J’’ai honte

Hier soir, j’ai pris une petite leçon de vie qui m’a bien refoutue à ma place. J’appelle ma mère pour discuter un peu et la rassurer sur mon état de santé et tout ça (et lui faire savoir que non, chuis pas morte). Après m’avoir donné un bulletin de santé de ma brave Kenya qui a élu domicile chez le voisin trentenaire (celle-là, dès qu’il y a un mec dans le coin, faut qu’elle aille le coller !), elle me raconte un peu la vie de certaines personnes, et c’est pas gai.

Première histoire : l’ex de Yohann, mon presque-frère, qu’elle a croisé avant-hier. Jeune fille belle comme le jour et adorable, intelligente et tout ça mais qui a vraiment une vie de merde. Son père est mort il y a deux ans d’un cancer, sa mère est décédée six mois plus tard d’un accident de la route puis son mec vient de perdre son père à son tour donc il a quitté la demoiselle. Du coup, elle a décidé de partir, de quitter la France et elle a un gros sentiment d’injustice, on comprend pourquoi…

Deuxième histoire : un couple, fraîchement trentenaire, s’apprête à avoir son premier enfant. Lors de l’accouchement, la mère fait une grave attaque cérébrale. Depuis, elle est tétraplégique, elle ne bouge plus que la tête mais comprend parfaitement ce qu’il se passe puisqu’elle reconnaît son bébé et fait de graves crises de nerfs. Quant au bébé, il est lourdement handicapé.

 

Quand vous entendez ça (et c’est véridique !), deux pensées vous traversent l’esprit :

– pourquoi le sort s’acharne comme ça sur les mêmes personnes ? Et accessoirement comment on arrive à continuer à vivre malgré tout ?

– je devrais avoir honte de chouiner sur mes petits soucis.
 

Analysons rapidement ma vie pour voir où on en est. Boulot : ok, un stage, c’est pas un CDI mais c’est ach’ment mieux que le chômage et puis ça me plaît donc pas de soucis majeurs. Evidemment, je pourrais râler sur le salaire (oui, en stage, on gagne pas le smic), sur le fait que je bosse chez moi et qu’il y a des jours, j’aimerais avoir une vraie vie sociale mais vraiment, c’est de l’anecdotique. Vie amicale : Lucie vient de partir mais elle n’est pas morte et grâce aux moyens à notre disposition, je mettrai pas 11 mois à avoir de ses nouvelles. Vie familiale : R.A.S. Vie amoureuse : oui ben j’ai souffert ces derniers mois, beaucoup pleuré mais il n’est pas mort et moi non plus. Et si je me sens pas prête à retomber amoureuse pour le moment, ça n’empêche pas la tendresse et l’affection avec de beaux jeunes hommes. Bref, globalement, ma vie n’est pas parfaite mais quelle vie l’est, de toute façon ? Ma période de lose n’est plus qu’un mauvais souvenir, mine de rien, j’ai arrêté de guetter la prochaine catastrophe. Et c’est très reposant.

Bref, quand on voit comment c’est ailleurs, nos propres problèmes sont relativisés. On a tous nos petits soucis, c’est humain. Des fois, on se noie dans un verre d’eau, on considère un petit souci comme un énorme problème alors que si on le regarde posément, il n’y a rien d’ingérable. Le chômage, c’est chiant mais ça ne durera pas toute la vie, j’ai bien réussi à m’en sortir, pour le moment. Et sans que je force les portes des rédactions en plus. L’amour, ça reviendra quand ce sera le moment. A écouter mes exs et mes futurs, je suis un fille fantastique. Hé oui, même mes exs, ils disent du bien de moi, c’est que je dois vraiment être terrible. Je n’ai jamais eu de soucis de santé majeurs, j’ai une famille solide… Ben, voilà, je regarde les cartes que j’ai en main et finalement, j’ai un bon jeu (ça change, j’ai jamais de chance au jeu, je ramasse toujours les pires cartes !). Mais plutôt que de me focaliser sur ces pécatilles, je devrais savourer ma chance, mon immense chance d’être celle que je suis avec ce que je possède (matériellement ou spirituellement), ceux qui m’entourent…

Hier soir, en raccrochant, j’avais le moral à la baisse, tout comme ma mère qui doit soigner cette maman tétraplégique. Puis j’ai eu honte, j’ai eu vraiment honte. Comment puis-je oser me plaindre ? J’avais tellement de peine pour ces gens-là qui souffrent réellement, qui sont brisées à 20 ou 30 ans… Moi, à 26 ans, je n’ai finalement rien vécu de réellement dramatique. Evidemment, j’ai perdu des êtres chers mais j’ai encore mes deux parents et ma sœur, je n’ai jamais perdu un ami. Je n’ai jamais eu de graves maladies ni d’immenses pépins.

Bref, hier soir, j’ai compris que ma vie était belle. Maintenant, quand je baisserai les bras face à une petite colline, je penserai à la montagne que d’autres doivent gravir. Et je suis sûre que ça ira de suite mieux.

