Episode 2

19 avril 2014
Camp de survivant de Los Angeles.
 
Alyson ouvrit les yeux et tendit l’oreille : quelqu’un criait.  Ca n’avait rien de surprenant dans ce genre d’endroit où ceux qui n’étaient encore pas morts
venaient s’entasser. En effet, la guerre s’était éternisée et avait dégénérée : les Chinois avaient détruit le Japon en deux semaines tandis que les Etats-Unis arrivaient avec leur virus.
Il tua tous les Chinois, certes, mais se propagea dans toute l’Asie et une partie de l’Europe qui bombarda à son tour l’Amérique en représailles. A présent, partout sur la Terre, tout était
détruit, 90% de la population mondiale avait été éradiqués, à coup de virus et de missiles. Même les Etats-Unis avaient été victimes de leur propre bactérie, puisque lors d’un bombardement
anglais, un des containers dans lesquels était stoqué l’arme d’Hank avait sauté et beaucoup d’américains avaient péris. Certains avaient survécus, mais personne ne savait
pourquoi : peut-être avaient-ils un anticorps particulier qui les empêchait de tomber malade.
Hank…il avait disparu quelques années plus tôt lors d’une mission en Australie, où il avait voulu voir les effets de son virus. La rumeur prétend qu’il l’aurait attrapé et en
serait mort. Elle avait été triste, sur le coup, mais, à présent, elle y était totalement indifférente. Elle avait toujours avec elle ce qu’il y avait de plus précieux au monde à ses
yeux : ses deux enfants, Oceany et Oliver.
Le cri continua mais il était différent car on aurait dit…de la joie ? Ca semblait impossible, vu les circonstances, et pourtant…
Un homme arriva près d’eux en courant et se mit à crier :
« C’est fini, c’est fini !  Hourra ! La guerre est terminée, on est vivant ! On est vivant ! Merci mon Dieu ! On a survécu,
ouais !  »
Oceany qui s’était endormie contre sa mère se redressa lentement et regarda sa mère effarée :
« Maman, tu as entendu ? Tu crois que c’est vrai ?
– Je ne sais pas…prends ton frère, on va voir ce qu’il se passe. »
Oceany prit son petit frère âgé d’un an dans ses bras et suivit sa mère qui se rendit à la tente centrale du camp, qui servait d’infirmerie et de cantine. Le vieux poste radio
crachait des mots déformés par le crépitement, mais on en comprenait le sens.
« Citoyen, citoyenne, aujourd’hui est un grand jour : j’ai l’honneur de vous annoncer que tous nos ennemis ont capitulé : la troisième guerre mondiale est
terminée, nous avons vaincu. »
Tout le monde se regarda un instant, hébétés, puis tout à coup, ils se mirent à pousser des cris de joie, à pleurer, à sauter dans tous les sens, frénétiques…ils n’y croyaient
plus et pourtant, ils allaient enfin pouvoir reprendre une vie tout à fait normale.

