Il n’y a pas que le diable qui s’habille en Prada

Par Tatiana


Retrouvez tous les lundi notre nouvelle série, L’enfer de la mode !

L'enfer de la mode

Ceci est le témoignage d’événements qui se sont passés entre avril et juin 2002, au cours d’un stage au sein d’une agence de relations presse dont je tairais le nom histoire de garder (un peu) son anonymat. Toute ressemblance avec des personnes réelles est (malheureusement) non fortuite. Cette agence n’avait comme budget que des marques connues de vêtements, bijoux, sacs… autant dire le rêve pour une fille. Moi je me voyais déjà copiner avec toutes les journalistes et les créateurs, lancer ma propre marque d’accessoires… Le rêve ? Hum… pas si sûr. Voilà comment j’ai atterri dans un endroit que je ne pensais même pas pouvoir exister. On dit qu’il ne faut pas tenir compte des clichés, pourtant certains sont vrais et il y en a malheureusement des preuves vivantes. Après ce stage j’ai mis longtemps avant d’ouvrir un magazine féminin, et même encore maintenant je ne les vois plus de la même manière. Quelque chose en moi s’est brisé. L’illusion que travailler dans un magazine de mode c’était cool je crois.

 

Le 09 avril 

Je suis en stage depuis maintenant 7 jours chez Biiiiiiiiip relations presse. Après cette douloureuse première semaine j’ai décidé de tenir ce journal. Après une précédente expérience au sein de l’agence Biiiiiip et associés, j’avais grandement regretté de ne pas avoir gardé une trace écrite de mes aventures et je ne veux pas commettre la même erreur. Comme je sens que ce stage possède un excellent potentiel de best-seller, je ne vais pas rater l’occasion de raconter ma vie une fois de plus. Mais dans toute bonne série qui se respecte, l’épisode pilote possède une mise en situation, aussi, je vais commencer par un résumé des épisodes précédents.

…le 03 avril 

Je mets les pieds pour la deuxième fois dans l’agence avec un accueil plutôt agréable. Plantons le décor : c’est un loft en L, situé dans le quartier du
Sentier (quartier plutôt sympa). Cette agence est composée de 2 espaces : les bureaux et le showroom (où se trouve tous les vêtements, bijoux, sacs…).  

Les gens qui composent l’agence (attention ! ici on travaille en famille) :  

JF : the Big Boss (toujours très très agité, n’écoute qu’un dixième de ce qu’on raconte, n’as jamais le temps, ne sais jamais ce qu’il est en train de faire, bref limite insupportable) 

La reine mère : Big Mother (surtout là pour faire acte de présence et pour espionner les autres membres de l’agence. C’est la mère juive par excellence possessive et abusive. Elle ne ressemble à rien ou presque et parle jeunz genre « moi les casinos c’est mon kif » avec sa voix rauque de fumeuse depuis x années, on dirait qu’elle sort tout droit de l’ère crétacée) 

Luc : le mec de JF (je vous avais dit que c’était en famille ! Luc n’a absolument aucune personnalité, en même temps vaut mieux vu le caractère de son mec. En gros on dirait un mollusque. Par contre habillé très « fashion ». Bah oui on est hype ou on ne l’est pas quand même.) 

Clarissa : RP (alors elle, depuis le début je ne la sens pas du tout, elle fait très femme enfant et très pétasse en même temps. A part son petit nombril rien ne compte. Du coup elle a fortement tendance à ne pas faire l’effort de se rappeler des prénoms des gens. Bref, c’est une pétasse.) 

Béa : RP (RAS elle est cool, en fait je crois que c’est la seule fille normale de cet endroit) 

Valéria : Comptable (très enceinte et donc très pleine d’hormones) 

Alexia : RP (des cheveux très longs !! Mis à part ça, elle à l’air très gentille alors qu’en fait elle est plutôt sournoise) 

Bettina : RP (au début je la trouvais plutôt limitée intellectuellement mais en fait j’ai appris à la connaître par la suite et je me suis aperçue qu’elle se donnait cet air pour mieux servir ses intérêts) 

Annah : stagiaire (très EFAP donc très pétasse) 

Bien sûr qui dit Sentier, dit religion juive et nourriture casher. N’y voyez là aucun préjugé raciste ou autre surtout car là n’est pas mon intention. Mais c’est
juste pour situer l’ambiance qui se rapproche fortement selon moi de La vérité si je mens et de La cage aux folles. Drôle de mélange direz-vous et je confirme. Du coup j’ai tendance à me sentir un peu intruse au milieu de ces gens et d’ailleurs je pense que quelque part je le suis un peu (beaucoup, à la folie…).  

J’ai oublié de vous dire comment j’ai atterri ici (en enfer). En fait, c’est très simple. Je suis une fan de bijoux (que j’achète ou fabrique) et j’adore ceux de la marque tuuuuut. Donc pendant ma période de recherche de stage, me voilà devant la boutique de la dite marque. J’entre, et je demande à la vendeuse s’ils prennent des stagiaires en communication.
Là, elle me dit « ah mais attendez le créateur de la marque est là aujourd’hui, il va vous répondre ». Sur ce, ce dernier arrive, et me donne un numéro de téléphone en disant d’appeler de sa part. J’ai donc appelé et rencontré JF. Je m’attendais à un entretien mais en fait c’était plus pour me dire quand je commençais et combien je serais payée. Je crois même me souvenir qu’il ne m’a posé aucune question.  

La première personne à m’avoir prise en charge lors de ce stage est Valéria. Son job c’est la compta et « checker les parutions dans les magazines ». Là, j’essaie de vous introduire le jargon du métier histoire que vous sentiez bien l’ambiance et tout ça. Valéria ne travaille pas ici depuis longtemps car avant elle était dans un cabinet d’experts comptables. Le boulot qu’elle m’a fait faire c’est celui que je vais faire pendant longtemps par la suite : les books clients. Le truc le plus ennuyeux qui existe et le plus régressif (découpage collage ça vole pas haut). Ce mot raisonne encore dans ma tête de manière cauchemardesque voire traumatique. La marche à suivre : après le check des magazines (fait par Val la plupart du temps), il faut reprendre tous les magazines et découper (proprement bien sûr car JF est très maniaque, il tient ça de sa mère malheureusement) les pages où se trouvent des parutions, surligner le nom de la marque (parce que les gens sont trop débiles pour savoir lire), mettre ça dans une jolie pochette plastique et ranger le tout dans un classeur (énorme). Surtout bien respecter l’ordre indiqué sinon c’est le drame. Avec ça si je m’épanouis pas dans la vie je ne sais pas ce qu’il me faut.

10 réflexions sur “Il n’y a pas que le diable qui s’habille en Prada

  1. OUH LALA ma pauvre!!! je sais ce que c’est!!! j’ai bossé l’année derniere dans une agence de RP dans le 16e et c’est l’enfer!!!!! ma boss etait une toxico névrosée et j’ai été traumatisée par les books!!! je crois savoir l’agence ou tu as fais ton stage (c’est celle que même sur le site internet tu as des photos du festival de cannes avec les clients et tout nan?) et une photo de l’équipe nan?

  2. Ce qui est fantastique dans ce genre de milieu, c’est qu’avant d’y entrer, tu crois que tout ce qu’on te dit n’est que cliché et caricature mais une fois que t’es dedans, tu te rends compte que tout ce qu’on t’avais dit était vrai.

    Moi, j’ai de la chance, je suis pas sur le champ de tir (pour le moment?) mais tout ce que je vois me fait toujours un peu penser au diable s’habille en prada. La dressing room en moins.

  3. Ovidette : la terminaison en A c’est juste moi qui l’ai décidé mais c’est pas leur vrai prénom.

    connasssee : euh écoute je ne sais pas. Je viens à l’instant de découvrir leur site (qui n’existait pas à l’époque) mais je ne sais pas si c’est celui dont tu parles. Envoie l’adresse du site par mail à Nina et elle me fera suivre.

    PinkLady : oui c’est trop ça ! on dirait qu’ils font exprès de s’autocaricaturer c’est pas croyable.

  4. Tout ceci me rappelle de bons souvenirs… ahlala les books presse. ahlala et que ça calcule la valeur de l’article avec l’argus…

    Hâte de lire la suite, les RP c’est vraiment un monde à part.

  5. je suis a l’efap , et je ne suis pas une pétasse ! arrete avec tout tes préjugés sur la mode , l’efap et les gens avec qui tu bosses un peu d’ouverture d’esprit ne fait de mal à personne !
    bye bye looseuse

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