Quand le sexe devient vulgaire

Hier soir, il y avait une émission fortement passionnante sur M6 sur les nouveaux comportements sexuels. Je ne vais pas encore m’énerver sur le caractère « nouveau » que l’on colle chaque année et ce depuis que j’ai l’âge de comprendre ce qu’est le sexe sur ces reportages, je me suis déjà exprimée longuement sur le sujet. Mais hier soir, je sais pas, je trouvais que tout ça avait quelque chose de
pathétique.





Je n’ai pas regardé longtemps, ça m’a énervée. D’abord, il y avait les femmes « d’un certain âge » qui aimaient les petits jeunes, présentées comme des croqueuses d’hommes. La première accueillait plein de jeunes chez elle et dansait devant eux dans une indifférence hallucinante « les hommes sont captivés ». Tellement captivés qu’ils préfèrent boire et fumer entre eux et laisser la demoiselle exécuter une danse prétendue lascive mais que je qualifierais de… épileptique. Puis vient l’éternel reportage sur la bisexualité « je roule des pelles à une pote, je suis bi ! » ou l’éternel mais toujours drôlatique : « je fantasme sur Angelina Jolie, je suis bi ». Toute femme a un jour fantasmé sur Angie (moins maintenant, elle me fait peur), j’ai même fantasmé sur Shane de The L world (qui ressemble à Jared Leto, vive mon lesbianisme refoulé, hein…), ça ne fait pas de moi une lesbienne, c’est bien plus compliqué que ça. Le reportage était suivi d’une interview de Maïa Mazaurette qui expliquait que : « si, si, plein de filles embrassent leurs copines pour draguer des mecs ». Comme je l’ai déjà dit, attraper un homme uniquement parce que j’embrasse une femme n’est guère flatteur. Et comme je concluais sur twitter : « Aujourd’hui, pour séduire les hommes, il faut prétendre coucher avec les femmes. Y a pas comme un paradoxe ? »



J’ai fini par zapper puis je me suis posée la question. Pourquoi ça m’énerve ? Par jalousie ? Ahahah, non, j’ai passé le stade où pour intéresser un homme, j’ai besoin de fouiller la bouche d’une autre fille, j’ai d’autres atouts. Je ne mets même plus ma sexualité en avant. D’abord ça leur fait peur mais surtout, j’ai autre chose à offrir. De toute façon, à trop en dire, on finit parfois par en inventer un peu, à se la jouer super open et à se retrouver un peu coincée quand la personne en face nous propose une pratique qui ne nous branche pas du tout. Bref, de façon générale, je ne suis pas qu’un vagin, merci bien. Donc ce n’est pas une réaction de jalousie, qu’est-ce ? Suis-je à ce point lassée d’entendre parler de sexe ? Ai-je à ce point pitié de ceux qui survendent leur sexualité pour masquer le vide abyssal de leur personnalité ? Suis-je donc en train de devenir vieille à l’esprit obtus voire coincée ? Est-ce que ça veut dire que bientôt, je vais me limiter à un missionnaire dans le noir à 22h37 les jeudis soirs ? Aaaaaaaaaah !




Et puis j’ai poursuivi ma réflexion et me suis rendue compte que le problème n’était pas de parler sexualité mais la façon de le faire. Je lis des blogs érotiques ou nouvelles sur des forums et certains, même s’ils racontent des faits, sont rédigés de façon si subtile et élégante que ça ne me fait pas cet effet d’étalage pour se rendre intéressant mais plus de partage. Les mots peuvent être crus, les actions violentes, les corps bondés, maltraités, c’est juste qu’il n’y a aucune vulgarité. Car c’est finalement ça qui m’énerve et que j’ai eu du mal à identifier : la vulgarité. On peut parler de sexe de façon légère et ludique, même de façon sérieuse mais autant j’apprécie chez certains, autant l’étalage exagéré verse dans la vulgarité et m’épuise. Autant j’aime la viande bien cuisinée, par exemple, autant le spectacle d’une boucherie avec carcasses qui pendent, de suite, ça m’attire moins.



Finalement, plus le temps passe et plus je me dis que la seule façon intéressante de parler de sexe, c’est d’éviter toute surenchère voire mythomanie. Parce que hier soir, la grande gigue blonde qui dansait en prétendant être une déesse de l’amour pour des hommes qui semblaient surtout s’intéresser à son appart (lieu où on peut boire et fumer tranquille tandis que la propriétaire remue n’importe comment), ben au fond, ça m’a fait de la peine.

16 réflexions sur “Quand le sexe devient vulgaire

  1. Je me reconnait vachement dans ce que tu dis ! J’ai toujours été mal à l’aise devant les gens qui radotaient leurs histoires de cul ; et fatalement on se remet en cause, peut être pas assez ouvert, coincé etc, alors qu’en fait c’est juste dégueulasse et que j’avais pas envie de subir ça …

  2. Je n’ai pas vu le doc dont tu parles, mais je vois (en gros) le genre…En fait, je crois que ce qui dérange c’est comme tu le dis, la manière dont c’est abordé.

    Déjà le titre : « Nouveaux comportements sexuels » hum. Qu’on m’explique en quoi c’est nouveau (je rappelle les relations de Socrate, Platon & Co où c’est pas la peine?!).
    Mais comme c’est « nouveau » et « sexuel » ça attire (chouette des téléspectateurs!).