—–    
15 mai 2020
Soirée d’inauguration de Technopolis.
            Oceany leva la tête et resta un instant fascinée par cet étrange spectacle : une ville entièrement
recouverte par une bulle de verre, ça n’était pas commun. Sa mère lui prit le bras et le lui serra délicatement pour lui demander d’avancer : il ne fallait pas se faire remarquer dès le
premier soir.
Ils franchirent une immense porte en bois incrusté d’or pour rejoindre un immense chapiteau ; à leur entrée, un homme en costume de laquais les annonça :
« Le général Nicholas Geller, son épouse Alyson et ses enfants, Oceany et Oliver Antelwort. »
Alyson gloussa de plaisir et suivit son cher époux jusqu’au balcon où leurs places étaient réservées. Peu après la guerre, Alyson avait fait la connaissance d’un général, héros de
la guerre et l’avait vite épousée, prétendant que ses enfants avaient besoin d’un père. Pour Oliver, c’était vrai, il était encore jeune, mais Oceany avait déjà 13 ans quand la guerre s’était
achevée. Elle aimait bien Nicholas, mais elle ne pourrait jamais le considérer comme son père, parce qu’elle avait eu tellement d’admiration pour Hank : il avait donné sa vie pour tenter de
sauver les Etats-Unis, qui n’existaient plus, mais le destin lui avait souvent joué de mauvais tours. Heureusement, tous le reconnaissaient comme un héros de guerre.
Ils s’assirent à leur place et attendirent un peu en discutant de tout et de rien, puis le spectacle commença. Le plafond se divisa en deux et s’ouvrit, leur permettant de voir la
bulle de verre, retenue par quatre piliers dissimulés par d’immenses bâches ; une musique retentit et les quatre tentures tombèrent révélant quatre statues représentant un ange, les
ailes dépliées et les bras tendues, qui semblaient tendre un voile en verre pour protéger la ville ; des expressions d’admiration et de surprise se firent entendre ça et là, puis une
voix de femme, incroyablement douce se fit entendre.
« Bienvenue dans Technopolis, la ville du vingt et unième siècle, créée afin de rendre les hommes heureux. La bulle en verre réalisée à partir de matériaux révolutionnaires
qui réchauffent l’air en hiver et le refroidit en été, assurant ainsi une température constante de 25°C. La municipalité met à votre disposition un réseau de monorail qui permet de se rendre
n’importe où sans utiliser votre voiture, dont l’usage sera désormais interdit pour éviter la pollution. Tout est contrôlé par ordinateur, il ne sera donc plus nécessaire de travailler et
l’argent n’existe plus. Au cas où il y aurait des problèmes techniques, les esclaves, capturés lors de la guerre, s’assureront de tout remettre en place. Les quatre anges, placé au nord, sud, est
et ouest de la ville sont un hommage à la ville de Los Angeles sur laquelle cette cité a été bâtie, tandis que la statue centrale, représentant Athena Niché est bien entendu, le symbole de la
victoire américaine sur le reste du monde. Dans cette dernière se trouve le musée de la guerre et, tout en haut, la Mairie. A présent, mesdames et messieurs, le maire et concepteur de cette
ville : Bill Oxford. »
Un tonnerre d’applaudissement accueillit ce nom, ce qui fit sursauter Oceany : elle ne s’était pas attendue à un tel élan d’enthousiasme. Oxford pénétra sur la scène, encadrée
par quatre colonnes aux motifs alambiqués inspirées du style rococo. Il fit un signe à la foule qui acclama de plus belle, puis quand tout le monde fut un peu calmé, il prit la parole. Par un
miracle acoustique, sa voix portait jusqu’aux moindres recoins de l’immense salle sans l’aide d’un micro.       
« Mes chers concitoyens, après six ans de travaux et d’efforts ininterrompus, je suis fier de vous présenter la seule ville de la Terre : Technopolis. Une nouvelle ère
vient de débuter, mes chers amis, et tous ensembles, nous allons faire de cette ville un Eden sur terre ! A présent, plus besoin de travailler pour gagner un salaire de misère :
les robots feront tout pour nous, l’argent n’existe plus ! Nous venons de créer la première société où la misère et la pauvreté n’existent plus et cette société s’appelle
Technopolis. »
 
 
Chapitre 1
 
12 octobre 2024
           
            Ethan donna un coup de pied dans une canette qui traînait par terre et se remit en
route d’un pas pressé.  Il n’aimait pas se promener dans les bas quartiers la nuit, on pouvait faire de mauvaises rencontres. Malgré les promesses de bonheur qu’entretenait Technopolis,
il y avait toujours l’élite et les exclus. Quand il avait fallu attribuer les logements et les machines les mieux développées, ils avaient décidé d’établir un ordre basé sur le mérite militaire
durant la guerre, ce qui semblait une bonne idée, au départ…sauf qu’ils n’avaient pas prévu assez de machines et les derniers sur la liste s’étaient retrouvés avec une pièce ridicule située au
rez-de-chaussée, là où le soleil ne brillait jamais, car les rayons étaient arrêtés par l’enchevêtrement des lignes du monorail et les machines qui assuraient la ventilation de la ville et le
fonctionnement de l’électricité faisaient un bruit d’enfer. Mais les gens préféraient mourir plutôt que partir : Technopolis était désormais la seule ville sur le globe, les autres étaient
réduites en poussière. Bill Oxford et ses amis avaient juré de fabriquer d’autres villes sur le même modèle, mais ils n’étaient pas pressés de se mettre à la tâche…ils n’avaient même pas encore
commencé à construire des machines pour les exclus et ils ne le feraient probablement jamais. Ils se la coulaient douce, dans leur bureau. Mais Ethan ne les blâmait pas et, en réalité, le
problème des exclus ne le préoccupait pas : il faisait partie de l’élite, alors peu importait.
Il entendit un bruit derrière lui et se retourna vivement, mais il n’y avait personne. Avec la nuit, il commençait à devenir paranoïaque. Il repartit
encore plus vite et regretta d’être venu se promener par ici. Il avait erré sans trop faire attention où il allait, préoccupé par son futur mariage qui lui paraissait comme une véritable corvée,
mais Neve était un des meilleurs partis de la ville et ça faisait si plaisir à sa mère…
Cette fois, il avait clairement entendu du bruit. Tendant l’oreille, il se retourna brusquement, tentant de découvrir une silhouette tapie dans
l’obscurité mais il était toujours seul.
« Tu ne devrais pas te promener tout seul dans le coin, beau brun, tu pourrais faire de mauvaises rencontres. »
Il se retourna vivement et localisa l’origine de cette voix : sur un des arbres de ce parc était assise une silhouette noire appartenant
incontestablement à une femme. Il s’approcha un peu et constata qu’elle portait une étrange combinaison en latex argenté, mais il n’arrivait pas à distinguer son visage.
« Je vous renvoie le conseil, mademoiselle : vous devriez rentrer chez vous, le coin n’est pas sûr. »
Elle éclata de rire et se mit debout, s’accrochant à une autre branche, puis déclara :
« Tu es bien téméraire ! J’avais oublié de te dire quelque chose : la mauvaise rencontre que tu risques de faire, c’est
moi. »
Elle bondit au sol et se planta devant lui. Il comprit alors pourquoi il n’avait pas réussi à distinguer son visage : elle portait un étrange
masque noir et argenté constellé de petites paillettes qui ressemblait vaguement à un papillon ; elle était plutôt petite, un mètre soixante, environ, ce qui faisait une bonne tête de
moins que lui, mais elle paraissait bien musclée. Il la regarda, surpris et l’étudia un instant et se dit qu’elle ne devait pas être bien méchante : ses yeux gris semblaient trahir un
tempérament doux, mais il comprit vite qu’il avait fait erreur.
« Qu’est ce que vous me voulez ? Demanda-t-il, tentant de rester calme.
– Ton passe, crétin. Qu’est ce que tu crois qu’on peut vouloir d’autre ?  »
Le passe était une carte qui permettait d’accéder aux plus hauts étages de la ville : chacun avait le sien mais tous ne permettaient pas
d’accéder à tous les points de la ville. Ethan, en tant que membre de l’élite, pouvait se déplacer à sa guise dans tout Technopolis. Si ces bandits le lui volaient, ce serait une
catastrophe : ils allaient semer la panique là-haut et voler les ordinateurs pour pouvoir enfin vivre décemment.
« On ? demanda-t-il.
– Oh, pardon, je ne t’ai pas présenté mes amis : vous pouvez sortir !  »
Les buissons alentours se mirent à bouger et une dizaine de malfrats, tous vêtus en latex, sortirent de leur cachette et formèrent un cercle autour
d’Ethan qui se mit à réfléchir à toute vitesse pour trouver une façon de sauver son passe.
« Bon, tu nous le donnes ou il faut que j’aille le chercher moi-même ? s’impatienta la femme qui lui était tombé dessus.
– Je…je n’ai pas de passe supérieur au vôtre, laissez-moi partir.
– Arrête de mentir, siffla un homme.
– Je vous jure que c’est vrai : qu’est ce que je foutrais ici, sinon ? Là-haut, ils doivent avoir des parcs bien mieux que
celui-là. »
L’homme parut perplexe et regarda la jeune femme de l’arbre, qui devait être leur chef, ce qui étonna Ethan. Elle semblait très jeune, environ vingt
ans, comment pouvait-elle commander tout un groupe, parmi lequel on trouvait des hommes plutôt musclés, comme celui qui venait de lui parler ? De plus, elle ne semblait pas à sa place,
au milieu de ce décor : malgré le masque, il devinait des traits gracieux et sa chevelure auburn tressée d’où s’échappaient quelques mèches semblaient l’objet de grand soin. Y avait-il des
salons de coiffures dans les bas étages ? Il n’en avait jamais entendu parler.
« La bonne blague ! lâcha-t-elle. Depuis quand Ethan Wadeker fait partie des exclus ?  »
Elle connaissait son nom ! Comment était-ce possible ? Bien sûr, toute l’élite parlait de ses fiançailles avec Neve et plusieurs
articles étaient parus dans les journaux mais les exclus ne les recevaient pas : qui était-elle donc ?
« Merde, la police !  s’écria une femme avec un accent hispanique.
– On se replie ! Tu as de la chance, Wadeker, mais si j’étais toi, je me baladerais pas trop seul par ici, ça craint. »
Elle sourit puis se précipita vers les buissons les plus proches et disparut de sa vue. Quelques secondes plus tard, un robot-policier s’arrêta
devant lui et lui demanda d’une voix métallique sa carte d’identité pour vérification, puis repartit faire sa ronde. Dès qu’il fut parti, il se précipita vers le buisson, mais il n’y avait plus
personne, naturellement : l’étrange voleuse s’était volatilisée.

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17 réflexions sur “Episode 2

  1. Ohlala, ça me fait bizarre à retrouver Oceany à ce moment-là de sa vie, je suis en train d’écrire la suite, elle a quelques années de plus…
    N’empêche que déjà, je me suis rendue compte que je m’étais plantée dans les années, le début de la guerre date de 2005, pas de 2003, sinon, là, Oceany, elle aurait 21 ans et pas 19.

  2. « Ben, y a une scène un peu longue, je pouvais pas la couper au milieu. »

    Pas grave, plus c’est long, plus c’est bon. =)

    « Ben, aucun, puisque je l’ai écrit que pour moi, au départ. »

    Ok, parce que si tu être publiable, il faudra cibler et adapter.

  3. « Ceci étant, là, tu n’as lu que quelques pages, il en manque 250, encore. »

    Oui je sais, mais à mon avis c’est largement suffisant pour cerner ton style. Je n’ai pas besoin de connaître toute l’histoire pour voir comment elle est écrite.

  4. Mais je te parle pas de l’intrigue!!
    Je t’ai dis que je n’avais pas besoin de connaître l’histoire pour voir ton style, ça n’a rien à voir.

    Je disais que j’avais assez vu de scènes (dialogues, descriptions…) pour voir comment tu racontes ton histoire, la façon dont tu articules les phrases, le vocabulaire que tu choisis…

    Maintenant, découvrir l’intrigue, ça je l’attend avec impatience!

  5. « En le relisant, je trouve mon style un peu immature, je pense que je vais réécrire au fur et à mesure et mettre le résultat sur un blog parallèle. »

    Très bonne idée!

  6. Les années passent très vite… J’imagine que tu vas faire des flashbacks afin de nous expliquer ce qui est arrivé à Oceany (son enfance, son adolescence, ses amours pourquoi pas, sa relation avec son père qu’elle admirait, comment sa mère a rencontré son nouveau mari, sa relation avec son frère…)

    Cet extrait est trop court lol !
    Vivement la suite 😉 le week end prochain c’est bien cela ?

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