La psychopathie du chômeur

 

Il y a 15 jours, je vous parlais de ce regain de motivation qui nous bouge les fesses en période de chômage, les idées pullulent. Mais toutes les idées sont-elles saines ? A l’époque où je cherchais du taf, Gildas de Modo m’avait conseillé de regarder Le Couperet, le film de Costa-Gavras avec un José Garcia époustouflant. Le chômeur est-il condamné à la psychopathie ?

L’histoire : un chômeur hypra spécialisé en chimie du papier décide de passer une fausse annonce pour éliminer les chômeurs qui ont le même profil que lui et terminer par assassiner le mec dont il convoite la place. Je vous dis pas s’il va jusqu’au bout du truc, il suffit de voir le film pour le savoir. J’ai vu ce film un peu avant le jour où je me suis retrouvée en phase finale d’entretiens avec juste une fille en face de moi. Et forcément, j’y ai pensé. Si elle n’avait pas été là, moi, j’aurais eu mon taf, ce n’est pas juste…

En délirant sur la question, je me suis amusée à imaginer dans la peau du personnage du film et dans ma filière, le travail est tel que j’aurais pas pu tuer tout le monde, il y a trop de candidats potentiels. Pas du tout déprimant comme pensée, ça, tiens, on est à peu près des milliers à avoir le même profil. Finalement, finir 2e, c’est un tout petit peu flatteur quand même. Mais la flatterie, on s’en fout, j’ai pas eu le boulot alors sur le coup, je l’ai détestée et je me dis qu’elle aurait pas existé, c’est moi qui aurais eu le job. Et c’est pas la première fois qu’il y avait juste une personne entre le poste pour lequel je postulais et moi.

Je connaissais son visage, à la fille. Malheureusement, j’ai eu l’entretien après elle. Sinon, j’aurais pu l’attendre à la sortie, la suivre discrètement et la pousser sous la première voiture venue. Puis je n’aurais qu’à attendre qu’on m’appelle pour me dire que j’ai le poste. Evidemment, au moment où je la pousse sous la voiture, je ne sais pas encore qui de nous deux a officiellement le poste, je vais peut-être commettre un homicide pour rien. Mais tant pis, j’en ai marre de mon chômage, faut ce qu’il faut. C’est la jungle, pas de règles.

Bien évidemment, même si j’avais passé l’entretien en premier, j’aurais été incapable de faire ça, vous vous en doutez. Seulement, en regardant le film, on se demande à quel moment on sera suffisamment désespéré pour commencer à envisager des méthodes peu orthodoxes. Bien sûr, Le Couperet est un film qui exagère forcément un peu le trait mais en le voyant, je ressentais la même angoisse que le personnage, ces entretiens qui se suivent et se ressemblent, se rendre compte qu’on n’est pas unique, loin de là. Je sais qu’à un moment, j’avais fait la stratégique erreur de traîner sur le forum du site categorynet qui m’a donné furieusement envie de me jeter
par la fenêtre. Bon évidemment, habitant au rez-de-chaussée, je risquais pas grand-chose. Mais quand je voyais des gens avoir fait les écoles reconnues expliquer que ça faisait 10 ans qu’ils couraient avec les piges pour tenter d’avoir de quoi vivre, ça me foutait vraiment l’estomac à l’envers. Moi, avec mon master de province qui vient juste d’être créé, je suis une sous-merde. Et encore, c’est généreux. La liste des gens ayant plus d’expérience et de diplômes prestigieux ne cesse de s’allonger, j’ai l’impression de voir le tsunami se former au loin et me foncer dessus. Comment se sortir du lot face à tous ces surdiplômés, surexpérimentés ? Ca veut dire que je dois attendre comme eux 10 ans de galère pour avoir enfin la chance de, peut-être, décrocher un emploi qui ressemble à quelque chose ?

Comment voulez-vous qu’on vire pas psychopathe quand on découvre ça ?

8 réflexions sur “La psychopathie du chômeur

  1. ça me rappelle la situation inverse, quand j’ai décroché un poste et que je savais qu’une fille que j’aimais pas (mais alors pas du tout) avait aussi passé l’entretien. Sauf que lors de ma première journée, elle a appelé pour savoir si elle avait le poste ou non et elle est tombée sur… moi, je l’ai très bien reconnue hé hé hé et vlan dans les dents!
    Par contre, j’ai été bien punie par la suiet, je suis restée en poste 2 semaines et demie de peine et de misère, le patron ou devrais-je dire dieu le père selon sa conception, était dans le genre psychopathe.

  2. Bien bien bien,

    un entretien ce matin, je tombe sur le protoype que j’appellerais number 2 : vieux moche à défaut de vision.

    Et qu’il me drague en plus. Et qu’il ose me dire « si j’avais votre age, je vous aurais fait la cour ».

    J’ai pas osé dire « 1- t’as fait que ca et lourdement pendant 3/4h, 2- j’espère pas, car j’aime les hommes qui ont 8-10 ans de plus que moi alors DTC de toute façon »

    J’ai juste dit « je vous rappelle, au revoir »… comme un mec qui largue son plan q du soir… j’ai presque honte…

  3. @vertissia : Sauf si tu est genial ou dans un secteur sans (trop) de concurrence, tu lecheras les bottes du donneur d’ordres potentiel. Que ce qu’est mieux?

  4. on peut comme certains considerer que le travail et l’argent ne sont pas tres important ca evite souvent de finire psychopate dans cette societe de competition et de superflue, si, si!

    fab

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