Plan de quartier

Par Bobby
 

Le deuxième semestre commence, j’ai gonflé mon emploi du temps à bloc (12 cours au lieu de 5, c’est à dire 36h par semaine, ce qui me vaut les regards étonnés de mes petits
camarades sortant tout juste du bac ; oui parce que je t’explique, après deux ans d’égarement -prépa + fac de philo- j’ai recommencé à zéro ; et donc, qu’on puisse aimer étudier, les boutonneux de 17-18 ans, ça les épate) et, forcément, je commence à fatiguer au bout d’une semaine et demi. D’autant que le soir je mène ma petite vie de débauche, du coup ça n’arrange rien. Si tu connaissais la musique stupide de mon réveil, cher lecteur, genre je suis une mélodie douce mais super agaçante, tu la haïrais tout comme moi.

[note à moi-même : sur les conseils avisés de Tante Summer, ne pas oublier que je n’ai plus le droit d’insulter ni d’emmerder le lecteur]

Bref, surmenage rapide (parce qu’en plus de ça j’ai tourné un court métrage en province, j’en prépare un autre sur Paris, je gère mon propre site et j’essaye de finir mon bouquin
tout en cherchant un éditeur, sans compter les 2h de métro minimum chaque jour), et voilà que les maladies reviennent à l’assaut de ce pauvre organisme fragilisé. Mon médecin m’a dit que si je continuais à faire des angines, on allait m’enlever les amygdales. Du coup je les aies engueulées, ces connes : arrêtez de chopper des conneries où sinon vous allez jarter et ça va pas être une partie de plaisir, ni pour vous, ni pour moi. Ceux qui chouignent parce qu’ils vont se faire retirer les dents de sagesse me font bien rire, maintenant.

Longue introduction, donc, pour te dire que j’entame cette article en buvant un efferalgan corsé (oui, je mets très peu d’eau, le goût est plus dégueulasse mais y en a moins à
boire, chacun ses petits trucs). Pour me donner du courage, je me suis promis un cran de chocolat à la tarte citron meringuée (oui oui, c’est une véritable tuerie, la tablette est un cadeau de maman ce weekend à l’occasion de mon retour momentané en province parmi d’autres victuailles  – à ce propos, il faudra que je pense à te parler du chaos familial qui règne chez eux depuis mon départ en octobre dernier), dans la vie il faut savoir se faire plaisir.

Si je m’accorde le droit à une page de traitement de texte, et une seule, pour chaque article, ça signifie qu’il me reste moins d’une demi-page pour te dresser, cher lecteur, un
petit panorama de mon quartier. Parce que le milieu naturel d’un vingtenaire, c’est rudement important.

Commençons par les voisins les plus proches : sur le palier d’en face, un mystérieux LE PORC, jeune homme invisible qui, lorsqu’après mon arrivée j’ai frappé à toutes les portes
de l’étage pour quémander une connection internet (sans laquelle je ne saurais vivre), m’a reçu en peignoir à 16h, genre en plein plan cul. A côté de chez lui, un vieil homo, ancien styliste, m’a aidé à recharger mon portable pour que j’appelle mes parents lorsque EDF m’a coupé l’électricité (je ne payais pas les factures, forcément). Même qu’il m’a raconté les différentes morts ayant eu lieu dans l’immeuble : une fille qui s’est jetée par la fenêtre au 4e, après quoi sa mère venait chaque jour hanter les escaliers en hurlant de désespoir, et un type, à deux portes de chez moi, qui est mort chez lui après un coma éthylique et s’est décomposé dans sa moquette (qu’il a fallu découper autour de lui pour emmener le corps). Ensuite, vient le personnage le plus intéressant : Ungoliant*, ma voisine du dessous. Le jour de mon emménagement, elle est venue frapper chez moi en menaçant d’appeler la police si le « bordel » ne cessait pas immédiatement (il était 19h, et j’installais mon clic-clac, honte à moi et à mon manque de respect d’autrui). Depuis, elle et moi, c’est une guerre sans merci. J’en reparlerai ultérieurement.

Descendons quelques étages. Il y a un type au premier, genre hacker japonais, qui se promène en robe de chambre et en fumant lentement, très étrange. Ensuite, dans la rue, un traiteur chinois tenu par toute une famille (père, mère, fils -fort mignon-, et fille, et depuis peu le bébé de cette dernière). Eux ils sont hyper-polis. Pas chaleureux du tout, non, polis. On est là pour payer, manger, et partir. Avec le sourire.

