The company men de John Wells

Par Pink Lady

Mardi dernier, j’ai été gracieusement invitée par Pingoo à l’avant-première de The Company men de John Wells. Le pitch : suite aux crises des subprimes, la société GTX dégraisse à tout va et licencie Bobby Walker (Ben Affleck), Phil Woodward (Chris Cooper) et des milliers d’autres personnes, malgré l’avis du ponte de la société Gene McCarthy (Tommy Lee Jones). Licenciés sans ménagement par Sally Wilcox (Maria Bello qui devrait penser à manger de temps en temps) qui leur balance leur licenciement à la figure sans aucun ménagement.

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L’histoire va suivre ce trio : Bobby et Phil cherchent un emploi, Gene pleure sur le capitalisme inhumain de sa boîte. Je vais pas entrer plus en détail dans l’histoire pour ne pas spolier. J’avais vu la bande-annonce et je m’étais dit “oh non, encore un film atrocement niais sur le thème “la vie c’est moche mais en se serrant les coudes, on va s’en
sortir”, au secours!”. En fait pas du tout. Le film manque cruellement de joie et d’espoir, on se prend dans la figure la déliquessence de ses hommes qui vivent dans des baraques immenses et ne respirent que par et pour leur réussite sociale.

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Parce qu’en fait, on ne peut pas raconter ce film, on ne peut pas dire si on a aimé ou détesté. Ce dont il faut parler, à mon avis, c’est l’énorme écart culturel entre notre société et la société américaine dans le domaine du travail. Au début du film, Bobby est donc viré et rentre dans son immense baraque avec sa Porsche et la garantie de 3 mois de salaire complets. Sachant que Bobby gagne 110 000 $ par an (plus primes) donc moi, je me dis “mais ça va Bobby, pleure pas, t’as un capital de ouf, t’as de quoi survivre”. Sauf que non, au bout de son 3e et dernier mois de salaire, c’est la mort, y a pu de sous. Mais Bobby, il veut pas arrêter le golf et les restos, il veut pas qu’on sache qu’il est au chômage et il fait la tête quand sa femme, qui a repris le travail, lui dit qu’il pourrait éventuellement vendre sa Porsche.

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Et puis il y a Phil aussi, 60 ans. Où que tu vives, le chômage à 60 ans, c’est moche. Mais pour Phil, c’est encore pire parce qu’il a pas mis de sous de côté, qu’il doit payer les études de sa fille et qu’à 60 balais, va retrouver du travail… Et oui, aux Etats-Unis, ta retraite, si tu te la fais pas tout seul, t’es mort. Et quand tu gagnes plus de 100 000 euros par an, tu ne penses te retrouver un jour sans le sous. Bon, c’est vrai que perso, j’ai pas compris comment on ne pouvait pas mettre d’argent de côté quand on gagne autant mais bon…C’est tout ce décalage culturel qui m’a faite réagir au delà de ça. Evidemment après, on se dit que ce doit être dur pour les cols blancs mais on ne préfère même pas imaginer la misère noire des cols bleus partis dans la même charrette. 

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Bref, ce film n’est pas ce qu’il a l’air d’être à savoir une bluette qui finit bien sur le thème du chômage. Ca file une claque et au-delà de ça, il y a une dimension sociologique intéressante, pour peu qu’on ait envie de la voir. Le film n’est pas parfait, certaines scènes sont un peu agaçantes sur le côté “je suis trop fier pour me comporter comme un chômeur” mais ça reste un bon film. Je ne le conseillerai pas forcément à quelqu’un qui cherche un emploi même si, nous, en France, on a au moins le Pôle Emploi. Huhuhu. Je vous mets la bande-annonce mais je la trouve pas bien du tout par rapport au film.


4 réflexions sur “The company men de John Wells

  1. « Mais pour Phil, c’est encore pire parce qu’il a pas mis de sous de côté »
    Quand tu sais qu’il y avait des gens qui avaient mis tout leur argent de côté chez Enron et que suite aux turpitudes de la direction, ils ont tout perdu tu te dis que le système français de retraite il a du bon !!!

  2. Je ne vais pas me faire beaucoup d’amis mais $110k / an aux Etats-Unis, meme si c’est un bon salaire, ce n’est pas la grande vie non plus. J’ai fait toute ma carriere aux US et je suis toujours un peu amuse des reactions quand je parle gros sous avec des francais. La difference de salaires entre les deux pays parait souvent enorme, mais quand on fait les comptes elle n’est pas si importante.

    Prenons quelqu’un qui gagne environ $9k bruts mensuels.
    D’emblee, il faut qu’il en mette 10% de cote pour la retraite (souvent plus) : 900
    Costisation sociales a 7.65% : 680
    Assurance maladie : selon la generosite de son employeur il va en avoir pour 500 a 1000 par mois.
    Il y a en plus les depenses medicales ou vous en etes de votre poche ($30 la visite chez le medecin sachant qu’il en facture au moins 100 et que l’assurance paie le reste)

    Tout ca c’est ce qui est couvert en France par les cotisations sociales et qui ne l’est pas (ou peu) ici.

    Le cout du logement sur les cotes peut etre sale aussi (meme a la location).

    Au final, meme si pour des travailleurs qualifies (ce qu’on appellerait des cadres en France mais qui n’en sont pas forcement) le niveau de vie est meilleur Etats-Unis, l’ecart n’est pas aussi important que ce que la difference de salaires peut laisser supposer.

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