    Ensuite quel intérêt? Ca apporte quoi aux ébats (ouais, elle était facile). Encore… s’ils nous montraient une super nouveauté que là tellement ça à l’air top qu’il te faut un mec là-tout-de-suite-maintenant… Ou une fille, ça dépend. Mais ce genre de reportage ne pourrait passer en milieu de soirée… Aucun intérêt pour notre société de consommation… (le but étant qu’on regarde consciencieusement les pubs… je le rappelle aux quelques extra-terrestre qui nous liraient)

    En fait, ils nous (mentent, nous spolient) nous prennent pour des cons: un titre alléchant… et du vide intersidéral inside.

    En gros… ça énerve parce qu’on est pris pour des kondetéléspéktateur. Et c’est pas sympa. Pas du tout. On va encore être obligé d’éteindre la télé…

    PS: Je t’épargne le « ha mais c’est une véritable boucherie ici » à la vue de ta dernière photo :-). Tu peux me remercier. Si.

  3. La réflexion que tu mènes, via cet article est un pas vers une prise de conscience de la présence de la sexualité dans notre vie de tous les jours. Prise de conscience que n’ont pas -loin s’en faut- réalisés une majorité de nos contemporains. J’ai écouté d’une oreille distraite le reportage en question. Il s’agissait d’une bonne soupe destinée au grand public pour leur faire admettre, lentement, que les formes de sexualité alternatives n’étaient peut être pas toutes sales.
    Basique, facile à ingurgiter, pas (trop) sale … Bref, à peu près inutile pour des gens ayant mené une vraie réflexion dessus … Mais pas pour le grand public.

    Nous vivons encore selon un modèle Judéo Chrétien qui dit en substance que le sexe, c’est sale. Donc même dans les émissions sensées aplanir ces différences, ils doivent passer par le raccourci vulgaire pour le mettre à portée de tous les cerveaux bien pensants.

  4. C’est surtout que tous les protagonistes de cette émission étaient très caricaturaux. Ils ont pris les plus extrêmes et pathétiques pour choquer le chaland moyen. Le sexe est toujours vendeur malgré tout…

  5. Demander à la télevision d’avoir de l’imagination c’est comme demander à son miroir de faire une dessin, déclara le président de l’académie de langue française de Belgique il y a déjà plus de trente ans!

  6. Tu as raté les deux premières nanas (avant la blondasse ménopausée et ses jeunots) qui étaient elles aussi de jolis cas… Entre « je tourne entre 4 PQR et c’est très bien comme ça » (et ses cheveux roses qui m’ont définitivement traumatisée) et « j’ai été mariée à 17 ans, maintenant je consomme les mecs comme des kleenex » c’était de tels clichés de « je baise pour exister » que c’en était gerbant. Parce qu’au final, les exemples présentés étaient plutôt des traumatisées des relations amoureuses que de la nana représentative.

  7. Ben que veux-tu, le sexe c’est mal, et puis c’est tout…
    D’un autre côté, aucune personne sexuellement épanouie n’irait étaler sa vie privée sur M6…

  8. Idem, j’ai regardé le tout début et j’ai zappé sur le film de la 2 qui était bien mieux.
    Que lis-je ? La sexualité de Nina B. fait peur et elle lit des blogs relatant des histoires bizarres ? Oh oui, j’ai peur !

  9. Bonjour,

    Navré mais je suis complètement en désaccord avec le commentaire ci-haut prétendant que ce genre de reportages est destiné à ouvrir notre conscience au fait que les sexualités « alternatives » ne seraient pas « sales ».

    En effet, et bien que je parle sous réserve étant donné que je n’ai pas vu l’émission que tu décris (je me fonderai donc sur tes dires, ou « comment se déresponsabiliser par avance » par un juriste lol), je pense au contraire que l’extrême caricature, le côté misérabiliste de la description, et bien sûr le ton « amoral » que feignent d’aborder les sujets de ce type de reportages, ne peuvent que pousser les bourgeois à une réaction de rejet bien peu susceptible d’ouvrir leur esprit.

    Un peu à l’image de ce qui se passe chaque année lors de la diffusion de la gay pride, ou de toute manifestation visant à la reconnaissance d’une quelconque différence : manifestation de prostituées, d’étrangers… où certains journalistes en mal de sensationnalisme chercheront à tout prix à cadrer la personne présentant le plus de contraste avec le français moyen (vêtements, comportement, langage).

    Loin de permettre que les gens différents (et je parle au sens très large et non plus seulement sexuel) puissent être acceptés, cette méthode aurait à mon avis plutôt pour effet de renforcer les préjugés.

    D’ailleurs je pense, pour en revenir à la gay pride, que si la communauté gay ne nie pas son utilité et son impact à une époque où être « out » était moins « in » (bon c’est toujours difficile quand même hein, et ça dépend, notamment, de ton environnement… on y revient toujours), que son jugement est beaucoup plus partagé quant aux exemples montrés aux téléspectateurs des personnes composant ces manifestations, et qui poussent trop souvent à l’amalgame dans les milieux proprets. (d’où tout ce que l’on peut entendre dans les débats sur le mariage & l’adoption)

    Breeeeef, tout ça pour dire que, si l’on s’efforce de ne porter aucun jugement sur les personnes (de toutes façons forcément castées) présentées dans le type de reportage faisant l’objet de ton article, certains n’en feront pas l’économie.

    Aussi je doute que l’on puisse y voir de la part de la chaine une volonté de faire évoluer les mentalités (ne serait-ce que par l’aspect racoleur du titre, preuve qu’on peut être racoleur & vulgaire tout en étant tristement conformiste), sauf à mettre dans les « cerveaux bien pensants » une foi dans les capacités de remise en question spontanée qui me parait par trop optimiste.

    Cordialement.

  10. Me demande si ces émissions ne sont pas là pour donner une occasion aux téléspectateurs de se sentir intelligent. Pace-qu’à moins d’être très très bête, personne peut ne pas les trouver débiles.

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