on voit tout, waaaaah. Bon bref, plutôt que de se désespérer sur les vilains sauvageons qui font qu’à tout casser, je me suis demandée s’il y avait quelque chose à analyser dans tout cela.


Mes cours de sociologie ayant été malheureusement plutôt rare même si j’ai quand même eu le suprême honneur d’avoir des cours avec Patrick Champagne ou Eric Neveu. Du coup, je ne peux pas réfléchir avec les bons outils (tiens, ça me donne envie de lire des livres sur le sujet) mais quand même, quelques idées me viennent spontanément en tête. D’abord, évacuons d’entrée le « sale époque ».  La violence en bande, ça existe depuis que l’homme est homme, comme on dit, ou le fameux « de tout temps » qui rend hystérique n’importe quel prof. Les bandes organisées profitant de la moindre occasion pour casser, agresser, etc. Ca n’a rien de nouveau donc on oublie de suite ça.


Que constate-t-on en creusant un chouia le sujet ? Que la violence organisée est souvent issue des franges les plus pauvres de la population. Salauds de pauvres ? C’est pas vraiment là où je veux en venir ! Mais plutôt que plus la violence est présente dans une société, plus ses membres en souffrent. Mathématique : plus le mal-vivre augmente, plus la colère qui y est associée aussi et ça nous donne de la violence, une explosion, un gros ras le bol. Lutter contre la violence par des moyens de répression serait donc une erreur. Ben, mettons que dans une classe scolaire, on ait un mauvais élève. Ce n’est pas vraiment sa faute, il est assis dans un coin de la salle où on ne voit pas bien le tableau et il ne peut pas se payer tout le matériel dont il a besoin pour bien travailler. Ses résultats sont donc médiocres mais plutôt que de l’aider, on le laisse au fond de la salle et son camarade à côté, décide de le dissiper un peu. Puisqu’il n’a rien d’autre à faire en classe vu qu’il ne peut pas travailler, il se laisse entraîner. Ses résultats restent mauvais et la maîtresse ne cesse de le mettre au coin (ou de le coller). Est-ce pour autant qu’il va retrouver le droit chemin ? Je ne crois pas non. Comme j’ai toujours dit : « C’est bien gentil d’interdire les réunions dans les halls d’immeuble mais faudrait voir à leur proposer des activités pour éviter qu’ils ne glandent ». Bon, en général, on en a toujours un qui répond que oui mais les jeunes, ils détruisent les MJC et y a rien à en faire, ils sont perdus.


Alors, ce serait juste une question de nature humaine ?  Après tout, pourquoi pas, n’oublions pas que nous sommes des animaux, que nous avons tous un fond violent plus ou moins enterré mais y a pas que les pauvres qui tapent, hein…  Alors je suppose qu’il ne sert à rien de réfléchir, de tenter de trouver une solution car « de tout temps », c’est comme ça et seule la typologie des agresseurs change. Mouais…

Ben, en fait, j’en sais rien.

En attendant la vidéo qui m’a inspiré l’article et un vieux clip qui rappelle qu’avant, c’était pas déjà le pied…

6 réflexions sur “Une histoire de violence ordinaire

  1. Autant dire les choses clairement, je ne suis pas d’accord avec le ton de cet article!
    Qu’il faille prendre des mesures d’aide je veux bien mais pas que, perso je suis pour la répression aussi, je ne pense pas que ce soit aider les gens que de leur dire qu’ils sont des victimes en permanence et que c’est la faute à la vilaine société.
    Personnellement je suis très attachée à la notion de responsabilité.

    Y’a aussi pleins de gens issus de milieux populaires qui travaillent, qui respectent les lois et ce sont ces gens les premières victimes de la racaille car eux ils n’ont pas les moyens de la fuir et doivent la supporter au jour le jour, ce sont eux les vraies victimes.
    Perso je dois me taper des neuneus de ce genre tous les jours à gare du Nord (et d’ailleurs j’ai déjà eu des petites anicroches)mais après je rentre dans ma banlieue chic, j’ai pas à me les taper après le boulot en rentrant chez moi (quoique j’ai déjà eu une anicroche à ma gare d’arrivée aussi, j’ai tapé un mec qui tapait une nana, j’ai encore une fois réussi à ne pas me faire frapper je sais pas comment).

    Au fait à gare du Nord t’inquiètes qu’ils ont assez de tunes pour se pochtronner la gueule TOUS LES JOURS sur les voies 34, 35 et 36…

    Au passage de ce que je sais y’avait déjà eu ce genre de distrib aux USA et au Canada sans que ça vire à l’émeute.

    Aussi on nous dit : oui mais c’est normal qu’ils s’en prennent aux flics (ah bon?). Et pour les pompiers, c’est quoi l’excuse? Et les médecins?
    Ils gâchent tout, même les matchs de foot, même les manifestations pour la Palestine (et toi-même tu sais comme ça peut m’énerver), ça me gave qu’on leur trouve des excuses pour tout et en permanence maintenant on sait par avance que tous les évènements festifs vont être gâchés c’est du délire!

  2. bien sûr on en a tous entendu parler.. 3 jours qu’on nous en parle même! pareil j’ai été un peu choquée… j’ai bien aimé ton article, il m’a fait réfléchir (pfiou pour un dimanche soir c’était po gagné..) j’aime bcp aussi l’image de l’enfant au fond de la classe.Chui d’accord avec toi ce n’est pas un effet de mode.
    biz

  3. Ce qui me gène quand on essaye de tirer les conséquences d’un épiphénomène médiatisé comme ça, c’est qu’on mélange souvent beaucoup de choses. En gros une émeute suite à un coup de pub raté, ça se compare pas forcément très bien avec « les problèmes des banlieues », qui est déjà une belle expression fourre-tout.
    Je veux dire que c’est un truc hyper rare, heureusement, et pour le coup la préfecture qui a laissé organiser le truc alors que la demande mentionnait « distribution d’argent » a sa part de responsabilité. Sans que ça exonère le casseur pour autant bien sur.
    Là cette violence, pour moi elle est plus du domaine de l’effet de groupe, comme lors des manifs étudiantes, on se sent protégé parce qu’il y a plein de gens « extérieurs », du coup des jeunes se laissent sans doute emporter par d’autres plus violents et ainsi de suite.

  4. Je voudrais pour ma part juste souligner la connerie monumentale des pines d’huitres qui osent organiser ce genre de stupidité tout en sachant pertinemment que ce genre d’événements crée à tous les coups un climat de tension extrême où l’important c’est juste de doubler/d’écraser/de marcher sur l’autre et que par conséquent cela ne peut être fait sans violence. Voire même je me demande (avec une certaine angoisse) si cela n’est pas fait pour déclencher la violence.
    Bref, messieurs les organisateurs: je vous conchie.

Répondre à Ahmed Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *