Ainsi vices(me)

 Par Diane

 

Un beau matin tiède de printemps, je me réveillai ma foi plutôt de bon poil,l’oeil vif et le petit coeur gonflé d’une matinale espérance en l’avenir proche, à savoir la journée à venir. Après avoir envoyé un petit doigt de pied en éclaireur hors de la couette pour vérifier si le milieu extérieur n’était pas trop hostile et avoir constaté avec satisfaction
que la température ambiante y était plutôt douillette, je me lançais donc d’un seul élan volontaire et décidé hors de mon lit , bien décidée à empoigner la vie, la coeur léger et le bagage mince. 
Je me dirigeai donc d’un pied léger (tout en évitant soigneusement le pied du lit qui est très fréquemment l’origine de grandes souffrances pour mon petit doigt de pied -tjrs le
même-) vers la fenêtre en chantonnant gaiement le générique de Candy. Les petits oiseaux se mirent à gazouiller à ma vue, et tandis qu’ils finissaient d’étendre mon linge sur le fil, je
remarquais avec plaisir que les bourgeons du cerisier du japon avaient éclos dans une exquise farandole nacrée. Je décidais donc avant d’aller contenter mon estomac de m’offrir quelques minutes de méditation au milieu des gazouillis mélodieux et des fragrances enchanteresses de mon jar-din extraordinaireu (où il y a des canard-eu qui parlent anglais.)
 
…..Pouic pouic.
……..comment ça pouic pouic?
……..Pouic pouic.
 
Ici la tour centrale, bruit suspect perturbateur de méditation matinale. Activation du mode recherche de colibri avec cancer de la gorge ou de De Funès planqué dans les buissons.
Négatif.
Eh bien non, après quelques recherches, je localise le bruit en question et découvre qu’il s’agit du chien des voisins qui s’amuse gentiment (quel trésor!), comme il aime à le
faire aussi en pleine nuit vers 4 heures du matin, avec son petit jouet musical qu’il mord frénétiquement jusqu’à rupture de deux ou trois de mes neurones…
 

POUIC POUICPOUICPOUICPOUICPOUICPOUICPOUICPOUICPOUICPOUICPOUICPOUICPOUICPOUICPOUIC POUICPOUICPOUICPOUICPOUICPOUIC
Les oiseaux se sont pendus à la corde à linge, et le cerisier fait une gueule de saule pleureur.
Du coup j’ferme la fenêtre.

Bien décidée à ne pas voir mes espérances détruites (et pas seulement de Schubert), je fais fi de ces broutilles et sort de chez moi, pour au bout de 10 pas, magistralement glisser
sur une grosse bouse foireuse de caniche gastriquement perturbé et repreindre à l’occasion mes belles bottes en daim dans le plus pur style caca d’oie. (avec grumeaux sil vous plait)
Maudissant au passage les décérébrés congénitaux qui ne sont pas foutus de faire marcher la vague bouillie glavieuse qui leur sert d’encéphale plus de 30 secondes pour aller faire
chier leur clébard 50 cm plus loin alors même qu’ils développent des trésors d’ingéniosité quand il s’agit de trafiquer la chaine porno du satellite, je me rends jusqu’à mon arrêt de bus en grinçant des dents et, petit poucet foireux, en laissant derrière moi quelques traces vaseuses et odorantes de mon passage. (le caca d’oie se marie bien avec le gris du bitume, c’est ravissant)

Je pénètre donc à moitié puante mais digne dans mon bus, repère une place libre à côté d’un beau spécimen de ouaiche-ouaiche avec toute la panoplie casquettedecôte-chaineenorquibrille-calbuteapparent-4litresdecalvinklein (ce dernier point ayant au moins l’avantage de camoufler mon envoutante senteur de fion de caniche moisi), et pose mon séant séant. Et figurez vous que voilà t’y pas que le jeune homme en question sort son portable qui, ô joie, fait aussi MP3, et fait partager à force décibels et à tous ses petits camarades de trajet l’incommensurable délectation de pouvoir jouir d’une sorte de diarrhée « musicale » , que « la société ça craint, la société elle a que des problèmes, la société elle a mauvaise haleine ».
Je tente de me consoler en me disant que ce pauvre adolescent arrogant et acnéique ne réalise même pas le pathétique de sa situation,  qu’il est persuadé que c’est trop classe
ce qu’il fait car faire chier les autres ça rend supérieur aux autres, de la même façon qu’il est également persuadé que son pauvre petit début de duvet clairsemé dont les trois poils et demi se débattent sous son nez est une fière et virile moustache de mâââle dominant option mafia italienne.(ça va avec les posters de tony montana dans sa chambre)
Et c’est ainsi que dans la même journée je vis se renforcer considérablement ma foi en l’espèce humaine,  en me voyant gratifier, par un mec qui voulait absolument entrer dans
le métro sans que les gens en soient sortis d’abord ,d’un très élégant « dégage pétasse » agrémenté d’un vigoureux coup de coude dans la clavicule; et au voyage retour du bus, en me faisant littéralement fumer dans la gueule par un pti vieux particulièrement volubile et antisémite qui ne tarissait pas d’éloges sur la politique d’immigration d’Hortefeux, tout en le trouvant, je cite, « trop coulant ».
 
Bref, que ressortais-je de cette journée à part une haine féroce pour les chiens et leurs propriétaires, les vieux, les jeunes, les hommes et les fumeurs?
Eh bien un constat affligeant sur l’incivisme ambiant qui me désespère de plus en plus. Et encore, je vous ai épargné les mecs qui mollardent partout, ceux qui prennent la rue pour
une décharge publique, qui font semblant de regarder ailleurs quand il y a une ptite vieille arthritique avec canne et pied bot qui entre dans un bus bondé, ou ceux que quand tu rentres dans leurs magasins/bureaux, ils font semblant de pas te voir et continuent pendant 20 minutes à jouer au spider solitaire/raconter la grippe intestinale de tantine sophie à leur soeur au téléphone/ plier et replier des pulls pendant qu’on est là, debout, immobiles, à 30 cm d’eux, au bord de mourir de solitude et d’abandon.

Mais s’il y a un truc qui m’énerve encore plus, c’est bien la putain de sdfekpazjefpaj d’IMPUNITE que ces gens là ont. Pourquoi, mais pourquoi est ce que dans 95% des cas, ça fait chier tout le monde, et pourtant personne ne dit rien?

Bon, dans mon cas, j’avoue qu’après m’avoir pris quelques « ta gueule pétasse », « occupe toi de ton cul » et autres joyeusetés dans la tronche, ça a un peu refroidi mes ardeurs justicières du coup…

Mais il suffirait d’un minimum de solidarité humaine (mon dieu que d’idéalisme en moi j’me fais peur des fois), que 2/3 autres personnes se joignent à moi dans le bus pour lui dire
à ce taré congénital que, sa clope, il peut se la foutre au cul, et on aurait un peu plus d’efficacité pour le coup.
Pareil, le pti con qui écoute sa musique à fond dans le bus, est ce que:
1/je lui fait gentiment remarquer qu’il pourrait investir dans des écouteurs et ne pas imposer sa « musique » à tout le monde?
2/je lui pisse à la raie?
3/oeil pour oeil, dent pour dent, je lui fous mon propre téléphone avec stevie wonder à donf dans les oreilles, histoire qu’il se rende compte de lui même que c’est légèrement
agaçant?
 
Bref, si vous avez des solutions intelligentes et efficaces pour ce genre de petites conneries insupportables du quotidien, j’achète.

17 réflexions sur “Ainsi vices(me)

  1. En province, j’étais moi même un grand utilisateur de bus… Alors certes ton article est fort rigolo, mais il soulève de vrais problèmes, et notamment une certaine tension entre les gens, une volonté de se nuire les uns les autres de manière insidieuse, sans aller à l’encontre de la loi, mais sans respecter le célèbre « ma liberté s’arrête là où commence celle d’autrui ». Et franchement, pour le ouaich-ouaich, je trouve ton idée de lui balancer toi aussi ta musique à la gueule assez sympa. Ok, oeil pour oeil dent pour dent c’est pas top. Mais je pense que ça rendrait la situation cocasse, que ça ferait bien rire tout le monde et que peut-être, du coup ça ferait une sorte de barrage contre lui. Car le problème, c’est bel et bien la trouille et le silence des gens. Du coup les emmerdeurs vont aller de plus en plus loin pour tester les limites des autres. A la base, pour lutter contre ça, il y a le rire. Si le mec savait qu’en mettant sa musique comme ça dans le bus il allait se confronter au rire moqueur des autres, il ferait moins le malin, parce que le ridicule, tout le monde le sait, ça tue. Alors certes, la dimension mondaine du rire, c’est un peu horrible, mais en même temps je trouve que c’est un bon moyen d’empêcher les gens de faire n’importe quoi en société. Or en ce moment, que ce soit dans le bus, dans le métro ou dans la rue, je trouve que ça part carrément en live.

  2. Le problème, dans ce que tu évoques, c’est que les gens sont super lâches. C’est à peine si on ne regarde pas les gens se faire casser la gueule, sans lever le petit doigt, de peur de s’en prendre une…
    Je prends le train tous les jours et je dois bien avouer que le matin, j’ai besoin de calme car je ne suis pas complètement éveillée. Alors, quand un abrutit se pointe avec de la musique pas très douce… et surtout très bruyante, j’ai vraiment envie de lui demander gentiment de mettre moins fort, vu que c’est le matin pour tout le monde. Mais malheureusement, je n’ai pas encore eu le courage de l’ouvrir une seule fois…

  3. Celcius/ovidette:
    Oui, c’est justement la lacheté des uns qui fait l’impunité des autres, tout en sachant que même qd on n’est pas lâche et qu’on fait une ou deux réflexions aux gens, les insultes qu’on récolte finissent par nous refroidir qd même, ET CECI renforcé par la non-solidarité des gens qui voient bien le truc et n’iraient surtout pas te défendre ou prendre ton parti, hein.

    ERRATUM: Je précise aussi, tant que j’y suis, que Ninaaaa a légèrement buggé sur le titre qui est AINSI VICES(me), paske sinon, ainsi vicesa(me), bah ça veut rien dire, et vous louperiez ainsi, pauvre de vous, mon formidable jeu de mots.

  4. Ah bah ninaaa, t’étais pas réveillée ou quoi? il manque la première phrase de l’article….

    ERRATUM 2: je vous rends la première phrase:

    « Un beau matin tiède de printemps, je me réveillai ma foi plutôt de bon poil,l’oeil vif et le petit coeur gonflé d’une matinale espérance en l’avenir proche, à savoir la journée à venir. »

  5. Perso j’ai choisi la méthode de l’aveugle autiste. Mp3 et/ou bouquin ou journal ou fenêtre ou dodo, histoire de s’échapper et d’occulter toute cette promiscuité forcée. C’est peut-être pas très courageux, mais c’est vital.

    Par contre, est-ce que tu ne serais pas plus proche du malandrin qui t’a mis un coup de coude que tu ne le penses ? Il se dégage de ton article une impression d’hystérie. Toi tu l’évacues par un article au langage fleuri et à l’exploitation maximum du champ lexical de la défécation, lui par un langage fleuri et une brutalité merdique.

    Z’êtes pareils, en fait 😉

  6. Bah, le problème est qu’il n’a (plus) de solidarité entre les gens genés que ça soit à Paris un dans un autre grand ville du monde… Si moi je dis quelque chose je suis toujours le seul, alors je ne le fait plus trop souvent car certains deviennent violent quand tu dis quelque chose. Et comme je n’ai pas la carrure d’un jouer de Rugby car certains ne semblent comprendre par la force…

  7. Les gens dans les grands villes et surtout dans les transports publiques bondés semblent se consider mutuellment comme des ennemies ou concourant pour les quelques places assises.

    Une chose m’a étonné quand j’ai été à Marseille ce WE: Je condisais et quand je me suis arreté au passages pietons, presque tous le monde m’ a dit merci. Je n’aurais pas cru ça d’une ville ou les gens ne sont pas réputé pour leur conduite reposé…

  8. je pense qu’on peut distinguer 2 types de « cas ». Le premier l’emmerdeur naturel, il serait aussi con s’il prenait le bus à Vesoul avec 3 papis (type ton djeune Tony Montana style) et l’emmerdeur de circonstance, celui que la foule rend con, ou parano (l’un n’empèche pas l’autre) qui va te pousser dans le métro, qui va t’insulter pour ne pas avoir à te regarder, bref le type en mode gros con parce qu’il faut le reconnaitre ça fait naitre des pulsions malsaines cette promiscuité, si on y ajoute la claustrophobie… Ca n’excuse en rien, bien sur on doit savoir garder ses nerfs.

  9. Pareil sur l’impunité. J’en viens même à me dire qu’ouvrir ma gueule, c’est passer pour la chieuse de service et, effectivement, j’ai pas forcément envie de me prendre un pain ou des insultes dans la tête. L’autre jour, un mec fumait son joint dans la gare RER, ça puait, personne n’a rien dit. Ce matin, je prends le métro, un petit con avec sa musique (mais il l’a vite éteint, quelqu’un a dû lui faire remarquer).

    Une fois, j’étais assise à côté d’un gamin qui jouait à sa DS. Quand j’en ai eu marre de la musique du truc, j’ai fini par lui demander de couper le son, ce qu’il a fait sans discuter. Le pire, c’est que la plupart, ils ne se montreraient même pas agressifs mais on ne sait jamais. Et en plus, quand je signale à des personnes qu’ils douvent couper leur musique ou autre, j’ai l’impression de chercher la bagarre.

  10. Whou punaiz’ !!! Ca va mieux en le disant !!!! Je prends régulièrement le bus pour aller bosser et une fois 2 petites vieilles discutaient. J’ai en général un regard attendri pour les petits vieux…Là dessus monte une maman avec sa poussette et sa petite gamine. Le bus est quasiment vide, on doit être 6. J’observe de ma place… Les petites vieilles commencent à hausser le ton. Je cite de mémoire « non mais elle se prend pour qui celle là avec son mioche. Elle peut pas rentrer chez elle, ils vont tout nous prendre ces étrangers ». Ah oui, j’ai oublié de préciser que cette maman est Noire… De ma place, j’écoute… Les vieilles pouffes continuent leur diatribe en étant de plus en plus agressives et vulgaires dans leurs propos. Ca commence à monter, mes nerfs se mettent progressivement mais sûrement en pelotte… Au bout de 5mn de ce discours tout moisi que tout le monde entendait, j’enclenche la 1ère et je passe en mode « je vois rouge » Et là, je leur balance que c’est scandaleux de tenir des propos pareils, qu’elles devraient avoir honte, que c’est passible de prison, etc… et là, je me fais attaquer sur mes origines. Type caucasien (j’ai du bol d’être née du bon côté de la barrière), je rétorque que je suis française comme cette maman, que ces 2 vieilles devaient être collabo pendant la guerre, etc… Et là, ô miracle, les voyageurs s’emmêlent !!!! Tout le monde se mobilise contre ces 2 tati danièle de me*de, même le chauffeur qui finalement les a foutu dehors. Comme quoi des fois…

  11. FANTE: je m’insurge contre cette analogie moi=connard pousse-du-coude du métro! A part le fait qu’il est une grosse merde et que j’ai utilisé dans mon article l’isotopie de la merde afin de subtilement transmettre au lecteur que l’incivisme, ça me fait chier, je ne vois vraiment pas ce qu’on peut avoir en commun là…
    Et puis il ne faut point confondre l’hystérie et la colère. Mais je me doute bien qu’il y avait un certain second degré dans ton commentaire… D’ailleurs, Freud dirait: « que nenni Fante, Diane n’est pas une hystérique, c’est une obessionnelle , comme le témoigne sa petite manie de vouloir tjrs préciser les termes adéquats des choses »

    TATIANA; ne me tente pas…

    MATT: je reconnait effectivement qu’être collé ts les jours à 487 457 personnes entre le bus, le métro et le RER, y’a de quoi rendre agressif et irritable. (d’ailleurs, ayant passé un peu de temps au québec récemment, j’ai constaté que les gens étaient tous superrs aimables et civiques. Et je pense qu’on peut attribuer cette agréable qualité au fait qu’ils vivent sur un territoire de 7 fois la france avec l »équivalent en population de Paris/banlieue…) Cependant, comme tu l’as également remarqué, nous sommes des êtres doués de raison et de libre arbitre, et il ne tient qu’à nous de nous contrôler en dépit de nos instincts guerriers….

    NINA: oui, moi aussi par nature j’aime pas trop provoquer les conflits, mais il y a un moment où je crois que ça devient nécessaire.

    CAROLE: je te décerne le césar d’or de la bonne action courageuse et civique du jour! C’est vrai que ça encourage à perpétrer la bonne parole. Mais j’objecterai néanmoins que: les mamies, globalement, c’est physiquement moins dangereux que les gros ouaiche-ouaiche…

  12. les gens c’est simple faudrait tous les tuer comme ça
    on aurait la paix

    hein comment ça on ne peut pas ?
    bah quoi ya ka prévoir large en munitions c’est tout pfff

    ouah l’aut he

  13. désolée, je n’ai rien trouvé après avoir failli me faire frapper par 5 lourdos quand je leur ai demandé de baisser leur zic (avec tous les autres habitants du bus regardant leurs pieds avec attention, bien sur)…
    tssssss

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