28 réflexions sur “J’’ai honte

  1. L’humain est un éternel insatisfait, il pense qu’il est malheureux alors que pour d’autre il a tout pour être heureux.

    Relativiser les choses c’est bien. Ajoute que tu vis dans un pays en paix, que tu as un accés facile à la nourriture, un toit et des soins.

    Rien que ça c’est un luxe.

  2. « Always look on the briiight side of life »

    Oui il y a toujours plus malheureux a coté et l’herbe est toujours plus verte de l’autre coté de la colline.

    OUi il faut relativiser mais il ne faut pas que ça devienne une excuse pour passer outre les cailloux de la vie(j’ai lu un truc approchant mais je sais plus où damned, mémoire de me..)

    CErtes il y aura toujours pire mais il faut aussi ce rendre compte que quand tu souffres, de douleur physique ou sentimentale, il n’y a que toi qui souffre et que même une simple rupture est toujours la fin d’un monde pour certains.

    PLus que relativiser, il faut remettre dans le contexte et se souvenir que oui il y a pire afin de tirer les forces pour sortir des situations difficiles et surtout apprécier son bonheur de se dire qu’effectivement, on a un toi, on bouffe, on achete des dvs et qu’on écit des commen,taires sur un blog alors que pleins de gens n’ont pas le quart.
    ET aussi se dire que le bonheur ne tiens pas non plus qu’à de simples richesses et que certains ont tout pour etre heureux mais n’y arrive pas….

    C’est compliqué un être humain. comme dit olivier, tout pour etre heureux et pourtant….

  3. Mr Kitting du « cercle des poètes disparus » nous dirait… Carpe Diem ! (Je sais que bien d’autres l’ont dit, mais j’adore ce film… En plus je me le suit trouvé à 9€99 en DVD  )
    On sait ce que l’on vit, on sait ce que l’on a vécu… Mais on aucune idée de ce que nous réserve l’avenir… C’est perdre du temps que de s’apitoyer.

    Et comme le dirait Olivier (juste au dessus) vivre en France, dans notre société (bien qu’elle soit en état de décomposition avancée) est une grande chance.

    Par contre, bien que je ne sois vraiment pas superstitieux, j’ai déjà remarqué que certaines personnes attiraient les tuiles en tout genres… C’est presque maladif !

    Meuh !

  4. Tu dis que tu as honte, mais de quoi ? Ta situation et celles dont tu nous fais part ne sont absolument pas liées. Tu pourrais avoir une grase augmentation et Sagamore (au hasard, hein :)) dans ton lit, la mère resterait tétraplégique et les parents de la jeune fille morts.
    Quand tu parles de relativiser, je suis parfaitement d’accord avec toi, ça permet d’éviter de trop se regarder le nombril.
    Mais il n’y a pas de honte à avoir à chercher à améliorer sa situation et à rechercher à être heureux. Je dirais même qu’au contraire, ça me semble impossible d’éprouver de l’empathie si sa propre situation n’est pas satisfaisante.
    Le raisonnement « comment pouvez-vous être heureux alors que des gens meurent de faim dans le monde », ça m’a toujours hérissé le poil tellement c’est puritain…

  5. J’ai oublié le PS de mon commentaire (ou il ne c’est pas affiché… Mais je fais plus confiance à la technologie qu’à ma mémoire gruyèreiforme)

    Donc,

    PS : Je pique une crise contre les espaces persos MSN (c’est là que j’ai mon modeste blog) dont la dernière mise à jour est désastreuse (Plus lourd, plus laid, moins pratique, plus bugué et avec moins de liberté… Mais oui, mais oui, c’est bien une mise à jour Microsoft !!).
    Je voudrais donc faire renaître mon blog vachesque ailleurs… Me conseille-tu Over-blog ? Telle est ma question…

    Meuhrci d’avance !

  6. Hello Nina,
    bon ben forcement, ca a deja ete dit par ManuMeuh…
    carpe diem 😉
    En clair, il vaut mieux profiter de chaque jour plutot que de perdre son temps a s apitoyer, les choses que tu n as pas a 26 ans, tu peux toujours les avoir. Tu n es pas si a plaindre que ca
    de ce qu on voit sur le blog (meme si socialement pour le moment c est pas trop ca).

    Apres ouais, vaut mieux regarder de l avant, ca aide a avancer 😉
    Et donc heu… pour conclure je dis quoi ? 😉
    Cool que t aies la banane (ou la peche si tu preferes) ce matin,
    y a des matins comme ca 😉

  7. On emploi souvent l’expression, « c’est son karma », et ce n’est pas juste une expression…
    On ne vit que les épreuves qu’on peut surmonter, et de comparer ne sert à rien, pour une personne, une épreuve, semblant insurmontable, paraitra pour une autre pratiquement insignifiante.
    Mais, c’est vrai que quand on choisi (si si..; on choisi) les « probabilités » de sa vie on a parfois les yeux plus gros que le ventre… eh oui… on est tous plus ou moins maso… 🙂

  8. J’ai vaguement envie de te demander si tu t’étais déja dit ça avant ou si c’était juste histoire de faire un article … va savoir pourquoi :P.

  9. Eh oui, on se rend toujours compte de la chance que l’on a quand on regarde autour de soi ou lorsqu’il nous arrive quelque chose.
    J’ai un soucis de santé, à vie (4 injections par jour) et pourtant je souris à la vie, et je ne me plains jamais sur ma maladie (sur des broutille oui, mais pas sur ça ^^). Quand je vois des enfants vivre dans des bulles stériles ou mourrir à l’âge de 7 ans d’un cancer (les enfants que je gardais en étant étudiantes) je me dis toujours : « Tu n’as pas le droit de te plaindre, par respect pour ces personnes qui se battent chaque jour contre une maladie qui de toute les maniéres les tuera ».

  10. Je me dis parfois que on ne devrait pas se plaindre du tout si on a deux choses:
    – l’usage de son corps et de son cerveau
    – pas de dettes…

    Parce qu’alors, on peut toujours partir… ou repartir, à zéro…

  11. Tu sais j’étais à londres pendant les attentats l’année dernière, je n’ai rien eu mais je me souviens très bien de l’ambiance au boulot, des gens …
    autant dire que j’ai appris à relativiser également, meme quand mon ex s’est barré peu après, je me suis dit « bon ok c’est vraiment pas cool ca faisait 5ans , il c foutu de ma gueule, n’empeche que je suis vivante…c tout ce qui compte »

  12. j’suis pas vraiment certain que le malheur d’autruie apaise la douleur causée par les siens…Passé le quart d’heure « rooo les pauvres » on en revient à soi.
    …pour en finir avec les stats concluant que 80% des gens heureux le sont car il ya plus malheureux qu’eux!! ;))

  13. ces situations sont en effet terribles, pas si loin il y a le liban c’est pas génial non plus !
    Dans ces cas comme ca, on voit parfois des croyants qui le prennent plutot bien, moi qui ne suit pas croyant je me demande si ca les aide réellement à passer ces étapes. Si c’est le cas, c’est peut etre une bonne raison de croire (même si au final y a personne .. l)

  14. Une question qui peut arriver aprés ca, c’est continuer à vivre ou pas ?
    Je suppose que ca me dirait trop rien de vivre paralysé, ou autre truc du genre, et surtout d’en etre conscient. Les personnes qui tiennent le coup on un courage énorme, super respect !

  15. Quand on commence à parler de ce genre de choses on a deux types de personnes : ceux qui trouvent que finalement ils ont de la chance, et ceux qui trouvent que les autres n’en ont pas eu.

    Et là on rejoint un peu un article de la semaine passée, qui évoquait la notion d’injustice en ce bas monde. Mon regard n’a pas changé sur la question : la notion de justice ne s’applique pas à la vie. Des gens bien en bavent toute leur vie, des connards mènent une vie de rêve. Je crois que ce sentiment de « vie qu’on mérite », plus ou moins inconscient, ne provient que de notre culture et en particulier de l’influence de la religion avec la promesse du paradis et équivalents. Amen.

    Je me dis que la vie n’est pas facile tous les jours, que l’on ne contrôle pas grand-chose, et qu’au final dans ce genre de situation jamais je ne me dis que j’ai de la chance : c’est eux qui n’en n’ont pas eu. Cela ne m’empêche pas pour autant de compatir sincèrement.

  16. Et merde je suis désolé mais mon internet a déconné, donc j’ai posté deux fois mon copier/coller préventif… Nina tu peux en virer un je serai pas vexé ^^

  17. ouep le sort s’acharne souvent sur les mêmes personnes…nous on le voit au taff, à un degré différent certes, mais quand il nous arrive un probleme sur une commande, les ennuis pleuvent en cascade sur cette même commande….et très souvent sur les mêmes clients…

  18. j’ai visité tonblog par pur hasard , oui il y a des gens pour qui le vie est vraiment peu tranquille comme moi qui ai eu tjs a me battre …………mais bon profites bien de la vie si a 26 ans tu viens de realiser que tu as bcp de chance c’est déjà bien bcp ne le realisent jamais …………………

    en tout cas une belle vie pour toi , avec un job cdi super , un super mari et de supers enfants enfin tout ce que tu souhaite lol

    une lectrice en passant

  19. Ma cousine ayant perdu sa mère alros qu’elle était bébé, a été pas mal dépressive arrivée à l’adolescence et au début de sa vie d’adulte. Ca nuisait à sa vie de couple, à ses études… ça la faisait se diriger lentement vers une belle vie de merde car gachée de partout…

    Puis son père a eut un accident de montagne, et s’est retrouvé avec les deux bras paralysé, ayant frolé la mort. Du coup, sa dépression a été coupée nette et en pleine élan. Après une telle expérience, elle a réalisé qu’elle avait une vie heureuse…

    Bon, on se parle plus du tout, mais ça, c’est un tout autre sujet…

    Thom…

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