[deuxième note à moi-même : une seule page de traitement de texte ne suffira pas…]

Un peu plus loin, la boulangerie. Ma boulangère est une petite grosse aux cheveux rouges, complètement folle à force de vendre du pain et des croissants. Exemple d’un de ses
monologues : « Oui ? Oui ? Bon-bonjour ? C’est ? C’est pour ? Un ? Un croissant aux amandes ? Alors, oui. Oui. Un croi-ssant. Aux a-mandes. Oui. Un, oui, c’est tout ? Un croi- donc oui. 1 euro 20. Oui voi-là. C’est – ça. Oui, au re-voir. Oui. » Je me mords les lèvres jusqu’au sang pour ne pas éclater de rire devant elle. Un peu plus loin encore, enfin, on trouve la pharmacie, tenue par un grand black de plus de deux mètres, qui parle avec une voix à la fois douce et flippante.

Bref, encore une fois, j’évolue parmis des dingues. Il n’y a qu’ici que je me sens bien, dans mon élément.

Au prochain épisode, je vous en dirai plus sur l’avancée de ma bataille de drague à l’égard du sosie blond de Louis Garrel qui est dans ma promo et si, oui ou non, il finira dans
mon lit (pour l’instant, j’ai son numéro, c’est déjà ça).

*Ungoliant : dans les écrits de Tolkien (Le Seigneur des Anneaux), il s’agit d’une araignée mythique géante issue des ténèbres. Or ma voisine lui ressemble étrangement…

16 réflexions sur “Plan de quartier

  1. Mwahaha… Il date cet article… Depuis, Ungoliant a envoyé son frère pour me péter la gueule et on s’est retrouvés ches les flics, je ne suis plus du toute malade mais la tablette de chocolat à la tarte citron meringuée a disparu depuis un bail dans les tréfonds de mes intestins, et Louis Garrel a passé toute la soirée, là, allongé sur mon lit à côté de moi (à mater un film plutôt qu’à baiser, certes, mais c’est un bon début :D). Demain, je drague Dorian Gray en cours (encore plus beau que Louis Garrel…). Vous serez informés tôt ou tard de la réussite (ou non) de cette attaque 😉

  2. c’est bien, tu n’as pas insulté le lecteur! bon tu peux te rattraper sur tout le reste, les cons dans le métro, le frère de ta voisine, mais t’as intérêt à nous raconter la suite!!

  3. Moi je le préfère à la crème brûlée le chocolat, mais j’avoue que j’en ai aussi une tablette à la tarte au citron meringuée.
    Dis-moi, les sosies de Louis Garrel et Dorian Gray, il faut faire la sortie de quelle fac pour leur tomber dessus..?

  4. @ Summer : Je suis tes conseils à la lettre 🙂

    @ Tatiana : J’ai envie de te dire « pas de chance »…

    @ Sasha : Hehe, tout ce que je peux te dire, c’est qu’en section cinéma, il pleut des beaux gosses (par contre tout à l’heure en cours j’ai donc bel et bien dragué Dorian Gray et il est hétéro, le salaud)

  5. rhhaaa ces beaux gosses hétéros, quels salauds!
    …C’est marrant, jme fais tjrs la réflexion inverse…

    …Qu »il est raffraichissant ce petit article Bobby!
    J’aime beaucoup le monologue déséspérant de platitude de la boulangère…
    Mais j’aimerais bien savoir comment s’est passée l’histoire d’avec le fils de Mme ungoliant moi.
    Et puis t’es à quelle fac? (parce que j’ai fréquenté assidument le batiment lettres/philo/arts du spectacle , et j’avoue que je les ai pas vu passer , les demi-dieux grecs là…)

  6. Merci Diane 😉 Ben écoute viens sur msn et je te dirai tout 😀 (oui oh ça va on a le droit de faire des cachoteries hein…). Quant à l’histoire du frère (non pas du fils) d’Ungoliant, et de moi même… je sais pas si j’ai envie d’expliciter tout ça de manière détaillée. C’était drôle à l’époque où j’ai écris l’article (il y a deux semaines, mon dieu, les choses changent si vite), mais là ça ne l’est plus du tout, depuis qu’il y a les flics en jeu et tout et tout. En gros : menaces, diffamation, harcèlement… et la police se met de son côté, alors que je jure sur la tête de ma reum (hum) que je ne fais PAS DE BRUIT. Bref. Quelle s*******.

  7. Bobby, c’est un plaisir de te lire… mais je crois que mon avis n’est pas une référence, étant donné que je suis une fille à PD doublée d’une attirance certaine pour les jeunots ! Par contre, j’ai rehaussé le niveau à 20 ans, hein, parce qu’en dessous le cerveau est encore au stade foetal 🙂
    En tous continue à me/nous faire rêver avec tes plans drague… et bonne chance avec Louis.

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